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Au moment où son image et celle des
États-Unis déclinent dans le monde musulman
Barack Obama s'adresse aujourd'hui aux Arabes
Merzak Tigrine
Barack Obama
Jeudi 19 mai 2011
De plus en
plus impopulaire dans le monde musulman et arabe, en raison de
sa politique trop favorable à Israël, qu’il laisse agir à sa
guise, Barack Obama tentera aujourd’hui de convaincre
de la justesse de sa ligne de conduite en s’adressant à nouveau
aux peuples de la région, qui ne croient plus en ses promesses,
faites dans précédent discours au Caire.
Le président
américain fera aujourd’hui le point sur la situation dans le
monde arabe à la lumière des dernières révoltes populaires, au
moment où l’image des États-Unis s'est sérieusement dégradée
dans le monde arabo-musulman durant l’année écoulée. C’est ce
que révèlent les résultats d’un sondage rendu public mardi.
Barack Obama est devenu plus impopulaire dans la majorité des
pays musulmans, où beaucoup de sondés désapprouvent sa réponse à
la volonté de changement démocratique qui s'est exprimée dans
ces pays.
À titre d’exemple, en Jordanie le pourcentage d'opinions
favorables concernant les États-Unis n'est que de 13%, soit une
baisse de 8 points par rapport à 2010. Idem en Turquie, où les
opinions positives sont passées de 17% à 10%. Au Pakistan, le
pourcentage d'opinions favorables concernant les États-Unis est
tombé de 17 à 11%, mais la confiance envers Obama a progressé,
tout en restant très basse : elle est passée de 8 à 10%. Environ
1 000 personnes ont été interrogées dans chacun des pays étudiés
(Égypte, Indonésie, Israël, Jordanie, Liban, Territoires
palestiniens et Turquie) et 2.000 au Pakistan, sur une période
de 30 jours en mars et avril. Que pourrait bien dire Barack
Obama aujourd’hui aux Arabes et aux musulmans, qui puisse
inverser cette tendance, dans ce discours au département d'État
à Washington intervenant cinq mois après le début des révoltes
qui ont renversé les régimes tunisien et égyptien, ébranlé le
Yémen et Bahreïn, des pouvoirs alliés de Washington, mais aussi
la Libye et la Syrie.
La réaction différente de Washington d’un cas à l’autre en
fonction de ses intérêts n’a guère était du goût de la rue
arabe, comme l’indiquent les résultats du sondage. Il semblerait
que locataire de la Maison-Blanche va insister sur les
“opportunités” que recèlent, selon lui, les bouleversements en
cours au Moyen-Orient et en Afrique du nord, dans une analyse
commune des situations dans des pays amis, alliés ou ennemis des
États-Unis. Ce sera peut-être l’occasion Obama pour “prendre un
peu de recul et d'analyser ce dont nous avons été les témoins”,
comme l’explique le porte-parole de la Maison-Blanche, Jay
Carney. Selon lui, le locataire du bureau ovale estime que ces
changements constituent “un moment d'opportunités” pour la
région et veut “soutenir toutes les aspirations démocratiques de
ses habitants”. La même source indiquera que le président US
“parlera en particulier de la façon dont nous pouvons soutenir
ces changements bénéfiques, tout en nous concentrant sur nos
principes de base : la non-violence, les droits de l'homme et le
soutien à des réformes politiques et économiques”. Barack Obama
évoquera certainement la mort d'Oussama Ben Laden le 2 mai
dernier dans un raid américain au Pakistan et sa
signification pour la région.
Des observateurs pensent qu’Obama prendra le soin de peser
chaque mot, en raison de l’importance de la région, qui se
caractérise par des équilibres fragiles et où les intérêts
américains pourraient pâtir d'un brusque changement de cap. De
son côté, Marina Ottaway, une spécialiste du Moyen-Orient à la
fondation Carnegie, se dit curieuse de savoir “de la façon dont
Obama va réussir à concilier le soutien aux transitions
politiques et l'approche au cas par cas” des situations. Haïm
Malka, expert ès Moyen-Orient au Centre pour les études
internationales et stratégiques (Csis), un autre groupe de
réflexion de Washington, pense quant à lui que “l’une des
principales difficultés pour le président va être de faire sens
pour les millions de personnes dans le monde arabe qui espèrent
le changement, sans fâcher davantage des alliés importants des
États-Unis dans le Golfe, qui ont intérêt à préserver le statu
quo”. Vu la conjoncture actuelle marquée par le récent accord de
réconciliation entre le Fatah et le Hamas, les déclarations de
Netanyahu sur le maintien des colonies de Cisjordanie et son
refus réitéré de partager Jérusalem avec les Palestiniens,
Nathan Brown, professeur à l'université George-Washington trouve
que “ce n'est apparemment pas le moment de se lancer dans des
discours optimistes” sur ce conflit. Il ne faut probablement pas
s’attendre à ce que Barack Obama annonce une nouvelle initiative
pour un règlement dans ce dossier.
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Publié le 19 mai 2011 avec l'aimable autorisation de
Liberté.
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