Opinion
Moncef Marzouki :
« La Francophonie est un moyen de créer
la solidarité »
Mathy Musau
Jeudi 18 octobre
2012
EN MARGE DU XIVEME
SOMMET DE LA FRANCOPHONIE A KINSHASA
Arrivé à Kinshasa le vendredi 12
octobre dans la soirée, pour participer
au XIVème sommet de la Francophonie, le
président de la République de Tunisie
s’est confié à quelques quotidiens de la
capitale congolaise dans sa villa à la
Cité de l’Union africaine au Mont-Ngaliema.
Très détendu, ouvert et disponible,
Moncef Marzouki a salué la tenue de ce
Sommet au pays de Joseph Kabila. Le
premier citoyen tunisien a déclaré
qu’avec la Francophonie, les gens sont
capables de s’unir pour parler le
français. Et de renchérir que la
Francophonie est un moyen de créer la
solidarité entre les peuples. Il n’a pas
manqué d’aborder les questions
bilatérales entre les deux pays ainsi
que les retombées du printemps arabe
dans son pays, sans oublier son
expérience en tant qu’activiste des
droits de l’homme. Au cours de cet
entretien, il a salué aussi la mémoire
du tout premier Premier ministre de la
République démocratique du Congo,
Patrice Emery Lumumba. C’est ainsi
qu’avant de quitter le sol congolais, le
chef de l’Etat tunisien a rendu hommage
à sa veuve, car il garde beaucoup de
souvenirs de ce héros national.
Abordant la question liée aux acquis
du Sommet de Kinshasa, le président
Moncef Marzouki a fait savoir que la
Francophonie existe. Elle met ensemble
les différents pays qui parlent
différentes langues et disposent des
diverses cultures, mais qui se
réunissent autour d’un lien commun
qu’est la langue française. Aussi,
a-t-il poursuivi, la Francophonie est
aussi un moyen de se créer une
solidarité. Elle permet également les
échanges d’expériences à tous les
niveaux de la vie. «Le Congo m’a
impressionné», a-t-il affirmé. "
J’aimerai bien revenir comme touriste.
Bien sûr que c’est mon premier contact,
mais je crois que ce n’est pas le
dernier ", s’est-il exprimé.
Cependant, il a déclaré que la
Tunisie et la RDC ont une très vieille
histoire. Depuis les indépendances, il y
a toujours eu des soldats tunisiens qui
débarquent au Congo, notamment ceux
participant aux opérations de maintien
de paix au sein de la MONUSCO. En dehors
de la coopération militaire, fait-il
remarquer, il y a des hauts cadres
tunisiens qui travaillent en RDC comme
des experts dans beaucoup de secteurs.
" Je suis convaincu que ma venue en
RDC renforcera surement cette
coopération bilatérale, indépendamment
bien-sûr de la tenue de la Francophonie,
surtout que, comme je l’avais souligné
dans mon discours à l’ouverture du
XIVème sommet de la Francophonie, je
suis très attaché à ce pays de
Patrice-Emery Lumumba".
A en croire le premier citoyen
tunisien, les relations entre son pays
et la RDC sont dans un état
embryonnaire, surtout qu’il n’existe pas
des vols directs entre les deux pays,
alors que la Tunisie reçoit plusieurs
étudiants congolais. A cet effet, il a
indiqué que la Tunisie dispose également
des coopérants sur place en RDC, mais
tout cela reste dérisoire, par rapport à
la taille du Congo et de ses richesses.
C’est ainsi qu’il a préconisé
l’accélération des relations bilatérales
avec la présence de plusieurs coopérants
et investisseurs tunisiens dans les
domaines de l’éducation, de l’énergie,
de transport et tant d’autres priorités.
" Mais, je crois que le premier
investissement devait être l’éducation ",
a rassuré le chef d’Etat tunisien. Là
aussi, a-t-il ajouté, les deux pays
peuvent travailler ensemble sur la
formation et les métiers d’avenir. Car
la Tunisie dispose déjà d’une grande
expérience en la matière.
LA TUNISIE, EN PLEINE CRISE DE
RECONSTRUCTION Au cours de cet
entretien, il a aussi abordé la question
du printemps arabe. A ce sujet, le
président Moncef Marzouki a indiqué que
la Tunisie a détruit un système
politique qui était en place depuis
plusieurs années : la dictature. A ce
jour, a-t-il soutenu, le pays est en
train de mettre en place un système
politique démocratique. " Mais, ce n’est
pas facile ", a-t-il reconnu. "Car,
si vous levez le couvercle de la
répression, il y a le meilleur qui
apparaît, mais aussi le pire ", a
noté le président de la République
tunisienne. " Nous sommes donc en
train de créer un système politique
nouveau, mais il faut comprendre qu’il
existe des sous-systèmes qui rendent des
services à la population, notamment les
systèmes éducatif, sécuritaire,
sanitaire..., lesquels sont largement
tributaires du système politique. Si ce
dernier est mauvais, tout le reste l’est
également. S’il est bon, tout sera bon
", a-t-il évoqué. Et de souligner :«La
Tunisie est donc en train de mettre en
place non seulement un bon système
politique, mais aussi de reconstruire
tous les sous-systèmes qui ont été
détruits. Elle se trouve simplement en
pleine crise de reconstruction».SON
EXPERIENCE EN TANT QUE DEFENSEUR DEVOUE
DES DROITSDE L’HOMME
" Je crois que les valeurs sont
les mêmes et les gens qui doivent se
mettre au service de ces valeurs,
doivent avoir les mêmes caractères ;
c’est-à-dire la persévérance ", a-t-il
dit d’un air serein avant de préciser,
«il n’est pas facile de changer des
mentalités».
Par ailleurs, le président Moncef
Marzouki a estimé qu’il faut s’inscrire
dans le temps, et avoir la patience, en
plus disposé des ambitions et de la
modestie. Aussi, se dire capable de
faire modifier les choses, même au
sommet de l’Etat, et être capable
d’influer sur la nature humaine.
Egalement, s’inscrire dans la ténacité
et savoir s’intégrer dans les structures
internationales pour avoir des soutiens.
Surtout que les défenseurs des droits de
l’Homme sont souvent isolés dans leurs
pays, a-t-il soulevé. Dans ce même ordre
d’idées, il a invité les activistes des
droits de l’Homme congolais à côtoyer
les autres structures comme Amnesty
International. Car aucun militant des
droits de l’Homme ne peut survivre seul.
Aussi, à bien connaitre ces différents
réseaux et à bien les utiliser. " Un
défenseur des droits de l’homme doit
également apprendre à lutter
pacifiquement et s’apprêter à subir tous
les ennuis inimaginables qui peuvent
survenir ", a laissé entendre le
premier citoyen tunisien.
Pour clore cette rencontre, le
président de la République tunisienne a
souhaité plein succès au peuple
congolais, dont le pays dispose de
toutes les opportunités pour s’épanouir.
Mathy Musau
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