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Israéliens
et Palestiniens: une nouvelle chance après 60 ans
Maria Appakova

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21 novembre 2007
En prévoyant une rencontre internationale portant sur le règlement
du conflit palestino-israélien à Annapolis (Etats-Unis) la dernière
semaine de novembre, l'administration américaine ne pensait
probablement pas qu'elle coïnciderait avec le 60e anniversaire de
l'adoption par l'Assemblée générale des Nations Unies de la résolution
sur le partage en deux Etats (arabe et juif) de la Palestine,
territoire sous mandat britannique. Ces coïncidences sont rares
dans l'histoire. Cependant, des parallèles s'imposent, d'autant
que la situation actuelle au Proche-Orient est directement liée
aux événements qui ont eu lieu il y a 60 ans.
La résolution 181 (II) de l'Assemblée générale des Nations
Unies sur le partage de la Palestine fut adoptée le 29 novembre
1947: elle fut votée par 33 voix contre 13 avec 10 abstentions.
Conformément à cette résolution, le territoire de la
Palestine fut divisé en huit parties, dont trois devaient devenir
des divisions juives et trois autres des divisions arabes. La
septième, la ville de Jaffa, devait devenir une enclave arabe sur
le territoire juif. Jérusalem, huitième partie, devait être un
"corpus separatum", entité jouissant d'un régime
international spécial. Cette ville devait se trouver sous
administration du Conseil de tutelle de l'ONU pendant 10 ans.
Les Etats arabes déclarèrent qu'ils ne considéraient pas la
résolution de l'Assemblée générale comme obligatoire, c'était
leur droit et leur choix. La population juive de la Palestine, au
contraire, salua la résolution de l'ONU et l'indépendance de l'Etat
d'Israël fut proclamée le 14 mai 1948. Le monde arabe déclara
la guerre aux Israéliens, mais les actions militaires entre
Arabes et Juifs avaient commencé bien avant la création d'Israël:
la résolution de l'ONU avait rendu la situation en Palestine
explosive, la paix au Proche-Orient tomba alors dans l'oubli pour
longtemps.
Cependant, 60 ans plus tard, après avoir connu de nombreuses
guerres, les habitants juifs et arabes de l'ancien territoire sous
mandat britannique ainsi que l'ensemble de la communauté
internationale sont revenus au point d'où était parti le conflit
au Proche-Orient: le partage est nécessaire. Mais la résolution
du problème de la coexistence pacifique des deux Etats sur un même
territoire n'est pas devenue plus simple qu'en 1947.
Il est vrai cependant que la situation a changé, semble-t-il,
de façon fondamentale. A présent, les pays arabes misent sur
l'ONU et exigent l'application de toutes les résolutions adoptées
par cette organisation concernant la situation dans la zone du
conflit arabo-israélien. Ils sont prêts à reconnaître le droit
d'Israël à l'existence, ce qui était tout à fait inconcevable
il y a 60 ans. Il est temps d'établir la paix, semble-t-il. Mais
ce n'est qu'une illusion.
De nombreux nouveaux problèmes qui n'avaient pas été prévus
en 1947, ont surgi depuis l'adoption de la résolution 181 (II).
Il s'agit avant tout des réfugiés palestiniens et du tracé de
la frontière entre les deux Etats. En effet, le territoire prévu
par l'ONU pour Israël s'est élargi à la suite de nombreuses
guerres. Jérusalem a été intégré dans l'Etat hébreu et en a
été proclamé la capitale.
Le plan de partage de 1947 n'était pas idéal mais plutôt idéaliste,
sa mise en application n'était possible qu'à condition que les
populations des deux futurs Etats s'accordent une confiance
mutuelle. Le plan actuel est plus simple du point de vue géographique,
si l'on fait abstraction du sort de Jérusalem et de la question
de savoir où et comment peuvent revenir les réfugiés
palestiniens. Mais il est presque impossible d'éluder ces problèmes.
D'ailleurs, le problème de la confiance est toujours vital, car
les deux Etats sont pratiquement indivisibles, ils sont économiquement
liés. Ce n'est pas par hasard si les accords de paix fondamentaux
conclus entre les Israéliens et les Palestiniens dans les années
1990 comportent des articles sur l'établissement "des
mesures de confiance mutuelle" et sur la coopération dans
divers domaines, de la sécurité à l'approvisionnement en eau.
Rappelons qu'aucun de ces accords n'a été entièrement mis en
oeuvre et que le processus de paix dans son ensemble a été
paralysé par l'Intifada palestinienne lancée en 2000.
En prévoyant la rencontre d'Annapolis, les Etats-Unis
supposaient qu'elle donnerait le départ à de nouvelles négociations
entre les Israéliens et les Palestiniens et que l'Etat
palestinien apparaîtrait sur la carte, en plus de l'Etat d'Israël,
avant l'expiration du mandat présidentiel de George W. Bush
(c'est-à-dire vers 2009). Mais personne ne peut être certain du
succès de ces négociations. Le fait est qu'aucune des parties
n'a l'intention de céder sur ce à quoi elle tient.
Ce n'est pas un hasard si la question de la reconnaissance
d'Israël en tant qu'Etat juif est apparue avant la rencontre
d'Annapolis. De l'avis du premier ministre israélien Ehud Olmert,
qui est par ailleurs soutenu par la majorité des Israéliens, le
point principal des futures négociations avec les Palestiniens
doit être la reconnaissance par ceux-ci d'Israël en tant qu'Etat
juif. Mais la partie palestinienne n'est pas prête à le faire.
Les Palestiniens soulignent qu'ils ont déjà reconnu le droit
d'Israël à l'existence et qu'aucun document international
n'exige qu'ils fassent plus.
Tous les documents constitutifs israéliens désignent Israël
comme un Etat juif et il convient de souligner que c'était prévu
par la résolution sur le partage de la Palestine. En quoi
consiste le problème? Pourquoi les Israéliens insistent-ils sur
la reconnaissance de ce fait par les Palestiniens et pourquoi
ceux-ci s'y opposent?
Selon une opinion répandue parmi les Palestiniens, s'ils
acceptent l'exigence d'Israël, cela les privera totalement de la
possibilité d'obtenir la reconnaissance du droit des réfugiés
à revenir, ou même à une compensation. Puisque Israël est un
Etat juif, à quelles requêtes les réfugiés peuvent-ils prétendre?
Des discussions à ce sujet ont souvent lieu dans le cadre du règlement
du conflit au Proche-Orient. On peut sans cesse évoquer le passé.
Mais on peut aussi essayer de corriger les erreurs commises antérieurement
pour ne pas revenir de nouveau au point de départ, ce qui entraînerait
de nouvelles victimes. L'histoire donne une nouvelle chance aux
Israéliens et aux Palestiniens. La saisiront-ils?
Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la
stricte responsabilité de l'auteur.
© 2007 RIA
Novosti
Publié le 23 novembre
2007
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