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Analyse
Périclès, Protagoras, Socrate
Attention, ce dialogue est piégé: il met
en scène les enjeux anthropologiques de la laïcité française
Manuel de Diéguez
Manuel de Diéguez
Lundi 21 décembre 2009
Protagoras : Périclès,
Périclès, je te rappelle aux devoirs de la raison, aux
contraintes de la logique, aux verdicts du bon sens, aux lois de
l'entendement naturel des hommes, à la droiture d'esprit et de
jugement que la cité d'Athènes attend de toi comme de tous ses
citoyens. On me dit que tu te rallierais au jugement de quelques
sophistes qui font grand bruit à soutenir l'hypothèse selon
laquelle nous ne serions pas autorisés à nous mêler des affaires
des dieux et que, de leur côté, les dieux ne le seraient pas
davantage à mettre leur nez dans nos affaires.
Mais c'est un
marché de dupes qu'ils te proposent de conclure à notre
détriment, parce que tout le monde sait que ce sont les hommes
qui tirent les ficelles de leurs idoles et qui commandent tous
leurs mouvements sur la scène du monde, de sorte que, si nous
cessons de piloter ces personnages dans les coulisses du théâtre
que nous appelons l'Histoire, non seulement ils en prendront à
leur aise avec nous, mais ils nous dicteront leurs volontés avec
des mines de se trouver au piquet. C'est dire que ces
marionnettes nous rendront au centuple la monnaie de notre
propre hypocrisie, tellement elles nous prouveront en retour et
avec toute la rigueur de la logique d'Euclide que nous leur
avons enseignée que nous ne pouvons faire un pas sans eux sur la
terre. Et puis, songe que si, à la faveur même de la mort
politique dont nous aurons tenté en vain de les frapper, ils
nous interdisent de comprendre comment nous nous cachons
habilement sous leurs vêtements, qu'adviendra-t-il de notre
connaissance politique de nous-mêmes, dont ils nous cacheront
les clés? Notre raison et tous nos savoirs ne vont-ils pas se
pétrifier sous leur égide inutilement refusée et se changer
subrepticement en une manière de théologie à leur tour?
Périclès : Je
devine où tu prétends me conduire. Je ne saurais, penses-tu,
interdire aux dieux d'Athènes de s'occuper du sort de notre
ville sans leur démontrer avec toute la force de raisonnement de
nos vrais philosophes que s'ils n'exercent aucun droit sur nous,
c'est pour la bonne raison qu'ils n'existent que dans nos têtes.
Protagoras :
Je me demande bien, Périclès, de quelle dialectique tu ferais
usage dans le cas où tu croirais en l'existence des dieux et que
tu prétendrais qu'ils se promènent sur la terre. Pis que cela :
si tu les autorisais à prendre la parole , il te serait
impossible de jamais mettre leur mauvaise foi définitivement
hors jeu, parce qu'ils ne manqueraient pas de retourner contre
nous toutes les ressources de la rhétorique à laquelle nous les
avons initiés. J'entends déjà leurs avocats nous appeler à
respecter leur dignité dans l'espace géographique qu'ils se
seront réservés, je les entends déjà faire valoir que si notre
propre cervelle ne perd pas le nord, c'est seulement parce
qu'ils en ont réglé les ressorts et les rouages de toute
éternité.
Périclès : Il
serait donc vain, à t'entendre, de dresser les dieux contre
eux-mêmes. Mais dans ce cas, dis-moi comment nous brandirons le
sceptre d'une vérité plus éclatante que celle de leurs poètes,
comment nous nous forgerons des évidences invincibles sur
l'enclume de notre seule intelligence à nous, si tu admets que
nous nous partageons la même cervelle.
Protagoras :
Puisse la peur de penser pour notre propre compte ne pas
s'emparer de ton esprit. Sinon, ce serait dans la pire fausseté
de nos âmes que le monde hellénique sombrerait tout entier ; car
si les dieux que nous avons coulés dans le moule de notre raison
t'autorisaient ensuite à rejeter la puissance, le savoir et le
pouvoir que nous leur avons accordés, ils seraient bien plus
sots que nous. A-t-on jamais vu un accusé renier ses droits et
ses prérogatives devant ses juges?
Périclès :
Mais comment nourrirais-je jamais la folle espérance que nos
compatriotes consentiront un jour et d'un cœur léger à se priver
de Zeus, d'Athéna, de Mars et de Neptune, alors que leurs
apanages leur sont consentis depuis Homère?
Nos pédagogues
exercent une autorité reconnue sur les enfants qu'ils sont
chargés par la cité d'éduquer. Mais les chefs des cités que tu
appelles à forger le jugement de leurs compatriotes
ressembleront à des guides dont les élèves contesteront sans
honte la compétence. Vais-je jouer le rôle d'un pédotribe auquel
on demandera de faire ses preuves face à des ignorants et des
sots ? Le peuple croira me réfuter à l'aide d'arguments auxquels
l'âge adulte de mes contradicteurs sera censé donner du crédit.
Protagoras :
Songe, Périclès, qu'Athènes doit davantage sa grandeur politique
à l'audace de son cerveau qu'à la sagesse qu'elle accorde à ses
dieux. La raison des auditeurs des statues ne souffre pas de se
trouver déshonorée par les sortilèges de la piété. En revanche,
quel rang piteux concèderas-tu à l'intelligence si ta vénération
à l'égard de l'ignorance et de la sottise contraindra ta raison
non seulement à cacher ses armes, mais à feindre de s'en trouver
dépourvue ? Lui demanderas-tu de plier l'échine devant la bêtise
? Dans ce cas, que restera-t-il de cette pauvresse ?
Contrairement à la croyance, elle n'est pas autorisée à renoncer
à ses apanages : la logique est son souverain et ce souverain-là
n'a plus rien entre les mains s'il se fait, de son sceptre, un
moignon .
Et que fais-tu de
la beauté du ciel et de la terre ? Si le refus de la vérité
fondait le droit et la justice, peux-tu rien imaginer de plus
laid que de diriger les Etats, puisqu'il te faudrait à la fois
te passer, en fait, de la croyance des Athéniens en leurs dieux
et feindre, dans le même temps, que nous les rencontrerons à
tous les détours des chemins, à la fois renoncer à leur demander
de hocher du bonnet et leur rendre en public un culte mensonger
et stupide, à la fois paraître pieux aux yeux du peuple et leur
offrir des présents hypocrites sur leurs autels, à la fois leur
rendre des honneurs convenus les jours de fête et leur demander
de quitter la table sur la pointe des pieds sans seulement leur
avoir accordé la parole? Et enfin, qu'adviendrait-il de nos
propres lois, qui nous interdisent de condamner un accusé sans
l'avoir laissé se défendre sur l'agora? Crois-moi, les dieux
qu'on n'a pas réfutés, on leur fait le cadeau de les rendre
impérissables aux moindres frais. Il te faut donc nécessairement
recourir à la méthode chirurgicale. Prends ton courage à deux
mains, Périclès, démontre enfin aux Athéniens ce que nous
savons, nous, dis à tes concitoyens ce que la raison nous a
appris. Si tu te rends aux arguments invincibles de nos
philosophes, tu auras démontré à jamais ta sagesse aux yeux de
toutes les nations à venir.
Périclès :
Vois-tu, Protagoras, la question de la beauté et de la laideur
de la politique répond à une autre éthique de l'intelligence
humaine qu'à celle des philosophes, qui s'ingénient à dresser un
autel à la vérité toute nue et qui vont jusqu'à professer que
l'intelligence serait la clé de la grandeur des Etats. Mais
devant quel tribunal plaideras-tu pour innocenter un savoir que
tu glorifieras de se proclamer irresponsable dans l'ordre de
l'action ? Je suis responsable du destin que l'histoire
réservera à des hommes que la nature a fait naître , grandir et
mourir tels qu'ils sont. Tu voudrais que je fusse coupable de
leur ignorance et de leur sottise. Mais pourquoi ne te
demandes-tu pas de quoi le poids d'Athènes dépend parmi les
cités grecques? Sache que la science dont j'ai le devoir de me
réclamer est pleinement informée, elle, de ce que les hommes
sont demeurés des enfants en bas âge et que si je retirais aux
Athéniens les statues qu'ils ont installées sur leur Olympe et
dont ils se racontent de génération en génération les exploits
et les frasques ils n'auraient plus de chefs, plus de guides,
plus de pédagogues rutilants de gloire dans le cosmos.
Que crois-tu
qu'ils feront alors de leur liberté? Ne sais-tu pas que leur
solitude pèsera bien trop lourd sur leurs frêles épaules ? Ne
sais-tu pas que je suis la nourrice d'Athènes et que je veille
sur un berceau braillard? Et puis, crois-tu que je serais devenu
le chef de cette ville si j'ignorais que l'Olympe soutient le
courage de mes concitoyens, si j'ignorais que beaucoup d'entre
eux tomberaient dans un désespoir sans remède si je les privais
de leurs tuteurs imaginaires, si j'ignorais que le plus grand
nombre de mes compatriotes se gonfleraient d'une suffisance
mortelle si j'ignorais que la masse du peuple mépriserait l'
autorité de l'Etat sous prétexte qu'aucun homme ne mériterait
plus qu'on lui obéisse dès lors que Zeus lui aurait retiré sa
caution? Tu juges laid de tromper des ignorants, des vantards et
des prétentieux pour leur plus grand bien, tu juges immoral de
placer aux commandes des cités des hommes armés de deux têtes,
l'une dotée de raison, l'autre de pitié. Mais sache qu'elle
n'est pas sans beauté la responsabilité de mentir à bon escient
aux enfants. Il y faut le courage d'user de balances difficiles
à construire. Je revendique la beauté de sauver les Athéniens
des dangers de la démence sans mesure dont ils deviendraient
immanquablement la proie si je leur retirais les tristes pantins
des nues qui les protègent, les châtient et leur montrent le
chemin.
Je sais,
également, mon cher Protagoras, que tu excelles depuis longtemps
dans l'art de porter la dialectique à l'éloquence politique.
Mais demande donc à Socrate ici présent si la logique de sa
pensée n'interdit pas aux dieux d'Athènes de combattre les armes
à la main aux côtés des Athéniens sur les champs de bataille de
notre ville, demande donc à Socrate comment il nous forgera des
guerriers prêts à mourir pour la patrie, alors que toute sa
prétendue sagesse les aura privés de leur sépulture dans
l'éternité?
Socrate : Je
vois que tu montes sur une manière d'autel de la gloire
politique et que tu y joues un rôle aussi retentissant que
Protagoras dans son temple de la vérité. Savez-vous quel sang
vous versez l'un et l'autre? Le peuple a ordonné de brûler les
livres de Prodicos, parce qu'il niait, lui aussi, l'existence
des dieux. Mais, toi, pourquoi as-tu aidé Prodicos à s'enfuir?
Pourquoi l'as-tu condamné à la honte de couler des jours heureux
à Memphis ou ailleurs ? Sais-tu que le sang épargné de Prodicos
est celui du déshonneur de la philosophie? Pour Protagoras et
pour toi, Périclès , quelle est votre balance à peser ensemble
le sang souillé et le sang glorieux de la politique?
Périclès : On
me dit que tu cours les rues et les ruelles d'Athènes toute la
journée, on me dit que tu apostrophes jeunes et vieux. Quelle
science de l'intelligence des hommes leur demandes-tu
d'apprendre de ta bouche? Tu enseignes une science nouvelle,
dis-tu, une science qui découvrirait pourquoi l'ignorance se
présente nécessairement sous les traits d'un savoir sûr de la
pureté de son sang. Tu voudrais apprendre pourquoi l'ignorance
sûre d'elle ignore jusqu'à l'objet de l'ignorance dont elle
s'est rendue prisonnière et à laquelle elle veut s'asservir sans
seulement le savoir. Serait-ce que l'ignorance ferait couler un
sang sali par l'histoire d'Athènes? Quelle est, Socrate, ta
science du sang de l'intelligence si c'est la guerre que tu as
déclarée à un sang souillé qui te fait courir dans les rues
d'Athènes? Mais qui enseigne aux Athéniens à peser leur sang ,
qui leur garantit qu'ils sont les plus sages et les plus savants
des hommes, qui leur dit que le ciel et la terre n'ont plus de
secrets pour eux, qui leur a révélé, à ce qu'ils s'imaginent,
les arcanes de l'univers, et le char du soleil, et les mystères
de la mer, et la course des astres, et la succession des
saisons, sinon leurs dieux ? N'es-tu pas le roi des peseurs
impies du sang d'Athènes, Socrate, si tu accuses les dieux de
faire couler un sang souillé sur les champs de bataille des
Athéniens?
Tu
te vantes, si je t'ai bien compris, de l'appel que le dieu de
Delphes t'aurait adressé, à t'entendre ; et tu te fais une
réputation de sagesse à soutenir les premiers pas d'une science
tellement dangereuse qu'elle connaîtrait le sang caché de la
puissance et de l'orgueil de la ville. Ta folle audace ne te
conduit-elle pas jusqu'à purifier le sang des dieux? Je crains,
Socrate, que tôt ou tard tu comparaîtras devant le même tribunal
du peuple qui a condamné Prodicos à mort, je crains que mon
devoir m'appellera bientôt à courir à ton secours, à toi aussi.
Je t'aiderai, sache le bien, à trouver la paix et le repos dans
telle ou telle cité grecque où les verdicts de nos juges ne sont
pas applicables. Tu salis le sang que je fais couler; regarde
aussi, Socrate, le sang que je protège, regarde aussi l'autre
sang de l'histoire, celui dont je suis le gardien quand je mets
Prodicos à l'abri de la sottise et de la cruauté de nos lois.
Socrate :
Vois-tu, Périclès, la question de la pureté du sang de la pensée
est autrement plus périlleuse pour toi que tu ne le crois. Sache
que le sang de l'intelligence, il n'appartient qu'aux juges du
tribunal de la philosophie d'en peser la qualité. Sache
également que ce tribunal-là accuse Prodicos de boire le sang
souillé de l'histoire à Memphis ou ailleurs. Tu as raison,
Périclès, nous ne plaçons pas, toi et moi, la beauté et la
laideur de la politique sur les plateaux de la même balance à
peser le sang de l'histoire.
Mais sache, Périclès, que l'autel sur lequel les siècles te
feront monter est le même que celui sur lequel Prodicos dort
paisiblement; et cet autel du sommeil ou de la veille des hommes
sera le juge de la peur et du courage de l'histoire du monde. De
quel sang as-tu grand peur? Pourquoi veux-tu que les prêtres et
les dieux d'Athènes gavent le peuple d'une ignorance fière
d'elle-même? A quelle peur offres-tu tes sacrifices, Périclès,
si toute ta fausse sagesse reviendra seulement à sauver mes os,
mes muscles et mes viscères du verdict d'un tribunal
d'ignorants? Mais cette vie-là de mon sang, si je la préservais,
serait celle de mon cadavre; et ce cadavre-là, Périclès, serait
celui de Prodicos, auquel j'envoyais les jeunes gens dont l'âme
n'était grosse de rien.
Protagoras : Te voilà
bien tel que je te connais, Socrate. Chacun sait que ta mère
était sage-femme dans notre ville. C'est pourquoi tu élèves la
pensée au rang d'une accoucheuse de l'intelligence des Athéniens
de demain, c'est pourquoi tu couronnes les philosophes des
lauriers d'Hippocrate, c'est pourquoi tu vois le vrai sang de
l'histoire sous les traits d'un innocent accusé devant un
tribunal d'enfants, c'est pourquoi tu vois des rois en sucreries
présenter leurs gâteries aux gourmands de leur propre sottise.
Mais tu me connais : je ne suis pas un myste d'Athéna, je n'ai
pas consulté la Pythie, je ne m'éclaire pas au soleil d'Apollon,
je pose seulement à la cité une question de logique politique.
Qu'un Etat ordonne aux dieux de quitter piteusement l'agora sans
daigner expliquer ni au peuple, ni à personne d'où il a reçu le
sacre de sa raison à lui, ni quel Olympe nouveau lui permet d'
intimer aux Célestes un ordre non argumenté de lever le camp,
qu'un Etat fonde sans sourciller sa politique sur une cote
tellement mal taillée qu'elle ne manquera pas d'apparaître dans
sa bancalité aux générations à venir, qu'un Etat s'imagine qu'il
répondra à sa vocation d'approfondir la connaissance du sang
souillé ou du sang sauveur sans jamais s'interroger sur les
secrets de la croyance des Athéniens en l'existence, en tel ou
tel endroit de la terre, de Zeus, d'Athéna, de Mars ou de
Neptune, qu'un Etat puisse confier la gestion supposée
rationnelle des affaires publiques à la sagesse réputée innée
des citoyens, alors qu'il se rend lui-même coupable de la plus
titanesque ignorance, celle de feindre d' ignorer que les
enfants ont peur du vide, du silence et de la solitude et qu'ils
réclament à cor et à cri un pâtissier du cosmos, voilà Périclès,
ce qui me semble une faute politique de taille.
Non, Périclès, la politique n'est pas la succulence de la
sottise, la politique n'est pas la couardise de se dérober à la
question de la nature des hommes et des dieux, la politique se
brûle sans crainte au feu qu'attise le "Connais-toi" de
mon ami Socrate…
Tu me reproches
de jeter de l'huile sur le feu. Mais sais-tu quels incendies tu
allumes si tu ne te demandes pas pourquoi la terreur des hommes
fait trottiner des dieux dans leur tête depuis des millénaires?
Mais sache que ces personnages ne vont pas tout subitement
trépasser du seul fait que tu les auras assignés à résidence
dans les maisons. Je te le dis, Périclès, ces acteurs du cosmos
changeront simplement de vêture et de cervelle, ces titans de
l'imagination effarée des humains se déguiseront seulement sous
des parures nouvelles du rêve et de l'épouvante; et jamais ces
Hercules du cosmos ne cesseront de régner sur les ignorants si
tu refuses tout net de les réfuter.
Bien plus : des dieux nouveaux et redoutables vont se cacher
sous les traits des faux disciples de Socrate, des dieux
inconnus vont se présenter en annonciateurs, en missionnaires et
en apôtres du genre humain, des dieux seulement plus diffus que
les précédents vont faire monter sur leurs autels des victimes
au sang vicié. Si tu prétends interdire à Socrate de féconder le
vrai sang du monde, tu enfanteras une ignorance plus
centauresque que la précédente. Ecoute le dieu absent, écoute le
dieu du "Connais-toi". Il ne siège que dans les âmes. Il
allie le courage de l'intelligence au courage politique. Il
précipitera la cité d'Athènes dans le vide et les ténèbres afin
que le sang de la pensée purifie les autels de l'histoire.
*
"Tes
funérailles, comment y procèderons-nous?" - "Comme il vous
plaira, répondit-il, à condition, bien sûr, que vous vous
empariez de moi, à condition, bien sûr, que je ne vous glisse
pas entre les mains." Et il rit d'un rire tranquille en nous
regardant droit dans les yeux - "J'échouerai, mes amis, à
convaincre Criton que le vrai Socrate est celui qui s'entretient
avec vous et qui met tranquillement ses arguments en bon ordre.
Il est persuadé que le vrai Socrate, c'est l' autre, celui dont
il aura dans un instant, le cadavre sous les yeux.
"(Platon, Le Phédon, 115,c, trad Diéguez)
Depuis
vingt-quatre siècles, le monde se demande où le vrai sang de
Socrate est passé.
Publié le 21 décembre 2009 avec l'aimable autorisation de Manuel de Diéguez
Les textes de Manuel de Diéguez
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