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Analyse
M. Barack Obama
est-il un personnage shakespearien ? II
Radioscopie d'un prix Nobel de la paix
Manuel de Diéguez
Manuel de Diéguez
Lundi 12 octobre 2009
Introduction
1 - L'avenir philosophique de
la civilisation européenne
2 - Comment
l'encéphale simiohumain sécrète-t-il la "vérité"
3 - M. Barack Obama et l'art oratoire de
la "politique de la vérité"
4 - L'
art oratoire et le clergé des Démocraties
5 - La
démocratie sacrificielle
6 - La
Liberté comme personnage historique
7- Le
Vatican des démocraties
8 - L'avenir de M. Barack Obama
9 -
L'apocalypse mécanisée est l'arme de la paix
10 -
L'homme et la peur
11 -
L'avenir de la raison
12 - Epilogue
*
Introduction
Le jury du prix Nobel ayant
accordé celui de la paix du monde à M. Barack Obama, la presse a
souligné qu'il s'agissait d'un symbole puissant et d'un
encouragement vigoureux à persévérer dans l'action annoncée au
Caire le 4 juin et qui aurait modifié le climat sur la planète.
Comme j'ai
tenté modestement, le 5 octobre, de dessiner la silhouette du
personnage de Shakespeare que ce chef d'Etat est appelé ou
condamné à jouer sur les planches du théâtre qu'on appelle
l'Histoire, j'ai estimé que les acteurs de Stockholm ont bondi
sur la scène et qu'ils jouent désormais dans la pièce un rôle de
protagonistes ou de spectateurs chargés de guider le héros à la
manière du chœur dans la tragédie grecque.
Il en résulte une
difficulté anthropologique nouvelle pour ma pauvre plume:
Shakespeare collabore-t-il avec le chœur à la manière dont
Eschyle lui fait dire ce que l'auteur doit écrire, et cela au
point de sembler lui donner des conseils ou des ordres?
J'ai donc
décidé de trancher le nœud gordien de la manière la plus simple
et la plus logique, en me rendant de ce pas auprès de
Shakespeare en personne afin de solliciter de sa bienveillance
des éclaircissements sur la pièce; et je lui ai demandé tout à
trac si les géants de Stockholm le mettaient dans l'embarras ou
si, au contraire, il trouvait secours et réconfort de ce que la
Suède encourage son génie. Il m'a répondu avec la candeur
grandiose que j'attendais de l'auteur d'Othello:
"Mon pauvre, me
dit-il, ne croyez pas que je sois l'auteur de mes pièces : c'est
Clio qui me les dicte du premier acte au dernier et réplique par
réplique. Il me suffit d'écouter ce qui tombe de sa bouche.
"De plus, mon personnage ne
présente rien de nouveau. Imaginez Trajan, Hadrien et même
Vespasien placés à la tête d'un empire en déclin et qui se
demandent comment ils piloteront son agonie avec toute leur
sagesse. Le jury du prix Nobel sait aussi bien que moi à quel
gouvernail M. Barack Obama se trouve ligoté. Conduira-t-il le
navire au cœur de la tempête qui l'engloutira ou un cadavre
politique dans un port abrité?
"Si M. Barack Obama lâche du lest,
il se trouvera accusé de brader l'empire, et cela d'autant plus
que ses adversaires ne lui sauront aucun gré pour sa faiblesse;
et s'il lève des légions et les lance dans la mêlée, on lui dira
que la guerre est perdue et qu'il est vain de livrer à un
carnage inutile une jeunesse qui paiera de sa vie de retarder de
quelques mois seulement un naufrage non moins gravé dans le
marbre de la mémoire du monde que la chute de Rome ou de Byzance
; et enfin, s'il ne fait rien, on l'accusera d'une passivité
coupable, tellement un capitaine au long cours doit sombrer avec
son navire, non point afin d'accompagner une carcasse inerte au
fond de l'abîme, mais afin de donner une âme à une masse de fer
orpheline de son maître.
"Mon personnage se présentera sur la scène
d'un théâtre planétaire et accéléré. Je tiens mon épilogue : au
dernier acte de la tragédie, on assistera à une rencontre
dramatique du génie des Grecs avec celui des juifs et des
chrétiens. Car les Anciens ont illustré avec
Oedipe à Colonne
ou Antigone
la sagesse des sacrifiés à la grandeur de leur cité, les
chrétiens ont immolé leurs victimes à l'éternité de leur esprit
- et ceux-là ont donné leur vie afin que renaisse, de génération
en génération, la grandeur des voyants.
"C'est pourquoi
je donnerai l'ordre au chœur et au jury de Stockholm de livrer
mon héros au suicide des prophètes, qu'on appelle leur
sacrifice. Il me plaît que, pour la première fois sur les
planches, l'engloutissement d'un empire réconcilie la fatalité
antique avec la grandeur des saints de leur intelligence."
1
-L'avenir philosophique de la civilisation européenne
L'avenir du
cerveau simiohumain se confond à son avenir politique. Cette
semaine un progrès cérébral décisif a été enregistré par le
laboratoire d'observation de la boîte osseuse de l'Occident :
l'Amérique du Sud a accédé à la civilisation dont les jeux
olympiques symbolisent et fécondent désormais la postérité
planétaire de la raison grecque. Si le Vieux Continent échouait
à remettre en marche l'encéphale de la planète, son destin
serait scellé : il deviendrait une comparse de l'Amérique ou
l'appendice folklorique d'un avenir que la Chine, la Russie,
l'Inde et l'Amérique du Sud seraient appelées à polariser.
La semaine
dernière, j'ai tenté de mettre en évidence trois paramètres de
la géopolitique de demain: premièrement, il se trouve que
l'histoire de notre astéroïde appelle un recul nouveau du regard
de la raison sur un personnage de théâtre qu'on appelle, me
semble-t-il, l'humanité, secondement, cet acteur est devenu
planétaire au point d'enfanter une quadruple postérité, celle du
siècle des Lumières, celle d'une connaissance anthropologique de
l'inconscient théologique de notre espèce et de l'évolution de
notre matière grise, celle de la rénovation d'un humanisme
épuisé par un demi millénaire de scolarisation de sa
résurrection renacentiste; car il a été découvert que l'espèce
simiohumaine est construite sur le modèle tragique de trois
idoles bénisseuses et tueuses. C'est dire que l'avenir de notre
entendement tragiquement biphasé dépend de la capacité de
l'Occident de donner à l'humain l'assise d'une problématique
entièrement nouvelle.
Comme la
distanciation philosophique est née avec la démocratie
athénienne, une Europe dont la tête chercheuse ne serait plus
socratique aurait perdu ses racines et son avenir. C'est
pourquoi une révolution parallèle de la pensée politique, de la
science historique et de la critique philosophique implique
l'avènement d'un regard sur le spectacle dont le théâtre
shakespearien facilitera la mise en scène.
2 -
Comment l'encéphale simiohumain sécrète-t-il la "vérité"?
Quel destin
cérébral les démocraties aux chromosomes gangrenés par le tribut
de leurs sacrifices ensanglantés à la Liberté réserveront-elles
aux appels à témoins que l'Amérique d'une rédemption politique
désormais frelatée adresse suavement au monde entier
d'aujourd'hui?
L'anthropologie critique de demain n'adoptera pas le point de
vue de Sirius, mais elle enseignera à la raison l'art de
déserter autrement une espèce piégée par les annonciations
manquées de sa délivrance. Pour cela, elle devra apprendre que
la "vérité" est toujours construite sur un réseau de
signifiants et que les signifiants sont pilotés par les signaux
qui les signalent à l'attention du simianthrope. C'est dire que
penser revient à éclairer des signes à la lumière de la
signalétique générale qui les constitue en une axiomatique, une
problématique, une religion, une théorie scientifique, une
esthétique, une politique. Ces carrefours de l'entendement "explicatif",
donc d'une "vérité" à porter sur les fonts baptismaux
d'une intelligibilité, nous apprennent que la "vérité" se
présente toujours socialisée d'avance et que le philosophe est
l'hérétique-né qui regarde fonctionner l'encéphale de la tribu
dont il s'est évadé à ses risques et périls. Un des effets
collatéraux d'une faculté cérébrale aussi dangereuse est
l'ostracisme dont le fuyard se trouve frappé et dont la ciguë a
symbolisé le sens anthropologique il y a deux millénaires et
demi.
De
nos jours, la simiantropologie socratique constate que les
mythes simiohumains forgent des armures pseudo intellectuelles
qui permettent aux nations modernes de sacraliser le sang que
les peuples versent à leurs maîtres dans le ciel ou sur la
terre. Le meurtre cultuel que l'autel proclame "racheteur"
est censé effacer à titre définitif et pour solde de tout compte
une dette du débiteur à un chef imaginaire du cosmos. C'est
qu'un animal au cerveau dédoublé entre le séraphisme politique
qui cache ses crocs d'une part et la chair dont il se nourrit,
d'autre part, obéira fatalement au langage bipolarisé d'une
idole dont le sceptre dichotomisé à son tour se proclamera à la
fois sanglant et sanctifié. Certes, la sainteté biphasée des
modernes se présente parfumée à l'encens des concepts schizoïdes
que la Démocratie a assermentés et universalisés, mais le modèle
de la parole scissipare à la fois immolatrice et salvifique,
n'est-il pas le biblique? Comment l'anthropologie critique à
venir ne tenterait-elle pas de percer les secrets du meurtre
bifide, comment n'enverrait-elle pas au lavage les vêtements
sacerdotaux de la démocratie biface dont le tissu est celui de
l'évangélisme bénédictionnel et tueur des croisés de la Liberté?
3 - M.
Barack Obama et l'art oratoire de la " politique de la vérité "
Pour tenter d'observer le mythe pseudo délivreur en tant que
personnage de théâtre, il faut transporter notre histoire
scolarisée et lénifiée depuis la Renaissance sur une scène où la
démocratie se révèlera un acteur shakespearien; mais pour
accéder à ce recul, il faut que l'anthropologue du sanglant
retourne un instant sur ses pas afin de rappeler au lecteur que
la parole édénisée sur l'agora est née d'une Athènes aussi
meurtrière sur les champs de bataille de sa "vérité politique"
que le régime oligarchique et conservateur de Sparte. Depuis ce
temps-là le pouvoir populaire demeure frappé d'un mutisme sans
remède: il a fallu attendre l'ascension de l'art oratoire et de
son soleil dans le "ciel de la Liberté" pour observer des
chefs de la "délivrance" se couronner des lauriers d'une
éloquence irénique et guerrière pieusement confondues. Les
tyrans sont criards ou farouchement silencieux, les patriciens
s'entendent seulement entre eux et complotent à demi-mot: seule
la démocratie répudie à la fois les chuchotements des
oligarchies et les vaines criailleries - ou les terribles
mutismes - du despotisme. Mais bientôt les cités de la Liberté
changent le calibre de leur évangélisme; et l'on entend les
clairons des prétoriens convier les masses à boire le vin teinté
d'innocence des démagogues dont la fausse générosité ne tarde
pas à sécréter un autre anesthésiant encore : l'ennui.
C'est pourquoi la
Démocratie américaine, devenue guerrière depuis 1945, a réussi à
théâtraliser un personnage tout ensemble nouveau et fort ancien
sur les planches - l'apostolat guerrier, le messianisme armé, le
glaive du salut et de la rédemption par l'intercession d'une
Liberté rendue oraculaire. Mais cet acteur est schizophrène de
naissance. Il bénit et il tue, il délivre et fulmine, bref,
c'est un sosie du Créateur. Il faut donc tenter de fonder une
historiographie qui rendrait compte des exploits et des blasons
que les démocraties évangélisées par leurs guerriers de
l'Egalité portent sur le pavois de leur gloire.
Comment et à quel
maître le messie de la Justice qu'on appelait hier encore M.
Barack Obama paiera-t-il le tribut que lui réclame le personnage
religieux qu'il pilote sur la scène du monde et qu'on appelle la
Démocratie?
4 - L'
art oratoire et le clergé des Démocraties
La Constitution
américaine exclut l'étalage des centurions et des factions. Tout
l'art oratoire de M. Barack Obama est condamné à piétiner dans
le jardin d'enfants du Pasteur Wright, qui lui a fait comprendre
que le discours politique des démocraties doit se calquer sur le
prêche et que la parole biblique permet à l'homme d'Etat
efficace de glisser un évangélisme armé sous la cotte de mailles
du civisme pastoral. Une catéchèse du patriotisme cuirassé
s'ensuivra. Si cette initiation est habilement menée, elle
nourrira les campagnes électorales des feux apostoliques de la
sainteté démocratique. Puis viendra une pédagogie militaire
adaptée à la culture des sermonnaires et des stratèges mondiaux
de la Liberté. Cette forme messianisée de la politique
protestante a permis à M. Barack Obama d'accorder pendant
quelques mois de bons points aux uns et d'infliger de vertes
leçons de morale aux autres. Mais un professeur du salut par la
démocratisation du monde, un avocat du concept de justice et un
apôtre des poignards du Bien n'est pas un savant anthropologue
du théâtre de l'histoire dont le monde moderne attend les
Shakespeare; il lui manque l'acteur principal, le protagoniste
de la pièce, le personnage central qu'on appelle la Liberté et
qui ne saurait jouer son rôle si l'homme politique ignore ses
gestes, sa complexion et les paroles qu'il faut mettre dans sa
bouche.
Il n'existait
jusqu'alors que deux discours de la délivrance religieuse et
casquée, celui des Bossuet et celui des Jaurès. Comment M. Obama
fera-t-il tenir au ciel américain un discours adroitement
dédoublé entre le glaive et le cierge, l'un à l'usage du peuple
et de ses prie-Dieu, l'autre à l'intention d'une classe
sacerdotale montée en chaire à l'école des idéaux, donc des
sceptres de la Démocratie? Car l'Amérique intronise tout citoyen
dans le clergé anonyme de la Liberté du monde comme l'Eglise
baptise l'humanité dans l'annonciation du salut d'Adam. Du coup,
le Président-citoyen se trouve, certes, dans la situation
favorable de Cicéron, qui plaidait avec bonheur et assurance
contre les conspirateurs et les corrupteurs devant le parterre
de ses pairs au Sénat, puisqu'il pouvait mêler les accents du
consul en titre à ceux du tribun populaire. Mais la Démocratie
sacrificielle d'aujourd'hui ne sait plus comment tirer son
missel de sa manche. Impossible de la diligenter sous la forme
inaugurée par le forum et l'autel américains confondus. M.
Barack Obama connaîtra donc l'échec du pilotage verbal et
fatalement ambigu du mythe de la Liberté sur la scène des
immolations internationales.
5 - La
démocratie sacrificielle
Afin d'illustrer
la double vocation - l'apostolique et la sacrificielle - à
laquelle le Président sera condamné à s'exercer sous sa chape
sacerdotale, observons d'avance les obstacles qu'il va
rencontrer sur le champ de bataille du mythe de la Liberté. Car
l'évangélisme qui enflamme la foi démocratique n'a jamais
empêché les Etats et les nations de suivre les chemins fleuris
et sanglants du meurtre politique. Le chapeautage irénique, mais
strictement formel qui s'affiche à la tête du Conseil
d'administration des Universités américaines les plus
prestigieuses n'est qu'un hochet - le ciel convié à siéger à la
direction de Columbia, de Princeton ou de Harvard est frappé de
mort cérébrale. L'encéphalogramme plat des élites du salut par
la Liberté rivalise avec celui des oies du Capitole. Dieu et son
bras droit, la Démocratie, présentent sur les offertoires de
leur ciel avarié autant de produits de consommation du sacré que
la France compte de fromages.
Exemple: le
paroissien Barack Obama s'est trouvé en délicatesse théologique
avec son pasteur de couleur au chapitre du racisme américain,
qui ne donne la même place aux blancs et aux noirs que dans le
royaume des cieux. Par chance une Eglise catholique dresse ses
murs et sa doctrine à deux pas de la Maison Blanche. Le
Président décide de s'y rendre de ce pas, mais sans connaître un
traître mot du culte et du credo propres à cette confession,
alors que la théologie du Vatican consomme un cadavre sur
l'autel, mais condamne l'interruption de grossesse.
6 - La
Liberté comme personnage historique
Tentons de cerner
les traits et de radiographier la psychophysiologie du
personnage mythologique qu'on appelle, la Liberté : il y faut
une science informée de ce qu'une religion privée d'ossature
onirique, donc d'arme doctrinale n'est plus qu'un croisé
dépossédé de sa panoplie. Comment la cuirasse cérébrale fêlée
dont dispose M. Barack Obama relèvera-t-elle le défi qu'illustre
la guerre nécessairement théologique entre la Démocratie, qui
est messianique dans l'âme, et le temporel, qui ressortit
seulement aux recettes de la raison pratique? On attend l'issue,
pour un empire de ce bas monde, du combat du pot de terre de son
œcuménisme démocratique désossé contre le pot de fer du
Pentagone et du complexe militaro-industriel. On a vu M. Obama
serrer la main de M. Hugo Chavez, on l'a entendu promulguer au
Caire une encyclique nécessairement appelée à demeurer lettre
morte : on y voyait rien de moins qu'Israël pastoralement sommé
de cesser d'étendre son territoire en Judée et en Samarie les
armes à la main!
J'ai déjà dit que
la Liberté est un personnage théologique de type schizoïde, donc
cérébralement construit sur le modèle bipolaire du dieu biphasé
des chrétiens, des musulmans et des juifs et qu'à ce titre, il
bénit d'une main et frappe d'estoc et de taille de l'autre, de
sorte qu'un chef d'Etat qui ne dispose pas d'une
simianthropologie des religions, donc d'une science de la
psychophysiologie du sacré simiohumain demeure bien incapable de
jamais descendre dans les coulisses du théâtre du monde dont il
est appelé à piloter les arcanes.
7 - Le
Vatican des démocraties
En septembre, M.
Mitchell est rentré piteusement de Jérusalem ; mais ni lui, ni
la Maison blanche n'ont compris pour autant que le monde entier
se trompe d'échiquier, faute des rudiments d'une connaissance
anthropologique de la nature et du scénario de la pièce. Comment
obtenir de M. Netanyahou qu'il freine quelque peu, et seulement
un instant l'expansion guerrière du peuple de David en
Cisjordanie si l'on n'a découvert ni la nature, ni les ressorts
réels de la représentation, ni même le théâtre sur lequel le
drame se déroule d'acte en acte?
M.
Barack Obama s'était pris pour le Pasteur Martin Luther King de
la gentillesse évangélique sur la scène diplomatique mondiale;
et maintenant, ce Gandhi des motu proprio de la
Démocratie internationale se voit contraint de changer son livre
de chevet - un recueil des prières de la religion de la Liberté
- pour une lecture rapide des œuvres complètes de Machiavel.
Car enfin, il est
clair que le pape des démocraties est demeuré le prisonnier
mental du personnage onirique et spéculaire qu'on appelle la
Liberté, alors que, dans le même temps, il s'agit de mettre en
scène et de rendre efficace la psychophysiologie et les
comportements de cet acteur, ce qui exige une radiographie post
shakespearienne des agents du sacré moderne sur la scène du
monde. Le Vatican des démocraties de la fausse candeur n'a-t-il
pas tendu une main d'évangéliste aux musulmans sans cesser pour
autant d'afficher sa pieuse intention de priver à jamais l'Iran
de son évidente légitimité à conquérir sa souveraineté nucléaire
face à Israël? Le Saint Siège des naïvetés de la dévotion
démocratique n'a-t-il pas tendu sa crosse d'évêque de la Liberté
à la sainte Russie, mais non sans se faire tirer l'oreille
pendant des mois avant de priver la Pologne et la Tchéquie des
missiles sanglants du Bien? La Curie d'une sainteté politique
retorse n'a-t-il pas évoqué en toute innocence un Lucifer
fantomal censé hanter les couloirs du Kremlin? La papauté des
démocraties n'a-t-elle pas tendu un rameau d'olivier contrefait
aux Africains à Accra, afin - Dieu et la Liberté font toujours
d'une pierre deux coups - de renforcer l'Africom, qui dispose
d'une paire de commandements installés côte à côte en Italie,
celui de l'US Army Africa, dont le quartier général se trouve à
Vicenza et qui double le commandement des forces navales
pieusement installées à Naples?
Observez de tous
vos yeux les rouages du théâtre, le théologique d'abord qui
feint l'infantilisme politique et qui s'arme, le cœur sur la
main, du pain bénit de la Liberté : Vicenza opère saintement sur
le continent africain avec la 173è brigade aéroportée, Naples
déploie les navires de guerre de la démocratie édénique le long
des côtes de l'Afrique occidentale. Dans cette double
configuration stratégique, le Ghana est focal : ce jardin
d'innocence forme les officiers africains du centre d'études
militaires fondé par le Pentagone, en particulier à Acota, où
plus de cinquante mille soldats et instructeurs du Continent
noir ont été dévotement formés en quelques années.
8 -
L'avenir de M. Barack Obama
Tel est le quartier général d'une histoire secrètement
théologique du monde et que dirige un dieu aussi bicéphale que
celui des Ecritures - on l'appelle maintenant la Démocratie :
les sous-marins israéliens croisent en Mer Rouge avec le plein
accord de l'Egypte, qui les autorise à emprunter le canal de
Suez , alors que celui-ci est interdit aux navires de guerre -
il s'agit de tenir l'Iran sous le feu de Jahvé. Fournis par
l'Allemagne dans les années 90, ces sous-marins, pacifiquement
nommés Dolphins, sont dotés de six tubes de lancement de cinq
cent trente trois millimètres, adaptés aux missiles de croisière
de courte portée, mais auxquels quatre tubes de six cent
cinquante millimètres ont été ajoutés pour le lancement gracieux
de missiles nucléaires de longue portée, les Popeye Turbo,
dérivés des missiles américains dont la société israélienne
Raphaël et Loockheed-Martin ont également réalisé une version
non moins redoutable pour l'aviation. En 2010, deux nouveaux
sous-marins de ce type seront construits par les chantiers
Howaldtswerke-Deutsche Werft AG pour mille deux cent
soixante-dix millions de dollars. Ils auront une vitesse de
vingt nœuds et leur rayon d'action sera de quatre mille cinq
cent kilomètres . Israël dispose déjà de deux cents à quatre
centres têtes nucléaires dont la puissance équivaut à quatre
mille bombes d'Hiroshima et de cinquante missiles balistiques
Jéricho installés sur des rampes de lancement motorisées.
Et que dire de
Guantanamo, qui demeure ouvert, que dire du Honduras victime
d'un coup d'Etat soutenu par la CIA et le Pentagone, que dire
des sept bases militaires incrustées en Colombie, qui témoignent
de la présence de l'empire en Argentine, au Chili, au Paraguay,
au Brésil, en Bolivie, au Pérou, au Venezuela, en Equateur, que
dire de la IVe flotte reconstituée en 2008 après avoir été
désarmée, et qui, avec ses sous-marins d'attaque et ses
porte-avions sillonne les mers aux alentour de toute l'Amérique
latine, que dire du blocus de Cuba, qui dure depuis un demi
siècle - il est condamné d'année en année par l'Assemblée
générale des Nations Unies pour violer le droit international,
blocus dont les conséquences pour la santé, l'éducation, les
transports, le développement technologique et l'économie de
l'île sont incalculables, que dire des quatre cents garnisons en
Europe, toujours opérationnelles?
Ces faits figurent les prie-Dieu et les
cierges de la Démocratie mondiale. La guerre des offertoires
n'est pas près de manquer de victimes et de victimaires, les
sacrifices de sang à la Liberté ne vont pas prendre fin de sitôt
- mais peut-être Shakespeare réussira-t-il à mettre en scène les
personnages théologiques masqués qui volètent dans le ciel des
démocraties. Les tentatives de conciliation entre les foudres
d'Israël et le messianisme démocratique mondial remettront au
cœur de l'histoire le pacte que le sacré scelle avec le glaive
sur la forge des millénaires. On attend le débarquement de nos
trois dieux pseudo iréniques sur les planches de l'histoire, on
attend le personnage de théâtre que l'encéphale simiohumain est
à lui-même sur notre astéroïde.
Certes, c'est pour leur brièveté que les trêves des immolations
sont connues des historiens des ciels et des sabres. Mais les
constats d'huissier des historiens demeurent muets s'ils ne
s'enracinent dans une psychophysiologie de l'histoire du
simianthrope. Il faut apprendre à connaître les causes
psychobiologiques pour lesquelles, d'un côté, le peuple de Moïse
refusera farouchement de céder un pouce des territoires que
Jahvé aura conquis à la pointe de l'épée de ses fidèles depuis
1948, de l'autre, les causes non moins psychogénétiques pour
lesquelles ou bien le Président Obama sera assassiné , ou bien
il se laissera réduire au rang d'un témoin passif et résigné de
l'impuissance de l'Amérique et du monde entier à désarmer la "théologie
expérimentale" du "peuple élu".
-
Barack Obama
en Egypte: "Je serai assassiné"
,
1er juin 2009 (Section Décodage anthropologique en
direct de l'histoire contemporaine)
9 - L'apocalypse mécanisée est l'arme de
la paix
Les vrais hommes
d'Etat de demain ne seront pas de petits gestionnaires du destin
des peuples soumis à la meule des jours. Mais se montreront-ils
des rénovateurs de l'âme d'une histoire qu'ils auront vocation
de remettre en marche sous d'autres cieux de la raison et de
l'intelligence? Qu'en est-il de la face ascensionnelle des
sacrifices et de la vie agonique de l'esprit? Car l'éthique
missionnaire des nations résurrectionnelles n'avait pas attendu
la théologie des trois monothéismes pour entendre battre le cœur
spirituel de la politique. Trajan, Hadrien, Marc-Aurèle, ont
rénové la sacralité apostolique de leur temps face à un Sénat
vieilli sous le harnais; et ils ont restauré la discipline
messianique des légions de la Louve bien avant le ciel du
Golgotha.
M. Barack Obama
se trompe seulement d'époque quand il rappelle aux démocraties
corrompues que la potence du salut s'est fatiguée du sang séché
sur ses autels et du bois vermoulu de son gibet. Les
civilisations ont les oies du Capitole dont elles méritent les
cacardements. La question est donc de savoir si l'armure mentale
de M. Barack Obama se révèlera un hochet ou s'il relèvera le
défi des sacrifices biphasés sur l'offertoire semi animal d'une
démocratie simiohumaine mondialisée. L'histoire s'est toujours
présentée en victimaire des grands hommes, parce que les
sacrifices illustrent leur face dédoublée aux yeux des
dramaturges de la condition des évadés partiels de la zoologie
Qu'en est-il de l'histoire en tant que victimaire d'Isaïe, de
Socrate, de Jésus ? Quelles sont les hosties que le tribunal de
l'esprit juge dignes de se trouver égorgées?
Assurément, nos
pauvres échafauds disposent désormais de la vaine ubiquité de
l'image et du son. Mais dans le gigantesque face à face entre
les Etats de chair et de sang d'un côté et l'écoute d'un ciel en
attente de ses prophètes, de l'autre, la partie sera d'autant
plus inégale que le Président des Etats-Unis ne disposera
d'aucun répit. M. Dick Cheney a pu défendre la torture parmi les
grands sermonnaires de la Liberté au Congrès et déjà M. Obama le
Docile s'est remis à l'écoute des gesticulations d'Israël sur la
bombe de l'Iran, et déjà il oublie les tombeaux qui attendent
l'Amérique en Afghanistan et en Irak, et déjà il s'imagine que
l'économie mondiale est sortie de la crise, et déjà il oublie
les cinquante mille milliards de la dette accumulée par
l'occupation de la planète par mille deux cents bases militaires
de son pays , et déjà il recule d'effroi devant la découverte de
l'illégitimité native des empires démocratiques, et déjà il cède
au Démon tentateur qui lui dit : "Fais-moi confiance, le monde
entier finira bien, de guerre lasse, par avaliser la conquête de
la Palestine par Israël et par absoudre le massacre de Gaza au
nom des saints principes de la démocratie : fais-moi confiance,
le royaume du monde m'appartient."
Mais voyez
comment l'esprit de vérité apprête ses hosties : "Non, dit-il,
les peuples ne sont pas transportables d'une terre à l'autre et
d'un millénaire au suivant, non M. Obama, votre vrai destin est
de croiser le fer sur les champs de bataille d'une autre mémoire
du monde. Une révolution se prépare dans la machinerie mondiale
à chronométrer le temps des horloges : si vous ne devenez un
connaisseur de la boîte osseuse des siècles, vous en serez
réduit à jouer le rôle d'un général d'opérette sur la scène de
la démocratie mondiale."
Que se
passerait-il sur la planisphère des sacrifices si la bombe
atomique devenait un initiateur du singe encore en apprentissage
des leçons de ses épouvantes? Certes, aux yeux des augures de la
politique simiohumaine actuelle et de ses képis, les auspices ne
deviendront pas défavorables de sitôt; certes, le sang des
guerriers de la sottise continuera longtemps encore de suinter
du corps aux yeux crevés de l'Histoire. Mais que se passera-t-il
quand l'immolateur découvrira que les rouages de la mort sont
bloqués, que se passera-t-il quand Israël saura que la mécanique
mondiale de la terreur est menacée d'asphyxie, que se
passera-t-il quand les héros de l'atome se trouveront pris à la
gorge par une foudre trop gigantale pour notre astéroïde, que se
passera-t-il quand le feu nucléaire retirera aux stupides
matamores de leur propre trépas les glorieux apprêts de leurs
champs de bataille imaginaires, que se passera-t-il quand le
destin cérébral d'un chef d'Etat demeuré endimanché sur la scène
d'hier fera rire de la tuyauterie ridicule de ses épouvantails
mythologiques?
10 - L'homme et la peur
Pour la première
fois depuis la découverte de l'héliocentrisme, nous sommes
appelés à changer le regard de notre espèce de raison sur la
place que l'animal devenu semi-pensant occupe dans l'univers des
nains de son pauvre "connais-toi"; pour la première fois, le
destin politique d'un chef d'Etat l'appelle à faire changer de
théâtre à l'Histoire et à observer l'encéphale d'une bête
demeurée petitement réflexive. Si Israël parvenait à parader
longtemps encore en héros contrefait du faux courage d'un roi du
Déluge, si ce minuscule héros s'obstinait à se cacher sous le
tartuffisme nucléaire qui lui sert de cuirasse cérébrale, cet
Etat n'échouera pas moins à rendre durablement infantile la
raison conjuratrice d'un monde suffisamment transi et tremblant
pour qu'il persévère à brûler des cierges afin d'exorciser sa
volatilisation dans l'atmosphère.
Mais comment les
fuyards épouvantés de leur ancêtre quadrumane entreront-ils dans
une connaissance nouvelle d'eux-mêmes s'il faut des convaincre
de ce que l'apocalypse nucléaire n'est pas une arme de guerre
pour un liard et qu'Israël ne brandit ce hochet d'un sou qu'afin
d'afficher son hégémonie politique sur quelques kilomètres
carrés du Moyen Orient?
Ici encore, M. Barack Obama se trompe de braquet: il est inutile
de demander aux géants nucléaires d'alentour d'abandonner leur
arme de l'excommunication majeure, alors que le mythe nucléaire
donne aux petits des moyens oniriques d'épouvanter des Titans,
et cela le temps que grossisse le grain de raison du
simianthropus theologicus. La vraie révolution est celle de
l'accès à une lucidité trans-mythologique du simianthrope de
type religieux. Sinon la dénucléarisation d'Hercule ne sera
qu'une ruse de guerre des géants pour retrouver les avantages de
leur taille sur les Etats-poussins. Si l'intelligence
simiohumaine en marche n'apprenait pas à ridiculiser les foudres
mouillées d'un mythe guerrier dépassé, ni la Russie, ni la
Chine, ni l'Angleterre, ni les Etats-Unis, ni la France ne
consentiront davantage à désacraliser leur foudre mythologique
que le Vatican à rédiger une encyclique cui titulo fuerit : "De
suppliciis, cruciatibus et tormentis mortuorum" afin de
démontrer aux fidèles abasourdis le paganisme invétéré qui
caractérise la dissuasion fulminatoire dont ils croient que leur
idole des tortures infernales l'a colloquée dans les souterrains
de leur foi.
11 -
L'avenir de la raison
La
démocratie athénienne avait réussi l'exploit d'assurer les
premiers pas d'une dialectique rudimentaire, mais appelée à
briser bientôt son berceau. Puis la révolution chrétienne était
parvenue à disqualifier les dieux en chair et en os avant de
subir la catastrophe d'en retrouver le spécimen tout neuf que
Rome a mis à l'école de l'incarnation de Zeus en une progéniture
miraculée. Mais la bombe atomique, elle, enfantera le premier
regard de l'anthropologie scientifique sur le créateur cyclopéen
dont la folie avait construit le prototype des immolations
modernes - le Déluge. Quand la raison en herbe de notre espèce
se sera mise à l'école de sa Pythie naturelle, la logique et
quand une éthique métazoologique accompagnera notre lente
mutation cérébrale, une transformation qualitative de
l'entendement vagissant de notre espèce ne tardera pas à
s'ensuivre.
Mais, encore une fois, la scène se nourrit d'évènements, encore
une fois, il faut des acteurs physiquement présents sur les
planches, encore une fois, il faut un auteur en chair et en os
pour assurer d'acte en acte le déroulement de la représentation.
Par bonheur, le 22 septembre 2009, le destin a conduit M. Barack
Obama au rond point du tragique et de l'aveuglement qui lui
interdira de se dérober au choix entre l'offertoire et la
débandade, le gibet et la poltronnerie, la potence et la fuite;
car ce jour-là, il a bu en public la ciguë de la cécité dont
l'histoire ne cesse de tendre la coupe aux hommes d'Etat.
Souvenez-vous: toute l'Amérique l'a vu seul et désemparé face
aux caméras devant lesquelles M. Netanyahou et M. Mahmoud Abbas
ont refusé de figurer à ses côtés, le monde entier a assisté,
médusé, à l'humiliation planétaire d'une nation géante hier
encore et tout subitement devenue trop naine pour ordonner à
Israël de renoncer, même pour quelques jours, à la conquête des
terres que le dieu biblique aurait remises, dit-on, en mains
propres à ce peuple il y a quelque trois mille ans. Quel miroir
de la démocratie mondiale que celui dans lequel on a vu la
Liberté donner pour maître à la planète un pygmée de Jahvé!
Alors M. Mahmoud
Abbas a regardé le Goliath au fond des yeux; et sa voix s'est
faite suave pour laisser tomber ces mots mémorables: "Puisque tu
ne saurais ordonner au dieu d'Israël qu'il cesse de combattre
les armes à la main en Judée, puisque David et sa fronde
t'interdisent maintenant de seulement retarder de quelques jours
la marche triomphale d'Israël sur cette terre, qui croira jamais
que j'obtiendrai de cette idole le trophée d'un retour des miens
dans leur patrie?"
Mais quelques jours plus tard, Shakespeare a mis le sceau de son
génie sur le théâtre du monde; et le traître Iago a été
démasqué. Car le colonel Eli Avraham a diffusé devant l'Autorité
palestinienne un enregistrement sur son téléphone portable dans
lequel Mahmoud Abbas tentait de convaincre le Ministre Israélien
de la guerre, Ehud Barack et la Ministre des affaires étrangères
Tzipi Livni, de poursuivre l'assaut contre Gaza. Du coup, Tel
Aviv a obtenu du Laval palestinien qu'il renonce à demander la
comparution d'Israël devant le Tribunal pénal international pour
crimes de guerre et crimes contre l'humanité, alors que le
rapport Goldstein établit le bombardement de quartiers civils,
l'utilisation d'obus à dispersion de fléchettes et de phosphore
blanc contre des cibles civiles, le bombardement de mosquées et
d'écoles, l'interdiction aux équipes de secours de soigner les
blessés, le meurtre de civils hissant des drapeaux blancs, le
recours aux boucliers humains.
L'heure a sonné, pour M. Barack Obama, de connaître le temps de
la honte ou de la gloire; l'heure est venue de sa pleine et
entière liberté de s'engager dans une voie ou dans l'autre
autre, à la manière du pasteur Martin Luther King, qui aurait pu
consacrer tranquillement sa vie à se protéger des balles qui
déposent sur la tete des hosties la tiare qu'on appelle un
destin.
12 -
Epilogue
Le
1er juin 2009, j'avais laissé en suspens la question de savoir
si M. Barack Obama choisira la fuite ou l'étal, la capitulation
ou l'immortalité, la relégation dans les oubliettes de
l'histoire ou la gloire des crucifiés. Et voici que le jury du
Nobel entre en scène, voici qu'il se joint aux acteurs de la
pièce, voici qu'il se métamorphose en un héros de Shakespeare,
voici qu'il pose sur la tête de la victime la couronne
symbolique du sacrifice. Décidément, le destin choisit avec soin
ses personnages: offrir un rameau d'olivier à un Président des
Etats-Unis à l'aube de son mandat, c'est rien de moins que de
lui signifier sa vocation et sa mission. Mais déjà, le porteur
du flambeau se trouve bâillonné, ligoté et couvert de chaînes.
Il
aura suffi de cent cinquante jours à Clio pour serrer le garrot
du sacrifice sur la gorge du Martin Luther King de la politique
internationale. Ou bien M. Barack Obama convertira la démocratie
mondiale à capituler devant Israël, ou bien il boira la ciguë
des résurrecteurs. Mais comme le poison à tuer les prophètes ne
fait plus partie des instruments de torture à la mode, le débat
porte, désormais, sur la marque du couteau à mettre entre les
mains du victimaire. La pendaison a fait son temps, la hache du
bourreau est au musée, la chaise électrique est en pleine
déconfiture: il ne reste au meurtre sacré que le browning du
justicier qui jaillira de la foule et abattra à bout portant
l'ennemi de Jahvé.
Laissons M. Barack Obama choisir entre l'offertoire et le chant
berceur des Sirènes. Nos poulets du sacrifice sont devenus trop
gras du gosier. Il est des heures où Socrate ridiculise les
dieux auxquels les oies du Capitole prêtaient leurs poumons.
Publié le 12
octobre 2009 avec l'aimable autorisation de Manuel de Diéguez
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