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Qu'est-ce que philosopher?

Quelques propositions pour un réveil cérébral de l'Europe
Manuel de Diéguez


Manuel de Diéguez

Dimanche 3 juin 2012

1 - Les idéalités auto-propulsées de la démocratie mondiale
2 - L'éducation des nations
3 - L'aventure de la pensée
4 - Du nettoyage des dieux et de soi-même
5 - L'apprentissage de la guerre
6 - Le dieu Tibre
7 - Nos sosies sacrés
8 - L'avenir cérébral de la France
9 - L'encéphale de notre maître américain
10 - Nos photographies parlantes
11 - Le cerveau du maître
12 - La vassalisation dévotieuse
13 - Le lion des démocraties
14 - La nouvelle postérité de Jules Ferry

I - Les idéalités auto-propulsées de la démocratie mondiale

En 1945, les Etats-Unis ont remporté une victoire militaire, politique et morale qui les a fait bénéficier pour un siècle entier des rubans et du rang d'un "délivreur" du monde, donc d'un missionnaire chargé de porter le flambeau d'une démocratie en voie d'universalisation apostolique. Mais la vocation de héraut de la Vérité, de la Justice et du Bien sur toute la terre habitée renvoie au casse-cou où se brisent les héros précipités dans les tourbillons de l'Histoire sainte. Depuis lors, le monde semble vivre sous le sceptre d'un surnaturel mal estampillé: il s'agit d'un avatar de la sotériologie religieuse traditionnelle, il s'agit d'un salut camouflé en épopée politique, il s'agit d'une rédemption vocalisée par des abstractions verbifiques.

Un mythe de la Liberté sonorisé en fanfare par des idéalités galopantes et une sotériologie conceptualisée - les théologies motrices d'autrefois les appelaient des eschatologies rédemptrices et les proclamaient transcendantes au monde des vaines apparences - se sont substituées aux promesses scripturaires que titularisait une "révélation" particulière. A l'instar de l'ancienne, la nouvelle caution théologique est garantie par un guide semi-temporel, donc authentifiée par une idéalité réputée travailleuse, laquelle passe pour connaître sur le bout des doigts le chemin à suivre en direction d'un Eden politique dont l'autorité grammaticale s'appelle maintenant un leadership.

Pour comprendre la nouvelle machinerie de l'absolu chargée de propulser un monde des songes et des béatitudes lexicalisées, donc de piloter la course des démocraties salvifiques vers l'Eden de leur langage, il faut radiographier le cœur et les poumons d'un royaume aussi onirique que celui des grâces et des bénédictions d'autrefois. Pour y parvenir, la politologie scientifique de demain devra se fonder sur une révolution des méthodes et de toute la problématique des chasubles et des crosses du passé ; car, pour la première fois, une anthropologie prospective exercera la charge d'informer la fraction sommitale de la classe dirigeante française des métamorphoses dans lesquelles les mythes sacrés des ancêtres sont entrés et des sources semi zoologiques qui inspirent les constructions parathéologiques laborieuses d'aujourd'hui.

II - L'éducation des nations

Le gigantesque chantier qui permettra de scanner les édifices verbaux que le genre simiohumain loge dans l'atmosphère ne pourra ni s'ouvrir, ni enregistrer des succès tangibles si la classe intellectuelle et politique de l'Europe de demain rechignait à se persuader de ce que la simple acceptation passive de la domination d'un empire américain dont la puissance est censée aller de soi, donc l'adhésion candide de nos élites dirigeantes à la présence sur nos terres d'un souverain du monde venu d'ailleurs et réputé légitime en raison de la durée de son règne, cette acceptation, dis-je, relègue nécessairement la politique des Etats du Vieux Monde sur des lopins municipaux soustraits à l'histoire véritable de notre astéroïde. Sous l'empire romain, la politique au jour le jour des peuples asservis s'était cadastrée sur le même modèle mental que de nos jours, parce que les destins individuels trouvaient naturel et évident le règne du César planétaire qui les confinait sur leurs arpents.

Deux siècles après la Révolution française, les corps électoraux des nations naïvement baptisées de démocratiques demeurent aussi peu informés que les sujets de Louis XIV ou de Louis XV de la nature et des enjeux de la géopolitique. Le nouvel empereur du monde tient entre ses mains un sceptre non moins invisible que celui du sacré, ce qui démontre non seulement que l'assise des vraies démocraties est toujours et en tous lieux l'orientation rationnelle de l'éducation de la jeunesse, mais que la source vive de l'instruction publique n'est autre que l'initiation des citoyens aux lois de l'histoire et de la politique des nations.

III - L'aventure de la pensée

Les premiers pas de pédagogue de la France de M. François Hollande ont démontré que l'éducation du peuple devra entreprendre une réforme radicale de la formation cérébrale des enfants, donc de l'ameublement de leurs têtes. On l'a bien compris à l'occasion de la cérémonie officielle du 15 mai 2012 censée avoir rendu un hommage intellectuel de la République de la raison à la révolution de l'enseignement inaugurée par Jules Ferry en 1882. Comment se fait-il que cette solennité ait aussitôt tourné court? Une partie de la classe politique a solennellement déploré que ce premier instituteur des Gaulois n'ait pas rabaissé la civilisation des sciences et de l'apprentissage des savoirs exacts au rang des tribus fières de leur rôle de victimes et de leur rang d'otages des sortilèges de leurs sorciers.

Personne n'a seulement rappelé combien il est décisif de distinguer clairement les conquêtes rigoureuses de la pensée logique des floralies sentimentales des cultures, personne ne semble avoir seulement gardé vivant le souvenir de ce que l'entendement éduqué est une autorité dont la structure interne doit se montrer en avance sur son temps et demeurer l'apanage de cervelles triées sur le volet, personne ne paraît avoir gardé en mémoire que les démocraties se définissent des Etats et des sociétés que leur nature philosophique voue à faire progresser l'intelligence du genre humain, personne n'a renvoyé rudement la classe dirigeante d'une France de plus en plus acéphale au devoir que leur législation même impose à tous les Etats modernes d'enseigner aux enfants à reconnaître clairement et l'une après l'autre les étapes que la raison a suivie des origines à nos jours, personne n'a eu l'impertinence d'armer la laïcité d'un contenu lucide et réfléchi, personne n'a osé redire que la pensée n'est pas une brouteuse aux râteliers des coutumes et que si elle cesse un seul instant de marcher à grands pas dans l'histoire vivante des peuples et des nations, elle les fait retourner à l'écurie au point de reconduire les sociétés en voie de cérébralisation aux étables des rituels, personne n'a eu la vaillance de rappeler solennellement et au nom de la République que si l'humanité cessait de fouailler ses entrailles et de traquer ses secrets les plus abyssaux dans la zoologie, la civilisation mondiale se figerait derechef dans la stérilité intellectuelle des clergés, personne n'a proclamé qu'une vraie gauche devra se livrer aux sacrilèges éveilleurs. Elle racontera donc aux enfants les stations qui ont ponctué le chemin de croix de l'évolution de la boîte osseuse des évadés poussifs du règne animal. La laïcité officielle est tombée en panne du tragique - voyez les indigènes de la raison républicaine sautiller autour du totem dont ils brandissent l'écriteau qu'ils appellent la Liberté.

IV - Du nettoyage des dieux et de soi-même

Il est traumatisant de rappeler aux citoyens retournés dans la jungle que la pensée digne de ce nom est née partout et à toutes les époques de l'analyse et de la critique des mythes sacrés et que, sans cela, il n'y a ni démocratie véritable, ni philosophie défendable : la Grèce pensante est habitée par le rire d'Aristophane, sous-tendue par les sacrilèges d'Euripide, livrée aux moqueries de l'ironie socratique. Athènes regarde les négociateurs célestes danser dans la brousse, Platon met en scène le devin Euthyphron au marché des dieux de la ville. Sitôt qu' un Olympe se met à réfléchir à votre place, c'en est fait du cerveau des simianthropes. Tout penseur est un blasphémateur devant lequel les rituels de la tribu n'ont qu'à bien se tenir.

Voici quelques pièces, ressorts, rouages et écrous utiles à la fabrication de l'appareil à peser l'espèce de raison semi animale dont dispose le pithécanthrope actuel.

V - L'apprentissage de la guerre

Si vous entendez observer les neurones des chimpanzés, nos ancêtres, vous poserez sur l'un des plateaux de votre balance l'embryon de science et de conscience de leur identité collective et mentale dont ces quadrumanes font preuve quand ils inclinent bien bas leur toison devant les spécimens de la horde victorieuse, donc devenue dominante qu'ils rencontrent sur leur chemin. Quant à l'autre plateau, déposez-y les métamorphoses de cet instinct dont témoignent les gestes et la voix de leurs descendants. Alors les origines communes et les chemins parallèles des deux espèces se révèleront d'une évidence criante aux enfants de la République, et cela au seul spectacle de l'abêtissement militaire de tous les peuples et de toutes les nations de la terre. Puis vous observerez notre apprentissage des ruses de la guerre. Les orangs-outangs hurlent aux frontières de leurs forêts contre un ennemi aussi imaginaire que celui contre lequel nous venons de nous doter d'un bouclier anti-missiles non moins coûteux qu'inutile. Sachez que la stratégie actuelle de la dissuasion nucléaire est inscrite dans les gènes de nos ancêtres quadrumanes.

VI - Le dieu Tibre

Puis vous initierez votre balance encore rudimentaire à la pesée comparée des dieux des premiers singes et de ceux des détoisonnés que leur évolution a mis à l'école et à l'écoute des mots. Pour ce faire, votre anthropologie scientifique encore en gestation se transportera à Rome sous Tibère. Vous y rencontrerez quelques sénateurs audacieux ; les malheureux entendaient enfermer le Tibre entre des digues sacrilèges afin, disaient-ils, de mettre un terme aux débordements continuels du dieu, qu'ils jugeaient fantasque et aveugle. Puis vous ferez la connaissance de la cervelle de leurs adversaires, qui tremblaient de fâcher le monstre sacré. Les anthropologues français de demain observeront que le cerveau romain du premier siècle de notre ère ne distinguait pas encore clairement la masse des eaux du Tibre du parcours d'une divinité sensible, pensante et irritable, mais censée consubstantielle à la matière liquide qui constituait son corps. Puis vous transporterez votre balance jusqu'à Tertullien l'impie, qui déclarait que notre espèce serait née pour fouler la terre de son pas et nullement pour se prosterner devant elle.

VII - Nos sosies sacrés

Et maintenant transportez la balance de la France pensante jusqu'au XVIe siècle, où Erasme se félicitait qu'on ne précipitât plus en enfer les nouveau-nés coupables d'avoir péri avant qu'on ait pris le temps de les guérir en toute hâte du péché originel dont ils se trouvaient maculés de naissance, ce qui exigeait qu'on les plongeât tout braillants dans l'eau du baptême. Qu'enseignera à la République fœtale d'aujourd'hui la balance à peser les blasphèmes et les tares d'il y a seulement deux millénaires? Vous demanderez aux enfants de la Ve République de constater qu'en catimini, le genre simiohumain de l'époque moralisait déjà ses dieux les plus sauvages et que les progrès à petits pas de l'éthique et de la raison des idoles se révèlaient étrangement parallèles à ceux de l'intelligence et de la sagesse de leurs adorateurs.

Mais puisque le compagnonnage des hommes et de leurs dieux révèle qu'ils se regardent les uns les autres droit dans les yeux, vous fabriquerez une balance dont les plateaux se serviront réciproquement de miroirs ; et vous direz à votre balance: "Enseigne-moi à me déchiffrer à l'école de mes sosies sacrés, sers-moi de pédagogue, afin que je sache dans quel miroir le monde et moi-même nous nous réfléchissons."

VIII - L'avenir cérébral de la France

Vous voici trottinants sur le chemin de vos soupçons: qu'enseignera votre balance du XVIIIe siècle? Que les Voltaire et les Diderot ont convaincu de main de maître le dieu solitaire des chrétiens de tolérer des rivaux en activité à ses côtés et de légitimer des théologies radicalement étrangères à la sienne. A quelle distance leurs cervelle se situaient-elles de la zoologie, elles qui mettaient en compétition des dieux prétendument uniques et bien calés dans l'identité inaliénable dont chacun se targuait? Comment ces ascètes du cosmos assistaient-ils sans broncher aux chamailleries de leurs docteurs? Pas de doute, la boîte osseuse du singe parlant de l'époque ne s'était pas encore dotée d'un regard de l'extérieur sur la mécanique qui commande les déplacements des divinités dans le vide de l'espace et du temps, de sorte que le crâne simiohumain du XVIIIe siècle échouait à peser les attributs moraux et les prérogatives politiques dont il convenait d'armer le logiciel des gestionnaires de l'univers. Il fallait donc rendre bien visibles et en tant que tels les animaux cérébraux qui promènent leur boîte osseuse dans le cosmos.

IX - L'encéphale de notre maître américain

Enfin, de 2012 à 2017, l'école laïque et obligatoire de la Ve République a commencé de fabriquer la balance à peser la cervelle propre à l'empire américain et à son ciel, ce qui a permis à une laïcité devenue un peu plus pensante que celle d'hier d'observer au microscope électronique l'encéphale parallèle du maître d'outre-Atlantique et de son idole. Nous avons dont posé sur l'un des plateaux de notre appareil l'encéphale d'une humanité enfin rendue désireuse de porter un regard de l'extérieur sur les neurones de ses trois dieux uniques et, sur l'autre, l'œil virtuellement trans-animal qui servira au simianthrope de demain à interpréter l'évolution de son effigie cérébrale dûment réfléchie sur l'écran de l'histoire du monde. Alors seulement l'examen rétrospectif des documents anthropologiques qu'on désignait sous le nom de théologies redonnera un avenir cérébral à la France en chemin et une postérité philosophique aussi universelle que vivante à Jules Ferry.

X - Nos photographies parlantes

Que se passera-t-il quand notre balance à comparer nos boîtes osseuses fières comme Artaban avec celles des dieux qui leur tiennent compagnie dans le cosmos nous permettra de déposer sur ses plateaux des verbes et des vocables qui n'en mèneront pas large? Comment partager nos prérogatives entre les mots et nous? Au XXe siècle déjà, quelques simianthropologues de génie avaient commencé d'observer en laboratoire les verbes expliquer et comprendre que nous logeons ensuite dans nos équations et dont les calculs muets nous racontent, siècle après siècle, l'histoire des rubans dont nous ornons le substantif intelligibilité.

Nul n'ignore les travaux de ces premiers examinateurs des nombres et des chiffres. Nous savons tous qu'ils ont découvert notre ruse, notre astuce, notre subterfuge le plus originel: nous appelons compréhensibilité ce qui nous réussit à tous coups. Ce modèle de science rend les redites du cosmos fameusement loquaces; il se trouve seulement que ce moule de nos oracles est le même que celui dont se serviraient les animaux si leurs succès répétés à la chasse donnaient de la voix à la capture assurée de leur gibier, celui que, de notre côté, nous appelons les us et les coutumes constants du cosmos.

Comme elle est fiable, la course de la matière dans le creuset du néant ! Nous en avons conclu que le recommencement perpétuel de la ruée de la matière est un sésame du profitable dont une divinité nous tend le picotin dans ses temples et nous exploitons à ciel ouvert la mine inépuisable des évènements. Ils nous forgent docilement un verbe comprendre de tout repos. Quel grenier de la providence que celui du bon sens dont le cosmos veut bien nous combler en retour! Nous avons donc déposé sur le second plateau de notre balance les bavardages de nos ventres de calculateurs affamés et nous en avons conclu que les ritournelles payantes des atomes d'un côté et notre cerveau de l'autre sont des gourmands branchés sur notre estomac.

C'est pourquoi, chaque fois que nos calculs collent nos oreilles aux entrailles insatiables de la matière, nous appelons expliquer et comprendre notre écoute des borborygmes réguliers de l'univers; et nous appelons "lois de la nature" et "légalité du cosmos" nos enregistrements fidèles des ressassements muets des atomes. Mais alors, l'image des nigauds que nos simulacres nous renvoient nous apostrophe rudement. "Qui êtes-vous, nous disent en chœur les deux plateaux de notre balance et où vous situez-vous quand votre regard porte sur l'étrange animal qui se voit dédoublé par son abdomen dans l'immensité? Cherchez donc la balance dont le miroir réfléchira la bête qui se met à l'écoute de ses entrailles!"

XI - Le cerveau du maître

Que se passera-t-il quand le cerveau de la France aura mûri et qu'il se sera élevé jusqu'à peser la fraction sommitale de la classe dirigeante de la nation et de la République? Alors notre école publique expliquera aux citoyens que l'Amérique messianique, apostolique et rédemptrice ne s'est pas ruée sur l'Afghanistan pour des raisons aussi miroitantes qu'elle le prétend, mais seulement pour des motifs abdominaux. Il s'agissait de mettre la main au collet du chenapan qu'on appelle Pétrole et qui s'obstine à échapper à ses poursuivants. Mais est-il permis d'envahir un pays afin de rattraper par ses basques un malandrin cousu d'or ?

Puis la République expliquera aux enfants des écoles que si l'Amérique s'est bien gardée de remercier la France de MM. Chirac et Sarkozy de s'être auto-vassalisée sous le drapeau d'un empire étranger, c'est parce que notre instruction publique avait timidement commencé d'enseigner à notre jeunesse que tout sauveur du monde est un ange contrefait et qu'il tire grand profit de la confusion qui règne parmi les neurones en perdition de nos verbes expliquer et comprendre. Voyez-le grossir, le ventre du séraphin d'outre-Atlantique, voyez son abdomen militaire, politique, industriel et commercial s'étaler sur le territoire de ses vassaux. Il court à toutes jambes, l'étranger campé sur nos terres. Mais nos anthropologues progressent pas à pas en direction des dieux d'ailleurs; déjà leurs analyses de l'encéphale zoologique de notre espèce se révèlent les éveilleuses du singe vocalisé.

XII - La vassalisation dévotieuse

Mais comment capter le message politique qu'un Jean de la Fontaine adresserait aux bêtes parlantes de notre siècle? Aux yeux du fabuliste français du XVIIe siècle, le bouclier anti-missiles hautement évangélique et saintement pacificateur que l'Amérique a installé sous les murs du Kremlin au cours d'un match de football entre le Bayern de Munich et le club anglais de Chelsea - tous les dirigeants de l'Europe y ont assisté en bras de chemise à Chicago - le fabuliste, dis-je, nous met sur la voie de la pesée du rire politique. Car c'est entre deux tirs au but retransmis sur les écrans américains que le terrain du ballon rond qu'on appelle le Vieux Continent est devenu le champ de manœuvre des forces militaires du Nouveau Monde; et le cheval de Caligula, qui assistait à la rencontre au milieu des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Europe, riait de toutes ses dents, lui aussi.

- Caligula et son cheval à Chicago - Le messianisme démocratique, 19 mai 2012

Afin de vous initier aux prémisses de notre future anthropologie transcendantale, rien de tel que de s'esclaffer en famille. Est-il ours, loup ou renard, le quadrupède qui nous enseigne à observer à la loupe la cervelle des Etats de l'Europe d'aujourd'hui? Sachez que la France a perdu en chemin la sorte d'hégémonie militaire que l'arme d'une apocalypse fantasmée feignait de lui conférer dans les imaginations. Mais alors, qu'en était-il réellement de l'ombre d'indépendance et du fantôme de souveraineté que la possession solitaire d'une arme mythologique, donc aveugle par définition, donnait à la Ve République et qu'on appelait pieusement la bombe thermonucléaire?

Pour comprendre les dévotions des animaux malades de la peste et leur adoration pour une foudre inutilisable par nature et par définition, vous observerez que l'Amérique s'est soudainement empressée d'offrir à la France en danger de retomber dans le gaullo-mitterrandisme une culotte de peau néo-atlantiste de plus. C'est que la nation apostolique et salvifique qu'on appelle l'Amérique dispose encore du commandement de la planète des mots de la démocratie. De plus, les Etats-Unis se sont effrayés de ce que la France cartésienne pourrait renaître de ses cendres et de ce que la révision du fameux Discours de la méthode de 1637 ouvrirait tous les yeux. Le Nouveau Monde est même allé jusqu'à proposer au peuple de la raison de jouer à ses côtés le rôle du secouriste néerlandais, dont le défaussement benêt dans le séraphisme présente l'avantage de rendre dévotieuse l'Europe vassalisée.

XIII - Le lion des démocraties

Le peintre animalier du XXIe siècle cherche à mettre en scène le lion devenu tartuffique. Exemple: à la suite de l'attentat du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center de New-York le monde entier s'est écrié: "Nous sommes tous des Américains", et les nations se sont précipitées par dizaines au secours du lion blessé. Onze ans plus tard, le roi des animaux s'est proclamé le chef de ses secouristes au grand cœur; et il leur interdit non seulement de regagner leurs pénates, mais il leur présente l'addition - à chacun de verser un milliard d'écus d'or dans l'escarcelle du dieu de la Liberté.

Mais ce n'est pas tout: le lion devenu vieux et près de prendre sa retraite, demande maintenant à ses vassaux de lui servir de rideau de fumée: "Pendant que je retirerai lentement ma crinière massive du champ de bataille en feu, leur dit-il, vous demeurerez stoïques à vos postes et vos sentinelles immobiles donneront le change au monde entier - nul ne verra ma fuite au pas de charge, nul ne me verra débarquer en Europe où déjà mon cheval Incitatus hennit et rit de toute ses dents". Quel sujet de fable pour un Jean de la Fontaine du XXIe siècle!

Vous observez maintenant les relations nouvelles que la cervelle du genre simiohumain à commencé d'entretenir avec celle de l'Europe et vous verrez que, faute d'anthropologie en mesure de décrypter l'inconscient semi animal qui régit les politiques du sacré, nous ne disposons encore en rien d'une problématique en mesure d'interpréter l'histoire de notre boîte osseuse sur toute la terre: pour l'instant, une politologie mondiale qui se trompe d'échiquier demeure aveugle, sourde et muette.

Mais gardez espoir: certes, en 2012, l'éducation nationale française se trouve encore si mal instruite du mode de propulsion des empires motorisés par les mécaniciens des idéaux universels de la démocratie que la nation de Jules Ferry demeure inapte à entraîner l'Europe des peuples souverains dans le sillage de sa propre souveraineté. Mais déjà le centre de gravité de notre astéroïde glisse du côté de la Russie, de la Chine, de l'Inde, de l'Afrique et de l'Amérique du Sud.

XIV - La nouvelle postérité de Jules Ferry

On sait que la République de Jules Ferry vient d'ouvrir une Haute Ecole des Etats et que les élites mondiales de la géopolitique y accourent déjà du monde entier. De même que l'Ecole de guerre n'est pas comparable avec Saint Cyr, la Haute Ecole des Etats ne fait pas double emploi avec celle de la rue Saint Guillaume; car jamais encore on n'avait étudié l'histoire et la science diplomatique qui, depuis des siècles, met les chefs d'Etat de génie à l'école de l'âme et de l'esprit des nations. Aussi vient-on de partout s'initier à l'école de la France aux secrets psycho-cérébraux des peuples et des nations .

Mais entre Sciences Po et l'Ecole des Etats, la distance à parcourir demeure celle qui sépare les Simianthropologues de l'Ecole de Paris (- Dix ans de la simianthropologie politique sur le net, 26 décembre 2010 ) des sinologues en chambre, des russologues de cabinet, des germanologues certifiés, des francologues patentés et des américanologues en chaire, à cette différence près que le programme des maîtres de l'Ecole des Etats ouvre le chantier d'une connaissance entièrement nouvelle de l'Histoire du monde, celle qui fouaille les entrailles des nations à la lumière des songes de la "raison" stomacale et de l'"intelligence" abdominale dont le genre simiohumain use de siècle en siècle. L'Ecole des Etats a les pieds dans la boue, mais elle porte un regard d'aigle sur la boîte crânienne des animaux du mythe de la Liberté.

Le 3 juin 2012

Reçu de l'auteur pour publication

 

 

   

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Source : Manuel de Diéguez
http://www.dieguez-philosophe.com/

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