Accueil Actualité Dossiers Auteurs Communiqués Agenda Invitation à lire Liens Ressources
Dernières mises à jour Journaux de Cathy et Marc Plateforme tourquennoise Les vidéos Centre d'infos francophone Ziad Medoukh Centre de la Paix Gaza Université al-Aqsa Gaza Qui? Pourquoi?

Google
sur le web sur Palestine Solidarité

 

Centre Palestinien
d'Information :




Invitation à lire :



BDS :



Solidarité :



Produits palestiniens :



En direct d'Iran :



Palestine Solidarité
sur Facebook :






Opinion

Libéré mais au fond du gouffre
Maha Salem

Mercredi 21 décembre 2011

Iraq. A la veille du retrait des troupes américaines, le pays connaît l’une de ses plus graves crises politiques. Divisons, insécurité et corruption minent le pays. Le bilan de neuf années d’occupation est fortement négatif.

La tension est encore montée d’un cran en Iraq. Le chef du gouvernement, Nouri Al-Maliki, a demandé, dimanche dernier, au Parlement de retirer sa confiance au vice-premier ministre Saleh Moutlak. Ce dernier l’avait traité à la télévision de « dictateur pire que Saddam Hussein ». Cette motion de défiance intervient dans le cadre d’une guerre politique entre le premier ministre et le bloc Iraqiya.

Iraqiya, un bloc parlementaire sunnite, a suspendu samedi dernier sa participation aux affaires du pays. Il accuse le premier ministre, Nouri Al-Maliki, un chiite, de concentrer les pouvoirs. Ce retrait d’Iraqiya, un parti dirigé par l’ex-premier ministre, Iyad Allaoui, témoigne d’un retour des tensions politiques à la veille du départ des soldats américains et fragilise l’équilibre déjà sensible entre chiites, sunnites et Kurdes au sein du gouvernement. Selon un communiqué, Iraqiya a annoncé qu’il suspendait sa participation au Parlement jusqu’à nouvel ordre et a accusé Maliki de chercher à gagner du temps à travers sa promesse de former un gouvernement d’union.

« Comme nous ne pouvons plus garder le silence sur la manière dont est administré l’Etat, car cela conduit le pays vers l’inconnu, le bloc Iraqiya suspend sa participation au Parlement à partir de samedi », explique Iraqiya. Par ailleurs, le bloc Iraqiya a appelé à l’ouverture d’une table ronde pour trouver une solution en vue de soutenir la démocratie et les institutions civiles.

Second groupe parlementaire avec 82 députés, derrière les 159 parlementaires de l’Alliance nationale, la coalition des partis religieux chiites Iraqiya dresse un violent réquisitoire contre Al-Maliki. Il l’accuse notamment d’avoir « placé des chars et des véhicules blindés devant les résidences de dirigeants d’Iraqiya dans la Zone verte », un secteur ultra-protégé où vivent les principaux chefs politiques du pays et où sont situés notamment les bureaux du chef du gouvernement ainsi que les ambassades des Etats-Unis et de Grande-Bretagne. « Iraqiya refuse la politique consistant à agir en ignorant les autres partis politiques, la politisation de la justice, l’exercice solitaire du pouvoir et la violation de la loi », assure le communiqué.

Selon la formation, « cette manière d’agir pousse les gens à vouloir se débarrasser de la main de fer du pouvoir central d’autant que la Constitution les y autorise », faisant allusion aux récents votes en faveur de l’autonomie des provinces à majorité sunnite d’Anbar, de Salah El-Din et de Diyala.

Essayant de trouver une issue à cette crise, Baha Al-Araji, le chef du bloc sadriste au Parlement, a affirmé que sa formation parlementaire chiite allait tenter une médiation pour faire revenir Iraqiya sur sa décision. « Prendre une telle décision au lendemain de la fin de l’occupation américaine va allumer le feu de la division », s’est-il inquiété.

Partageant le même avis, Ibrahim Jaafari, chef du groupe parlementaire de l’Alliance nationale, a critiqué la décision d’Iraqiya, estimant que l’Iraq « avait obtenu un excellent résultat grâce à la politique de M. Maliki ». « Nous nous sommes débarrassés de la présence étrangère en moins d’une décennie et le monde entier s’intéresse à notre expérience », a-t-il ajouté, en exprimant l’espoir qu’Iraqiya revienne sur sa décision. Tout en reconnaissant que la Constitution comporte des erreurs, il a ironisé sur les partis sunnites, sans les nommer, qui « étaient hostiles au fédéralisme au moment de la rédaction de la Constitution et qui, aujourd’hui, l’utilisent pour diviser le pays en régions ».

S’estimant lésés par un gouvernement à majorité chiite, les sunnites, qui ont été dans le passé partisans d’un Etat centralisé, sont aujourd’hui portés par une volonté de gérer leurs régions de manière autonome, à l’instar des Kurdes.

Ce problème de divisions accentue les divisions au sein du pays et risque de porter un coup dur à son entité. Les années dernières, une nouvelle loi a été promulguée, octroyant à chaque gouvernorat le droit de proclamer sa propre autonomie à condition que les deux tiers des municipalités de ce gouvernorat acceptent cette autonomie.

Cet état de choses pourrait effriter l’unité du pays et aboutir à son effondrement car désormais chaque gouvernorat pourrait se précipiter à demander son autonomie comme l’ont déjà fait les provinces d’Anbar, de Diyala et de Salah El-Din. Quand la demande d’autonomie a été refusée par le gouvernement iraqien, des violences ont éclaté dans le pays.

Un scénario qui risque de se répéter dans les jours à venir où plusieurs régions pourraient aller jusqu’à demander leur indépendance totale. Selon les experts, Washington a accepté une telle loi pour faire de l’Iraq une copie des Etats-Unis, en d’autres termes pour mettre fin à l’idée d’un gouvernement central et effriter l’unité de ce pays.

Déjà, le Kurdistan demande son indépendance. La première région à demander son autonomie serait la région kurde, une région puissante qui reçoit d’importantes aides européennes. Cette situation intervient au moment où les derniers soldats américains quittent l’Iraq après neuf ans d’occupation militaire.

Enliser Bagdad

Le retrait des forces américaines ouvrira cependant une nouvelle page dans l’histoire de l’Iraq, enlisé dans un gouffre sans fond. Mais une question reste ouverte : qu’a fait Washington en Iraq pendant 9 années de présence ? En un mot, rien. Rien du tout.

Les neuf ans révolus resteront peut-être parmi les plus chaotiques dans l’histoire du pays. Et finalement, ce retrait américain ne fait que mettre de l’huile sur le feu et enliser de plus en plus Bagdad dans l’abîme de l’insécurité, du chaos et des divisions internes. Défis énormes, avenir sombre et problèmes insolubles : telles sont les trois perspectives d’avenir qui semblent attendre ce pays déchiré, aux problèmes compliqués, enchevêtrés et sans issue prochaine.

Il ne s’agit pas du premier échec pour les forces américaines. Le précédent en Afghanistan ne fait que ternir l’image de Washington sur la scène internationale. Après une dizaine d’années en Afghanistan, les forces américaines n’ont-elles pas laissé ce pays dans un « bourbier » insoluble, entre pauvreté et guerre sans fin ?

En Iraq, la situation n’est pas meilleure. Le paysage politique iraqien est, pour l’heure, mutilé. Le problème le plus dangereux auquel ce pays fait face après le retrait des troupes américaines est celui des frontières. Pour le moment, le premier pays voisin à profiter du retrait américain est l’Iran. Pour compenser l’amenuisement de son influence en Syrie, Téhéran n’a fait qu’accroître sa présence en Iraq, d’où l’inquiétude des pays du Golfe qui veulent préserver leurs intérêts en Iraq et craignent donc la croissance de l’hégémonie iranienne à Bagdad.

Les pays du Golfe n’ont jamais profité de la puissance de l’Iraq sous Saddam Hussein. Au contraire, ce pays constituait pour eux une menace réelle. N’oublions pas que le seul pays arabe à avoir occupé un autre pays arabe fut l’Iraq quand elle a colonisé le Koweït en 1990. Le seul avantage que représentait l’Iraq pour les pays du Golfe était de limiter l’influence iranienne dans la région. Cet avantage s’est effacé avec la récente alliance entre ces deux pays, ce qui inquiète les pays du Golfe, mais surtout les Etats-Unis qui voient en Téhéran sa bête noire numéro un.

« Cette alliance irano-iraqienne constitue une épine dans le pied de Washington et menace fort les intérêts américains dans la région », explique Mohamad Abdel-Qader, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, au Caire. Selon lui, la seule issue à ce dilemme est de jouer sur la corde des différends entre le peuple iraqien, dont une bonne partie s’oppose à la croissance de l’influence iranienne sur son sol.

Selon différents rapports, l’armée iraqienne sera incapable de défendre ses frontières et son espace aérien avant 2020. Ses relations avec ses voisins restent pourtant toujours tendues. Par exemple, il existe une impasse entre l’Iraq et le Koweït depuis 1990 avec des contentieux sur les réparations de guerre et le tracé de la frontière. L’Iraq accuse aussi le Koweït de bloquer son accès à la mer en bâtissant un port qui gênerait ses exportations de brut.

Armée hétéroclite et faible

Outre la question des frontières, la sécurité occupe la part du lion. Le retrait des forces américaines va accroître les violences dans le pays et mettre à nu les véritables lacunes de l’armée iraqienne qui ne sera pas capable de contrôler la situation, notamment en raison des divisions internes qui la rongent. La puissance de l’armée aux temps de Saddam n’a rien à voir avec sa puissance aujourd’hui. Jadis, elle était très bien équipée, homogène, unie et forte : elle était l’une des armées les plus qualifiées du monde arabe. Désormais, elle est devenue hétéroclite, faible, mal équipée, mal gérée et divisée entre diverses factions et tendances politiques.

Alors qu’une partie de l’armée soutient les sunnites, une autre représente les chiites et la troisième est partisane d’El-Mahdi, etc. Il s’agit là d’un plan délibéré de la part des Américains qui souhaitent que cette armée reste une marionnette facilement manipulable. Selon les experts, l’armée iraqienne aurait très peu de chance de regagner son pouvoir dans l’immédiat en raison de la corruption qui pèse sur le corps militaire.

Cette corruption s’est empirée après l’invasion américaine en 2003. A noter aussi que le poste de ministre iraqien de l’Intérieur demeure vacant depuis plus d’un an, d’où une dégradation de l’appareil sécuritaire. Selon les derniers rapports, l’Iraq compte parmi les pays les plus corrompus du monde. Les membres du gouvernement, les hauts fonctionnaires et le président iraqien peuvent fixer leurs propres salaires, sans contrôle ni surveillance.

Les Etats-Unis ont voulu faire de l’Iraq un « Etat exemple » en matière de démocratie, un exemple destiné aux pays arabes. Mais Washington a fait face à des défis inattendus. L’opposition, à laquelle Washington entendait confier le pouvoir, est hétéroclite, faible, divisée et ne fait que chercher ses propres intérêts. Chaque parti a ses partisans : les chiites sont soutenus par l’Iran, les sunnites soutenus par les pays du Golfe et les Kurdes par l’Occident. L’avenir s’annonce aussi noir que le bilan américain des neuf années d’occupation .

Droits de reproduction et de diffusion réservés. © AL-AHRAM Hebdo
Publié le 21 décembre 2011 avec l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo

 

 

   

Le sommaire d'Al-Ahram Hebdo
Le dossier Irak
Les dernières mises à jour



Source : Al-Ahram Hebdo
http://hebdo.ahram.org.eg/...

Les avis reproduits dans les textes contenus sur le site n'engagent que leurs auteurs. 
Si un passage hors la loi à échappé à la vigilance du webmaster merci de le lui signaler.
webmaster@palestine-solidarite.org

Ziad Medoukh :



Analyses et poèmes...


Silvia Cattori :


Analyses...


René Naba :


Analyses...


Manuel de Diéguez :


Analyses...


Fadwa Nassar :


Analyses et traductions...


Alexandre Latsa :


Un autre regard sur
la Russie ...


Ahmed Halfaoui :


Analyses ...