Géopolitique
Yémen : Le projet
américain du « Grand Moyen-Orient » en
action...
Luc
Michel
Mardi 28 février
2012 avec AFP – Le Monde – AP – Stratfor- EODE Think-Tank / 2012 02
25 /
Yémen/présidentielle: Abd
Rabbo Mansour Hadi élu à 99,8% des
voix …
Encore une des ces élections
virtuelles organisée par l’Occident
et ses alliés. Mais les mêmes
critiquent sans fin la Démocratie
dirigée russe …
CES ELECTIONS VIRTUELLES QUE
L’OCCIDENT AVALISE …
L’unique candidat à la
présidentielle yéménite de ce mardi,
celui des USA et de l’OTAN, de ses
alliés fondamentalistes arabes du
Qatar et d’Arabie saoudite, le
vice-président Abd Rabbo Mansour
Hadi, issu de l’aile du régime
yéménite proche des américains, a
été élu à 99,8% des voix, a annoncé
vendredi soir la commission
électorale nationale à Sanaa. Selon
les résultats définitifs, 6.635.192
électeurs sur les 10.243.364 ont
pris part au scrutin, soit un taux
de participation de 66%. Sur les
votes validés, 99,8% sont allés à M.
Hadi, selon la même source.
M. Hadi était le seul candidat
pour succéder à Ali Abdallah Saleh
dans le cadre d’un accord de
transition élaboré par les
monarchies du Golfe, et dont le
Qatar était le maître d’œuvre.
Le nouveau président "prêtera
serment devant le Parlement samedi
25 février et sera investi lundi 27
février lors d’une cérémonie au
palais présidentiel au cours de
laquelle Ali Abdallah Saleh lui
remettra officiellement le pouvoir",
a indiqué la commission électorale
dans un bref communiqué. Jeudi, la
commission avait indiqué qu’elle
continuait de rassembler les
résultats du scrutin et expliqué le
retard par des difficultés
logistiques et le fait que dans le
Sud, le vote avait été perturbé par
des autonomistes.
Une « élection », avec un
candidat unique, qui est boycottée
dans le Sud et non organisée dans le
nord, dans la province de Saada qui
a proclamé son autonomie, et dans
les villes contrôlées par Al-Qaida,
est évidemment une élection
virtuelle. Ceci d’autant plus
qu’elle est censée « amorcer un
processus de réconciliation » (sic).
« Dans le sud du Yémen, le mouvement
séparatiste a toutefois multiplié
les violences, entraînant la mort de
plusieurs personnes et la fermeture
de nombreux bureaux de vote. Le rôle
des services de sécurité dans cette
escalade n’était pas clairement
établi. Dans le nord du pays,
l’appel à un boycottage lancé par un
groupe rebelle aurait été suivi »,
reconnaît le très pro occidental
MONDE.
… QUAND ELLES RENTRENT DANS
LES PROJETS GEOPOLITIQUES DES USA !
Mercredi, un proche de M.
Saleh, le vice-ministre de
l’Information Abdo Janadi, avait
assuré que le président sortant,
parti aux Etats-Unis pour des soins
médicaux, serait de retour à Sanaa
pour la cérémonie d’investiture de
son successeur. L’élection de M.
Hadi pour une période transitoire de
deux ans fait du Yémen le premier
pays arabe où un soulèvement aboutit
à une solution dite « négociée ». Ce
soulèvement était appuyé et organisé
précisément par le Qatar, avec le
soutien discret de l’Occident.
Après l’Egypte et la Libye,
c’est un nouveau régime (agonisant)
issu du Nationalisme arabe (de type
nassérien) qui est remplacé par le
système politique prôné par les USA
dans le cadre de leur projet dit du
« Grand Moyen-Orient » :
l’association de militaires pro
occidentaux (verrouillant le
système) et d’un parlement sous
contrôle ouvert aux islamistes
radicaux. Le but étant de dissocier
l’aile parlementariste des
islamistes (Frères Musulmans,
Salafistes, etc) de sa base radicale
djihadiste (liée à Al-Qaida ou AQMI,
son aile nord-africaine).
LE YEMEN : UN PAYS ECLATE ET
EN GUERRE CIVILE
Cette élection virtuelle ne
résout rien dans un pays
profondément divisé entre
Nationalistes arabes (les partisans
du président sortant qui a capitulé
– en échange d’une immunité et du
maintien de ses partisans dans
l’armée et l’appareil d’état – et de
son « Congrès Général du Peuple »,
l’ex parti dirigeant),
fondamentalistes soutenus par le
Qatar et les USA (ceux du parti
islamiste Al-Islah, hégémonique au
sein de l’opposition), et
Djihadistes d’Al-Qaida (qui
contrôlent plusieurs villes et
mènent une insurrection islamiste
radicale puissante). « Cette étape
suscite un certain optimisme chez
les différents acteurs locaux et
internationaux (ndla : entendez les
Occidentaux). Elle met fin à six
mois d’une lente désagrégation du
pouvoir politique qui a fait
craindre que le pays ne bascule à
nouveau dans la guerre civile.
Pourtant, rien n’est encore joué et
la tâche qui attend Abd Rabbo
Mansour Hadi est titanesque. Pendant
les deux ans que durera son mandat
transitoire, l’homme aura à
manœuvrer habilement pour relever
les nombreux défis qui s’imposent à
ce pays miné par des années de
guerre civile et une situation
socio-économique explosive »,
commente LE MONDE (Paris).
Mais cela n’est pas tout, car
s’y ajoute encore une rébellion
islamiste, chiite cette fois (et
discrètement soutenue par Téhéran).
Et qui a proclamé une république
autonome dans le Nord Yémen !
« L’élection présidentielle a
mis en lumière l’assise des deux
principaux mouvements
sécessionnistes yéménites ayant
appelé au boycottage. Au nord, à
quelque 150 km de la capitale Sanaa,
la rébellion chiite du mouvement
houthi, entrée dans un cycle de
violences contre l’Etat depuis 2004
» et qui « a profité de la
contestation pour installer une
République au nord, dans la province
de Saada, qui est un quasi-Etat
houthi de facto », explique
Dominique Thomas (spécialiste du
Yémen et des mouvements islamistes
dans la péninsule arabique à l’Ecole
des hautes études en sciences
sociales).
Ils ont appelé au boycottage
de l’élection, dénonçant "un
processus de transition imparfait"
et réclamant "un système fédéral et
une autonomisation". Leur
constitution récente en parti
politique pourrait amorcer un
changement. Leur force de
mobilisation est grande face à la
frustration de la population locale
et le revivalisme religieux.
Mais la descente aux enfers du
Yémen ne s’arrête pas encore là !
Car le Sud, où existait la
République démocratique populaire du
Yémen (1970-1990), veut aussi
reprendre son autonomie. Car jadis,
comme en Allemagne, existait deux
Yemen, dont la RPDY ayant pour
capitale ADEN, soutenue par Nasser,
Etat marxiste arabe qui avait des
liens étroits avec l’URSS (la
disparition de l’URSS ayant été
évidemment suivie de celle de la
RDPY). La réunification s’étant
faite définitivement par la force en
1994, avec une guerre civile
sanglante imposée par Saana.
« Le Mouvement sudiste, un
groupe autonomiste, a appelé au
boycottage du scrutin de mardi qui
doit porter le vice-président Abd
Rabbo Mansour Hadi à la tête de
l’Etat (…), dit l’AFP. L’aile dure
du Mouvement sudiste, conduite par
l’ancien vice-président yéménite Ali
Salem Al-Baid, qui vit en exil, a
invité ses partisans à empêcher le
déroulement du scrutin, au risque de
provoquer des actes de violence.
Elle a appelé à "la désobéissance
civile" mardi dans le Sud, Etat qui
est resté indépendant jusqu’en 1990
». « A Aden et dans les provinces
environnantes, le Mouvement sudiste
a adopté depuis la guerre civile de
1994 une forme d’action non violente
pour promouvoir son projet
fédéraliste. Très divisé entre
mouvances idéologiques, il est entré
dernièrement dans une phase active,
bénéficiant d’un soutien populaire
qu’alimente un véritable malaise
social », commente LE MONDE. « Le
Mouvement sudiste est aujourd’hui à
la croisée des chemins et pourrait
s’orienter vers un militantisme plus
actif et militarisé, comme le
montrent les attaques contre les
bureaux de vote », explique M.
Thomas.
AL-QAIDA A AUSSI CHOISI LE
YEMEN COMME BASE DJIHADISTE
Cerise sur un gâteau yéménite
pourri, le sud est aussi un des
bastions de la Guerilla d’Al-Qaida,
qui au Yemen n’en est plus au stade
du terrorisme mais à celui d’une
insurrection sur le modèle afghan. «
Les djihadistes sont les derniers
arrivés sur la scène yéménite en
2009. Après la restructuration des
branches saoudienne et yéménite d’Al-Qaida
dans la péninsule arabique et
profitant de la déliquescence de
l’Etat, ils sont entrés dans une
phase active de contrôle du
territoire », note Dominique Thomas.
« Fort de quelques milliers de
combattants, ils ont pris le
contrôle d’une demi-douzaine de
villes et considérablement augmenté
leur capacité de mobilisation dans
le sud et l’est du pays et au nord
de Sanaa. Leur bras social, les
Ansar Al-Charia, imposent dans ces
villes la loi islamique », commente
LE MONDE.
L’Etat yéménite est incapable
de reprendre le contrôle de ces
zones, y compris en se servant des
milices des tribus. « Il est
possible que la solution militaire
ne soit pas adaptée, estime M.
Thomas, alors que le dialogue entamé
par certaines tribus avec Ansar
Al-Charia pour libérer la ville de
Radah par exemple s’est avéré
payant. L’Etat pourrait ainsi
négocier la libération des villes et
le retour des populations déplacées
contre la libération des combattants
djihadistes, une gestion partagée
des affaires civiles et une
application plus stricte de la
Charia ».
LE NOUVEAU PRESIDENT YEMENITE
: L’HOMME DES AMERICAINS
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