Gaza
La preuve par Gaza
Louis Denghien
La
dernière manip des opposants syriens :
assimiler Bachar à Netanyahu, et Alep à
Gaza.
Quand Israël envoie des obus contre la
Syrie et que les alliés occidentaux des
insurgés
soutiennent Israël, et qu’Israël
soutient l’ASL !
Samedi 17 novembre
2012 Alors que la crise
syrienne vient d’entamer son 21e mois,
qu’on se bat toujours – avec une ampleur
très inégale – à Alep, Damas et Homs –
et que Hollande reçoit le dirigeant
islamiste de la coalition d’opposition,
quoi de neuf sur le front syrien ?
Poutine : Bachar ou le
chaos
Pas, quoiqu’on en dise dans
nos médias, le regroupement de la «
Coalition
nationale » d’opposition : elle ne
ratisse pas plus large que le CNS, y
compris chez les opposants au
gouvernement, elle est tout aussi
intransigeante que lui, tout aussi
ignoré que lui par la plupart des
insurgés et ne jouit pas de d’avantage
de reconnaissance internationale : que
le Qatar, la Turquie et la France
l’adoubent, et que les États-Unis et les
Européens se contentent de la saluer ne
représentent aucune avancée réelle de
cette opposition radicale. Vladimir
Poutine, véritable arbitre – ou mâle
dominant » – du jeu diplomatique autour
de la Syrie, vient de rappeler, au cours
de sa rencontre avec Angela Merkel,
qu’exiger avant toute chose le départ de
Bachar al-Assad est poser le problème à
l’envers : «
Il faut
d’abord se mettre d’accord sur l’avenir,
comprendre comment seront garantis les
intérêts légitimes des différents
groupes ethniques et religieux, et
seulement après aborder les changement.
Et non l’inverse : écarter Assad et
après réfléchir à ce qu’on va faire ».
Et le président russe de rappeler le
précédent – et le présent – libyen : «
On sait à
quoi (la stratégie occidentale)
a mené en
Libye : à la désintégration en Libye, au
meurtre de diplomates, y compris un
ambassadeur américain« . Et Poutine
de demander, dans un lapsus transparent
– et explicable vu la gémellité des
situations – «
Qui veut
le chaos en Libye ? » Et de
répondre : «
Pas nous,
c’est trop proche de nos frontières !«
.
La position russe n’a pas
évolué, et ne peut pas évoluer.
Pas question d’
»échanger » Bachar contre un
gouvernement islamiste soi disant modéré
et dans la main du Qatar et de la
Turquie, et donc des États-Unis. Pas
question de perdre son point d’appui
arabe en Méditerranée. Pas question de
donner un signal encourageant aux
islamistes de Tchétchénie et du Caucase.
Pas question surtout pour la Russie de
connaître son premier revers
géopolitique depuis l’arrivée de Poutine
aux affaires, et d’enregistrer une perte
de prestige et d’influence, prestige et
influence renforcés justement dans une
moitié du monde par l’attitude de
l’administration russe sur le dossier
syrien. Et face à cette
détermination de Moscou, les
gesticulations diplomatiques de Paris,
Londres ou Bruxelles (et même
Washington) ne pèsent pas assez lourd.
Gaza ringardise l’ASL
et le Qatar
Alors quels sont les faits
vraiment nouveaux dans cette longue et
sanglante crise ? Nous en voyons deux.
Le divorce des Kurdes d’avec la
rébellion islamiste, divorce qui semble
aller devoir jusqu’à la confrontation.
Et puis Gaza. Ce qui est en train de se
passer dans ce gigantesque cul de sac
palestinien, saisissante synthèse
géographique de l’enfermement et de
l’humiliation d’un peuple, rappelle avec
éclat à l’opinion arabo-musulmane qui
est l’ennemi n°1 de l’Islam et de la
dignité arabe dans la région. Et du
coup, l’attaque par Tsahal de ce bastion
de l’irrédentisme arabe et palestinien
ringardise la rébellion syrienne, qui
prétend combattre un ennemi de l’Islam,
mais ne tue en Syrie que des musulmans
ou des Arabes, ne détruit qu’un pays
arabe, comme les Israéliens sont en
train de le (re) faire à Gaza, dirigé
par un gouvernement islamiste
d’ailleurs. Et ce qui
vaut pour l’ASL vaut également pour ses
protecteurs du Qatar dont le silence est
assourdissant, et à hauteur de
l’embarras que leur cause cette
agression de leur allié objectif
israélien contre leurs protégés du
Hamas. Et l’on voit que c’est
l’Égypte qui a pris la tête de la
résistance diplomatique à cette
agression, et pas les roitelets
emberlificotés dans leur réseau
d’alliances occidentales et de
compromissions sionistes.
La difficulté n’a
d’ailleurs pas échappé à certains
opposants syriens qui ont vendredi
agrémenté leurs manifs maigrelettes de
slogans et de pancartes associant Gaza
et la Syrie,; et Bachar et Netanyahu.
Plus c’est gros plus ça passe ? Pas
vraiment. Les anti-Bachar peuvent tenter
toutes les récupérations et tous les
amalgames, leur dossier n’est pas
crédible : c’est la
Syrie de Bachar qui a accueilli des
centaines de milliers de réfugiés
palestiniens et leurs descendants, qui
abritait naguère le siège du Hamas et
héberge toujours celui du FPLP. C’est
l’Iran, allié de la Syrie, qui fournit
en missiles la résistance à Gaza. Et
c’est le Hezbollah libanais, autre allié
indéfectible de la Syrie, qui pour la
première fois a fait reculer, en 2006,
l’invincible Tsahal. Alors que
Shimon Péres a exprimé son «
admiration
» pour l’ASL, que Netanyahu et Barak se
sont prononcés pour le renversement de
Bachar al-Assad, et que leurs
protecteurs du Golfe n’ont jamais rien
fait contre Israël, réservant toute leur
ardeur belliqueuse et leurs
pétro-dollars et à la destruction de la
Syrie résistante à Israël, en attendant
de pouvoir s’en prendre à l’Iran.
Pour
résumer, Gaza prouve que la dignité
arabe se trouve à Damas et non à Doha.
Publié le 18 novembre
2012 avec l'aimable autorisation d'Info
Syrie
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