Opinion
Le Kosovo,
avant-poste américain dans les Balkans
Konstantin
Katchaline
© RIA
Novosti. Ruslan Krivobok
Mercredi 10 avril 2013
Source:
RIA Novosti
Les Américains ont mis les pieds dans
les Balkans pour la première fois en
1995, quand la guerre de
Bosnie-Herzégovine s'est achevée par les
Accords de Dayton. A l'époque, ils
travaillaient modestement sous le
drapeau de l'Onu. Mais l'appétit vient
en mangeant. La Bosnie-Herzégovine n'a
pas suffi au Pentagone, qui a décidé
d'aller plus loin : en Serbie, plus
exactement dans sa partie sud du Kosovo.
Les bombardements de Belgrade, de
Novi Sad, de Podgorica, de grandes et
petites villes de la Serbie et du
Monténégro ont commencé au printemps
1999. Ils ont cessé le 10 juin 1999
quand Slobodan Milosevic a accepté de
laisser les Américains et l'Otan entrer
au Kosovo. Officiellement, ils
agissaient sous couvert de la résolution
1244 du Conseil de sécurité des Nations
unies mais en réalité, les Etats-Unis et
l'Otan ont simplement occupé la Serbie
avant de la priver du quart de son
territoire. Cela s'est produit le 17
février 2008, lorsque le parlement
kosovar a unilatéralement proclamé son
indépendance.
La CIA et le Pentagone rêvaient
depuis longtemps de s'affirmer dans les
Balkans. Désormais, plus personne ne
cache que l'opération de l'Otan "Ange
miséricordieux" de mars 1999 n'était
qu'une couverture. Bien avant
l'opération, les spécialistes militaires
avaient sélectionné 1 000 hectares de
terrain près de la ville d'Urosevac pour
construire la plus grande base militaire
américaine d'Europe. L’entreprise
choisie pour mettre en œuvre ce projet ?
Halliburton, basée au Texas, spécialisée
dans les équipements pétroliers et la
maintenance des oléoducs. Finalement,
elle n'a pas directement eu la main sur
ce projet. La base Bondsteel a été
construite par ses succursales KBR –
Kellogg, Brown and Root.
A cette époque Bill Clinton présidait
les USA. Il rêvait des Balkans et des
ressources naturelles du Kosovo : selon
la Banque mondiale, le Kosovo abrite
plus de 100 milliards de dollars de
ressources minérales. Les experts
estiment que seules les réserves de
lignite (variété de charbon brut)
atteignent ici 14 milliards de tonnes.
Les réserves d'étain et de zinc sont
estimées à 42 millions de tonnes, celles
de nickel et de cobalt à 13 millions de
tonnes, de bauxites à près de 2 millions
de tonnes, ainsi qu'environ 6 millions
de tonnes de magnésie. De plus, le
Kosovo a toujours produit une quantité
importante d'argent, de fer, ainsi que
des minéraux rares.
Le territoire renferme également des
mines d'or, de platine et de cuivre.
Selon certaines estimations, la
construction de la base de Bondsteel a
coûté presque un milliard de dollars. Au
total, 300 sites ont été construits dans
cette zone en trois ans et 34 millions
de dollars ont notamment été investis
dans un hôpital. Les analystes
américains reconnaissent que Bondsteel
est le plus important "intérêt" des USA
en Europe. 7 000 soldats et officiers y
sont déployés aujourd'hui - le camp
militaire près de Pristina est un
véritable Etat. On y trouve des produits
uniquement en provenance des Etats-Unis,
un cinéma, une bibliothèque, internet,
des lotissements, un hôtel, des bars,
des salles de sport, une piscine, un
garage auto et des ateliers de
réparation. Le Pentagone a tout fait
pour que servir au Kosovo ne soit pas
aussi difficile.
Avant chaque opération militaire, le
Pentagone et la CIA calculent le profit
éventuel qu’ils pourraient en retirer.
Il est primordial pour les Etats-Unis
d'avoir au pouvoir des hommes qui se
battront pour la démocratie mais aussi
qui laissent une part du gâteau à leurs
anciens patrons et protecteurs. En 50
ans, la Serbie a investi plus de 17
milliards de dollars dans
l'infrastructure du Kosovo, retardé et
économiquement dépressif, et de la
Metohija. Aujourd'hui Hashim Thaçi et
son entourage revendiquent tout ce qui a
été fait et construit avec l'argent
yougoslave. "Cela nous appartient, nous
sommes les propriétaires du Kosovo. Tout
ce qui se trouve sur le territoire
kosovar appartient uniquement à l'Etat
indépendant", affirme Pristina en
permanence.
Aujourd'hui c'est la principale thèse
du gouvernement de Pristina. Thaçi et
son équipe appellent des investisseurs
du monde entier, invitent tous ceux qui
sont prêts à prendre le contrôle des
sites industriels cruciaux de "l'Etat
kosovar". Qui refuserait de gagner de
l'argent là où on attend des bénéfices
incroyables ? Tout homme d'affaires
européen viendrait en courant avec un
sac d'argent si on lui proposait de
telles garanties.
Le quotidien serbe Politika a publié
un article intitulé "Les espions
américains débarquent au Kosovo" : fin
mai-début juin, la 525ème brigade de
renseignement et de guerre électronique
(BRGE) sera effectivement projetée au
Kosovo. La brigade sera représentée par
un état-major, des bataillons -
renseignement aérien, opérationnel,
reconnaissance et guerre électronique -
ainsi qu'une compagnie de reconnaissance
approfondie. La Brigade sera renforcée
par un bataillon de renseignement et de
guerre électronique de la réserve de
l'armée de terre (Caroline du Nord), qui
comptera plus de 2 000 hommes. La
principale mission de la BRGE sera
d’être les yeux et les oreilles des USA
dans la région. Une attention
particulière sera accordée à la
construction du gazoduc russe South
Stream. Washington a toujours voulu être
au courant de ce qui se passait
réellement en Serbie, tout en
considérant que l’intégralité des
Balkans devait être sous un contrôle
"transatlantique" minutieux.
© 2013
RIA Novosti
Publié le 10 mars 2013
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