Les amis belges de Shalom Archav
Israël,
État juif ? Oui, mais aux côtés d’un État palestinien
viable
Nicolas Zomersztajn
19 novembre 2007
La conférence internationale sur
le conflit israélo-palestinien se teindra en cette fin d’année
à Annapolis, capitale du Maryland et aussi capitale mondiale de
la navigation maritime. Condoleeza Rice a-t-elle choisi cette
ville située au bord de l’Atlantique qui abrite une
prestigieuse école navale pour dispenser aux responsables
politiques israéliens et palestiniens des notions élémentaires
de navigation ? A y regarder de plus près, on pourrait le
croire car Mahmoud Abbas et Ehoud Olmert apparaissent tous les
deux comme des marins d’eaux douces dépourvus de boussole et de
carte prêts à prendre le large à bord d’un vaisseau amiral
bien difficile à manœuvrer.
En effet, des deux côtés de la
ligne verte, une majorité estime que cette conférence se soldera
par un échec et qu’aucun accord de règlement final ne sera
conclu. Bien que Mahmoud Abbas et Ehoud Olmert multiplient les déclarations
encourageantes, on peut voir de nombreux signes qui n’incitent
guère à l’optimisme. Les négociations sur la déclaration
commune censée définir les bases des discussions de la conférence
d’Annapolis n’ont pas encore pondu le moindre texte. Depuis le
début, les Palestiniens et les Israéliens ne s’entendent pas
sur les gestes préalables à la négociation devant être posés
par chacun d’eux. Les Palestiniens demandent une libération
d’un nombre substantiel de prisonniers ainsi que la levée
d’un maximum de barrages en Cisjordanie et les Israéliens ne
cessent de demander que les Palestiniens combattent le terrorisme
et s’engagent à reconnaître Israël comme un Etat juif afin de
se prémunir contre toute exigence palestinienne de droit au
retour en Israël.
Cette demande légitime paraît
pourtant curieuse lorsqu’on constate que ceux qui l’exigent,
les anciens membres du Likoud comme Livni et Olmert, ont tout fait
pour qu’Israël ne soit plus l’Etat des Juifs. En soutenant et
en favorisant la création de colonies israéliennes en
Cisjordanie, et dans certains cas dans des zones à forte densité
palestinienne, ces dirigeants politiques de la droite israélienne
ont détruit progressivement les conditions nécessaires à la réalisation
de la formule « deux peuples, deux Etats ». Ce n’est
qu’en acceptant cette dernière formule que les Israéliens
peuvent exiger ensuite la reconnaissance d’Israël comme Etat du
peuple juif. A défaut de cela, les responsables politiques israéliens
doivent reconnaître que ce n’est pas les Palestiniens qui
constituent l’obstacle mais bien les colonies de Cisjordanie qui
sont encore construites aujourd’hui. Alors, pour qu’Israël
soit effectivement l’Etat juif, il faut nécessairement que les
Palestiniens puissent exercer leur souveraineté nationale sur un
territoire qui leur appartienne et donc dépourvu de colonies.
Avant de soumettre cette exigence
aux Palestiniens, le gouvernement israélien doit préalablement régler
la question de l’Etat juif à la Knesset pour que les représentants
de la nation reconnaissent que l’Etat d’Israël est l’Etat
juif en mettant définitivement fin à la colonisation de la
Cisjordanie et Jérusalem-Est.
Publié avec
l'aimable autorisation de Kol Shalom.
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