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Au cours du réel
De l'eau dans Gaza
Koffi Cadjehoun
Lundi 31 mai 2010
"Je
crois d'une foi entière que le Créateur, que Son Nom soit béni,
récompense ceux qui suivent Ses commandements, et punit ceux qui
les transgressent."
Maïmonide,
Onzième
principes de la foi, Commentaire sur la Mishna.
J'apprends qu'un commando israélien a attaqué une flotille de
ravitaillement du peuple palestinien de Gaza, causant des
dizaines de blessés et provoquant une dizaine de morts. Les
réactions diplomatiques internationales sont légion pour
signifier le caractère méprisable et abject d'un tel crime.
Attaquer et tuer des militants pour la paix est un action
clairement folle (comme l'a noté le Premier ministre libanais).
Personne ne remarque assez la course folle qui s'est emparée
d'Israël depuis l'assassinat de Rabin en 1995.
Nous nous trouvons en pleine désintégration systémique - en
pleine désintégration du système financier international. Pour
ceux qui oublient de resituer le contexte, Israël est la
création postcoloniale de financiers influents de la City de
Londres. Depuis lors, Israël se conduit comme une satrapie de
l'Empire britannique, perpétrant les pires crimes et étant
utilisée par ses cercles protecteurs comme un Golem
déstabilisateur. C'est encore le cas cette foi, avec ce nouveau
crime sordide de psychopathe un rien arriéré.
Depuis que ses créateurs protecteurs s'effondrent, Israël est
entré dans une spirale de violence où il obéirait seulement à la
loi du plus fort. Fidèle à ces satrapies qui échappent au
contrôle de l'Empire et décident de passer à l'action, Israël
manifeste une virulence matinée de jusqu'au-boutisme dans sa
conception des relations inter-étatiques.
Après l'opération Plomb durci ou la dernière campagne-carnage du
Liban, le massacre de militants pro-palestiniens indique une
gradation supplémentaire dans la stratégie du chaos qui se
retourne contre Israël. Cette fois, Israël indique qu'il est au
bord de la désintégration. Ce ne sont pas les nationalistes au
pouvoir en Israël qui feront marche arrière. Ils se meuvent dans
le déni et expliquent déjà, comme pour les précédentes
opérations, qu'ils ont agi contraints et forcés (le fameux : ce
n'est pas de ma faute, je me suis défendu, patati, patata). Qui
les croira? Qui croira que ce sont les Israéliens qui ont été
attaqués par des parlementaires ou des activistes favorables à
la paix?
Il se trouve certainement une velléité d'émancipation de la
satrapie israélienne face à l'effondrement du protecteur
impérialiste. A côté de cette surenchère irresponsable et
suicidaire, il est patent que les cercles financiers
mondialistes utilisent Israël comme facteur de déstabilisation
dans la région. Plus ils sont désespérés, plus ils sèment le
chaos. Raison pour laquelle Israël s'engage dans des opérations
de plus en plus irresponsables et inconsidérées. Après le fiasco
retentissant et humiliant du Dubaïgate, le massacre de militants
pro-palestiniens.
Certains analystes de la CIA mettent en garde contre la
disparition envisageable de l'État israélien vers 2020. D'autres
ont cerné qu'Israël a vulgairement pété les plombs. Il serait
temps d'analyser la structure bizarre de cet État, qui n'est ni
un État-nation moderne, ni un État colonisé. C'est une satrapie
de l'Empire monétariste britannique. Le problème est là : aider
les Palestiniens opprimés (leur calvaire actuel est une infamie
historique) n'est pas possible en ne considérant de manière
réductrice que le simple cadre du problème israélo-palestinien.
En termes stratégiques, c'est se monter hors sujet que de
réduire le sujet à sa partie visible ou émergée. Tant que l'on
ne dénoncera pas les manipulateurs d'Israël, ces crimes
recommenceront. Tant qu'on ne mettra pas en évidence le rôle
satrapique d'Israël au service de la finance folle (selon
l'expression de dirigeants socio-démocrates lucides quoique
lâches depuis lors), la folie d'Israël demeurera cantonnée à la
problématique régionale et le martyr des Palestiniens ne sera
pas résolu.
Faut-il que le bourreau disparaisse dans des massacres, des
vengeances et des effusions de sang pour que l'on s'avise que la
vérité n'est ni dite ni admise? Dans ce massacre révoltant et
injustifiable (sauf pour les porte-paroles désaxés d'Israël),
c'est comme pour le cas du Dubaïgate : les dénonciation
réductrices de l'auteur Israël font plus que masquer le
problème. Elles empêchent de le résoudre. Revenez aux accords de
Sykes-Picot, démantelez les protecteurs financiers d'Israël et
Israël passera pour un Frankenstein famélique et faible.
Il serait temps d'arrêter les massacres et les fausses
problématiques. Enclenchez les choses sérieuses : pointez du
doigt les vrais responsables. Aucun ne se trouve en Israël, où
ne s'agitent que les pantins et les furieux. Signe des temps,
les Goliath sont Israéliens. Les colombes pro-palestiniennes
sont dans leur expression influente incapables de cerner le
problème en se contentant de dénoncer les crimes d'Israël.
Sont-elles des complices involontaires ou des manipulées
inconscientes?
Si vous voulez imiter David, l'intelligent qui utilise sa raison
pour triompher de la force, identifiez - la City de Londres.
Vous agirez au nom de l'homme. Au nom des victimes premières que
sont les Palestiniens, qui se font massacrer et affamer par des
tortionnaires se prévalant de la morale et de la Shoah. Mais
aussi au nom des victimes méconnues que sont les bourreaux, ces
dirigeants israéliens qui ont eu la stupidité de choisir
l'option de la brutalité et de la force. Enfin pour les juifs,
dont la religion mérite mieux que ces trahisons. Les juifs ne
sont ni sionistes, ni israéliens, c'est certain.
Encore convient-il de préciser que c'est au nom du judaïsme de
Maïmonide et des Israéliens risquant le massacre que la paix
doit être appliquée. Plus le temps passe, plus l'évidence se
fait jour : la solution de l'État unique, laïque et
multiconfessionnel. Sinon, la créature disparaîtra en même temps
que le créateur. La créature meurt avec Frankenstein. La
créature est un monstre qui a été conçu de manière inconséquente
et non viable par son créateur inadapté et trop limité (un
homme).
De même pour Israël. Israël n'est pas conçu pour incarner un
État pérenne. Sans changement, Israël sera annihilé. Pour les
nostalgiques du sionisme qui oublient que les idéologies sont
finies, ils sont confrontés à deux possibilités : soit la
radicalisation vers l'impasse et l'autodestruction; soit
l'évolution vers la fondation (l'État unique Israël/Palestine).
Si l'on se lamente que la pérennité se trouve dans le
changement, la disparition d'Israël ne signe pas sa destruction.
Elle signifie sa continuité. La destruction réside plutôt dans
le maintien d'Israël. Le massacre dément des militants
pro-palestiniens est la projection du visage d'Israël. C'est
aussi l'annonce de ce qui attend Israël - sous sa forme
actuelle.
Publié le 31 mai
2010 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
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