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Au cours du réel

A la racaille halalisée
Koffi Cadjehoun

Samedi 28 mars 2010

« Ce que tu fais de valeureux aujourd'hui inspire les actions des autres dans le futur. »
Marcus Garvey.

Tends la main à l'Afrique : elle est ta fille et ta mère.

Alors que le polémiste Zemmour bassine avec des préoccupations proto-nationalistes et proto-xénophobes - de telle manière que le postpoujadisme soit intégré dans l'horizon du fascisme ultra-libéral (le fond du fascisme est corporatiste, interne à la crise du libéralisme), notre brillant essayiste-journaliste-polémiste-critique s'acharne sur le problème numéro un bien connu de France : l'immigration africaine (au sens large). Corolaire : le problème de la religion - l'Islam qui n'est pas le christianisme (ni le judéo-christianisme syncrétique et fort naturel). Outre ses outrances et ses erreurs, il semblerait que Zemmour hiérarchise passablement mal les problèmes, confondant le faible et le bouc émissaire, soit s'en prenant avec un courage remarqué plus que remarquable au plus faible. Je croyais pourtant que l'un des mentors de Zemmour, un nationaliste de gauche se réclamant de Marx, Alain Soral le boxeur (plus que sociologue d'ailleurs), désapprouvait ces manières de racaille, notamment au nom de Marx.
La démarche de Zemmour est peu reluisante : par temps d'islamophobie, on ne flatte pas les plus vils instincts de l'Occidental oppressé et oppresseur (xénophobie, préjugés racistes, intolérance religieuse...). Les protestataires bien-pensant s'en prennent à la phrase de Zemmour concernant la délinquance majoritairement africaine ("Les Français issus de l'immigration étaient plus contrôlés que les autres parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes... C'est un fait."). Bien entendu, outre une instrumentalisation des statistiques, l'explication à la surdélinquance des individus issus de l'immigration africaine récente (depuis les années 60 pour faire large) s'explique en termes sociologiques classiques.
Si les Français issus de l'immigration africaine récente connaissent en leur sein une surdélinquance fort minoritaire (et fort prévisible), c'est pour des raisons sociales - certainement pas culturelles, religieuses ou raciales. Justement. La distinction entre les races est le vrai fond du comlmerce, pardon, du débat qu'introduit Zemmour. C'est un scandale! Les contempteurs plus ou moins sincères de Zemmour feraient bien de s'insurger de la sortie véritablement plus scandaleuse de Zemmour, qui ne concerne pas la question de la délinquance, mais le problème de la race. Et après, on nous dit que le fascisme n'est pas tapi au cœur de notre débat actuel? Reportez-vous notamment à cette retranscription d'une émission télévision relativement plus ancienne (13 novembre 2008, Arte, intitulée délicieusement Paris/Berlin : le débat), dans laquelle les propos de Zemmour sont tout simplement racialistes :
http://www.vincentcespedes.net/fr/Paris-Berlin.pdf
La différence entre racialisme et racisme? Le raciste expliquerait l'existence de races différentes à l'intérieur de l'espèce humaine par des échelles de valeur; le racialiste se contenterait d'énoncer qu'il existe des races différentes (sans valeur explicite). Souvent les racialistes seraient des racistes demi habiles. De ce point de vue, Zemmour le racialiste profère des absurdités en mélangeant la race, la couleur de peau, le phénotype. Je sais bien que par commodité langagière certains scientifiques ont pu parler de races pour dénoter des groupes géographiques, voire culturels. Mais cette définition n'allait jamais sans la reconnaissance implicite de l'existence connexe et irréfutable d'une seule race au sein de l'homo sapiens sapiens.
Un racialiste comme Zemmour foule aux pieds de ses polémiques sécuritaires, voire nationalistes (certains diront souverainistes) les évidences scientifiques en recourant à la figure rhétorique archétypale de la mauvaise foi : l'amalgame. Zemmour amalgame le sens de la race, de la couleur de peau et du phénotype. Cette confusion sans doute volontaire aboutit à des conclusions populistes, voire nauséabondes. Personne n'a prononcé l'exclusion suite à ces propos, parce que Zemmour est un polémiste instrumentalisé. Où un Cespedes (contradicteur de Zemmour sur le plateau d'Arte) explique la présence de Zemmour par le climat de l'époque (dérive droitière, sécuritariste et xénophobe), il n'est pas moral de voir un Zemmour invité partout dans les médias.
Comme celle d'un BHL, son contradicteur médiatique qui aux dernières nouvelles se prendrait en ultime avatar d'un génie du judaïsme, comme celle de son mentor nationaliste de gauche Soral (à ne pas confondre avec le trouble et pacifiste homonyme Sorel, un modèle de Soral), la pensée de Zemmour est nulle. Chacun le sait. Pourtant Zemmour s'en sort à son avantage : les poursuites sont abandonnées suite à des explications satisfaisantes (à ce décompte de mansuétude, on eût aimé qu'un Dieudonné bénéficiât de la même compréhension!); les tribunes médiatiques de Zemmour sont maintenues malgré les menaces de licenciement conditionnel; plus fort dans l'instrumentalisation, une manifestation de soutien est organisée à la sortie du Figaro (journal fort conservateur tenu par l'héritier synarchiste patent Dassault auquel Zemmour est salarié - fort théoriquement d'après le journaliste quasi homonyme dudit Figaro Zemmouri).
Que ne remarque-t-on que les polémiques de Zemmour à propos de la délinquance ou de la race interviennent en plein débat sur l'identité nationale instrumentalisée par le gouvernement néo-conservateur français de Sarkozy? Que ne remarque-t-on la prégnance de ces débats pathétiques depuis au moins l'élection présidentielle de 2007? Que ne remarque-t-on que les propos de Zemmour font chœur avec l'instrumentalisation du nationalisme, du poujadisme, du frontisme, du populisme, de la xénophobie, voire du racisme par le pouvoir en place? Il est vrai qu'un autre synarchiste, le socialiste Mitterrand, avait initié cette veine manipulatrice qui consiste à diviser pour régner.
Zemmour appartient au dispositif médiatico-polémique pour mettre sur la table officielle des thèmes sécuritaires qui permettent une diversion par rapport au vrai problème : la crise financière qui est une crise systémique et qui menace de balayer le monde actuel en quelques années. Zemmour ne fait pas partie d'un complot unique et pyramidal de type sécuritariste pour nous divertir. Il nous divertit, mais c'est pire : il s'appuie sur des réseaux qui lui permettent de développer sa pensée mensongère et fort proche d'un certain nationalisme et d'un certain fascisme au nom de l'irrationnelle liberté d'expression. Liberté changeante suivant les thèmes que l'on aborde. Si l'on attaque des sujets défendus par le pouvoir en place, on est attaqué au nom des limites de la liberté d'expression; si l'on attaque des sujets favorables au pouvoir en place, on est défendu derrière les attaques (finalement avantageuses) au nom de la liberté d'expression. Apologie de la fable de la chauve-souris, qui est souris ou oiseau suivant ses interlocuteurs et ses intérêts.
Apologie de la mauvaise foi et du double discours. Dans le même temps, Zemmour abat les cartes de son jeu de polémiste-propagandiste dénué d'idées valeureuses en dressant l'apologie de moins en moins masquée de l'impérialisme. Zemmour sur les plateaux se montre fasciné par l'Empire romain, au point qu'il explique que la France a été en partie l'héritière de cet impérialisme. Pour Zemmour, l'impérialisme semble l'horizon indépassable de la réflexion politique. Nous songerons à envoyer à notre brillant analyste politique une copie des productions impérissables de l'impérialiste posteuropéen Cooper, qu'il voie si la jonction est opérée avec l'anteimpérialisme romain.
Dans une mentalité impérialiste, les positions d'un Zemmour s'expliquent : la domination finaliste induit l'explosion inéluctable de l'impérialisme. Du coup, quand on se trouve au bord de l'abîme impérialiste, quand la forme impérialiste à son paroxysme de domination a détruit son ordre, pour se sauver de la disparition à laquelle elle se trouve acculée, elle bascule dans l'extrémisme - l'apologie des thèses les plus violentes et irrationnelles.
Considérez le comportement de Zemmour l'impérialiste postmoderne (selon les propres attentes du gourou Cooper) : en pleine crise majeure et irréversible de l'impérialisme contemporain, damné par son mal incurable, notre polémiste joue le jeu en France du sécuritarisme, qui est la diversion historique de l'impérialisme en phase terminale et en fin de course pour sauver sa peau et poursuivre sa besogne (jouer au sauveur de la populace alors qu'on en est le pirate). Zemmour roule pour l'impérialisme qui le fascine et pour le sécuritarisme qui en est sa conséquence ultime. Zemmour lui-même évoque la fin de l'Empire romain, la chute de Rome. Sauf qu'il n'en retient que l'explication lacunaire par les invasions migratoires barbares et qu'il rend cette chute aussi inexplicable qu'irrationnelle.
Le modèle que propose Zemmour est explicable à l'intérieur du phénomène impérialiste. C'est dire que Zemmour roule objectivement pour les intérêts de l'Empire britannique de type financier, qui a pris la succession du fameux Empire romain (via des formes transitoires comme Venise) et qui a été théorisé dès ses limbes par le roi d'Angleterre Jacques Ier Stuart dans son révélateur Basilikon Doron (1599). Zemmour se rend-il compte qu'il travaille pour les intérêts de l'impérialisme contemporain? Est-il seulement envisageable que Zemmour s'imagine suivre de quelconques idées ou une quelconque carrière littéraire (vu que même ses adversaires médiatiques lui serinent avec délectation qu'il écrit très bien et qu'il est très intelligent)?
Un peu de sérieux dans la manipulation rebattue et embrouillée. Plus personne ne parlera de l'action ou de l'œuvre de Zemmour d'ici dix ans - et c'est tant mieux. Quand on veut dénoncer littérairement, polémiquer littérairement, satiriser littérairement, pamphlétiser littérairement, il convient de s'attaquer à des intérêts puissants et officiels. De préférence peu reconnus. Au mieux, pas du tout. Le pire est de taper sur les faibles afin de protéger les puissants (pour lesquels on travaille). Au lieu de s'en prendre aux voyous racailleux de banlieue issus de l'immigration africaine récente, à des minorités ethniques ou religieuses amalgamées, voire illusoires, que Zemmour ne nous entretient-il pas avec la même flamme et la même flemme (peu flegmatique) de la délinquance en col blanc, des crimes des financiers, des crimes des sionistes à Gaza, des crimes du 911, de tous les crimes dans le monde où l'on tue des enfants et des innocents au nom du diabolique voire fasciste droit du plus fort?
Le contresens qui enterre définitivement Zemmour en tant que penseur ou qu'écrivain amène à rappeler que non seulement Zemmour (qui me fait penser à un éléphanteau fils de Jumbo) se trompe de trempe mais qu'il délire tant et si bien qu'il en indique en contrepoint la vérité. Allez, le salut passe par le courage. Le salut se loge chez les faibles, les opprimés et les marginalisés. Loin d'être les calamités des sociétés occidentales qui les intègrent - ou les désintègrent, les immigrés africains constituent le salut de ces sociétés. La culture occidentale est exsangue, vidée de son sens plus encore que de son sang par son impérialisme frénétique qui l'a conduit à dépoter en esclavage les Africains et à coloniser le monde.
L'avenir de l'homme se situe dans l'espace et par l'Afrique. L'avenir de l'Occident se situe à Gaza. Pas en Israël sous l'égide des crypto-fascistes du gouvernement actuel emmené par les fils idéologiques de Jabotinsky. Les immigrés issus de l'Afrique vont sauver l'Occident. Ils vont le sauver moralement. Ils vont le sauver énergétiquement. Nous avons besoin de sang neuf. Pas d'histoires sclérosées et réactionnaires de races ou de couleurs. Nous avons besoin de sens neuf. Nous avons besoin de rédemption.
Nous y sommes. Bob Marley (métisse de père blanc anglais et de mère noire esclavagisée) y était. La rédemption. Tout est dans la rédemption. La rédemption peut être apportée par les Occidentaux d'Afrique. J'ignore si l'Occident se sortira de son pas à trac - ou s'il sera l'équivalent moribond et décati de l'Afrique actuelle, mais l'Afrique est la planche de salut de l'Occident. Sa damnation : la planche à billets. Dans ce jeu de dupes, un Zemmour charrie du sens pervers au sens où il inverse stricto sensu le sens : la rédemption de l'homme blanc passe par l'intégration de l'Occident à l'Afrique.
C'est le rôle que jouent les Occidentaux issus de l'Afrique. De toute façon, les dés sont joués : l'avenir de l'Occident se situe en Afrique. L'Afrique a les clés des dés. Soit l'Occidental poursuit son entreprise de déni colonisateur qui le pousse à stigmatiser cyniquement le sanglot de l'homme blanc (à la manière de ce néo-conservateur de Bruckner); soit il en accepte l'évidence littérale et il arrête le coup des dés pipés. Il tend la main à l'Afrique et il comprend que l'avenir de l'Occident coïncide avec l'avenir de l'homme. L'Afrique à venir.

Publié le 28 mars 2010 avec l'aimable autorisation de l'auteur

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Source : Au cours du réel
http://aucoursdureel.blogspot.com/...


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