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Opinion

L'ingérence démocratique
Koffi Cadjehoun

Jeudi 12 juillet 2012

Madame Midani, présidente de l'AFAMI, intervient en anglais lors d'une émission de la BBC, vendredi 6 juillet 2012. Elle contredit BHL en fin de vidéo. J'ai recopié la traduction pour qu'on se rende compte de l'imposture qui sévit en Occident dans nos médias à propos des Printemps arabes - et que le lecteur prenne la mesure de la boucherie qui s'est déroulée en Libye. La prise de Tripoli fin août 2011 ne fut pas la délivrance pour le peuple libyen débarrassé du dictateur Kadhafi. Les Libyens ne voulaient pas du chaos orchestré par l'OTAN. Ils se sont défendus dans l'ouest et le sud avec héroïsme. Quand il a fallu après huit mois de combats acharnés prendre Tripoli et tuer Kadhafi, les avions de l'OTAN ont bombardé la capitale pendant un à deux jours; puis les hélicoptères ont mitraillé les poches de résistance pendant une journée. Enfin, les forces spéciales et les mercenaires ont pu, avec des trahisons, envahir la ville. Il y eut entre 2000 et 3000 morts, dans ce qui constitue une des pires massacres coloniaux. Ceux qui défendent cette atrocité sont complices de crimes impérialistes et n'ont aucune légitimité pour défendre la démocratie, l'humanisme, la justice et la liberté. Aujourd'hui encore, Tripoli continue à résister, par la tactique de la guérilla, sur le modèle de ce qui se passe en Irak (où la résistance inflige des pertes aux Anglo-Saxons). La situation en Syrie, aussi différente soit-elle du chaos libyen, obéit au même principe de l'ingérence démocratique.


"Je suis Madame Midani, je suis présidente d'une association ici en France. Je suis franco-syrienne. Je voudrais demander à M. Lévy... Je pense que la plus grande blague est de voir M. Lévy s'inquiéter des morts en Syrie. En partant du principe qu'il a toujours affirmé qu'il travaille pour Israël et qu'il porte Israël dans son coeur. Et c'est je pense la raison pour laquelle pour lui la Syrie est une menace, car c'est une menace peut-être pour ...
(interrompue par le présentateur)
C'est la première chose, laissez-moi s'il vous plaît continuer...
BHL : - Je ne vous autorise pas à dire que je travaille pour Israël...
Midani : - C'est vous qui l'avez dit!
BHL : - Non, non, non! Je ne vous autorise pas à dire que je travaille pour Israël! Tout ce que je peux vous répondre est que depuis quarante ans mon coeur est du côté de tous ceux qui souffrent dans le monde entier!
Midani : - Les gens de Gaza ne sont pas des gens?
BHL : - Partout dans le monde! Et aujourd'hui la capitale mondiale de la souffrance est Homs! est la Syrie!"
(Le présentateur veut lui enlever le micro!)
Midani : - Non, non, non! Combien de personnes ont été tuées en Libye après l'intervention de l'OTAN? 160 000 personnes! Pour en protéger 2000 comme vous disiez, alors même que HRW (Human Rights Watch, NdA), qui est une ONG pour couvrir les interventions impérialistes, ils disent eux-mêmes 200 personnes! L'intervention de l'OTAN en Libye a semé la destruction, des choses horribles, des morts. Et maintenant c'est le chaos en Libye!"
(Nouvelle intervention du présentateur pour interrompre l'intervention).

Trois remarques pour commenter ce discours de vérité :
- Cette présidente d'une association franco-syrienne rappelle la vérité des événements face au propagandiste BHL (dont les discours sont criminels, au sens où ils cautionnent les morts au nom des plus forts) : les guerres humanitaires pour la démocratie sont des couvertures pour l'impérialisme. Ceux qui les défendent montrent leur visage de colonialistes et soutiennent les massacres des populations autochtones.
- L'imposture de la protection des populations à Benghazi (issue de la R2P) apparaît comme le prétexte pour l'intervention impérialiste : pour protéger quelques milliers (évaluation contestable) de manifestants, dont des islamistes armés par les affidés régionaux de l'OTAN, on en aura tué plus de 100 000. Je reste médusé par l'argutie, qui confond violence et démocratie : au nom de la violence minimale de la dictature, on pourrait perpétrer la violence maximale de la démocratie. Toute cette affaire a été orchestrée par les stratèges atlantistes, en jouant sur les tensions entre Cyrénaïque et Tripolitaine, en soutenant l'islamisme régional et en prenant soin d'acheter quelques chefs tribaux, plus les collaborateurs ultralibéraux de l'entourage corrompu de Kadhafi. Au final, on aura renversé un régime népotique et terroriste pour le remplacer par le chaos. Le peuple libyen a perdu les bienfaits en empirant les méfaits de l'ère Kadhafi. Il ne se libérera de son oppression qu'au prix d'une longue résistance et avec le spectre de la partition d'un pays tribaliste.
- Combien de temps allons-nous continuer à suivre la rhétorique grossière de propagandistes notoires comme BHL, qui travaille plus pour des intérêts atlantistes que pour Israël, malgré son engagement sioniste? Dans le discours manichéiste, on oppose l'atlantisme au point de vue autochtone, la démocratie contre la dictature, selon la rhétorique néo-conservatrice. Soit l'on est pour la démocratie de l'OTAN; soit pour la dictature légitimement renversée. La nuance est la définition de l'intelligence? Peut-on être contre des régimes violents tout en s'opposant à l'intervention impérialiste se masquant derrière l'humanitarisme et la démocratie? Il est conseillé de sortir des stéréotypes, de bouger les lignes avec finesse et de réfuter le manichéisme au profit de points de vue argumentés, en rappelant que le régime de Kadhafi comportait aussi des aspects positifs et que son anéantissement n'a pu qu'engendrer le chaos. L'on ne peut implanter la démocratie depuis l'étranger. L'humanitarisme belliqueux ne fonctionne que parce que les opinions en Occident se trouvent du côté des plus forts, pas avec les opprimés et les victimes.
- L'assertion de BHL selon laquelle il défend ceux qui "souffrent partout dans le monde" suivant les critères de la justice et non selon la loi du plus fort serait risible si elle ne fonctionnait depuis ... trente ans! En Afghanistan, en ex-Yougoslavie, en Géorgie, en Libye, en Syrie, notamment, BHL s'est placé du côté des plus forts, selon le point de vue atlantiste défendu militairement par l'OTAN. Il est facile de saper les prétentions mégalomanes de BHL en diffusant par exemple cet extrait :
http://www.dailymotion.com/video/xoh8z_f-helbert-vs-bhl-sur-jenine_news
Pourquoi les populations françaises acceptent-elles ces rodomontades non seulement biaisées, mais creuses et médiocres?
a) Le crédit dont jouit BHL dans les médias est épuisé. On l'a mesuré avec les bides qu'ont fait ses productions sur la Libye : son livre et son film retraçant son engagement en Libye, alors que l'opération était décidée depuis le siège de l'OTAN AFRICOM à Stuttgart, et les plans préparés depuis plusieurs années, se sont révélés de cuisants échecs commerciaux.
b) Les populations d'Occident n'ont pas intérêt à soutenir le parti du plus fort. Elles sont les victimes indirectes du colonialisme et de l'impérialisme. Si elles le font, c'est parce qu'elles se désengagent et prônent la dépolitisation. La dépolitisation souligne l'écoeurement des peuples en démocraties libérale, le fait que la démocratie libérale ne réussit plus à représenter les aspirations du peuple. Le désengagement, dont le terme exprime la mélancolie du desengano, ne voit pas d'autre horizon que le plus fort qui le dominerait outrageusement et qui se révélerait d'autant plus tout-puissant qu'il serait diabolique. Le dépolitisé avoue de go qu'il est incapable de participer à la gestion de sa société et qu'il ne lui reste que la nécessité d'attendre sur le bas-côté de la route, en attendant que les plus forts se débarrassent de lui. Ce simplisme pessimiste va de pair avec la vulgarité. La dépolitisation déculpabilise le dépolitisé de sa responsabilité de citoyen et rappelle que le principal coupable de la dépolitisation est le dépolitisé lui-même, qui adoube les chaînes de son oppression et fait mine d'opérer la distinction hallucinatoire entre le plus fort et sa victime. A condition de faire montre d'intelligence, l'esclave dispose de tous les moyens pour renverser le maître, comme Hegel l'a rappelé (tout en cherchant à conforter le parti du plus fort).

 

 

   

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Source : Koffi Cadjehoun
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