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Le Quotidien d'Oran
Le Roi est nu
Kharroubi Habib
El Ayoun - Photo AFP
Jeudi 11 novembre 2010
L'intifada sahraouie que les forces d'occupation répriment
dans le sang, à la grande indignation du monde, a atteint
son premier but, qui était de démontrer la fausseté de la
propagande marocaine sur «l'attachement du peuple sahraoui à
la marocanité de son pays et sa fidélité au trône alaouite».
Les dizaines de milliers de personnes qui défient à mains
nues, pacifiquement, le Makhzen et son arsenal répressif en
revendiquant l'indépendance et leur solidarité avec le Front
Polisario, et les réfugiés dans les camps de Tindouf ont en
effet infligé une «bérézina» médiatique à cette propagande
marocaine en obligeant le Makhzen à se montrer tel qu'il
est, à savoir un occupant brutal subjuguant par la force une
population refusant le fait accompli de sa colonisation.
Il n'y aurait plus grand monde, en dehors des médias
stipendiés par les autorités marocaines, pour accorder
crédit aux mises en scène que monte le Makhzen pour créer
l'illusion d'une adhésion populaire sahraouie à leur thèse
de marocanité du Sahara Occidental.
Ce qui se passe à El-Ayoun et sa région est tout simplement
un référendum d'autodétermination par lequel la population
sahraouie a exprimé son désir d'indépendance en dépit de la
répression sauvage qui s'est abattue sur elle pour l'en
empêcher. Le massacre d'El-Ayoun met ainsi fin au mythe d'un
Sahara Occidental intégré au Royaume marocain avec le libre
consentement de sa population. Le sang et le souvenir des
victimes de la tuerie prévaudront toujours et
irrémédiablement sur les arguments dont le Makhzen a usé et
usera encore concernant le prétendu droit légitime du Maroc
sur le Sahara Occidental.
L'opinion internationale, y compris son segment qui s'était
laissé prendre à la propagande marocaine, a été choquée par
la brutalité sanguinaire de la répression ordonnée contre
les occupants pacifiques du «Camp de la liberté». En
témoignent les réactions d'indignation dans le monde, y
compris parmi les milieux pourtant acquis à la thèse de
Rabat concernant le Sahara Occidental. Acculé, désarçonné
par la révolte pacifique d'une population qu'il prétendait
composée de «fidèles et loyaux sujets», en lâchant sur elle
ses soudards, le Roi a commis la faute qui réduit à néant
toute la propagande du Makhzen ayant cherché à imposer
l'image que cette population est contente de son sort sous
la bienveillante et paternelle autorité du Trône.
Le bain de sang d'El-Ayoun est la preuve que ce n'est pas
en territoire sous occupation marocaine que la population
sahraouie est libre, bénéficiant des droits de l'homme et de
l'expression.
Le «Roi est nu», réduit à cette situation par la
détermination pacifique et courageuse d'une population et de
militants des droits de l'homme qui l'ont forcé à montrer la
véritable nature de son régime et de l'occupation qui a
cours au Sahara Occidental.
Il sera ardu, voire impossible après cela aux soutiens
internationaux du trône marocain de prendre sa défense et de
présenter la question sahraouie comme n'existant que parce
qu'un Etat tiers, l'Algérie en l'occurrence, refuse de
reconnaître la «marocanité» du Sahara Occidental.
Ce refus, le peuple sahraoui le proclame à la face des
forces de répression du Makhzen et de celle du monde entier.
L'Algérie, fidèle au principe de la liberté pour tous les
peuples, ne peut que se solidariser avec les Sahraouis en
intifada.
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