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Dissidentvoice
Et la pochade du processus dit « de paix »
continue ...
Khaled Amayreh
on Dissidentvoice.org
http://www.dissidentvoice.org/2008/08/the-farce-continues/
En dépit de tout un bla-bla à base de « rester dans la course »
et de « maintenir le processus en marche », la dernière visite
de Condoleezza Rice en Israël et en Palestine occupée a été une
reconnaissance tardive de l’échec de l’approche de la question
palestinienne par l’administration Bush.
De fait, en dépit de nombreuses visites à Jérusalem Ouest et à
Ramallah, coûtant aux contribuables américains des millions de
dollars, on peut dire, sans exagération, que les avancées
obtenues par Rice furent de l’ordre du zéro pointé.
Rice tenait à parachever la vision de son patron, consistant en
deux Etats, en Palestine historique : Israël, et une entité
palestinienne extrêmement vague, vivant côte à côte, en paix.
Toutefois, après près de huit années de diplomatie décousue, de
promesses non tenues et d’espoirs évanouis, cet objectif est
plus illusoire que jamais.
De fait, on ne contreviendrait pas à la vérité en affirmant que
la perspective de créer un Etat palestinien réellement viable en
Cisjordanie est désormais encore plus irréaliste qu’elle ne
l’était au moment où Bush accéda à la Maison-Blanche, voici huit
ans de cela.
La prolifération intense de colonies juives dans les territoires
occupés en 1967 a tout simplement rendu la création d’un Etat
palestinien totalement irréalisable. Nous ne devrions même pas
prêter attention à quiconque prétendrait le contraire. Ceux qui
le font ne savent absolument pas de quoi ils parlent : ce sont
d’authentiques ignares.
Tout en s’exprimant lors d’une conférence de presse conjointe
avec son homologue israélienne Tzipi Livni, Rice n’a qu’à-peine
effleuré la question de l’expansion incessante des colonies
juives. Tout ce qu’elle a réussi à placer, ce sont les vieilles
platitudes qui nous avons déjà entendues jusqu’à la nausée, à
savoir que des « actes unilatéraux » (vous avez remarqué : elle
n’utilise même pas le mot « settlements » (colonies) ??) ne
contribue pas à l’avancée du processus de paix.
Eh bien, cela fait des lustres que Rice et son boss rabâchent
ces mêmes propos éculés, et pendant ce temps-là, Israël continue
à voler des territoires arabes et à construire, impavides, des
colonies juives.
Alors, comment devrions-nous interpréter cette farce, ou ce jeu
de dupes ? Y a-t-il une entente secrète entre les Etats-Unis et
Israël, selon laquelle le premier continuerait à rabâcher
certaines déclarations non sincères se contentant de critiquer,
pour la galerie, l’expansion de la colonisation juive en
Cisjordanie, tandis que le second, Israël, continue à édifier
ses colonies, sans nul égard pour ce que les responsables
américains peuvent bien dire, à ce sujet ?
Voici, de cela, quelques années, George Bush fustigea la
construction de ce mur de la honte, qui mutile le paysage
palestinien et serpente à travers les centres de la population
palestinienne, réduisant ceux-ci,
de facto, à l’état de
camps de détention ?
Toutefois, les dirigeants israéliens ignorèrent totalement les
remontrances de Bush, car ils savaient trop bien qu’il n’était
pas le moins du monde en mesure d’agir conformément à ces
observations purement en paroles verbales.
Aussi, pourquoi Israël prendrait-il au sérieux une
administration qui dit ouvertement qu’elle ne punira jamais
Israël, quoi qu’il fasse, et qu’elle ne forcera jamais Israël à
faire quoi que ce soit qui aille à l’encontre de la volonté
d’icelui ?
Mise à part l’expansion frénétique de la colonisation,
poursuivie par le régime fasciste sioniste, Rice a dû retirer
une satisfaction intérieure du siège criminel qui continue à
être imposé à un million et demi de Palestiniens sans défense, à
Gaza.
Cette femme manifestement mal embouchée n’irait pas dire ne
serait-ce qu’un seul mot au sujet du calvaire perpétuel de ces
hommes, de ces femmes et de ces enfants rudoyés, que l’on fait
souffrir et mourir parce qu’ils ont eu l’audace d’élire un parti
qui n’a pas l’heur de plaire à Israël et à l’administration
Bush…
Aucun doute n’est permis : l’approche américano-occidentale du
calvaire de Gaza est une marque d’infamie sur le front du monde
occidental.
Après tout, nous sommes en train de parler, ici, d’une collusion
infâmante, entre Israël, un Etat judéo-nazi qui pense et se
comporte comme un Etat nazi, et des gouvernements occidentaux,
dans l’effectuation d’un génocide à bas bruit contre des
innocents, pour des raisons purement politiques.
Israël avait coutume de dire au monde entier que son blocus
diabolique contre Gaza était une ‘mesure défensive’, visant à
contraindre les Palestiniens à cesser de tirer des projectiles
artisanaux contre des colonies israéliennes voisines. Toutefois,
un cessez-le-feu ayant fini par être conclu, voici de cela plus
de deux mois, Israël a maintenu le blocus, quasiment intact, et
tant Israël que l’Egypte, manifestement avec l’approbation
américaine, ont maintenu fermé le point de passage frontalier de
Rafah, la seule échappatoire vers le monde extérieur, pour les
habitants de Gaza.
En vérité, Gaza, grâce à cet interminable siège criminel, est
plus que simplement « la plus grande prison à ciel ouvert du
monde », comme on le répète à l’étranger. Gaza, de fait, est un
véritable camp de concentration, un camp de concentration dans
lequel des gens sont affamés, des gens que l’on assaille et que
l’on fait souffrir et mourir pour des calculs politiques
diaboliques qui ont tout à voir avec des efforts visant à
imposer une hégémonie mondiale américaine et une suprématie
juive.
Du côté palestinien, il y a bien sûr cette direction
palestinienne manifestement stupide, dont la principale
préoccupation est de rester en vie politiquement, même si cela
s’avère être aux dépens du peuple palestinien et de sa juste
cause éternelle.
C’est la raison pour laquelle ce leadership autoproclamé
« légitime » s’attarde volontairement dans des négociations
interminables et futiles avec nos bourreaux, tandis qu’Israël
continue à voler nos terres, à démolir nos maisons et à
construire des colonies pour d’éventuels immigrants juifs en
provenance du monde entier.
Il s’agit de ces mêmes dirigeants qui continuent à persécuter et
à réprimer leurs propres concitoyens en les arrêtant, en les
torturant, voire en les assassinant, pour les beaux yeux
d’Israël. C’est cette même direction qui est en train de mettre
sur pied un énorme appareil sécuritaire, financé et entraîné par
les Etats-Unis, non pas, bien sûr, pour libérer notre terre des
serres criminelles du sionisme, mais bien plutôt pour maltraiter
encore davantage notre peuple en lutte et pour amoindrir sa
capacité de recouvrer sa liberté.
Et voici qu’aujourd’hui, nous allons entrer dans une nouvelle
phase de ce processus dit « de paix » caricatural, dans lequel
la Palestine continue à être crucifiée et massacrée, pendant que
le monde entier joue le rôle du spectateur. Ehud Olmert
s’apprêtant à quitter très bientôt l’arène politique
israélienne, et Bush n’ayant plus que cinq mois à tirer à la
Maison-Blanche, le calvaire des Palestiniens, avec tous ses
aspects calamiteux, devra attendre au minimum jusqu’à ce que la
prochaine administration américaine prenne les affaires en main,
ce qui demandera, au bas mot, plusieurs mois.
Il est, par conséquent, impératif que les Palestiniens patriotes
trouvent, aussi rapidement que possible, une porte de sortie de
cette situation absurde.
Peut-être devrions-nous penser sérieusement à abandonner
totalement la stratégie d’un Etat palestinien fondé sur la
soi-disant « solution à deux Etats » ? Cette stratégie sans
issue ne cesse de perdre sa crédibilité et sa pertinence, et de
devenir un boulet paralysant, qui sape notre lutte et notre
aspiration à la liberté et à la justice.
L’important, c’est que nous en devons, en aucun cas, continuer à
nous laisser aller à être tenus en otages par ce théâtre de
boulevard connu sous le nom de « processus de paix », qui ne
cause que mort et destructions à notre peuple et à notre juste
cause.
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