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L'EXPRESSIONDZ.COM
CONFÉRENCE
D'ANNAPOLIS
Israéliens et Palestiniens au pied du mur
Karim Mohsen 
Mahmoud Abbas, George Bush et Ehoud Olmert
29 novembre 2007 Expéditive!
C’est le moins qui puisse être dit d’une réunion qui
n’aura fait qu’effleurer le thème d’un dossier qui a vu réunis
autour du président américain une quarantaine de pays. Par
quelque aspect que l’on prenne le dossier, il y a toujours ce
sentiment qu’il manque encore quelque chose d’essentiel pour
faire de la conférence d’Annapolis, organisée autour du
contentieux israélo-palestinien et arabe, l’événement propice
à impulser un processus de paix en panne depuis des lustres. Dans
sa déclaration, le président américain, George W.Bush, a estimé
que «le moment est venu» pour aller plus avant. Oui, mais
comment, lorsqu’on laisse toutes les initiatives à des
protagonistes qui n’ont réussi, tout au long de ces années, à
s’entendre sur rien, et surtout quand on laisse Israël seul maître
d’œuvre d’un processus de paix que son intransigeance et son
irrédentisme ont fourvoyé dans l’impasse ne lui permettant pas
de progresser. Déjà, en définissant Israël comme «la
patrie» de tous les juifs, le président américain prend
partie pour l’un des belligérants, l’Etat hébreu, et tranche
seul la question du retour des réfugiés palestiniens. Il salua
«des dirigeants déterminés à réaliser la paix»,
appelant toutefois les Israéliens à «montrer au monde
qu’ils sont prêts à mettre fin à l’occupation commencée en
1967». Faut-il entendre par ce propos sibyllin que le président
Bush consacre la ligne verte, séparant les deux territoires avant
la guerre de juin 1967, comme «frontière» du futur Etat
palestinien? Rien n’est moins sûr, mais ce peut être une
lecture plausible à ce «mettre fin à l’occupation commencée
en 1967». Il a aussi dit qu’il fallait «s’engager
dans des négociations vigoureuses, continues» et de faire «tous
les efforts possibles pour parvenir à un accord avant la fin 2008».
Mais le doute reste permis d’autant que le compromis arraché en
dernière minute entre Israéliens et Palestiniens est resté
vague et ne donne aucune précision ni sur les points
d’achoppement ni sur le fond de ce que seront les négociations
israélo-palestiniennes, entamées officiellement hier à
Washington et devant se poursuivre au Proche-Orient avec une
rencontre tous les quinze jours, entre MM.Abbas et Olmert, pour évaluer
la marche des pourparlers. Notons qu’un comité de pilotage,
dirigé par la ministre israélienne des Affaires étrangères,
Tzipi Livni, et le chef des négociateurs palestiniens, Ahmed
Qorei, se réunira pour la première fois le 12 décembre. Il est
même prévu une rencontre le 17 décembre à Paris et une seconde
au début de janvier à Moscou, sans que cette dernière réunion
soit confirmée à Washington, les Etats-Unis devant superviser le
suivi des négociations. Le satisfecit exprimé par la secrétaire
d’Etat américaine, Condoleezza Rice, à l’issue de la conférence,
cache mal le peu d’enthousiasme que la réunion a suscité parmi
les présents, qui déclara: «C’est une réalisation
incroyablement significative pour eux d’arriver à cela, car
aucune discussion importante sur les sujets centraux n’avait eu
lieu depuis sept ans». Toutefois, l’absence de communiqué
de presse, évoquant de manière explicite ces «sujets
centraux» et les étapes arrêtées par la conférence d’Annapolis,
pour arriver au consensus final entre Israéliens et Palestiniens,
enlève toute portée à une rencontre qui s’est en fin de
compte cantonnée dans le symbolisme. Par ailleurs, il est
remarquable de noter qu’il n’y eut pas un soutien clair des
Arabes, malgré leur présence aux Etats-Unis, à une réunion qui
péchait par beaucoup de manques. C’est encore le diplomate en
chef européen, Javier Solana, qui résume le mieux la situation
en soulignant: «En fin de compte, c’est aux deux parties de
faire fonctionner ce processus. Mais un soutien et une implication
soutenus de la communauté internationale seront essentiels pour
créer l’élan nécessaire pour garder les accomplissements
d’aujourd’hui sur les rails et éviter que les crises
occasionnelles les fassent dérailler», appelant par ailleurs
à «tirer les leçons des déceptions passées». Pour
leur part, les Arabes sont venus, ils ont écouté, la plupart
d’entre eux en sont sortis dubitatifs, donnant l’impression
d’attendre la suite et un vrai geste d’Israël montrant
qu’il est (enfin) sérieux et prêt à faire les concessions
propres à mettre effectivement sur rails un processus qui fait du
sur-place depuis des années. M.Olmert a affirmé qu’Israël était
prêt à un «compromis douloureux» pour la paix. Oui,
mais jusqu’où l’Etat hébreu est prêt à aller pour la paix?
Lui faisant écho, Mahmoud Abbas estime qu’Annapolis a été une
opportunité qui «ne se répètera pas». Les Palestiniens
pour avoir essuyé plusieurs rebuffades, sont payés pour ne plus
prendre les paroles d’Israël pour argent comptant. Wait and see! Droits de
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Publié le 2 décembre avec l'aimable autorisation de l'Expression
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