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TERRITOIRES
PALESTINIENS
Un
peuple, deux légitimités
Karim Mohsen
18
juin 2007 Le cabinet «d’urgence»
de Salam Fayyad a prêté, hier, serment devant le président
Abbas alors qu’Ismaïl Haniyeh reconduit son staff islamique. La
rupture est ainsi définitivement consommée entre le Fatah d’Abou
Mazen et le Hamas de Khaled Mechaal. Pouvait-il en être autrement
lorsque tout poussait à cette extrémité, singulièrement les
manoeuvres des Etats-Unis et d’Israël qui ont mis tout leur
poids dans la balance pour arriver à ce clash souhaité depuis la
victoire des islamistes du Hamas aux législatives de janvier
2006. Après les combats meurtriers ayant opposé factions du
Fatah et du Hamas tout au long de l’année écoulée, et la plus
grande partie de cette année, -qui ont fait des centaines de
morts parmi la population palestinienne (dont 117 comptabilisés
lors de la seule période du 7 au 15 juin courant) il était évident
que les deux mouvement de résistance palestiniens (le Fatah et
Hamas) n’avaient plus d’objectif commun à défendre qui est
et reste la libération des territoires palestiniens occupés.
Cette préoccupation s’est encore davantage éloignée lorsque
les ambitions des uns et des autres ont pris le pas sur le but
ultime qui est la restauration de la Palestine au moins dans les
frontières délimitées par la ligne Verte issue de la première
guerre israélo-arabe de 1948. Sans renvoyer dos-à-dos le Hamas
et le Fatah, il n’en reste pas moins que ces deux mouvements se
sont laissé dominer par les luttes de pouvoir et de suprématie
aux dépens de la cause sacrée de la libération de la bande de
Ghaza, de la Cisjordanie et d’El-Qods (Jérusalem-Est). Avec la
formation à Ghaza (par le Hamas) et à Ramallah (par l’Autorité
palestinienne) de deux gouvernements antagonistes, outre de
confirmer que la crise qui oppose le Fatah au Hamas est avant tout
politique, les Palestiniens donnent ainsi raison à ceux qui
doutaient de leur capacité à gouverner et à se gouverner.
L’empressement des Etats-Unis à déclarer leur disponibilité
à «travailler» avec le cabinet de Salam Fayyad et à
faire lever l’embargo (en faveur de l’Autorité palestinienne)
qui asphyxie depuis plusieurs mois les territoires palestiniens
est rien moins qu’innocent et participe aux manoeuvres qui ont
accentué, ces derniers mois, les divergences entre les frères
ennemis palestiniens. Dans le même temps, Israël décrète le
blocus de Ghaza et le gel de la fourniture de carburants à ce
territoire pointant ainsi du doigt le «mauvais élève»
qu’est le mouvement islamiste par lequel tous les malheurs
seraient arrivés. Une imagerie d’Epinal par l’absurde alors
qu’Israël, appuyé par les Etats-Unis, a tout fait depuis
l’arrivée au pouvoir de Hamas pour qu’il en soit ainsi,
d’autant plus que le Quartette (USA, UE, Russie et ONU) offre la
cerise sur le gâteau en exigeant d’un mouvement de résistance
(le Hamas, par ailleurs connoté organisation terroriste par les
Etats-Unis) de reconnaître un Etat, Israël, qui n’est autre
que la seule puissance militaire du Moyen-Orient. Un fait sans précédent
dans le droit international et piloté paradoxalement par les plus
grandes puissance actuelles avec le soutien de l’ONU. La rupture
et les combats meurtriers entre les frères palestiniens ont été,
pour ainsi dire, programmés par ceux-là mêmes qui ont déjà
partagé en 1947 la Palestine historique (qui ont attribué les
2/3 du territoire à la minorité juive et le 1/3 à la majorité
arabe que les organisations terroristes sionistes de la Hagana, de
Stern et de l’Irgoun se sont attelés à la rendre minoritaire
dans sa propre patrie en organisant la terreur et les massacres
collectifs à Deir Yassine, à Qafr Kacem et dans de nombreux
villages palestiniens entre 1945 et 1952) et qui se retrouvent en
2007 au sein du «Quartette» lequel s’est plus illustré
comme porte-voix de l’occupant israélien que comme une
commission soucieuse de trouver une solution à un dossier ouvert
depuis plus de soixante ans. Outre d’être le fait des
Palestiniens eux-mêmes, les évènements qui marquent et ont
marqué les territoires palestiniens sont, avant tout, la résultante
de manoeuvres tendant à exclure une partie palestinienne, le
Hamas, de la mise en oeuvre du futur des territoires palestiniens.
Aujourd’hui, il y a deux «gouvernements» à Ghaza et en
Cisjordanie qui peuvent se prévaloir l’un est l’autre de la légitimité
populaire. Le Hamas du fait de la majorité dont il bénéficie au
Conseil législatif palestinien (CLP, Parlement), le président
Abbas d’avoir la même légitimité populaire et auquel le
peuple palestinien a donné carte blanche. Ces deux légitimités
-qui ne se contredisent pas- devenues rivales, ne sont pourtant
pas prêtes à raison garder, allant jusqu’à régler leur différend
par les armes. Cette rupture sanglante, entre frères palestiniens
qui a pour conséquence première de remettre à des jours
meilleurs l’érection d’un Etat palestinien indépendant, est
surtout une grande défaite infligée à la Palestine par ses
propres enfants. Droits de
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