|
L'EXPRESSIONDZ.COM
IL
S’ALARME DES PROJETS NUCLÉAIRES ÉGYPTIEN ET SAOUDIEN
Israël
demande le renvoi d’El Baradei
Karim Mohsen
Mohamed ElBaradei - Photo: D. Calma/IAEA
10
novembre 2007 Incroyable! Un
pays, qui refuse de signer le TNP et ne respecte pas les législations
sur le nucléaire, demande le départ du directeur de l’agence
onusienne (Aiea) Il fallait le faire, l’Etat
hébreu l’a fait! Celui-ci qui ne reconnaît aucun droit à l’Agence
internationale de l’énergie nucléaire (Aiea) d’inspecter ses
centrales nucléaires et qui n’adhère pas au Protocole de
non-prolifération nucléaire (TNP), vient ainsi de défrayer la
chronique en demandant le renvoi du directeur de l’agence
onusienne de sûreté nucléaire à son sens trop accommodant avec
l’Iran. On savait Israël arrogant, mais on ne pouvait imaginer
que cette impudence de l’Etat sioniste pouvait aller jusqu’à
«exiger» le congédiement de Mohamed El Baradei. Dans une
déclaration, jeudi, à la radio israélienne, le vice-Premier
ministre israélien, Shaoul Mofaz, a affirmé que «la
politique suivie par El Baradei met en danger la paix dans le
monde. Son attitude irresponsable qui consiste à enfouir sa tête
dans le sable en ce qui concerne le programme nucléaire iranien,
doit amener à son renvoi». Non content de cette choquante et
grotesque demande de son vice-Premier ministre, à propos de M.El
Baradei, le ministre extrémiste israélien, chargé des Affaires
stratégiques, Avigdor Lieberman, dans une interview au Jérusalem
Post, publiée hier, «s’alarme» des projets nucléaires
de l’Egypte et de l’Arabie Saoudite, estimant qu’ils
risquaient de mener à un «scénario apocalyptique» et
s’inquiète de l’instabilité politique au Pakistan qui
constituerait, selon lui, une «menace majeure» pour Israël,
vu que ce pays «est doté d’armes nucléaires et de missiles»
pouvant les transporter.
Le ministre israélien y affirme également que «si l’Egypte
et l’Arabie Saoudite commencent un programme nucléaire, cela
peut mener à un scénario apocalyptique pour nous». Ces
sorties concomitantes de deux des principaux ministres du
gouvernement d’Ehud Olmert qui, par ailleurs, a menacé à
plusieurs reprises d’attaquer l’Iran, viennent en droite ligne
de la prétention d’Israël de gérer et de contrôler le
Moyen-Orient d’une manière générale, les activités
scientifiques arabes en particulier. Le directeur de l’Aiea a,
ainsi, eu le tort de ne pas crier avec les loups, tentant plutôt
de calmer le jeu, en excipant du fait que rien n’est venu,
jusqu’à l’heure actuelle, étayer les accusations selon
lesquelles Téhéran se livre à la construction d’une bombe
nucléaire. Mohamed El Baradei a, en effet, affirmé, prenant à
contre-pied les allégations américaines et israéliennes,
qu’il n’a aucune preuve concernant le programme nucléaire
iranien et que rien dans l’état actuel des choses n’est venu
confirmer que l’Iran s’attelle à fabriquer une bombe
atomique. Ces inquiétudes ou mises en gardes auraient été sans
doute normales de la part d’un Etat qui respecte les lois et le
droit internationaux et s’y conforme. Or, il n’en est rien.
Israël, outre d’être aujourd’hui le seul pays au monde à
refuser de signer le Traité de non-prolifération nucléaire,
(TNP) s’arroge le droit d’être le gardien de la «bonne
conduite» nucléaire dans la région moyen-orientale, se
substituant ainsi à une agence internationale, dont c’est la
mission et à laquelle l’Etat hébreu ne reconnaît aucune compétence
sur le nucléaire israélien. C’est tellement vrai, qu’Israël
qui refuse les inspections de ses centrales nucléaires par l’Aiea,
n’a pas permis à Mohamed El Baradei, en visite en Israël en
2005, d’évoquer avec les dirigeants israéliens le cas du nucléaire
israélien. Ainsi, personne, y compris les institutions
internationales qualifiées, ne peut contrôler ou inspecter le
nucléaire israélien, quand l’Etat hébreu prétend non
seulement avoir un droit de regard sur tout ce que font ses pays
voisins dans ce secteur, pourtant ouvert -selon les protocoles et
traités internationaux- aux recherches scientifiques et
technologiques, mais surtout interdire à ces pays tout accès au
know-how nucléaire, y compris civil, puisque toute recherche
scientifique peut, à terme, avoir une application militaire.
Ainsi, Israël veut interdire aux Etats du Moyen-Orient tout accès
à la connaissance dans le domaine du nucléaire alors que l’Etat
hébreu s’adonne à des recherches militaires poussées sur les
armes non conventionnelles. De fait, selon les experts
internationaux, Israël dispose d’au moins 200 têtes nucléaires.
Mais, ni les Etats-Unis, ni l’Union européenne, ni l’Aiea -à
laquelle Israël demande aujourd’hui le départ de son
directeur- ne semblent particulièrement intéressés par ce qui
se passe en Israël en matière de production nucléaire et
d’enrichissement de l’uranium. Or, Israël cache depuis
cinquante ans la véritable nature de son potentiel nucléaire,
sans avoir suscité aucune levée de boucliers d’une «communauté
internationale» qui s’alarme du fait que Téhéran n’ait
pas mentionné ses recherches nucléaires lors des deux dernières
décennies. Mais un pays qui n’adhère pas à la politique
universelle sur le nucléaire, qui ne respecte pas les lois y afférentes
et qui n’applique pas les recommandations qui s’imposent à
tous les pays du monde peut-il demander, encore moins exiger, le
renvoi du directeur de l’agence internationale justement chargée
de présenter des rapports techniques sur les activités nucléaires
dans les pays membres de l’ONU (à l’exception notoire des
cinq pays officiellement déclarés, disposant des armes de
destruction massive qui sont la Chine, les Etats-Unis, la France,
la Grande-Bretagne et la Russie)? Or, à l’instar des cinq pays
sus-cités, Israël échappe depuis plus de 50 ans au contrôle
technique et aux inspections de l’agence onusienne de sûreté
nucléaire. Jeudi à Vienne, où se trouve son siège, l’Aiea, a
refusé de commenter les déclarations israéliennes contre M.El
Baradei qui, rappelle-t-on, est de nationalité égyptienne.
L’Aiea, saisissant la nouvelle donne, va-t-elle enfin exiger
d’Israël qu’il mette sur la table tout le dossier nucléaire
israélien et que l’Etat hébreu permette le contrôle par ses
inspecteurs de ses centrales nucléaires, notamment la centrale de
Dimona? On n’en est pas là, et l’Aiea, continuera sans doute
à avaler la couleuvre comme l’a déjà fait justement M.El
Baradei quand, en visite en Israël en 2005, il affirma à la
presse qu’il n’était pas en Israël pour «visiter ses
centrales nucléaires». Droits de
reproduction et de diffusion réservés © L'Expression
Publié le 10 novembre avec l'aimable autorisation de l'Expression
© Crédit Photo: D. Calma/IAEA
|