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Le Quotidien d'Oran
La lucidité du
prisonnier
K. Selim
Marwan Barghouti
Jeudi 2 septembre 2010
De sa prison, Marwan Barghouti l'exprime clairement : les
négociations de paix avec Israël sont vouées à l'échec. Selon le
leader palestinien emprisonné dans les geôles de l'occupant,
«les Palestiniens feraient mieux de se consacrer à résoudre les
profondes divisions qui les séparent».
Ce que dit Barghouti est partagé par de nombreux Palestiniens
de tous bords. Beaucoup ne voient dans les discussions qui
s'ouvrent à Washington qu'un show destiné à redorer l'image du
président Obama à la veille des élections de mid-term en
novembre prochain.
Le même processus bégayant entamé il y a presque vingt ans est
réactivé encore une fois. Comme toujours, sans que les
conditions politiques préalables soient réunies pour assurer,
sinon un succès réel, au moins des avancées concrètes sur la
création d'un Etat palestinien viable avec Jérusalem pour
capitale.
Pour le leader charismatique de la première intifada, il ne
saurait y avoir de négociations effectives sans l'adhésion de la
majorité du peuple palestinien et sans que les Israéliens
acceptent notamment le principe du retour des exilés
palestiniens et l'arrêt de la colonisation. Les dirigeants du
gouvernement israélien sont loin de faire preuve de la moindre
ouverture en ce sens. La coalition droite et extrême-droite au
pouvoir, assurée du soutien indéfectible des Occidentaux avec
les Etats-Unis en tête, l'affirme avec arrogance, se permettant
même de se moquer de son grand allié.
Avigdor Liberman, le ministre des Affaires étrangères,
caricature du sioniste ultra, a déclaré que les négociations
sous les auspices de Barack Obama étaient un événement «festif».
Ce ministre d'apartheid n'a pas tort et, connaissant la nature
profonde de la relation entre Israël et les Etats-Unis, où le
vassal n'est pas celui qui serait le moins puissant, il joue sur
du velours.
De fait, les Israéliens sont installés depuis toujours dans une
logique maximaliste fondée sur la supériorité des armes et la
garantie de l'impunité, quelles que soient les exactions dont
ils se rendent coupables. Les déclarations apaisantes sont
systématiquement accompagnées de mesures pratiques qui en sont
l'antithèse, dans un scénario où l'on ne peut même plus parler
de duplicité tant le mépris du droit et de l'opinion
internationale est évident.
Le rapport de force n'est pourtant pas aussi favorable aux
Israéliens qu'il a pu l'être dans le passé. La campagne BDS
boycott, désinvestissement, sanctions gagne chaque jour en
efficacité et l'épisode sanglant de la flottille de la liberté a
révélé la nature criminelle du dernier Etat colonial de la
planète. La voie de la résistance et de l'unité est
effectivement le seul moyen de faire plier un ennemi de plus en
plus isolé, même au sein de ses alliances historiques.
Les promesses sans lendemain et les engagements sur la comète
sont le salaire habituel des éternels négociateurs de Ramallah.
Le miroir aux alouettes masque efficacement la stratégie
coloniale de Tel-Aviv. Mais les atermoiements et les
déclarations lyriques auxquels sont abonnés les Palestiniens ne
rebutent pas une Autorité en fort déficit de légitimité.
Marwan Barghouti a donc raison de mettre en garde contre des
pseudo-négociations qui sont un instrument entre les mains de
l'occupant pour la poursuite de la colonisation et de la
judaïsation de Jérusalem. De sa prison, Marwan Barghouti fait
preuve d'une lucidité qu'on aurait aimé trouver chez ses pairs
«libres» de Ramallah.
Le dossier
négociations (?) 2010
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