Opinion
Belgrade proteste aux Nations unies contre
le Tribunal international qui ouvre la porte au démembrement de
la Serbie
John Catalinotto
Dimanche 8 août 2010
La Cour internationale
de justice des Nations unies a décrété qu’une déclaration de
sécession – datant de 2008 – émanant du Parlement de la province
serbe du Kosovo était légitime sur le plan de la législation
internationale. Bien que les juges aient expliqué leur décision
du 22 juillet en s’appuyant sur des arguments plutôt étriqués,
la chose peut toujours encourager la reconnaissance de la
sécession de cette province faisant historiquement partie de la
Serbie.
L’Assemblée générale des Nations unies représente 192
pays. Au 30 juillet, seuls 69 d’entre eux, dont les États-Unis
et une majorité de membres de l’Union européenne, ont reconnu le
Kosovo, dont la population est à 80 pour 100 environ d’origine
ethnique albanaise.
Le 30 juillet, la Serbie a soumis une résolution à
l’Assemblée générale de l’ONU réclamant une nouvelle série
d’entretiens à propos du statut du Kosovo. Sur cette question
concernant son intégrité territoriale, la Serbie doit faire face
aux États impérialistes européens et ce, malgré le désir de son
gouvernement d’adhérer à l’UE.
Bien que les impérialistes américains et européens
appuient ce démembrement de la Serbie, ils ne veulent pas
entendre parler d’un soutien général à l’autodétermination. Une
décision plus large de la Cour pourrait être perçue comme un
encouragement, par exemple, aux luttes de libération de la
partie de l’Irlande occupée par les Britanniques, ou du Pays
basque actuellement gouverné par l’Espagne et la France, ou au
combat de Porto Rico pour son indépendance vis-à-vis des
États-Unis. Ces luttes sont des luttes légitimes de nations
opprimées désireuses de se libérer de puissances impérialistes.
Le Kosovo n’est « indépendant » que pour la forme. Cela
signifie qu’il est séparé de la Serbie, mais qu’il n’est pas
autosuffisant, ni sur le plan politique, ni sur le plan
économique. Le gouvernement du Kosovo n’est qu’un appendice de
l’impérialisme américain dans les Balkans.
C’est au Kosovo que se situe la base militaire américaine
de Bondsteel, où sont stationnés 10.000 hommes. La province est
dépendante des États impérialistes américain et ouest-européens
depuis que les forces des États-Unis et de l’Otan ont mené une
guerre d’agression afin de détruire ce qui restait de la
Yougoslavie.
La République fédérale socialiste de Yougoslavie était un
État indépendant de 23,8 millions d’habitants en 1989,
c’est-à-dire avant l’effondrement de l’URSS et du bloc
socialiste de l’Europe de l’Est. En décembre 1991, après avoir
annexé la République démocratique allemande (RDA),
l’impérialisme allemand reconnaissait la sécession de la
Slovénie et de la Croatie, dirigées par des partis de droite, et
soutenait les groupes sécessionnistes en Bosnie. Puisque
d’importantes minorités serbes vivaient en Croatie et en Bosnie,
la guerre civile devenait inévitable.
Puis, en 1995, dans cette guerre civile de Bosnie, les
forces de l’Otan dirigées par les États-Unis intervenaient
militairement contre les forces serbes. En 1999, ces mêmes
forces de l’Otan dirigées par Washington soutenaient l’Armée de
libération du Kosovo (UCK, selon ses initiales en albanais),
d’extrême droite, contre la Yougoslavie, même si, un an plus
tôt, Washington avait qualifié cette même UCK de « terroriste ».
Le Pentagone y allait de 79 jours de raids aériens sur la
Serbie, tuant des milliers de civils et détruisant la majeure
partie de l’infrastructure et de l’environnement du pays.
Finalement, l’agression de l’Otan transforma la
Yougoslavie indépendante en une collection d’États minuscules.
L’UCK d’extrême droite se muait en noyau même du gouvernement du
Kosovo. Ce régime mafieux s’est mis à persécuter l’importante
minorité serbe de même que les minorités plus réduites, tels les
Juifs, les Rom et autres peuples du Kosovo, dont bon nombre se
sont enfuis dans ce qui reste de la Serbie.
John Catalinotto
est l’auteur de l’ouvrage « Hidden Agenda: U.S./NATO Takeover of
Yugoslavia » (L’agenda caché de l’Otan et des États-Unis sur le
contrôle de la Yougoslavie ».
http://www.workers.org/2010/world/serbia_0812/
Traduction: Jean-Marie Flémal
Copyright 1995-2010 Workers World
Publié le 21 août 2010
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