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Geostrategie.com
L'objectif caché du
bouclier antimissile américain : le contrôle de la puissance
russe
Jean Geronimo
Photo Geostrategie.com
24 décembre 2007
Une initiative stratégique politiquement orientée
A l’heure d’une fin libérale de l’histoire considérée
comme voie inéluctable depuis la chute du communisme soviétique
en 1991, l’idée d’une paix démocratique et éternelle
s’est imposée comme une évidence morale. Or, cette vision déterministe
de l’histoire, inspirée de Fukuyama (1), a été infirmée par
l’évolution géopolitique récente marquée par l’éclosion
de conflits périphériques succédant de facto, à la
conflictualité centrale Est/Ouest de la Guerre froide. Sans
verser dans un anti-américanisme primaire, on peut supposer que
la stratégie de Washington mise en œuvre en phase
post-communiste et avide, au nom de sa ‘’destinée
manifeste’’ (2), d’universaliser l’idéologie libérale,
n’est pas étrangère à cette impasse.
De ce point de vue on peut, avec légitimité, incriminer la
stratégie américaine visant à renforcer son système de
domination globale en Eurasie et dans ce but, y contrôler la montée
en puissance d’Etats potentiellement menaçants pour son
leadership. En tant qu’acteurs susceptibles d’exercer dans un
futur proche une concurrence géopolitique sur l’espace
eurasien, la Russie, la Chine et l’Inde, voire l’Europe,
semblent à terme visés. Dans ce contexte, l’extension par l’Amérique
du système anti-missile ABM (anti-ballistic system) prend une
signification politique évidente, en vue du contrôle de l’Eurasie
‘’scène centrale de la planète’’, selon l’expert américain
Brzezinski (3), et d’y préserver son statut de ‘’seule
superpuissance mondiale’’(4). En cherchant à neutraliser une
puissance russe en reconstruction, le bouclier ABM est donc une pièce
maîtresse de l’Amérique sur le grand échiquier eurasien, qui
dépasse la seule dimension stratégique et s’inscrit dans une
volonté d’hégémonie politique. Cette soif de puissance de
l’Amérique se présente, selon R. Kagan (5), chef de file du
courant néoconservateur, comme un fondement objectif et surtout,
légitime, de l’ordre libéral international (6).
Dans cet axe, il s’agit de se demander si cette offensive américaine
en Eurasie - catalysée par l’ABM - est focalisée contre la
menace russe, perçue comme l’héritière politique de la
surpuissante URSS. Au-delà, il convient de s’interroger sur la
capacité de l’Amérique à empêcher le ‘’retour’’ de
la Russie, voire de réduire son pouvoir au cœur de son espace
d’influence historique hérité du soviétisme, la Communauté
des Etats indépendants (CEI). Dans la perception stratégique
russe, issue de son Concept de sécurité 2000, toujours en
vigueur, l’ABM s’inscrit dans une démarche globale menaçant
à la fois son système sécuritaire et ses prérogatives
politiques en CEI. Ce Concept précise que les ‘’menaces
contre la sécurité nationale de la fédération de Russie (…)
se manifestent dans les tentatives d’autres Etats de s’opposer
au renforcement de la Russie, comme un des centres influents du
monde multipolaire, de gêner la mise en œuvre de ses intérêts
nationaux et d’affaiblir ses positions en Europe, au Proche
Orient, en Transcaucasie, en Asie centrale et dans la région Asie
Pacifique’’(7). Par ailleurs, dans le texte, il est précisé
que ‘’l’apparition potentielle de bases militaires et de
contingents militaires étrangers, à proximité directe des
frontières de la Russie’’ fait partie des menaces majeures
contre la sécurité nationale russe. Autrement dit, les bases de
l’Otan et des Etats-Unis (dont celles du futur ABM) sont
implicitement visées. Or en janvier 2000 - date de l’élaboration
du Concept stratégique - le bouclier anti-missile n’était
encore qu’à l’état de vague projet. On peut donc supposer
que la future doctrine stratégique russe, en voie de révision,
se focalisera davantage contre ces initiatives douteuses de l’Occident,
à but théoriquement défensif, mais qui tendent à stigmatiser
la menace russe. Ces stratégies militaires insidieuses d’Etats
membres de l’Otan ont été dénoncées le 20 novembre 2007, par
le président Poutine, précisant que la Russie ne resterait pas
‘’indifférente face à cette façon de jouer les
muscles’’ (8). Dans ce schéma il s’agit de se demander si
l’extension eurasienne du système ABM - en parallèle à celle
de l’Otan - s’inscrit dans la stratégie de long terme du roll
back (refoulement) de la puissance russe, théorisée par Zbigniew
Brzezinski. Un élément clé est l’encerclement de la puissance
russe grâce à la déstabilisation de ses régions frontalières
et l’instauration d’une ceinture politico-stratégique visant
– via l’ABM et l’Otan – à isoler cette dernière. Comme
l’a rappelé sans aucune ambiguïté, Henry Kissinger, ancien
conseiller du président Nixon, ‘’L’Otan doit rester un
rempart contre une Russie toujours tentée par le démon de
l’impérialisme’’(9).
Dans ses grandes lignes, le 11 septembre a fourni une indéniable
opportunité à l’administration néo-conservatrice, nourrie
d’un ‘’orgueil impérial démesuré’’ selon l’aveu
surprenant de Brzezinski en février 2007 (10), d’accélérer
cette stratégie anti-russe. En cela, le double redéploiement
actuel de l’ABM et de l’Otan autour de la Russie apparaît
comme une initiative stratégique politiquement non neutre et
surtout, selon Moscou, une trahison des promesses issues de la fin
de la Guerre froide.
L’ABM s’inscrit dans une ligne historique
anti-russe
La crise du 11 septembre a été utilisée par Washington comme
levier de la révision du statut politique de l’atome dans les
équilibres stratégiques internationaux. Profitant de
l’opportunité de son rapprochement avec la Russie et de
l’euphorie née de sa victoire afghane qui, dans un premier
temps, a renforcé la légitimité de son leadership et de son
avancée en zone post-soviétique, Washington s’est unilatéralement
retirée le 13 décembre 2002 du traité ABM américano-soviétique
de 1972, pour pouvoir développer une défense anti-missile face
aux nouvelles menaces. Signé conjointement à Moscou par R. Nixon
et L. Brejnev, le 26 mai 1972, en plein cœur de la guerre froide,
le traité ABM visait à réduire les tensions internationales et
à renforcer la confiance entre les deux Etats ennemis, auto-légitimés
comme ’’puissances élues’’. Jusqu’à présent, en
freinant le développement de boucliers anti-missiles, ce traité
avait pu préserver le principal élément de puissance (nucléaire)
de la Russie fédérale, hérité d’une URSS brejnévienne
sur-militarisée et qui, en 1970, avait fini par surpasser la
puissance nucléaire américaine. Marquée dans sa mémoire stratégique,
l’Amérique se devait de réagir, tôt ou tard. Elle le fera,
brutalement, avec son initiative du bouclier ABM empreinte d’un
unilatéralisme arrogant. De ce point de vue, le nouveau projet
anti-missile de G.W. Bush est un vecteur de déstabilisation des
rapports de forces américano-russes.
A l’origine, l’initiative américaine implique l’abandon
de la rationalité sous-jacente aux équilibres nucléarisés de
la Guerre froide et partiellement fondés sur le traité ABM de
1972. Or c’est cette rationalité structurée par l’atome -
via le principe de dissuasion - qui a maintenu, jusque là, le
statut international de l’Etat russe, dans le prolongement du
soviétisme (11). En effet, le traité ABM de 1972
institutionnalise la fonction politique de l’atome militaire,
d’une part comme variable structurante (donc identitaire) du
pouvoir des deux superpuissances antagonistes et d’autre part,
comme variable régulatrice (donc stabilisatrice) des grands équilibres
internationaux. Ainsi, l’équilibre de la terreur se fondait sur
l’idée de l’impossibilité d’une guerre totale, du fait du
principe de ‘’destruction mutuelle assurée’’ (mutually
assured destruction, MAD) rendu possible par les surcapacités
nucléaires des deux blocs. L’atome est donc un symbole fort de
l’affrontement idéologique Est/Ouest et in fine, peut être
considéré comme le verrou d’un conflit central stabilisateur.
En fait, l’initiative ABM en vue de l’instauration d’un
bouclier global en Eurasie fait suite à une série de tentatives
avortées et structurellement inspirées d’une logique
anti-russe. La ligne historique de la stratégie américaine
s’inscrit en effet dans un désir endémique de protéger son
espace national, voire dans la période la plus récente, sa zone
d’influence idéologique. Dès 1957, le programme défensif
‘’Nike Zeus’’ prévoyait des intercepteurs de longue portée
à charge nucléaire, capables de détruire en vol les missiles
visant les Etats-Unis. En 1966, le programme ‘’Sentinel’’
espère installer autour des grandes villes américaines, cibles
probables des Soviétiques, des silos de missiles intercepteurs.
En 1974, ‘’Sentinel’’ est transformé en ‘’Safeguard’’,
programme centré sur la protection des sites de lancement de
missiles intercontinentaux. En 1969, en pleine Guerre froide, le
président des Etats-Unis, Richard Nixon lance le projet (abandonné
peu après) d’une défense anti-missile, pour faire face à la
menace communiste et au danger virtuel des puissances nucléaires
émergentes. En 1979, l’Otan lance le projet d’installer des
missiles à moyenne portée (Pershing II, portée de 1770 kms) au
cœur de l’Europe dans le but de contrebalancer les forces soviétiques,
dont les fameux missiles SS-20 (portée de 1600 kms). Cette
installation des missiles Pershing commence effectivement en
novembre 1983. La même année, le 23 mars 1983, apparait l’Initiative
de défense stratégique (IDS) de Ronald Reagan en vue de créer
un bouclier spatial et, surtout, épuiser l’économie soviétique
dans une course technologique au surarmement. En fait, faute
d’une réelle efficacité, l’ensemble de ces programmes ont
conduit à une impasse et de ce fait, été progressivement
abandonnés.
Au début des années 2000, la nouvelle initiative
anti-balistique de Washington - le projet ABM - illustre sa volonté
de ne pas traiter d’égal à égal (et de le faire sentir) une
Russie affaiblie par la transition post-communiste et d’occulter
son avis sur les décisions stratégiques, en dépit de leur
rapprochement depuis la création du Conseil Russie-Otan en juin
2002. En fait, ce Conseil s’est très vite révélé, selon les
russes, un ‘’aimable club de discussion’’, visant à
donner un vernis démocratique au monopole américain et
notamment, à entériner ex-post des décisions unilatérales. En
décembre 2007, cette manipulation du Conseil a été suspectée
par Moscou d’accélérer et de légitimer la double extension
vers l’Est de l’Otan et de l’ABM. Le chef de la diplomatie
russe, Sergueï Lavrov, a récemment déploré
‘’l’inconsistance des décisions prises à caractère unilatéral’’,
le plus souvent ‘’au détriment de nos intérêts
nationaux’’ et a visé, en particulier, ‘’les projets prévoyant
l’élargissement de l’Otan vers l’Est ou le déploiement en
Europe d’éléments du système stratégique américain de défense
anti-missile’’ (12). Le 20 novembre 2007, V. Poutine a mis
l’accent sur l’illégitimité des décisions de certains
membres de l’Otan, qui ‘’développent leurs ressources
militaires en dépit de leurs engagements antérieurs et ce, à
proximité de nos frontières’’ (13). Mais, désormais, le
plus inquiétant est la démesure du projet ABM et surtout, son
instrumentalisation politique dans l’optique de la sécurisation,
voire de l’élargissement de la sphère d’influence américaine
– sur la base des mécanismes de l’Otan. Aujourd’hui, la
Russie est préoccupée par la coopération entre le Japon et les
Etats-Unis qui serait, selon Lavrov, destinée à créer un système
anti-missile nippo-américain dans le cadre du bouclier américain
global centré sur l’Eurasie. Le ministre considère que la
construction de ce dernier vise à assurer ‘’la suprématie
militaire’’ des Etats-Unis et, en théorie, ‘’peut être
utilisé contre les armements stratégiques russes et
chinois’’ (14). Autrement dit, la Russie se sent visée par
l’extension eurasienne du bouclier ABM qui constitue, dans sa
vision stratégique, une menace latente.
Sur la base des ‘’recommandations’’ de P. Wolfowitz sur
le maintien de la suprématie américaine, prônant de bloquer
toute puissance concurrente sur l’espace post-soviétique et
reprises en 2002 par la nouvelle doctrine stratégique américaine,
les craintes russes sont parfaitement justifiées (15). A l’époque,
le Secrétaire adjoint à la défense de G.W. Bush affirme ainsi,
sans ambages : ‘’Notre premier objectif est de prévenir la réémergence
d’un nouveau rival, que ce soit sur le territoire de
l’ancienne Union soviétique ou n’importe où, qui présenterait
une menace comparable à celle de l’ancienne Union soviétique’’
(16). Au regard de l’agressivité actuelle de la politique américaine
à l’égard de la Russie, on peut penser que cette dernière
représente désormais un redoutable ‘’rival’’ exprimant
une ‘’menace comparable’’ à celle de l’ancienne URSS,
pour rependre les termes de Wolfowitz. Dans cette hypothèse, le déploiement
de l’ABM serait prioritairement axé sur le contrôle de la
puissance russe, dont le retour serait politiquement dangereux
pour le leadership américain. En fait, l’approche de Wolfowitz
prolonge la doctrine Kennan (17) du containment (endiguement) de
la puissance russe, dépassée et radicalisée en phase
post-communiste par la doctrine Brzezinski dans l’optique de son
refoulement (18). Au cœur même de l’ex-URSS, note Brzezinski,
‘’s’est formé avec l’encouragement des Etats-Unis, un axe
Tachkent-Bakou-Tbilissi-Kiev réduisant l’influence de la Russie
à sa périphérie’’. Indéniablement, il y a là les éléments
d’une troublante continuité historique, centrée sur la déstabilisation
de la CEI et l’encerclement politico-stratégique de la
puissance russe, en vue de l’affaiblir. Or officiellement, le
double affaiblissement de la CEI et de l’influence russe est
considéré comme une ‘’menace principale’’ contre la sécurité
nationale de la Fédération de Russie (19).
L’ABM comme facteur de déstabilisation stratégique
Pour l’Amérique, l’abrogation du traité ABM de 1972 était
nécessaire à la mise en œuvre d’un bouclier anti-missile
destiné à renforcer son autonomie stratégique et à
sanctuariser son espace politique et par ce biais, élargir son
espace potentiel d’intervention. Cela explique l’attachement
de la Russie soviétique puis fédérale au traité de 1972,
pierre angulaire de la stabilité stratégique internationale, et
dont l’abandon a été qualifié très tôt de ‘’décision
erronée’’ par le président Vladimir Poutine. Dans un premier
temps, le président russe a avancé l’idée que cette
initiative favoriserait la prolifération missilière. En effet,
en autorisant l’émergence de systèmes anti-missiles, elle
risquait, selon lui, de pousser certains pays à développer en
quantité et qualité des armes nouvelles destinées à contourner
cette protection – notamment par le principe de saturation. Dans
un second temps, le président Poutine a émis l’idée que le
système anti-missile de l’administration Bush menaçait
directement les intérêts russes. Cette hypothèse est reprise
comme un leitmotiv dans le discours de Sergueï Lavrov, affirmant
que les menaces des missiles iraniens ou sud coréens invoquées
pour justifier le système ABM ne sont pas crédibles et sont, en
quelque sorte, un faux prétexte. Dans un troisième temps, dans
son discours de Munich du 10 février 2007, V. Poutine a
ouvertement accusé l’Amérique d’utiliser le bouclier ABM
pour renforcer son système de domination unipolaire. L’Amérique
est, en particulier, suspectée d’utiliser le bouclier pour se
protéger de représailles éventuelles issues de son ingérence
croissante dans des zones sensibles. En ce sens, elle cherche à
se donner les moyens (stratégiques) de son offensive impérialiste.
Dans la vision russe, le développement d’un ABM eurasien, élargi
à l’est européen (Pologne, Tchéquie) et à la zone post-soviétique
(CEI, principalement au Caucase et en Ukraine), s’inscrit dans
la logique unilatéraliste de la politique américaine fondée sur
la force et dénoncée par V. Poutine dans son harangue anti-impérialiste
de Munich. Le président russe a alors ouvertement condamné
‘’l’emploi hypertrophié, sans aucune entrave, de la force
– militaire – dans les affaires internationales’’ (20). Ce
faisant, il confirme le durcissement de la doctrine stratégique
russe, qui sous son influence depuis 2000, dénonce
‘’l’importance des aspects de force militaire dans les
relations internationales’’ (21). Dans ce cadre, l’insertion
de l’ABM américain dans une stratégie globale de contrôle de
l’espace eurasien post-communiste est perçue par la Russie
comme une atteinte contre ses intérêts nationaux élargis - dans
la continuité soviétique - à sa proche périphérie. Le
8/11/2007, lors d’une conférence sur le thème “Défense
antimissile: un bouclier pour l’Occident”, Vladimir Egorov,
chef adjoint du département des traités internationaux au ministère
russe de la Défense, a affirmé que la tendance des Etats-Unis à
occulter les préoccupations russes prouvait que le projet ABM est
bien ‘’dirigé contre la Russie’’ (22). Cette hypothèse
est renforcée par la rumeur de l’implantation prochaine d’un
radar dans les régions caspienne et caucasienne, au sud de la
Russie. Selon l’expert Ivan Safrantchouk, cette infrastructure
serait susceptible d’être utilisée contre la Russie (23). Le
15/12/2007, cela a été confirmé par Iouri Balouïevski, chef
d’Etat-major général des Forces armées russes, dans une conférence
de presse. Balouïevski a en effet affirmé que ‘’L’objectif
réel du déploiement de la troisième zone de positionnement de
l’ABM ne correspond pas à son but officiel. Celui-ci cherche à
modifier l’équilibre européen des systèmes de défense”
(24) et surtout, prévenir tout conflit avec la Russie. En conséquence,
la Russie est contrainte de renforcer son potentiel stratégique
dans l’optique d’assurer la défense de ses intérêts vitaux,
notamment face aux manœuvres militaires suspectes à proximité
de ses frontières, sous la conduite de l’Otan et - suprême
provocation - en association avec d’anciennes républiques soviétiques.
Cette préoccupation est rappelée par V. Poutine : ‘’La
Russie a suffisamment de forces et de moyens pour se défendre et
défendre ses intérêts aussi bien sur son territoire que dans
d’autres régions du monde’’ (25). En définitive, du point
de vue russe, l’ABM - associée au renforcement de l’Otan -
entraînera une instabilité stratégique structurelle, découlant
d’un déséquilibre des forces au profit de la puissance américaine.
En fait, cette crainte est présente dés 2000 du fait de
l’intervention de l’Otan ‘’en dehors de la zone de
responsabilité du bloc’’ et perçue, depuis la crise
yougoslave, comme ‘’une menace de déstabilisation de la
situation stratégique dans le monde’’ (26). Or la Russie,
dans la tradition soviétique, reste attachée au principe de l’équilibre
bipolaire des forces nucléaires russes et américaines qui
implique de préserver une capacité (dissuasive) de riposte. Cela
est très clair dans l’avertissement de l’ancien chef d’état
major des troupes russes de missiles stratégiques, le général
Viktor Essine, lancé le 11 octobre 2007 : ‘’Même si l’équilibre
n’est pas encore total, nous devons en matière de riposte être
constamment prêts à infliger aux Américains des dommages intolérables
(…)’’ (27) A terme, la Russie redoute une remise en cause
des équilibres géopolitiques - donc, de son statut - dans le
monde et surtout, sa marginalisation comme simple puissance régionale
du fait de la neutralisation par l’ABM du levier nucléaire.
Autrement dit, la Russie redoute une rupture stratégique qui
rendrait caduc son retour comme grande puissance.
Neutralisation de la fonction politique de l’atome
Dans sa finalité latente, le bouclier ABM vise à contrôler
le retour de la Russie en réduisant d’une part, sa force
projetable sur la scène internationale et d’autre part, sa
domination stratégique sur l’espace post-soviétique. Il
s’agit, en quelque sorte, d’empêcher la puissance russe
d’utiliser l’atome comme levier politique dans sa sphère
d’influence, en vue de son renforcement.
L’atome apparaît comme un élément structurel de la
puissance russe soviéto-fédérale et symbolise un lien
identitaire avec son ancien statut de grande puissance. Il permet
à la Russie, par la puissance projetée, de faire entendre sa
voix et surtout, de peser sur les grandes décisions
internationales. Dans un passé pas si lointain, il a été le
vecteur de l’expansion idéologique du communisme et de sa défense
face aux velléités agressives de l’ennemi américain,
brandissant la menace d’une attaque nucléaire préventive. A
l’époque de la Guerre froide, les Etats-Unis ont ainsi adhéré
à l’idée d’une première frappe stratégique, dans le but de
déstabiliser la sphère communiste et stopper son expansion sous
leadership soviétique. Cela a profondément marqué la mémoire
stratégique russe, l’obligeant à une veille permanente.
Sur un plan historique, l’atome a joué un rôle clé dans la
logique sécuritaire de la Russie. Il a notamment renforcé sa
structure de défense périphérique, sur la base d’un glacis
protecteur formé aujourd’hui par la CEI. Cette dernière forme
d’ailleurs son ‘’étranger proche’’ selon la
terminologie russe, qui signifie sa zone d’intérêts vitaux. En
d’autres termes, la CEI est considérée par Moscou comme une
zone d’intervention potentielle, justifiant de ce fait sa
protection par le nucléaire russe. Cela est confirmé par son
Concept de sécurité 2000 qui stipule un droit d’ingérence
inaliénable de Moscou pour sécuriser la zone post-soviétique,
fragilisée par les crises politiques et nationalistes. Cette
orientation militaire de la ligne sécuritaire, à l’échelle de
la CEI, est favorisée par l’influence politique croissante des
siloviki, les représentants des structures de forces, plus ou
moins liés aux lobbies du complexe militaro-industriel russe. Les
siloviki et les élites militaires, avides de développer ce
dernier - sur la base du levier nucléaire - sont politiquement
favorables au durcissement de la pensée stratégique russe, sous
prétexte de la résurgence de l’ennemi historique (américain).
La menace virtuelle de ‘’l’ennemi’’ est un régulateur
unitaire de la société russe et en quelque sorte, nécessaire au
métabolisme de son système politique. A juste titre, Jacques
Fontanel parle ‘’d’ennemi systémique’’ (28). Mais désormais
face à l’ennemi virtuel, il s’agit pour l’Etat russe de défendre
- au moyen de l’atome, si nécessaire - ses intérêts nationaux
fondés sur la stabilité politico-stratégique de la CEI (dont
sont issus ses ‘’alliés’’). Son Concept sécuritaire précise,
en particulier, que ‘’L’objectif essentiel de la Fédération
de Russie est la réalisation de la dissuasion en vue de prévenir
une agression de n’importe quelle envergure, y compris avec
l’emploi de l’arme nucléaire, contre la Russie et ses alliés’’
(29). Le nucléaire a donc une fonction (stabilisatrice) de cohésion
politique en CEI sous le leadership russe mais, dans le même
temps, il exerce une pression latente sur les anciennes républiques
infidèles en vue de leur soumission. En ce sens, l’atome est un
levier essentiel de l’autorité russe en zone post-soviétique.
En neutralisant la puissance nucléaire russe, la stratégie américaine
de l’ABM rend de facto caduc cette fonction politique de
l’atome. Or, face à l’érosion de son pouvoir, la Russie ne
peut rester inactive, sous peine d’être définitivement
marginalisée.
Dans ce contexte, on perçoit un autre objectif implicite de la
stratégie ABM, visant à réduire la dépendance stratégique des
républiques post-soviétiques vis-à-vis de Moscou et, par ce
biais, éroder sa domination politique. En fait, cet objectif
s’inscrit dans la stratégie Brzezinski de détachement de la
CEI de la domination russe. Dés 1997, ce dernier reconnait que
‘’(…) malgré sa puissance nucléaire, elle (la Russie: jg)
subit un recul catastrophique. Les Etats-Unis s’emploient à détacher
de l’empire russe ce qu’on dénomme aujourd’hui à Moscou
‘’l’étranger proche’’, c’est-à-dire les Etats qui
autour de la Fédération de Russie constituaient l’Union soviétique’’
(30). Cette stratégie suppose de maintenir une Russie faible,
incapable de rétablir son hégémonie en zone post-soviétique.
L’Occident, souligne H. Kissinger, ‘’a le devoir
d’encourager la Russie à renoncer à prétendre dominer ses
voisins’’. Dans le cas contraire, avertit ce dernier, ‘’on
verra inéluctablement ressurgir des tensions comparables à
celles de la guerre froide’’ (31). En empiétant sur les prérogatives
de Moscou au cœur de son espace historique, l’Amérique
manifeste une ingérence certaine dans sa ceinture sécuritaire,
au risque de la déstabiliser. A juste titre, la Russie redoute
qu’après l’installation du système anti-missile, certains de
ses anciens alliés (dans un premier temps, l’Ukraine et la Géorgie)
rejoignent l’Otan dans l’optique de s’isoler de la
‘’menace russe’’, suspectée de vouloir reconstituer son
Empire. Sous l’impulsion russe, le renforcement de l’alliance
politico-stratégique OCS (Organisation de coopération de
Shanghai (32) semble justifié et, selon une logique d’équilibre
stratégique, adapté à l’avancée provocante de l’Otan en
zone post-soviétique. En outre, la Russie voit dans la création
du GUAM (33) en 1997, une manipulation américaine visant à
encourager une alliance anti-russe dans le but de l’affaiblir et
de l’écarter du transit des hydrocarbures dans la région
Caspienne-Transcaucasienne. A travers l’OCS, la Russie cherche
donc à créer un axe eurasien contrebalançant les alliances de
l’Otan et du GUAM, dont l’hostilité est perçue comme un
relent de Guerre froide.
L’enjeu de l’ABM est donc au cœur d’une lutte
d’influence impériale en Eurasie entre les deux anciens ennemis
de la Guerre froide. En ce sens, on peut considérer que la stratégie
offensive des Etats-Unis en zone post-communiste vise, à terme -
via l’ABM - à instaurer une nouvelle forme de dépendance
politique de cette zone à l’égard de son leadership
triomphant. Au moyen d’une adroite manipulation des acteurs clés
de l’échiquier eurasien, il s’agit désormais pour l’Amérique
de verrouiller sa suprématie mondiale. Cela est explicitement défini
dans la ligne Brzezinski : ‘’La longévité et la stabilité
de la suprématie américaine sur le monde dépendront entièrement
de la façon dont ils (les Etats-Unis : jg) manipuleront ou
sauront satisfaire les principaux acteurs géostratégiques présents
sur l’échiquier eurasien et dont ils parviendront à gérer les
pivots géopolitiques clés de cette région’’ (34).
Dans le même temps, la stratégie ABM cherche à pénétrer un
espace post-soviétique longtemps interdit et surtout, y jeter les
bases d’une domination stable, isolée des menaces extérieures.
Mais cette domination vise aussi, de manière insidieuse, à
renforcer les positions de Washington dans le ’’grand
jeu’’ eurasien centré sur le contrôle des ressources et des
corridors énergétiques. Protégée par son bouclier, l’Amérique
pourra étendre ses interventions en zones caucasienne et
centre-asiatique, pour renforcer ses pressions politiques sur les
régimes post-soviétiques et par ce biais, son influence
potentielle. Sur la base d’une stratégie préventive émancipée
du droit international et élevée au rang de dogme par M. Walzer
(35) - le théoricien libéral de la guerre juste - l’Amérique
pourra instaurer une forme de domination légitime au nom d’une
‘’idéologie universaliste’’, selon l’expression de R.
Kagan (36). A ce jour, Washington a soutenu politiquement et
financièrement le tracé de tubes contournant le territoire russe
pour comprimer le monopole énergétique et en définitive, le
pouvoir de Moscou dans la région. Dans ses grandes lignes, cette
stratégie a été illustrée par la construction de l’oléoduc
BTC (Bakou-Tbilissi-Ceyhan) fortement appuyée par Z. Brzezinski,
dans l’optique de développer le ‘’pluralisme géopolitique’’
en zone post-soviétique mais en fait, pour isoler et fragiliser
Moscou. Selon ce dernier, ‘’La stabilité du pluralisme en
Eurasie (…) vise à empêcher l’émergence d’une puissance
unique susceptible d’y exercer sa domination’’ (37). On perçoit
là les éléments d’une stratégie consciemment axée sur le
refoulement politique de la puissance russe et inscrivant l’ABM
dans une stratégie plus globale à l’échelle de l’Eurasie.
La Russie peut donc, avec raison, redouter l’instrumentalisation
de l’ABM eurasien comme levier de l’unilatéralisme américain,
sous couvert de protéger le pluralisme démocratique sur le
pourtour de la Russie (38).
L’ABM comme levier de compression de la puissance
russe
Aujourd’hui, Moscou considère comme ‘’menaces
majeures’’ pour sa sécurité les manœuvres d’Etats ou
d’organisations internationales visant à réduire son influence
comme centre de puissance dans le système mondial. A moyen terme,
le déclin de son influence en zone post-soviétique pourrait être
accéléré d’une part, par l’extension eurasienne du bouclier
anti-missile américain et d’autre part, par celle de l’Otan
à ses zones périphériques. Or ces mesures politiquement orientées
ont réactivé la peur ancestrale de l’encerclement, désormais
présente dans le discours stratégique russe. Cela est explicite
dans les propos du général Gareev, président de l’Académie
des sciences militaires de Moscou, lors de son rapport sur les
grandes lignes de la nouvelle doctrine militaire de la fédération
de Russie, le 20 janvier 2007 : ‘’les menaces militaires
pesant sur la Russie se maintiennent, il existe un risque de
conflits armés et, dans certaines circonstances, d’éclatement
d’une guerre majeure. Les grandes puissances veulent
manifestement effectuer un bond qualitatif pour parvenir à la
suprématie militaro-technologique, de puissants dispositifs de
forces, déstabilisant considérablement l’équilibre militaire,
sont déployés aux portes de la Russie. On ne peut non plus
ignorer le fait que l’OTAN étend sa sphère d’activité et se
propose d’agir à l’échelle globale’’ (39). Ainsi, dans
la perception russe, l’ABM - associé au levier otanien -
s’inscrit dans une recherche incessante de la supériorité
stratégique sur sa périphérie post-soviétique, au mépris de
ses inquiétudes.
Dans l’optique d’intégrer ces pressions
militaro-politiques sur ses zones frontalières la Russie a, dés
la fin des années 90, infléchi sa ligne extérieure et en 2007,
est sur le point de réviser sa doctrine stratégique en vue
d’affronter les velléités agressives de l’Amérique catalysées
par l’ABM. Selon I. Balouïevski, le déploiement futur du
bouclier ABM montre que la possibilité d’un ‘’affrontement
direct’’ avec la Russie est désormais intégrée dans la
stratégie américaine (40), rendant vitale la révision de la
doctrine stratégique russe. En conséquence, la nouvelle
orientation doctrinale sera marquée par un recentrage sur les
forces nucléaires stratégiques et tactiques tenues, selon V.
Poutine, ‘’de rechercher de nouvelles possibilités pour
neutraliser – y compris au stade précoce – les menaces pesant
sur la Russie’’ (41). Pour reprendre une analyse récente, il
s’agit bien d’un ‘’retour de l’atome rouge’’, sur la
base des anciennes normes stratégiques soviétiques (42). Cette
volonté structurelle de la Russie d’équilibrer la menace ABM,
conformément au principe du balancier stratégique, est traduite
aujourd’hui à la fois par le durcissement de sa doctrine
militaire et la hausse sensible de son budget de défense (43). Or
l’ampleur de cet effort budgétaire inquiète le gendarme américain
et justifie une étroite ‘’surveillance’’, selon la secrétaire
d’Etat C. Rice (44). Dans son essence, l’extension de l’ABM
pose donc le double problème du statut de l’atome dans la régulation
des équilibres géopolitiques et de son poids comme critère de
puissance internationale, auquel est attachée la Russie depuis
l’ère soviétique. En réduisant la fonction politique de
l’atome, l’ABM s’inscrit donc dans une stratégie détournée
de compression de la puissance russe et de son statut sur la scène
internationale.
Dans ce schéma, la mise en œuvre du projet ABM posera, dans
une échéance proche, la question du rôle de la Russie dans
l’ordre mondial issu du post-communisme et légalisant de facto,
un système de domination globale d’inspiration messianique. A
terme, un enjeu majeur sera la capacité de l’actuelle
gouvernance libérale, sous leadership américain, à promouvoir
un monde multipolaire plus démocratique, dans le prolongement de
la novoe mychlenie (nouvelle pensée) gorbatchévienne, issue
d’une révolution impossible (45). Dans son avertissement de
Munich dénonçant l’illégitimité du monde unipolaire, sous
l’impulsion de l’Amérique comme ‘’avant-garde d’une révolution
libérale planétaire’’ (46), Vladimir Poutine l’a amplement
souligné.
Jean Geronimo est Docteur en Sciences économiques, Spécialiste
de l’URSS et des questions russes, Université Pierre Mendès
France, Grenoble, CREPPEM Centre des Recherches Economiques sur la
Politique Publique en Economie de Marché Mail : Jean.Geronimo@upmf-grenoble.fr
Notes :
1 -Fukuyama F. (1992) : ‘’La fin de l’histoire et le
dernier homme’’, éd. Flammarion.
2 - Podhoretz N. (2000) : ‘’Pour une diplomatie néo-reaganienne’’,
Politique internationale, n°89, automne 2000.
3 - Zbigniew Brezinski, ancien conseiller du Président
Carter, exprime la continuité de la politique étrangère américaine.
Il fonde cette dernière sur les deux concepts stratégiques
clés de Henry Kissinger, promoteur de la Realpolitik en phase
de guerre froide : l’équilibre des puissances théorisé
par Metternich et la doctrine du containment élaborée par
George Kennan. Il préconise aujourd’hui la déstabilisation
des zones périphériques de la Russie en vue de son
encerclement.
4 - Brzezinski Z. (1997, p. 249) : “Le grand échiquier
– L’Amérique et le reste du monde”, éd. Bayard.
5 - Kagan R. (2006) : ‘’La puissance et la
faiblesse’’, suivi de ‘’Le revers de la
puissance’’, éd. Hachette littératures, Pluriel Actuel.
6 - Sur ce point, Kagan rappelle que ‘’Les Etats-Unis
sont à tous égards une société libérale, progressiste et,
dans la mesure où ils croient à la puissance, les américains
pensent que celle-ci doit servir à promouvoir les principes
d’une civilisation libérale et d’un ordre mondial libéral’’.
Kagan R. (2006, p. 69), op. cit.
7 - ‘’Concept de sécurité nationale de la fédération
de Russie’’, Décret présidentiel n°24, 10 janv. 2000.
Souligné par moi.
8 - www.fr.rian.ru, ‘’Poutine accuse l’Otan de jouer
des muscles’’, 20/11/2007.
9 - Kissinger H. (2004, p. 110) : ‘’La Nouvelle
Puissance Américaine’’, éd. Fayard, le Livre de Poche.
10 - www.legrandsoir.info, ‘’La bombe de Brzezinski :
Bush cherche un prétexte pour attaquer l’Iran’’, Barry
Grey, 5/02/2007.
11 - Après l’implosion de l’URSS en 1991 et en dépit
de l’effondrement de l’économie russe - phase de décroissance
jusqu’en 1998 - l’atome militaire a permis à Moscou de
garder un certain statut sur la scène internationale. Il
s’agit là d’une inertie soviétique.
12 - www.fr.rian.ru, ‘’Lavrov rejette la thèse de
l’agressivité de la politique extérieure russe’’,
25/10/2007.
13 - www.fr.rian.ru, ‘’Poutine accuse l’Otan de jouer
des muscles’’, 20/11/2007.
14 - www.fr.rian.ru, ‘’ABM : La Russie préoccupée par
la création d’un système anti-missile nippo-américain’’,
S. Lavrov, 13/10/2007.
15 - Le 11 septembre 2002, douze ans jour pour jour après
le discours historique de son père au Congrès sur le Nouvel
ordre mondial, George W. Bush promulgue la nouvelle Stratégie
nationale de sécurité des États-Unis d’Amérique (The
National Security Strategy of the United States of America).
Cette doctrine a été élaborée par Cheney, Wolfowitz et
Khalilzad.
16 - ‘’Recommandations pour une politique de défense
pour les années fiscales 1994-1999’’, P. Wolfowitz,
document du 18/02/1992. Souligné par moi.
17 - En juin 1947, dans un article ‘’The Sources of
Soviet Conduct’’, Kennan note la détermination de Staline
à internationaliser la révolution communiste. Afin de
contenir l’expansionnisme soviétique, il prône une
politique d’endiguement connue comme doctrine Truman.
18 - ‘’La partie qui se joue dans le pourtour de la
Russie n’est plus l’endiguement de la guerre froide mais
le refoulement’’ (…)’’. Brzezinski Z. (1997, p. 20),
op. cit.
19 - ‘’Concept de sécurité nationale de la fédération
de Russie’’, op. cit.
20 - www.solidariteeetprogres.org, ‘’Discours de
Vladimir Poutine à la Conférence de Munich’’, traduction
RIA Novosti, 20/02/2007.
21 - ‘’Concept de sécurité nationale de la fédération
de Russie’’, op. cit.
22 - www.fr.rian.ru, ‘’ ABM: Moscou dénonce la “hâte”
de Washington’’, 8/11/2007.
23 - www.fr.rian.ru, ‘’ABM : Washington vise désormais
le Caucase’’, 7/11/2007.
24 - www.fr.rian.ru, ‘’ ABM: une volonté de modifier
l’équilibre des systèmes de défense européens’’, I.
Balouïevski, 15/12/2007.
25 - www.fr.rian.ru, ‘’La Russie a suffisamment de
forces et de moyens pour défendre ses intérêts’’, V.
Poutine, 18/10/2007.
26 - ‘’Concept de sécurité nationale de la fédération
de Russie’’, op. cit.
27 - www.fr.rian.ru, ‘’ABM : les américains oublient
les leçons de la crise de Cuba’’, V. Essine, 11/10/2007.
28 - Fontanel J. (1998, p.6) : ‘’L’économie russe,
ou la transition douloureuse’’ in ‘’L’avenir de l’économie
russe en question’’, PUG (sous la direction de).
29 - ‘’Concept de sécurité nationale de la fédération
de Russie’’, op. cit. Souligné par moi.
30 - Brzezinski Z. (1997, pp. 18-19), op. cit. Souligné
par moi.
31 - Kissinger H. (2004, pp. 105-106).
32 - L’organisation de coopération de Shanghai (OCS) est
une organisation régionale qui regroupe la Russie, la Chine,
le Kazakhstan, la Kirghizie, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan.
Elle a été crée à Shanghai les 14 et 15 juin 2001 par les
présidents des six pays eurasiatiques.
33 - GUAM (Géorgie, Ukraine, Azerbaïdjan, Moldavie) :
alliance politique, économique et stratégique destinée à
renforcer, hors de la tutelle russe, l’indépendance et la
souveraineté de ses pays membres. Cette alliance fait
l’objet d’une véritable controverse : instrumentalisation
américaine ou démarche volontaire ?
34 - Brzezinski Z. (1997, p. 250), op. cit. Souligné par
moi.
35 - Walzer M. (1998): ‘’The Hard Questions: Lone
Ranger’’, The New Republic, 27/04/1998.
36 - Kagan R. (2006, p. 234), op. cit.
37 - Brzezinski Z. (1997, p. 266), op. cit. Souligné par
moi.
38 - ‘’Геополитика
: Русская
рулетка‘’,
Brzezinski Z., Vedomosti, 30 mars 2005.
39 - www.voltairenet.org, ‘’Général Gareev : la
Russie sera l’arbitre géopolitique des conflits à
venir’’, V. Litovkine, 26/01/2007. Souligné par moi.
40 - www.fr.rian.ru, ‘’Les Etats-Unis n’excluent pas
la possibilité d’un affrontement direct avec la
Russie’’, I. Balouïevski, 15/12/2007.
41 - www.fr.rian.ru, ‘’Les forces nucléaires russes
doivent pouvoir riposter à toute agression’’, 20/11/2007.
Souligné par moi.
42 - www.regard-est.com, ‘’Le retour de l’Atome
rouge, amorce d’une guerre tiède ?’’, J. Geronimo,
30/09/2007.
43 - Les chiffres officiels (sous-estimés) indiquent,
entre 2005 et 2007, une hausse de 50% du budget de défense,
évalué à 5% du PIB russe (contre 2% pour les pays européens
de l’Otan). Certains experts occidentaux évaluent ce budget
au double (10% du PIB).
44 - www.fr.rian.ru, ‘’Les Etats-Unis préoccupés par
l’augmentation rapide des dépenses militaires russes’’,
15/10/2007.
45 - A partir de 1985, dans le cadre de la Perestroïka
(restructuration) des relations internationales opposant alors
deux systèmes idéologiques structurellement antagonistes, il
s’agissait pour le secrétaire général du PCUS, Mikhaïl
Gorbatchev, de révolutionner l’Ordre mondial dans le sens
du pluralisme démocratique. Autrement dit, cette
‘’Nouvelle pensée’’ soviétique prônait un rééquilibrage
égalitariste de la gouvernance mondiale.
46 - Kagan R. (2006, p. 234).
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