Marche internationale pour Gaza
Marche pour la liberté,
liberté pour la marche !
Jean-Claude Lefort
Lundi 28 décembre 2009 Depuis maintenant
quarante-huit heures, nous sommes au Caire où, de discussions en
discussions, les 1400 participants à la marche pour la liberté
pour Gaza – 1400 comme les 1400 victimes gazaouies de
l’offensive israélienne d’il y a un an – n’ont toujours pas
l’autorisation de se rendre à Gaza.
Deux arguments – irrecevables – sont avancés
par les autorités :
Les Marcheurs s’ingéreraient dans les
affaires intérieures égyptiennes. C’est doublement faux.
D’abord, nous n’avons jamais mis en cause les autorités
égyptiennes. Nous avons, au contraire, travaillé avec elles en
leur donnant toutes les informations qu’elles souhaitaient -
jusqu’à nos numéros de chambres !
Selon nous, la liberté d’aller et venir, de
circuler où bon nous semble est une liberté fondamentale de
l’être humain. Mais elle ne s’applique pas à la population de
Gaza, soumise à un blocus illégal et inhumain. Raison de plus
pour qu’elle s’applique aux Marcheurs venus de quarante-deux
pays – dont la France – qui doivent bénéficier de ce droit
fondamental. En le leur refusant, ce sont les autorités
égyptiennes qui s’ingèrent dans la liberté des Marcheurs.
Deuxième argument : si les Marcheurs
passaient à Gaza, ce serait nuisible à la sécurité égyptienne.
On a beau chercher le sens de ce raisonnement, il ne tient pas.
Les 1400 Marcheurs peuvent entrer à Gaza et en sortir sans que
cela ne pose le moindre problème. Si le feu vert était donné –
lequel procède évidemment d’une décision politique –, nous
sommes tous assez responsables pour ne prêter le flanc à aucune
manœuvre, d’où qu’elle vienne. Notre interlocuteur à Gaza est le
Palestinian Center for Human Rights, dont chacun connaît le
sérieux. En quoi l’entrée et la sortie des Marcheurs
mettraient-elles en cause la sécurité égyptienne ? Cette
objection n’est donc pas fondée.
Nous sommes porteurs d’une double exigence :
la levée du blocus illégal qui a transformé Gaza en prison et en
mouroir à ciel ouvert depuis deux ans et demi, et la fin de
l’impunité dont jouissent les autorités israéliennes. C’est
l’objet unique de cette marche et la raison pour laquelle nous
venons exprimer notre solidarité aux Gazaouis. Nous sommes
porteurs du droit international, des valeurs mêmes qui fondent
l’Humanité… Voilà pourquoi nous attendons des autorités
égyptiennes qu’elles prennent la décision politique de nous
laisser passer à Gaza.
J’ajoute que les autorités françaises ou
européennes ont une lourde responsabilité dans cette situation
pour n’avoir pas – à notre connaissance – effectué les démarches
nécessaires auprès des responsables égyptiens. C’est la première
chose à faire : exiger une intervention adaptée de nos pouvoirs
publics en direction des autorités du Caire. La seconde remarque
à méditer est la suivante : si, par absurde les autorités
égyptiennes s’entêtaient, elles se placeraient dans une
situation des plus paradoxales. En effet, alors qu’Israël est
bien le principal responsable du blocus de Gaza, voilà qu’aux
yeux de l’opinion publique, cette responsabilité se déplacerait
vers d’autres, qui sont pourtant à la tête d’un pays qui, l’an
dernier, a manifesté avec force et massivement sa solidarité
avec les Palestiniens. En maintenant leur interdiction, les
autorités égyptiennes créeraient elles-mêmes les conditions d’un
déplacement du débat dans leur propre société – ce que nous nous
sommes toujours refusé à faire. Par ricochet, ce sont elles qui
provoqueraient l’immixtion, qu’elles dénoncent.
ll est temps que la raison l’emporte sur un
certain aveuglement : qu’on laisse marcher les citoyens venus du
monde entier dire, sur place et pacifiquement, leur solidarité
avec le peuple de Gaza.
Jean-Claude Lefort
Dossier marche internationale pour Gaza
|