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Opinion
Tunisie. Les dessous
de l'assassinat du prêtre salésien
Imed Bahri
La cathédrale de
Tunis
Samedi 19 février 2011
Une enquête a été ouverte par le juge d’instruction du
tribunal de la Manouba, nord-ouest de Tunis, sur l’assassinat du
prêtre polonais Marek Marius Rybinski, vendredi matin, par des
inconnus.
Le cadavre du prêtre Marek Marius Rybinski, salésien et
économe de l’école Salésienne de la Manouba, a été découvert,
vendredi, vers 10h00, dans un dépôt de l’école, sise à la Rue
Ibn Jazzar. Il avait été vu à l’école la veille entre 10 et 12
heures, et, ayant remarqué son absence pour la prière avant-hier
soir et le matin de sa mort, ses confrères ont cru qu’il était
malade et qu’il se reposait.
De nationalité polonaise, la victime avait été égorgée et
déposée dans le dépôt de l’école, rapporte l’archevêché de
Tunis, qui ajoute dans un communiqué que la famille salésienne,
ainsi que la famille de la victime et l’ambassadeur de Pologne
en Tunisie ont été mis au courant de cette tragédie.
Néji Khedri, assistant de l’économe assassiné a indiqué au
correspondant de l’agence Tap, que le prêtre était âgé de 34 ans
et qu’il avait été battu avant d’être égorgé. La police cherche
encore à savoir l’endroit et le moment où le père a été
assassiné. Surtout que le dépôt de l’école semble avoir été
ouvert avec les clefs du Père Marek que l’on a trouvées par
terre loin de lui. Il portait les mêmes habits que la veille
matin.
Tromperie et manipulation
Les auteurs de cet acte ignoble, dont on espère que la police
ne tardera pas à trouver la trace, cherchent visiblement à faire
accréditer la thèse d’une menace d’extrémistes terroristes en
Tunisie.
Le fait que cette menace n’a jamais existé dans notre pays et
que cet acte, le premier du genre en Tunisie, soit survenu après
la chute de Ben Ali, à un moment où les caciques de l’ancien
régime multiplient les actes de violence et les tentatives de
diversion, ne laisse aucun doute sur l’appartenance de ses
auteurs et sur leurs visées.
Les soupçons semblent en effet se porter sur les caciques du Rcd
et les éléments restés fidèles à l’ex-président, qui cherchent,
par des actes criminels similaires, à empêcher la normalisation
de la situation dans le pays et à maintenir une atmosphère
d’instabilité.
Ce sont, à l’évidence, ces mêmes éléments qui ont fomenté,
vendredi dernier, une pseudo-manifestation d’islamistes devant
la synagogue de l’avenue de la liberté, à Tunis, de façon à
faire accréditer l’idée que la révolution en marche en Tunisie
est porteuse d’un danger islamiste.
Ce sont là de vieilles ficelles que les benalistes ont usé, et
qu’ils croient pouvoir utiliser encore pour effrayer les
partenaires de la Tunisie. Le choix des cibles (une synagogue et
un prêtre chrétien) trahissent cette volonté de manipulation et
de tromperie.
Leurre islamiste et alibi extrémiste
Le ministère polonais des Affaires étrangères a estimé qu'il
s'agissait d’un «un acte particulier à caractère criminel et qui
n’a pas de liens avec les événements des derniers jours en
Tunisie». «Nous n’excluons pas cependant que l’assassinat ait pu
être commis pour des raisons religieuses», ajouté Rafal Sobczak
du service de presse du ministère.
Le ministère de l’Intérieur du gouvernement de transition a
exprimé, par ailleurs, dans un communiqué, sa profonde
tristesse, à la suite de l’annonce de l’assassinat du prêtre
polonais, accusant «un groupe de terroristes fascistes aux
orientations et appartenances extrémistes», d’être derrière ce
crime, «comme le montrent la méthode de l’assassinat et les
investigations menées, à cet effet.»
Le ministère dénonce, en outre, «l’exploitation par ces
extrémistes de la conjoncture exceptionnelle actuelle pour
perturber l’ordre public, engager le pays dans la spirale de la
violence et du désordre et semer la terreur dans les rangs des
citoyens, surtout que certains chantres de l’extrémisme ont
scandé, au cours de la dernière période, des slogans racistes et
extrémistes, lors de certaines marches appelant au rejet de
l’autre, à l’extrémisme, au racisme et à la discrimination
religieuse» et à faire régresser le pays de plusieurs siècles.
Condamnant «fortement cette vile agression», le ministère de
l’Intérieur promet à ses auteurs et à ses instigateurs les
sanctions les plus sévères», et rassure «tous les citoyens et
les étrangers, en particulier, qu’il ne ménagera aucun effort
pour rétablir la sécurité, faire face à toutes les agressions et
les sanctionner, selon leur degré de gravité.»
Il appelle, d’autre part, «tous les Tunisiens à faire preuve de
vigilance et à aider à lutter contre ces graves crimes
terroristes, dans le but de renforcer la stabilité et de
préserver les acquis de la révolution.»
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Publié le 19 février 2011
avec l'aimable autorisation de Kapitalis
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