Tunisie-Politique
Yadh Ben Achour
dans le collimateur d'Ennahdha
Imed
Bahri
Jeudi 17 octobre 2013
Les propagandistes d'Ennahdha s'en
prennent aujourd'hui à Yadh Ben Achour,
l'homme qui a présidé à la tenue des
premières élections libres et
transparentes en Tunisie, ayant amené...
Ennahdha au pouvoir.
Par Imed
Bahri
Les islamistes, on le sait, ont la
mémoire aussi courte que leur soif de
pouvoir est incommensurable. Pour preuve
: la campagne de dénigrement qu'ils
mènent aujourd'hui contre Yadh Ben
Achour, célèbre professeur de droit qui
a présidé, au lendemain de la
révolution, la Haute instance pour la
réalisation des objectifs de la
révolution (Hiror).
Ben Achour et
Ben Ali
Cette instance, on le sait, a présidé
à la mise en place de l'architecture
juridique et des conditions politiques
pour la tenue des premières élections
libres, transparentes et crédibles dans
l'histoire du pays. Ce sont ces
élections, organisées un certains 23
octobre 2011, qui, faut-il le rappeler,
ont fait accéder Ennahdha au pouvoir,
après plusieurs décennies d'exclusion et
de répression de ses membres.
Coupable à leurs yeux de défendre les
revendications de l'opposition,
rassemblée au sein du Front du salut
national (FSN), à savoir la démission du
gouvernement Ali Larayedh et la mise en
place d'un gouvernement de compétences
nationales indépendantes pour présider à
ce qui reste de la phase transitoire et
veiller à l'organisation des prochaines
élections, Yadh Ben Achour est qualifié
aujourd'hui, par les Nahdhaouis, de
«parrain» d'une soi-disant «mafia»
qui chercherait à renverser le
gouvernement actuel et à mener un putsch
contre la légitimité électorale incarnée
par Ennahdha.
Dans leur verve inquisitrice, les
propagandistes islamistes ne reculent
devant aucun mensonge, comme, par
exemple, d'accuser Yadh Ben Achour
d'avoir été l'un des piliers de l'ancien
régime. Ce qui est, on le sait, une
contre-vérité historique absolue. Car
s'il a fait partie du Conseil
constitutionnel au lendemain du 7
novembre 1987 et de l'accession de Ben
Ali au pouvoir sur la base de promesses
démocratiques de ce dernier, M. Ben
Achour en a démissionné dès 1992, en
constatant la dérive autoritaire du
nouveau régime, qu'il a combattu par la
suite, avec les seules armes qui étaient
en sa possession : la résistance
intellectuelle et politique.
Par ailleurs, et s'il n'a adhéré à
aucun parti, par souci d'indépendance et
pour garder sa liberté de pensée, Yadh
Ben Achour n'a jamais hésité à critiquer
le régime de Ben Ali, en fustigeant, par
exemple, la révision constitutionnelle
de 2002 qui a permis à ce dernier de se
présenter sa candidature à la présidence
de la république pour la 4e fois
consécutive. Il s'était alors exprimé en
sa qualité de spécialiste de droit
constitutionnel mais aussi en tant que
citoyen tunisien épris de liberté et de
démocratie.
Le «courage»
des chroniqueurs anonymes
Qu'un certain Abou Sofiane Mohamed,
pseudonyme sous lequel se cache
«courageusement» un plumitif de service
monnayé par Ennahdha, vienne aujourd'hui
accuser Yadh Ben Achour d'être
l'architecte d'un «putsch de
velours» visant à «faire échec
à la révolution», cela ne trompera
personne (voir
Babnet).
L'accusation est si ridicule et si
vulgaire qu'elle ne risque pas
d'atteindre M. Ben Achour ou écorner
l'image lumineuse qu'ont de lui la
majorité de ses compatriotes, celle d'un
homme de science doublé d'un homme de
conscience qui ne transige pas avec les
principes de liberté et de démocratie
qu'il a longtemps défendus dans ses
nombreux essais, notamment ''Politique,
religion et droit dans le monde arabe''
(1992) et ''Normes, foi et loi en
particulier dans l'islam'' (1993).
Copyright © 2012 Kapitalis. Tous droits
réservés
Publié le 17 octobre 2013 avec l'aimable
autorisation de Kapitalis
Le dossier
Tunisie
Les dernières mises à jour
|