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Crise mondiale: la guerre en suspens ?
Ilgar Velizade
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22 octobre 2008
Alors que les grandes puissances mondiales sont préoccupées
par la recherche de moyens optimaux de sortir de la crise
économique globale, il y a bien des raisons de supposer que des
pays "rétifs" tels que le Venezuela, la Corée du Nord ou l'Iran,
qui ont senti que les principaux centres de force leur
accordaient moins d'attention, tâcheront d'en profiter pour
tirer quelque avantage de cette situation.
Ainsi, le consentement de Pyongyang à abandonner son
programme nucléaire a poussé les Etats-Unis à rayer la Corée du
Nord de la liste des pays qui soutiennent le terrorisme
international et à lever partiellement les sanctions économiques
prises contre ce pays. Cependant, les observateurs estiment que
l'Etat nord-coréen ressent à présent une plus grande
indépendance économique vis-à-vis de la Corée du Sud, le geste
de Washington ouvrant la porte à des investissements en
provenance d'autres pays. Combiné avec la politique rigide du
nouveau président sud-coréen Lee Myung-Bak à l'égard de son
voisin du Nord, cet état de choses constitue la base d'une
nouvelle escalade de la tension entre les deux Corées. Pyongyang
a menacé le 16 octobre de rompre tous les rapports avec la Corée
du Sud, en réaction à la politique inflexible du président
sud-coréen qui a promis au Nord des investissements si celui-ci
renonçait à ses projets de créer des armes nucléaires. Ces
propositions ont donc été repoussées. De l'avis des analystes,
Pyongyang craignait d'affaiblir l'influence de l'Etat sur une
économie qui reste l'une des plus isolées par rapport au reste
du monde.
Cependant, il y a aussi des raisons d'estimer qu'en réalité
la Corée du Nord s'est permis ces derniers temps un comportement
qui ne lui correspond pas. En effet, dans un contexte où tout le
monde est absorbé par la crise économique, il est peu probable
que quelqu'un puisse réagir sérieusement à une démarche aussi
brutale. Par la même occasion, on peut détourner pour un certain
temps l'attention de l'opinion publique d'un probable changement
de pouvoir dans le pays.
Mais c'est sans doute le président iranien, connu pour ses
déclarations très directes, qui a le mieux réussi à mettre en
relief la situation actuelle dans le monde. "Je ne pense pas que
l'Amérique soit capable de lancer une nouvelle guerre dans les
dix prochaines années. C'est une bonne nouvelle pour le monde
entier", a-t-il déclaré la semaine dernière lors d'une rencontre
avec quelques dizaines de pacifistes américains. C'est également
une bonne nouvelle pour les dirigeants iraniens qui, dans les
conditions de l'instabilité extrême des prix mondiaux des
produits énergétiques, ont moins à craindre l'introduction de
sanctions économiques de grande envergure contre leur pays. Tout
ajournement de la question des sanctions en échange de l'arrêt
par l'Iran de la mise en œuvre de son programme nucléaire ne
fait que rapprocher Téhéran de son objectif le plus cher.
Hugo Chavez a également su profiter brillamment de la crise
financière dans l'intérêt du Venezuela et dans son propre
intérêt. Comprenant que le prix des ressources est aujourd'hui
au premier plan, il a proposé du pétrole bon marché aux pays
pauvres d'Amérique latine. Ces volumes sont insignifiants pour
son pays, alors que les dividendes politiques seront pour le
moins importants.
Il est prévu que Caracas livre 300.000 barils de pétrole par
jour à des prix réduits subventionnés. Dans le même temps, le
président Chavez a déclaré qu'il continuerait à faire pression
sur l'OPEP afin d'obtenir des livraisons de pétrole à des prix
avantageux pour les 50 pays les plus pauvres du monde, africains
pour la plupart. Cependant, aucun consensus sur cette question
n'a pour l'instant été trouvé au sein du cartel.
Effectivement, la crise mondiale oblige de nombreux Etats à
s'occuper, qu'ils le veuillent ou non, de leurs propres
problèmes, ce qui relègue au second plan le règlement des
grandes questions internationales. Dans ce contexte, il est
inutile d'attendre un règlement rapide tant des problèmes
apparus récemment (conflit dans le Caucase du Sud) que de ceux
ayant déjà une longue histoire derrière eux (problème
palestinien). Il n'est pas difficile de deviner qu'en
perspective, cette situation peut avoir des conséquences très
lourdes pour un système de la stabilité internationale déjà
fragile.
Des problèmes globaux tels que la lutte contre la misère dans
les pays les plus pauvres, la crise alimentaire globale et la
lutte contre toutes sortes d'épidémies pourraient se retrouver
privés de l'attention nécessaire.
Mais, paradoxalement, la menace de déclenchement de guerres
importantes se réduit considérablement dans ce contexte. Mener
une guerre n'est plus avantageux. Mais dans ce cas, on ne sait
plus trop que choisir entre un mauvais arrangement et un bon
procès.
Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la
stricte responsabilité de l'auteur.
Par Ilgar Velizade (Azerbaïdjan), pour RIA Novosti
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Publié le 23 octobre 2008
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