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IRIN
Irak:
Les nouveaux déplacés du nord envisagent d'autres moyens de
subsistance
Carte de l'Irak indiquant en rouge les villes du
nord
Photo Google Maps
BAGDAD, 27 décembre
2007 (IRIN) Près de 4 000 habitants du Kurdistan,
région semi-autonome du nord de l’Irak, ont fui leurs domiciles
au cours des deux dernières semaines avant le bombardement par
l’armée turque de plusieurs repères des rebelles kurdes,
a indiqué un responsable local, le 26 décembre.
« Depuis que les avions de l’armée turque ont repris leurs
bombardements sur les zones frontalières, le 16 décembre, près
de 700 familles – environ 4 000 personnes – ont fui leurs
villages, abandonnant tout derrière eux », a expliqué Mohammed
Khalil, porte-parole de la Commission régionale déplacement et
immigration.
Aujourd’hui, certains déplacés commencent à réaliser
qu’ils ne pourront peut-être pas retourner chez eux de sitôt
et envisagent d’autres solutions pour subvenir à leurs besoins
dans les cités et villes où ils ont trouvé refuge.
« Le déplacement des villageois se poursuit […] et pourrait
devenir incontrôlable. Certaines familles déplacées ont perdu
leurs bétails ou ont assisté à la destruction de leurs maisons
», a confié M. Khalil à IRIN au cours d’un entretien téléphonique.
Les familles déplacées se sont installées chez des parents et
des amis, mais ces hôtes ne pourront pas continuer à leur offrir
le gîte indéfiniment, a-t-il fait remarquer. Pour l’instant,
aucun camp n’a été ouvert et la distribution de l’aide
alimentaire se fait en collaboration avec les responsables locaux
de chaque région, a-t-il ajouté.
Se construire une nouvelle vie
Selon Hama Numan Jalil, qui est hébergé chez un parent à Abil,
vivre dans la zone frontalière devenait insupportable.
« J’ai perdu tout mon bétail la semaine dernière : neuf
vaches, 18 moutons et 14 chèvres sur lesquels nous comptions pour
vivre » a expliqué Jalil, un homme de 65 ans et père de huit
enfants, au cours d’un entretien téléphonique avec IRIN.
« Nous avons tout abandonné – notre maison, qui a été détruite
en partie, nos terres, et aujourd’hui nous nous retrouvons ici
en ville, dans la maison de mon cousin qui a déjà 10 enfants à
nourrir », a déploré M. Jalil.
Mais M. Jalil pense à présent retirer de l’école deux de ses
fils pour qu’ils puissent aider à nourrir la famille.
« Il semble que ce conflit va se poursuivre pendant longtemps
encore. Nous devons penser sérieusement à trouver d’autres
moyens de gagner notre vie. Les garçons peuvent vendre des
articles au bord de la route ou travailler comme maçons ou
chauffeurs, a-t-il déclaré.
Les récentes opérations militaires
La toute dernière attaque a eu lieu le 26 décembre. L’aviation
turque avait bombardé huit cachettes supposées des rebelles
kurdes, selon des informations fournies par l’armée turque et
reprises par la presse locale.
Les avions de chasse ont ciblé huit caves et des cachettes utilisées
par les rebelles au cours d’un raid d’une grande précision,
après la localisation d’un groupe de rebelles, a indiqué un
communiqué publié sur le site web de l’armée.
Les frappes aériennes du 26 décembre ont été le troisième
raid aérien confirmé contre des bases des rebelles, depuis le 16
décembre. L’armée a également confirmé que le 18 décembre
des troupes avaient été déployées au sol pour traquer les
rebelles.
Selon l’armée turque, au 25 décembre, plus de 200 cibles
rebelles kurdes dans le nord de l’Irak ont été détruites
depuis le 16 décembre et des centaines de rebelles ont été tués.
Le HCR préoccupé
Le 18 décembre, le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés
(HCR) ont fait part de ses préoccupations concernant le nombre
croissant de personnes ayant fui leurs habitants à cause des
bombardements.
« Nous sommes très préoccupés par les déplacements de
population dans le nord de l’Irak provoqués par les
bombardements constants de l’armée turque, et nous avons procédé
à une distribution urgente de vivres pour aider les personnes déplacées
ayant tout abandonné derrière elles », a expliqué Astrid van
Genderen Stort, porte-parole du HCR.
« L’hiver a commencé et les conditions de vie sont très
dures, en particulier pour les familles d’accueil qui doivent à
présent prendre en charge des personnes supplémentaires », a
ajouté Mme van Genderen Stort.
Selon elle, bon nombre de déplacés ne peuvent pas payer un loyer
mensuel de 200 à 300 dollars américains pour se loger.
Des produits non alimentaires tels que des couvertures, des
matelas, des fourneaux, de lanternes et d’autres articles de
première nécessité ont été distribués par le HCR aux
familles les plus nécessiteuses, à Sulaimaniyah et Arbil, mais
le pétrole manque encore cruellement.
Cette nouvelle vague de déplacés s’ajoute aux quelque 2,4
millions de personnes qui ont fui leurs habitations pour
d’autres régions de l’Irak, depuis l’invasion du pays en
2003 par les forces de la coalition menées par les Etats-Unis. Près
de 2,2 millions personnes se sont également réfugiées dans les
pays voisins, en particulier en Syrie et en Jordanie, selon le HCR. Copyright © IRIN
2007
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