Critiquer l'islam
en s'appuyant sur une chercheuse
islamophobe :
la méthode Michel Onfray Hicham
Hamza
Samedi 25 mai 2013
Info Oumma. Vendredi, le
philosophe Michel Onfray a critiqué le
Coran à partir des travaux d’une
conférencière obsédée par «
l’islamisation de l’Europe ».
Illustration.
L’opportunité était trop tentante : à la
faveur du récent assassinat d’un soldat
britannique par deux
extrémistes religieux, Michel Onfray,
invité sur BFM TV pour promouvoir son
dernier
ouvrage, a déployé son discours
simplificateur et
récurrent à
l’encontre de
l’islam. Au micro de Jean-Jacques
Bourdin, le philosophe-tragédien a
déclamé sa diatribe en réponse à une
question saugrenue posée par un auditeur
et relayée avec complaisance par
l’animateur (0’40 à 4’et 6’30 à 8’30).
L’intellectuel n’est pas seulement
féru de raccourcis historiques ou
d’approximations dans son exégèse des
textes de la religion musulmane. Il
n’hésite pas également à inventer des
versets du Coran (à 7’43) tel celui
censé prescrire d’ « égorger son
voisin si… etc ». Ce n’est pas la
première fois : en 2009, sur le plateau
de Ce soir ou jamais, le
missionnaire de
l’athéisme avait ainsi
tenté de faire croire au
téléspectateur -avant d’être corrigé par
Frédéric Taddeï- que « l’excision »
était, à l’instar du « port du voile
», également prescrite par l’islam.
Neocroisé des neocons
Dans l’entretien de BFM TV, un
passage est révélateur : Michel Onfray
confirme (à 1’53) son affirmation
-extraite de son ouvrage- selon laquelle
« 250 versets du Coran, sur les 6235
du livre, justifient et légitiment la
guerre sainte, le djihad ». Ce
chiffre n’est pas, cette fois-ci, une
invention personnelle : il correspond
exactement à celui professé par
Anne-Marie Delcambre, une autrice
spécialisée dans la critique
systématique et globalisante de la
religion musulmane. Elle défend
notamment l’idée selon laquelle les
termes « islam » et «
islamisme » sont indifférenciés.
Dans son
ouvrage« L’islam des interdits
» paru en 2003, elle exprima, à la
page 22, cette analyse qui lui est
propre : « L’obligation de la guerre
sainte se trouve bien dans le Coran. Le
thème occupe environ 250 versets sur
6235 ».
Proche du neoconservateur
Daniel Pipes, figure
majeure de
l’islamophobie américaine,
Anne-Marie Delcambre a connu son heure
de gloire télévisée en 2012. C’était
dans l’émission de Frédéric Taddeï, aux
côtés de
Véronique Genest (une actrice
toujours engagée en politique).
Voici un extrait de son édifiante
intervention lors d’un
débat consacré à l’islamophobie :
Quant à
Michel Onfray, philosophe athéiste qui
affirme ne pas distinguer les trois
monothéismes dans sa critique tout en
précisant, par ailleurs, qu’il «
n’existe pas de menace chrétienne ou
juive », gageons que sa
diabolisation militante de l’islam aura
les effets escomptés auprès d’un public
conquis d’avance. Tel est ainsi le cas
de la mouvance ultra-sioniste.
Nietzsche en maillot de
bain
Souvenez-vous de Dreuz.info, ce site
violemment anti-arabe et anti-musulman
dont Oumma vous a récemment relaté les
déchirements internes à la suite
de l’affaire Taguieff. L’un de ses
contributeurs les plus
exaltés, dénommé Jean-Patrick
Grumberg, a
interviewé le philosophe
anticlérical qui était curieusement muni
d’une
kippa siglée à son nom. Cet échange
improvisé s’est déroulé, en mars
dernier, dans le café d’une plage de
Tel-Aviv : Michel Onfray était alors de
passage en Israël pour
donner une
conférence sur Albert Camus et se
disculper, au passage, d’être un
« antisémite » (à la suite,
notamment, de la
controverse autour de sa
critique, l’an dernier, de la
Torah).
Extrait :
« Je crois qu’Israël montre ce
qu’est un Occident découplé de l’Europe.
Je suis un farouche défenseur des
valeurs de l’Occident – liberté,
égalité, fraternité, laïcité, féminisme.
On voit donc, à Tel-Aviv, mais pas à
Jérusalem que je n’ai guère plus et
mieux vu, un Occident non européen avec
ce que Nietzsche nommerait une « grande
santé », une vitalité – des corps
montrés sans complexes, une jeunesse
radieuse, un nombre incroyable de femmes
enceintes, de couples avec des enfants
ou des poussettes. Le versant solaire de
la méditerranée se manifeste sur les
plages de Tel-Aviv alors que le versant
nocturne des trois monothéismes fait la
loi à Jérusalem ».
Accorder un entretien à un média
notoirement
raciste et se faire le chantre
lyrique d’une puissance coloniale
présentée comme la quintessence de
l’Occident : Michel Onfray a beau jeu de
s’indigner de « l’obscurantisme »
prôné, selon lui, par l’islam. Il n’a,
en tout cas, pas démérité son titre de
« prêtre honoraire »
attribué -ironie de l’histoire- par
«
SaSainteté »
Claude Vorilhon, gourou du
mouvement raëlien qui se
présente comme la plus
grande organisation athéiste au
monde. Il est vrai que le surnommé Raël
avait déjà
attaqué l’islam dans le passé au
point, quant à lui, d’en suggérer
« l’ interdiction ».
Son « prêtre » Michel
Onfray est visiblement prêt à reprendre
le flambeau.
Publié le 26 mai
2013 avec l'aimable autorisation
d'Oumma.com
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