Affaire Merah :
Le CRIF protège l'ex-patron de la DCRI
Hicham Hamza
Mercredi 14
novembre 2012
Info Oumma. Le président du CRIF a
demandé à Albert Chennouf, père d’une
victime de la tuerie de Montauban,
d’abandonner ses poursuites judiciaires
à l’encontre de Bernard Squarcini,
l’ex-directeur du Renseignement
intérieur.
Depuis dimanche, la presse
généraliste se focalise sur le nouvel
épisode de l’affaire Merah, dévoilé par
M6 et relatif aux propos antisémites
de la sœur
Souad. Le tandem à l’origine de
cette
œuvre audiovisuelle, Mohamed Sifaoui
et Abdelghani Merah, enchaîne depuis les
interviews pour promouvoir leur ouvrage,
sorti mercredi chez
Calmann-Lévy :
RTL,
France Inter,
Europe 1,
RMC,
Canal+,
France 5,
Arte,
BFM TV, entre autres boulevards.
D’ores et déjà, les deux hommes
peuvent se réjouir de constater l’écho
retentissant de leur coup médiatique :
les extraits de la caméra cachée repris
par plusieurs chaînes de télévision -jusqu’en
Israël- et des entretiens
complaisants sur le mode
psycho-misérabiliste ont assuré la
publicité du livre, vendu à 17 euros et
dont les
recettes ne semblent pas, comme l’a
souligné l’éditorialiste Guy
Birenbaum, être destinées aux familles
de victimes.
Outre ses conséquences lucratives pour
le tandem, la focalisation médiatique
sur Souad Merah a un intérêt politique
au regard de la raison d’Etat :
détourner l’attention des
nombreuses zones d’ombre sur les
évènements de Toulouse-Montauban et
désamorcer le questionnement croissant
sur le rôle exact des services secrets -DCRI
et
DGSE- dans leur
traitement de Mohamed Merah en tant
qu’éventuel
indicateur.
Rien ne permet d’affirmer à ce jour que
Mohamed Sifaoui collabore secrètement
-comme c’est le cas de nombreux
journalistes- avec la
DCRI. Cependant, à l’instar du scoop
estival de TF1 sur l’enregistrement
sonore de Merah, le reportage de M6
était également signé par un journaliste
disposant
exceptionnellement de l’accès aux
archives de la police. Après
Christophe Dubois, Mohamed Sifaoui
ne semble pas non plus rencontrer des
difficultés pour se procurer des
documents de la DCRI et les exposer à
l’antenne afin d’appuyer sa thèse :
celle d’un tueur solitaire -Mohamed
Merah- assisté par une obscure nébuleuse
islamiste aux ramifications
internationales.
Chose à retenir, le journaliste
algérien, qui a récemment adapté un
film sur son thème fétiche, est un
proche de la
droite ultra-sioniste française avec
laquelle il
partage les mêmes idées comme
l’illustre son intervention (à 31’) dans
un
colloque organisé en 2009 par
l’UPJF et intitulé « Les ruses
du nouvel antisémitisme contemporain :
l’antisionisme ».
La tournée
promotionnelle du tandem Sifaoui-Merah
fait également le jeu de l’actuelle
direction ultra-droitière du CRIF :
fin
juin, celle-ci avait déjà organisé,
avec la complicité de l’hebdomadaire
Le Point, une rencontre avec
Abdelghani Merah, curieusement
mise en scène comme un
interrogatoire policier (extrait visible
de 8’35 à 9’15) :
Une manne
commerciale pour les auteurs, un
contre-feu soulageant pour la police et
un discours anxiogène dans la ligne
idéologique du CRIF : le pack
documentaire/livre est une aubaine pour
certains. Quant aux médias français, la
plupart ont préféré servir de chambre
d’écho à cette diversion plutôt que de
la minorer au regard du bilan
journalistique
décrié de Mohamed Sifaoui. Plus
grave, les journalistes de la presse
généraliste n’auront pas remarqué cette
étrange information, relevée par Oumma :
Richard Prasquier, président du CRIF, a
demandé -en privé- à
Albert Chennouf, père d’une des
victimes de la tuerie de Montauban, de
cesser ses
poursuites judiciaires, pour «
non-assistance à personne en danger »,
à l’encontre de l’ancien patron du
Renseignement intérieur.
« Pour moi,
Bernard Squarcini est l'assassin présumé
de mon fils. J'affirme qu'il a menti au
juge. Et lorsqu'on ment au juge, on ment
au peuple. Je n'admets pas cela »,
déclarait Albert Chennouf au
Point la semaine dernière. Lors du
dépôt de plainte, au mois de mai, son
ex-avocat, le frontiste Gilbert Collard,
y était curieusement défavorable.
Oumma a remarqué sur
le
compte Twitter du père d’Abel
Chennouf la remarque stupéfiante,
formulée incidemment dimanche
dernier : réagissant à un commentaire
relatif au CRIF, l’homme a fait savoir
que Richard Prasquier lui avait «
demandé en personne d’abandonner »
sa procédure judiciaire intentée à
l’encontre de l’ex-dirigeant de la DCRI.
Question : pourquoi
le président d’un organisme
communautaire est-il intervenu auprès du
père d’une victime de l’affaire Merah
pour épargner l’ex-patron du
Renseignement intérieur ?
Cette démarche inattendue révèle le
lien entre deux hommes, Richard
Prasquier et Bernard Squarcini, dont les
missions et les prérogatives ne sont pas
censées se recouper. Quel sens faut-il
accorder à cette intervention ? Richard
Prasquier semble vouloir
sauver la peau de l’ex-patron de la
DCRI, homme
sur lequel pèse le
soupçon d’avoir
menti dans l’affaire Merah. Pourquoi
le CRIF, constitué
partie civile dans le dossier Merah,
voudrait-il couvrir les éventuelles
fautes graves de la DCRI ?
Une chose est certaine : ne comptez
guère sur
TF1,
M6,
Mohamed Sifaoui ou l’Express pour
vous donner la réponse. Les Oummanautes
désireux d’en savoir plus sont les
bienvenus pour soutenir le
« Projet Merah »: la
réalisation d’une contre-enquête
indépendante sur l’environnement
toulousain de Mohamed Merah, sans le
parrainage et le tampon de validation
émis par la DCRI, la DGSE ou le CRIF.
Publié le 15
novembre 2012 avec l'aimable
autorisation d'Oumma.com
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