Redoine Faïd, «
braqueur des cités »,
s'était perfectionné en Israël Hicham
Hamza
Dimanche 14 avril
2013
Tsahal
Hold-Up. L’homme qui s’est évadé samedi
de prison pourrait tenter de se réfugier
en Israël, pays dans lequel il a des
attaches. Révélations.
Il a exécuté un coup d’éclat digne de
figurer dans
Heat, son film
fétiche : Redoine Faïd s’est
échappé, hier matin, de la prison de
Sequedin. L’action fut rocambolesque :
pose d’explosifs sur cinq portes, prise
d’otages, incendie d’une voiture et
disparition dans la nature. Un
mandat d’arrêt a été
diffusé dans l’espace Schengen (comprenant
les territoires de 26 Etats européens)
et une
centaine de policiers ont déjà été
mobilisés. En 2005, alors incarcéré pour
une autre affaire, l’homme avait
déjà tenté, en vain, de réaliser une
évasion spectaculaire.
Aujourd’hui, la plupart des médias
de la presse généraliste se contentent
de quelques éléments biographiques
sommaires pour dresser le portrait du
fugitif : le
multirécidiviste, âgé de 40 ans, est
associé au profil du jeune des quartiers
devenu un as du grand banditisme. On
parle de lui comme d’un
« ex-petit délinquant des cités »,
un
« gamin de
banlieue »: manière délicate d’évoquer,
entre les lignes, sa condition de fils
d’immigré maghrébin. Le Franco-Algérien
Redoine Faïd a grandi effectivement dans
une cité de
la commune de Creil. Très jeune, il se
fait remarquer par son succès dans le
braquage de fourgons et un
charisme indéniable qui suscite même
l’admiration des policiers de l’Oise.
Pourtant, un élément singulier de la
vie du braqueur évadé est omis
aujourd’hui dans l’ensemble des
commentaires de presse à son sujet : son
rapport atypique avec l’Etat d’Israël.
Il faut se référer aux articles parus à
l’occasion de la promotion de son
livre d’entretiens -publié fin 2010-
pour découvrir cet aspect biographique.
Redoine Faïd a
entretenu, à la fin des années 90, un
lien étroit avec la mafia israélienne. A
tel point qu’il avait « fait le
projet », comme le
rapportaLe Parisien en
2002, de se convertir au judaïsme afin
de pouvoir s’installer discrètement dans
l’Etat hébreu.
Le journaliste
Frédéric Ploquin, proche des
services de police et des institutions
judiciaires, avait évoqué la question
sur son blog hébergé par Marianne.
A propos de sa disparition -début 2011-
consécutive à un braquage raté qui s’est
soldé par la mort d’une policière
municipale, il
écrivait ceci :
« On le disait en Israël, pays où
il s’était adroitement replié lors d’une
première cavale, prompt à porter la
kippa et à apprendre l’hébreu.
Autodidacte du braquage, il avait
vite appris, peaufinant son savoir
technique auprès d’un ancien militaire
israélien.
Et s’était rapidement hissé dans
le petit cercle des braqueurs de
fourgons blindés, l’aristocratie du
crime organisé ».
Curieusement, cette mention
truculente d’un fugitif prêt -dans le
passé- à se fondre dans la population
israélienne a été
reprise par l’antenne anglophone de
l’Agence France-Presse (et dans les
médias anglo-saxons par la suite)
mais demeure
ignorée ce weekend par sa
contrepartie francophone.
En janvier 2011, Le Parisien
était plus
explicite que Marianne :
« C'était lui, le boss, il
montait les équipes, voyageait en Israël
pour suivre des entraînements
paramilitaires et se procurer des armes
de guerre et des explosifs. Le braquage
du fourgon de Villepinte
(Seine-Saint-Denis) en juillet 1997
marque son apogée ».
Selon ses
confidences publiées en 2010,
Redoine Faïd a également investi en
Israël, pays pour lequel il affichait
alors son admiration. Il en
parle d’ailleurs la langue.
Se faire la belle en
Israël
Quelques mois après la sortie de son
livre, la nouvelle coqueluche des médias
était à nouveau traquée par la police.
Disparu de la circulation, l’homme en
liberté conditionnelle était soupçonné,
selon un enquêteur interrogé par
Le Parisien, de s’être
envolé pour Tel Aviv : « Il est
susceptible de se rendre à l’étranger et
notamment en Israël, comme il l’a déjà
fait ». Le pari était probable au
regard du passé du délinquant : en 1998,
le fugitif Redoine Faïd, présent «
dans une agence de voyage du quartier de
l'Opéra à Paris », avait été arrêté
« alors qu'il achetait des billets
d'avion pour Israël ».
Détail supplémentaire : dans son
livre, Redoine Faïd racontait qu’il
utilisait régulièrement la Suisse comme
une « excellente couverturepour aller à
l’étranger » avec des« faux
papiers ». Gagner Tel Aviv depuis
Genève : tel pourrait être l’objectif
immédiat de l’homme en cavale. Voilà qui
contredirait le pari du
co-animateur du site arabophobe
Fdesouche : sur Twitter, le dénommé
« Pierre S.» envisageait, pour
Redoine Faïd, un départ vers le Maghreb,
«direction le bled ». Avec une
touchante naïveté, l’ultra-nationaliste
semble confondre la terre d’origine et
la patrie de cœur.
Publié le 16 avril
2013 avec l'aimable autorisation
d'Oumma.com
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