Michel Houellebecq
ou le triomphe de la corruption Hicham Hamza
Michel Houellebecq
Mardi 9 novembre 2010
Consacré. Lundi, sans surprise, l’écrivain
Michel Houellebecq a obtenu le prix Goncourt pour son dernier
roman, « La Carte et le Territoire ». L’occasion pour Oumma de
se joindre à la célébration unanime de l’auteur en rappelant ici
sa « haine de l’islam » ou ses anciens propos relatifs aux jurés
de l’Académie Goncourt, ces notables que l’on doit « acheter ».
« Je ne participe jamais à ce qui m’entoure,
je ne suis nulle part à ma place ». Cette citation du grand
écrivain américain Howard Phillips Lovecraft semble, à première
vue, convenir à celui qui lui consacra une biographie : Michel
Houellebecq. Les deux hommes partagent le même regard, cynique
et désabusé, sur leur époque et tous deux ont longtemps été en
marge des canons littéraires. A une différence près : pour
Michel Houellebecq, cette posture est une imposture. Loin de
rejeter son époque, le romancier français en adopte au contraire
les pires travers. A l’inverse du fabuleux Lovecraft,
Houellebecq est dans l’air du temps. Mieux encore,
cet admirateur déclaré de
Nicolas
Sarkozy et
Jean-Pierre Pernaut, également coauteur d’une correspondance
avec
Bernard-Henri Lévy, devance la tendance.
1er Septembre 2001 : alors que
certains s’apprêtent, dans dix jours à peine, à lancer avec brio
le concept du choc des civilisations, le magazine Lire publie
une
longue interview de Michel Houellebecq à l’occasion de la
sortie de son roman intitulé « Plateforme », ou
l’histoire d’une romance anéantie dans un attentat
islamiste. Extraits non tronqués :
Pour l’Islam, ce n’est plus du mépris que
vous exprimez, mais de la haine ?
M.H. Oui, oui, on peut parler
de haine.
Est-ce lié au fait que votre mère s’est
convertie à l’islam ?
M.H. Pas tant que ça, parce que
je ne l’ai jamais prise au sérieux. C’était le dernier moyen
qu’elle avait trouvé pour emmerder le monde après une série
d’expériences tout aussi ridicules. Non, j’ai eu une espèce de
révélation négative dans le Sinaï, là où Moïse a reçu les Dix
Commandements... subitement j’ai éprouvé un rejet total pour les
monothéismes. Dans ce paysage très minéral, très inspirant, je
me suis dit que le fait de croire à un seul Dieu était le fait
d’un crétin, je ne trouvais pas d’autre mot. Et la religion la
plus con, c’est quand même l’islam. Quand on lit le Coran, on
est effondré... effondré ! La Bible, au moins, c’est très beau,
parce que les juifs ont un sacré talent littéraire... ce qui
peut excuser beaucoup de choses. Du coup, j’ai une sympathie
résiduelle pour le catholicisme, à cause de son aspect
polythéiste. Et puis il y a toutes ces églises, ces vitraux, ces
peintures, ces sculptures...
Votre personnage principal en arrive à
prononcer cette phrase : « Chaque fois que j’apprenais qu’un
terroriste palestinien, ou un enfant palestinien ou une femme
enceinte palestinienne, avait été abattu par balles dans la
bande de Gaza, j’éprouvais un tressaillement d’enthousiasme... »
M.H. La vengeance est un sentiment que je n’ai jamais
eu l’occasion d’éprouver. Mais dans la situation où il se
trouve, il est normal que Michel ait envie qu’on tue le plus de
musulmans possible... Oui... oui, ça existe, la vengeance.
L’islam est une religion dangereuse, et ce depuis son
apparition. Heureusement, il est condamné. D’une part, parce que
Dieu n’existe pas, et que même si on est con, on finit par s’en
rendre compte. A long terme, la vérité triomphe. D’autre part,
l’Islam est miné de l’intérieur par le capitalisme. Tout ce
qu’on peut souhaiter, c’est qu’il triomphe rapidement. Le
matérialisme est un moindre mal. Ses valeurs sont méprisables,
mais quand même moins destructrices, moins cruelles que celles
de l’islam.
Quant aux propos qu’il fait tenir au narrateur
de « Plateforme », ils sont du même tonneau :
« L’islam ne pouvait naître que dans un désert stupide, au
milieu de bédouins crasseux qui n’avaient rien d’autre à faire –
pardonnez-moi – que d’enculer leurs chameaux(…). Le soir
tombait : quelques moutons terminaient leur journée. Eux aussi
étaient stupides, peut-être encore plus que le frère d’Aïcha ;
mais aucune réaction violente n’était programmée dans leurs
gènes. »
Poursuivi en justice par des associations
musulmanes pour injure raciale et incitation à la haine
religieuse, Michel Houellebecq sera finalement
relaxé. Invités le 8 septembre 2001 dans l’émission
« Tout le monde en parle » de Thierry Ardisson, l’actrice
Lubna Azabal et le comédien Daniel Prévost, tous deux d’origine
arabe ou berbère, ont réagi avec indignation aux propos du
romancier.
Un an plus tôt, c’est
encore
chez Thierry Ardisson qu’un aveu inattendu de la part d’un
invité se produit. Interrogé sur un prix Goncourt manqué de peu,
Michel Houellebecq révèle tout haut ce qui apparaît alors comme
un secret de polichinelle : il ne pouvait pas obtenir le
prestigieux prix car sa maison d’édition, Flammarion, n’avait
« pas de ligne budgétaire pour acheter les jurés ». Dix ans
plus tard, l’auteur est revenu dans le même groupe éditorial. Sa
consécration, ce lundi 8 novembre, serait donc le signe d’une
corruption enfin réalisable et brillamment parachevée, du
moins si l’on en croit ses propos antérieurs. Cette fois-ci,
Michel Houellebecq, qui s’estime aujourd’hui « profondément
heureux », a bel et bien mérité son prix.
Dans la figure du paria qu’il a choisi
d’incarner, son collègue, rival, et ancien voisin
d’immeuble, Marc-Edouard Nabe, peut aujourd’hui se remémorer la
phrase prononcée jadis par le nouveau lauréat et rapportée dans
son roman, « Le
Vingt-Septième livre », paru en 2009 : « Si
tu veux avoir des lecteurs, mets-toi à leur niveau ! Fais de toi
un personnage aussi plat, flou, médiocre, moche et honteux que
lui. C’est le secret, Marc-Édouard. Toi, tu veux trop soulever
le lecteur de terre, l’emporter dans les cieux de ton fol amour
de la vie et des hommes !... Ça le complexe, ça l’humilie, et
donc il te néglige, il te rejette, puis il finit par te mépriser
et te haïr »... Michel avait raison. Un best-seller a toujours
raison ». Chantre de la médiocrité, faux lunaire et clown
triste de l’islamophobie, Michel Houellebecq est désormais
consacré par le système qu’il prétend abhorrer. Le couronnement
d’une stratégie bien rôdée, basée sur le talent d’un communicant
drapé en dépressif perpétuel. « Mabrouk ! », aurait pu
s’exclamer sa mère pied-noir, ancienne militante au Parti
communiste algérien et nullement convertie à l’islam, s’ils
n’avaient pas rompu tout contact pour un motif ô combien
révélateur. Comme elle l’a
raconté au journaliste Denis Demonpion, auteur d’une
biographie non autorisée sur Houellebecq, son fils lui a fait
une terrible scène, en 1991 dans un McDo, quand il a appris
qu’elle souhaitait se faire enterrer à Alger. Michel Houellebecq
aurait alors tenu des propos violemment racistes pour tenter de
la dissuader. Quand il s’agit de dévoiler les secrets les plus
noirs de leur progéniture, les mères rejetées sont impitoyables.
Publié le 10 novembre
2010 avec l'aimable
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