Noam Chomsky: la guerre en Afghanistan, «
illégale et criminelle », est basée sur des « contes de fées »
Hicham Hamza
Noam Chomsky
Dimanche 7 novembre 2010
Lundi dernier, Noam Chomsky, intellectuel
mondialement reconnu, a fait sensation en affirmant sur Press Tv
qu’il n’existait pas, selon lui, de preuve impliquant Al Qaida
dans les attentats du 11-Septembre.
C’est le « plus grand intellectuel au monde »
selon un sondage organisé en 2005 par la revue britannique
Prospect et le magazine américain Foreign Policy. L’éminent
linguiste et philosophe américain
Noam Chomsky,
particulièrement vénéré en France, a tenu des propos
iconoclastes sur
Press TV.
Cette chaîne internationale d’informations, basée à Téhéran et à
Londres, a consacré lundi dernier une
émission
sur les causes de la guerre en Afghanistan. Interrogé sur sa
légalité, Noam Chomsky a réitéré sa condamnation de l’expédition
militaire, toujours justifiée par l’Otan et la France, mais,
surtout, il a incidemment donné son sentiment sur le
11-Septembre, prétexte officiel de l’intervention encore
invoqué par le président Obama. Pour la première fois,
l’influent penseur a nié l’implication du réseau d’Oussama Ben
Laden, s’appuyant sur des conclusions méconnues du
FBI qui a toujours conservé une approche plus
ambivalente que l’Administration Bush.
Connu pour son contournement régulier du sujet,
la nouvelle prise de position, frontale et inattendue, de Noam
Chomsky au sujet d’une polémique toujours controversée, relative
aux culpabilités et à l’instrumentalisation du 11-Septembre,
circule déjà à toute vitesse
sur Internet . Il n’est pas sûr que cette audacieuse
déclaration soit approuvée, voire simplement relayée, par la
plupart des faiseurs d’opinion en France, largement indifférents
ou suivistes sur la question.
Verbatim/Traduction
« En octobre 2001, les Etats-Unis et la
Grande-Bretagne ont commencé à bombarder l’Afghanistan. Il y a
beaucoup de contes de fées concoctés par la suite mais le
motif explicite, déclaré de la guerre était de contraindre les
Taliban de remettre aux Etats-Unis les personnes qu’ils
ont accusé d’être impliqués dans les actes terroristes du World
Trade Center et du Pentagone. Les Taliban ont indiqué envisager
l’extradition mais ils ont requis des preuves, ce qui est
naturel, et l’Administration Bush a refusé d’en fournir (...).
Nous avons découvert par la suite l’une
des raisons pour lesquelles ils n’ont pas fourni de preuve : ils
n’en avaient pas.
8 mois plus tard, le directeur du FBI, après
l’enquête internationale la plus sensible qui soit, a informé la
presse que le FBI estimait que le complot avait pu être ourdi en
Afghanistan mais qu’il avait probablement été mis en oeuvre dans
les Emirats arabes unis et en Allemagne. Essentiellement, ils
n’avaient aucune preuve donc ils ne pouvaient rien présenter.
Trois semaines après le début de la guerre,
un officiel britannique-je ne sais plus lequel- annonça que les
Etats-Unis et la Grande-Bretagne continueraient leurs
bombardements jusqu’à ce que le peuple afghan renverse les
Taliban(…). C’est devenu par la suite la justification pour la
guerre.
Tout cela était totalement illégal. Je veux
dire…C’était plus que cela, c’était criminel. »
Un an auparavant, en octobre 2009, Noam Chomsky
avait discrètement
émis une opinion particulièrement transgressive, notamment
pour l’intelligentsia américaine et européenne, en indiquant que
la thèse selon laquelle l’Administration Bush aurait pu laisser
se commettre le 11-Septembre lui était dorénavant
« concevable ». A 81 ans, et à la manière d’une grande
figure du journalisme d’investigation,
John Pilger,
qui vient aussi d’exprimer
la même opinion , le linguiste Noam Chomsky rejoint ces
nombreuses personnalités dont les langues, précisément, semblent
vouloir se délier.
Publié le 8 novembre
2010 avec l'aimable
autorisation d'Oumma.com
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