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Opinion
Tunisie, le
cauchemar Libyen
Hedy Belhassine
Samedi 5 mars 2011
Au 40ème jour de sa révolution la Tunisie fait le deuil de ses
martyrs. Elle a pris en main son destin démocratique, chaque
jour gagné éloigne le spectre de la réaction. Reste que l’immolé
Bouazizi a posé le double six d’une partie de domino qui menace
le système mondial nourri au pétrole arabe.
La révolte twitte entre centaines de millions d’amis. Elle est
l’expression d’une démocratie directe qui terrorise les
gouvernants. Le drapeau rouge et blanc brandi dans les cortèges
des rues arabes annonce enfin la fin de tous les dictateurs.
Khadafi, le plus ancien et le plus méprisable d’entre eux,
mobilise des régiments de mercenaires et promet à son peuple des
larmes et du sang. Il bombarde les foules. Des morts par
milliers. Une marée de réfugiés passe la frontière tunisienne.
Le Kadafou furieux prépare l’apothéose de son sinistre règne.
Chacun se doute qu’il ne lâchera prise qu’après un ultime crime
qui surpassera en horreur tous les précédents. Dictator Maboul
vise le livre des records.
Comme d’habitude, la communauté internationale bien pensante
tergiverse. Elle attend la probable agression libyenne sur la
Tunisie pour traduire son indignation en campagne militaire et
coloniser le bassin saharien.
Il suffirait pourtant d’un ordre de Barack Hussein Obama pour
qu’un drone Predator tire ses missiles Hellfire sur le führer
libyen. Plus de deux cents supposés criminels qui ne menaçaient
pourtant aucun peuple ont péri de la sorte en Afghanistan, au
Yémen, en Somalie. Mais Washington préfère patienter l’arme aux
pieds. Ses diplomates gesticulent, ils espèrent sans conviction
ramener le Kadafou à la raison. Pendant ce temps, une armada se
rassemble. Les ONG affluent. La tension s’installe. Les
ultimatums sont prêts. Le scénario est une réplique. Comme le
Kuwait, la Tunisie sera libérée. La guerre du golfe de Gabès
aura-t-elle lieu ? Hélas, le pire est à craindre.
Dans les préparatifs de ce jeu de grands, qui se soucie de la
petite étoile tunisienne ? Tunis cherche désespérément les
alliés de sa nouvelle liberté.
La France élyséenne gesticule ; son ambassadeur coure les salons
huppés de la bonne société tunisoise pour rassurer les dames à
carats. Des ministres et hommes d’affaires viennent y passer la
journée.
L’Italie berlusconienne propose de déployer ses carabiniers sur
les plages de Zarzis pour prévenir de la noyade les candidats à
l’immigration. Rome et Paris sont benalistes, tout comme les
capitales arabes.
Alger est muette. Du haut de leur pouvoir les vieux trahissent
leurs devoirs de mémoire. Ils ont oublié Sakiet Sidi Youssef,
les camps de Kasserine, de Gafsa, les sangs et drapeaux mêlés,
les hymnes chantés, la peur et le pain partagés. Le peuple
algérien frère baisse les yeux et ouvre les bras, ou l’inverse…
Désespéré, il ne sait plus quoi tenter depuis tant d’années
qu’il se soulève et se consume devant la forteresse
inébranlable.
Dans les jours difficiles les amis qui se présentent ne sont
jamais ceux que l’on attendait. Alors que rien ne lie l’Espagne
à la Tunisie depuis l’exode des Morisques Andalous en 1609, José
Luis Rodriguez Zapatero est le seul chef de gouvernement qui est
venu célébrer la Tunisie libre. España es Grande.
Terrible pressentiment qu’un tragique revirement de l’histoire
n’oblige demain les tunisiens à y retourner.
Le
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