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Paris brandit la menace d’une
guerre contre l’Iran
Hassane Zerrouky
Mardi 18 septembre 2007 Iran
. En menaçant Téhéran, s’il ne renonce pas à son programme
nucléaire, Kouchner confirme l’alignement de la France sur les
États-Unis.
Invité du Grand Jury RTL/LCI/le Figaro, le ministre des
Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a indiqué à propos de
la question du nucléaire iranien qu’il fallait « se préparer
au pire (…). Le pire, c’est la guerre ». Précisant sa
pensée, il a ajouté : « on se prépare en essayant
d’abord de mettre des plans au point qui sont l’apanage des états-majors.
Ça, c’est pas pour demain. Mais on se prépare aussi en disant :
" Nous n’accepterons pas que cette bombe (iranienne - NDLR)
soit construite. Suspendez l’enrichissement d’uranium et on
vous montre que nous sommes sérieux en proposant des sanctions
plus efficaces". » Et en marge des décisions que
prendrait le Conseil de sécurité de l’ONU dans le cas où l’Iran
continuerait à faire la sourde oreille, le chef de la diplomatie
française a précisé que la France et ses alliés ont décidé
de se « préparer à des sanctions éventuelles en dehors
des sanctions de l’ONU et qui seraient des sanctions européennes ».
Autrement dit, Paris est prêt à prendre la tête des
capitales européennes pour plus de fermeté envers l’Iran,
avant de s’associer à une aventure militaire américaine contre
Téhéran. Reste que si la Grande-Bretagne est sur cette ligne, et
de manière feutrée l’Allemagne, des pays comme l’Italie et
l’Espagne seraient plutôt réticents à vouloir agir en dehors
du cadre de l’ONU. En outre, à l’instar de Washington qui
avait interdit à ses firmes de commercer avec l’Iran, Bernard
Kouchner a invité les entreprises françaises « à ne pas répondre
aux appels d’offres » de Téhéran.
La réaction iranienne n’a pas tardé. « Le nouveau
locataire de l’Élysée veut aujourd’hui copier la
Maison-Blanche », écrit l’agence de presse Irna qui a
beau jeu d’accuser les dirigeants français de « traducteurs
de la volonté de la Maison-Blanche » ! Quant au chef
de l’État iranien, Ahmedinejad, il campe plus que jamais sur
ses positions, affirmant que son pays « ne reculera pas »
et que les Occidentaux ne pourront pas imposer des sanctions !
Venant après le discours prononcé le 27 août par Nicolas
Sarkozy à la conférence des ambassadeurs, les propos guerriers
de Bernard Kouchner confirment que Paris s’aligne sur le fond et
la forme sur Washington. Cette inflexion de la diplomatie française
montre que la remise en cause du positionnement stratégique de la
France dans le monde se poursuit. Et que la France est bel et bien
rentrée dans le rang, renonçant à ce qui la singularisait par
rapport aux États-Unis en matière d’approche des relations
internationales et de prévention des conflits. Pas seulement sur
le dossier nucléaire iranien ou irakien mais aussi sur la
question palestinienne et sur l’OTAN, que Paris entend réintégrer
complètement, sans contrepartie.
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Publié le 19 septembre avec l'aimable autorisation de l'Humanité.
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