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Le Web de l'Humanité
Dégradation extrême en Palestine
Hassane Zerrouky
Lundi 15 décembre 2008
Gaza . Une année noire avec la poursuite du blocus de Gaza, des
provocations de l’extrême droite israélienne contre les civils
et des négociations de paix en panne. Les Palestiniens ont été
les oubliés du soixantième anniversaire de la Déclaration
universelle des droits de l’homme. Victimes d’une violence
institutionnelle - ils sont soumis aux lois répressives de
l’occupant israélien - et d’une violence structurelle - la
spoliation de leurs terres (colonisation de la Cisjordanie) et
de leurs biens immobiliers - les habitants de Cisjordanie et de
Gaza voient l’année 2008 se terminer sans que le processus de
paix ait un tant soit peu progressé. En effet, aucune percée
significative n’a été enregistrée depuis qu’ont été relancées,
en novembre 2007, les négociations de paix lors de la réunion
d’Annapolis (États-Unis). Sans doute est-ce pour cette raison
que le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé de programmer une
réunion ministérielle pour mardi consacrée à la situation.
C’est dans ce contexte de dégradation extrême de la situation
et des conditions de vie des Palestiniens, avec en toile de fond
la poursuite du blocus de Gaza et des provocations des colons
israéliens contre les civils de Hebron, que le chef des
négociateurs palestiniens, Ahmed Qoraï, a fait état de
proposition israélienne de retrait de 93 % de la Cisjordanie ;
proposition que l’Autorité palestinienne a refusée. Vendredi, il
a déclaré que les Palestiniens avaient rejeté une offre
israélienne d’annexer 7 % de la Cisjordanie qui aurait permis à
l’État hébreu de garder le contrôle de quatre gros blocs de
colonies où vivent la majorité des 300 000 colons israéliens.
Selon Qoraï, le maintien de ces blocs empêcherait le futur État
palestinien de disposer d’une continuité territoriale. « Ces
déclarations sont inexactes », a rétorqué samedi un haut
responsable israélien. Selon lui, Ehoud Olmert aurait déclaré
aux Palestiniens qu’Israël conserverait « un pourcentage de ces
territoires » et qu’il en concédera un pourcentage similaire aux
Palestiniens « car, sans cela, il n’y aura pas de paix ». En
Israël, l’hypothèse d’une victoire du Likoud aux législatives de
février prochain - il est crédité de 34 sièges sur les 124 en
lice - hypothèque sérieusement la paix dans la région. Son
leader, l’ancien premier ministre Benyamin Netanyahou, est
opposé au retrait d’Israël de Cisjordanie, mais aussi du Golan
syrien, ainsi qu’à l’idée d’un État palestinien ayant tous les
attributs de souveraineté ! Quant à son rival dans la course, la
ministre des Affaires étrangères, Tzipi Livni, elle n’a rien
trouvé de mieux afin de remonter dans les sondages que de se
déclarer favorable à l’installation du million d’Arabes
israéliens dans un État palestinien. Vendredi, elle a estimé que
« les revendications nationales des Arabes israéliens devront
être concrétisées ailleurs qu’en Israël dans le cadre d’un État
palestinien, mais il n’est pas question de procéder à un
transfert ou de les pousser au départ » ! Le moins que l’on
puisse dire est que ces propos ont été tenus dans le contexte
d’une montée de l’extrême droite israélienne. En plus de Hébron
où les colons multiplient leurs agressions contre les civils
palestiniens, en Israël même, les militants du mouvement raciste
Kach n’ont pas renoncé à organiser une manifestation visant à
expulser les habitants Palestiniens de la localité d’Oum el-Fahem
au nord-est de Tel-Aviv. Elle a finalement été interdite, sans
doute en raison de la détermination de ses habitants, aidés par
des pacifistes israéliens, à s’y opposer fermement.
À l’autre bout, à Gaza, célébrant le 21e anniversaire de sa
création, le Hamas a estimé, par la voix d’un de ses dirigeants,
que « renouveler une trêve alors que l’ennemi maintient Gaza en
état de siège et ne la respecte pas n’a aucun sens ». Autrement
dit, comme en 2007, la fin de 2008 ne s’annonce guère de bon
augure.
© Journal l'Humanité
Publié le 16 décembre 2008 avec l'aimable autorisation de l'Humanité.
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