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Free Gaza « Un film
d'horreur »
Hassane Zerrouky
Photo: P.A.S.
Jeudi 3 juin 2010
Les témoignages des humanitaires de la campagne Free
Gaza libérés hier par Israël sont tous plus accablants les uns
que les autres. Huit Français étaient attendus hier soir à
Paris.
Les huit humanitaires français, faits prisonniers par les
militaires israéliens à la suite de l’assaut sanglant contre le
navire turc Mavi Marmara, devaient arriver hier aux environs de
21 heures à l’aéroport de Roissy. Parmi eux, Mounia Bessedik,
trente-trois ans, habitante du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis),
dont le maire communiste, Didier Mignot, a exigé « la libération
immédiate ». Autre humanitaire dont la famille était sans
nouvelle, Thomas Sommer-Haudeville, fait également partie du
groupe qui devait arriver hier. Selon les responsables de la
CCIPPP (Campagne civile internationale pour la protection du
peuple palestinien), une conférence de presse sera organisée dès
leur arrivée en France. La même CCIPPP a annoncé que six
Italiens – Angela Llano, quarante-sept ans, directrice du
quotidien sur Internet Infopal, Manolo Luppichini, réalisateur
free-lance romain, collaborateur de Rai 3, Manuel Zani,
journaliste free-lance, Joe Fallisi, un chanteur d’opéra (ténor)
milanais, Marcello Faracci (à la double nationalité italienne et
allemande) et Muhim Qaqer (à la double nationalité italienne et
palestinienne) – avaient pris un vol à destination de la Turquie
avant de s’envoler vers l’Italie.
Les premiers témoignages commencent à tomber. « Ce qui s’est
passé est incroyable. La façon avec laquelle les soldats
israéliens criminels nous ont frappés et ont tué des militants
turcs de sang-froid ressemblait à un film d’horreur. Ils
auraient pu les arrêter », a assuré le député marocain
Abdelkader Amara dès son arrivée à Amman, cité par l’AFP.
Israël, de plus en plus isolé
Autre réaction, celle de l’écrivain et auteur à succès de
romans policiers, le Suédois Henning Mankell, libéré en
compagnie de neuf autres militants ; dont un député suédois.
« Que se passera-t-il l’an prochain, lorsque nous viendrons avec
des centaines de bateaux ? Tireront-ils une bombe
atomique ? », s’est-il demandé mardi soir après son arrivée en
Suède. « Aujourd’hui, nous savons qu’Israël est sur les genoux.
Personne n’aurait pu s’attendre à ce que le reste du monde
réagisse de cette façon. Ils sont complètement isolés. Les gens
en ont tellement assez de cette brutalité et de cette violence
que ce pouvoir (israélien) a sur la conscience », rapporte
l’agence suédoise TT, citée par l’AFP. L’écrivain, qui a appelé
à des sanctions, a déclaré « qu’il faut prendre exemple sur
l’Afrique du Sud (de l’apartheid), où les sanctions ont eu un
impact très fort ».
Hier matin, à la suite de la décision prise sous la pression
internationale par le gouvernement Netanyahou de libérer et
d’expulser les 682 humanitaires, dont 380 Turcs, originaires de
42 pays, détenus dans un centre de rétention, plus de 200
personnes originaires des pays occidentaux ont été convoyées
vers l’aéroport de Tel-Aviv, tandis que 124 autres originaires
de pays arabes ont été expulsés vers la Jordanie. Parmi ces
derniers, une trentaine de ressortissants algériens – pour la
plupart membres du MSP (ex-Hamas), parmi lesquels figure
dirigeant du parti Abderrazak Mokri –, dont le gouvernement
algérien avait exigé la libération « immédiate » et « sans
condition ». Ils sont arrivés hier après-midi par vol spécial à
Alger. De son côté, la chaîne de télévision câblée
sud-américaine TéléSUR est sans nouvelle de son correspondant,
David Segarra, qui se trouvait sur l’un des navires arraisonnés
par la marine de guerre israélienne.
L’Irlande se fâche
Il reste qu’Israël n’est pas tout à fait tiré d’affaire.
Voilà que se profile à l’horizon une « nouvelle menace » ! Le
MV Rachel-Corrie, navire marchand reconverti acheté par des
militants propalestiniens et baptisé du nom de la jeune
Américaine écrasée par un bulldozer israélien en 2003 à Gaza
alors qu’elle s’opposait à la destruction d’une maison
palestinienne, a quitté Malte lundi avec 15 militants, dont
l’Irlandaise Maired Corrigan-Maguire, prix Nobel de la paix en
1976. Il devrait arriver vendredi soir ou samedi matin dans la
zone où a eu lieu l’interception meurtrière de lundi, a indiqué
un membre de son équipage. « Nous ne pouvons les laisser
brouiller la ligne rouge qu’Israël a établie. Les laisser entrer
pour aider le Hamas est exclu », a réagi Tsahi Hanegbi,
président de la commission des Affaires étrangères et de la
Défense de la Knesset. « S’il arrive quoi que ce soit à un de
nos ressortissants, cela entraînera les conséquences les plus
graves », a prévenu le premier ministre irlandais, Brian Cowen,
dont le gouvernement qu’il dirige a demandé à Israël de laisser
passer le bateau.
En attendant, le ministre de la Défense israélien, le
travailliste Ehoud Barak, n’a rien trouvé de mieux à faire que
d’aller féliciter les commandos qui auraient accompli, selon
lui, leur mission dans des conditions difficiles…
Le sommaire de Hassane Zerrouky
Le dossier la «Flottille de la Liberté»
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© Journal L'Humanité
Publié le 4 juin 2010 avec l'aimable autorisation de
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