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Analyse
Washington a dénoncé l'arrestation
des manifestants au Caire : Obama a-t-il lâché Moubarak ?
Hassan Moali
Photo: El Watan
Samedi 10 avril 2010
Est-ce le début de la fin du soutien sans réserve des
Etats-Unis au clan Moubarak ? La question mérite d’être posée,
même si l’Administration américaine nous a habitués à sa
géopolitique variable qui tient compte de ses intérêts
immédiats.
Il semble, en effet, que le soutien à toute épreuve à la
dictature de Moubarak commence à devenir encombrant pour le
président Obama. Signe peut-être de ce changement de cap, les
Etats-Unis ont fait part mercredi de leur « préoccupation »
après des arrestations de militants politiques en Egypte. Mais
pas seulement, le département d’Etat a demandé expressément au
Caire de respecter la liberté d’expression. « Nous sommes très
préoccupés ?par ?les ?arrestations d’Egyptiens sous le régime de
l’état d’urgence. Le gouvernement de l’Egypte doit faire
respecter les droits de tous à exprimer pacifiquement leurs
opinions politiques », a déclaré le porte-parole du département
de Mme Clinton, Philip Crowley. On est loin des petites
remarques sympathiques à l’endroit d’un allié pour le meilleur
et contre le pire. L’Administration Obama a adopté cette fois-ci
un discours « hard » qui tranche avec les méthodes de
« gangster » de Bush, peu soucieux de défendre les idéaux
démocratiques en nos contrées. « Les Egyptiens doivent pouvoir
participer au processus politique, et finalement déterminer qui
gouvernera l’Egypte après les élections », souligne le
département d’Etat. Les Etats-Unis viennent incontestablement de
mettre les pieds dans le plat égyptien. En creux, Washington
appuierait ainsi le processus de « libération » de l’Egypte des
mains du « Raïs » qui se cristallise autour de l’ex-patron de
l’AIEA, Mohamed El Baradei, candidat potentiel à la
présidentielle 2011. En tout cas, le clan Moubarak n’est pas
habitué à recevoir une telle salve depuis Washington. On le
devine d’autant plus à travers la levée de boucliers que « le
crime de lèse- Moubarak » a provoqué chez l’entourage du maître
du Caire.
Le « Raïs » indésirable
Les autorités égyptiennes ont en effet accusé hier les
Etats-Unis d’« ingérence » dans les affaires intérieures du
pays. « L’Egypte trouve inacceptable et injustifié le communiqué
du département d’Etat évoquant ces arrestations », a réagi un
porte-parole des Affaires étrangères égyptiennes, qualifiant la
prise de position américaine d’« ingérence dans les affaires
intérieures égyptiennes ». Ces échanges pas trop
« sympathiques » entre le Caire et Washington ne sont certes pas
une crise, mais cela y ressemble… Au moins 33 manifestants liés
au groupe du 6 Avril, un mouvement de jeunes Egyptiens qui
milite pour des amendements à la Constitution et la levée de
l’état d’urgence, ont été arrêtés mardi, puis libérés le
lendemain. Au-delà du caractère légitime de leurs revendications
dans un pays qui vit depuis 30 ans sous état d’urgence, les
manifestants voulaient apporter de l’eau au moulin d’El Baradei
qui en fait son programme de pré-campagne. L’objectif étant de
faire sauter les verrous constitutionnels dressés par Moubarak
contre toute tentative de rendre le pouvoir au peuple. Au
pouvoir depuis 30 ans, le « Raïs » égyptien qui vient de subir
une ablation de la vésicule biliaire à 81 ans, voudrait rempiler
« à mort » pour un mandat de trop ou alors faire hériter le
trône à son fils Gamal. Or, la majorité des Egyptiens ne veut ni
du père ni de son fils en 2011. Et Washington semble apparemment
avoir bien compris l’équation.
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