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Ha'aretz
Les Américains
s'opposent à tout contact entre la Syrie et Israël
[Yossi
Beilin le disait hier soir au CBL : deux pays ¨n'encouragent
pas" (pour rester diplomatique) Israël à négocier avec la
Syrie : les Etats-Unis, comme l'indique l'article, et... la
France, chacun pour des raisons
différentes. En attendant, chaud et froid sur la frontière]
Ha'aretz, 23 février 2007
http://www.haaretz.com/hasen/spages/829441.html
Les Etats-Unis ont exigé d'Israël d'éviter tout contact avec la
Syrie, même des contacts exploratoires qui permettraient de
vérifier le sérieux des intentions des dirigeants syriens qui déclarent
souhaiter négocier la paix avec Israël (1).
Lors de rencontres récentes avec les dirigeants israéliens, la
secrétaire d'Etat Condoleezza Rice a exprimé avec force
l'opinion de Washington sur cette question. L'argument des Américains
est que même des "pourparlers exploratoires" seraient
considérés comme une récompense par Damas, dont la politique et
les actes continuent à saper la souveraineté du Liban et le bon
fonctionnement de son gouvernement, tout en continuant également
à semer le trouble en Irak contre la présence américaine.
Il est également connu que la Syrie, comme l'Iran, continue à
fournir des armes et de l'équipement au Hezbollah.
D'après des représentants israéliens haut placés, la position
américaine vis-à-vis de la Syrie, telle qu'elle a été exprimée
par Condoleezza Rice, reflète un durcissement de son attitude.
Quand ils lui ont posé la question
de la possibilité d'explorer le sérieux de la Syrie dans ses
appels à la paix, sa réponse a été sans équivoque : "N'y
pensez même pas!"
Les dirigeants israéliens, y compris la communauté du
renseignement, sont divisés sur le degré de sérieux du président
Bachar Assad quand il appelle à des négociations de paix avec
Israël. Les uns considèrent ces appels d'Assad comme une
campagne de propagande, et insistent pour dire qu'Assad n'est pas
sérieux. Parmi les tenants de cette opinion, le chef du Mossad,
Meir Dagan.
L'opinion est différente au sein du renseignement militaire.
Certains affirment qu'Assad est sérieux dans son offre de négociations,
mais que cela ne signifie pas nécessairement que cela sera facile
pour Israël. Ils suggèrent d'ailleurs qu'il existe une forte
probabilité pour que les négociations échouent.
On sait également que les Syriens ont tenté de faire parvenir
des messages aux dirigeants israéliens par l'intermédiaire
d'anciens diplomates anglais et américains. On estime que ces
efforts syriens sont essentiellement l'œuvre de proches de Walid
Mualem, ministre syrien des affaires étrangères. Les
interlocuteurs approchent certains israéliens pour cultiver des
liens avec les dirigeants. Ehoud Olmert, pour l'instant, s'en
tient strictement à la position américaine : ne pas répondre
aux signaux de la Syrie.
En revanche, aux ministères israéliens des affaires étrangères
et à la défense, on trouve davantage d'ouverture, et l'opinion générale
est qu'il ne faut pas fermer complètement la porte aux Syriens.
De même, beaucoup pensent que les offres syriennes doivent être
testées, dont le ministre de la défense Amir Peretz. Toutefois,
il y a une adhésion stricte au principe de ne pas agir contre
l'opinion du premier ministre, et de tout coordonner avec lui.
Au ministère de la défense, ont sait que la Syrie joue un rôle
actif pour aider le Hezbollah à reconstituer son arsenal, et en
particulier son stock de roquettes. Il semble que le Hezbollah ait
déjà réussi, depuis la fin de la guerre, à se constituer un
stock d'environ 10.000 roquettes à courte portée. Et la
Syrie collabore avec l'Iran pour armer le Hezbollah de roquettes
à portée plus longue. Selon une information, les Syriens
auraient accepté une proposition iranienne permettant à leurs
agents [iraniens] d'être plus actifs dans le commandement des
forces de lancement de roquettes à longue portée du Hezbollah.
Entre temps, Peretz a réagi jeudi à un article d'Ha'aretz
concernant les efforts syriens de réarmement (2) en disant
qu'Israël doit éviter les déclarations sur ce qui se passe en
Syrie. Devant un groupe de haut gradés, il a dit qu'il fallait
faire un effort pour "éviter une escalade par les
mots." La situation sur le terrain et le long de la frontière
syrienne "sera évaluée sur la base de faits, et l'armée se
préparera en conséquence", a-t-il ajouté.
Ces informations publiées par Ha'aretz ont eu un large écho dans
les médias arabes, qui en ont fait leur titre. Trois analystes et
hommes politiques syriens ont été interviewés sur une chaîne
de télévision nationale et
démenti les informations concernant le réarmement syrien et les
tests de missiles balistiques. Cependant, tous les trois ont
souligné que s'il n'y avait pas de progrès en direction de la
paix avec Israël, il était du "droit naturel" de la
Syrie d'entreprendre tout autre type d'action afin de libérer le
Golan.
Muhammed Habesh, député syrien, a déclaré à la chaîne par
satellite Al Arabiya que "si Israël tente de faire quelque
chose de stupide, il en paierait un prix très lourd." Il a
souligné qu'il n'y a eu aucun changement sur la frontière en
termes de déploiement de forces, mais a jouté que la Syrie était
"prête à toute éventualité."
Jeudi, il a été également annoncé que 10.000 tonnes de pommes
seraient livrées à la Syrie depuis le plateau du Golan, sous les
auspices de la Croix rouge. Trois premiers camions de la Croix
rouge pénétreront en Syrie lundi matin. Ces livraisons se
poursuivront pendant 8 à 10 semaines. Ce sera la troisième fois
qu'une cargaison de pommes récoltées dans les villages druzes du
Golan sera livrée en Syrie, et elle devrait être la plus
importante jamais effectuée.
(1) Rappelons les négociations secrètes entre Israéliens et
Syriens en 2004-2006, qui étaient parvenus à un accord détaillé
(carte jointe) : http://www.lapaixmaintenant.org/article1497
(2) Selon des informations publiées, jeudi, par le correspondant
militaire d'Ha'aretz, Ze'ev Schiff, l'armée syrienne se serait
rapprochée de la frontière israélienne et "se renforce à
un rythme sans précédent avec l'aide
de l'Iran dans tous les domaines, à l'exception de
l'aviation". Selon le quotidien, un effort particulier est
fourni pour acquérir des missiles et des roquettes à longue portée.
Ha'aretz ajoute que "récemment, la dernière
version du missile russe Scud-D, d'une portée de 400 km, a été
testée avec succès". Il s'agirait de compenser la faiblesse
de l'armée de l'air syrienne par la constitution d'un arsenal
balistique.
Toujours selon ce journal, Damas est sur le point de conclure un
important contrat avec Moscou pour se procurer des missiles
antichars de type Kornet AT-14 et Metis-AT 13 qui ont prouvé leur
efficacité, pendant la guerre du Liban de l'été 2006, contre
les chars Merkava-4, pourtant réputés invulnérables. Israël
aurait essayé en vain de faire pression sur les autorités russes
pour torpiller ce contrat, craignant que ce type d'armes ne
parvienne entre les mains du Hezbollah au Liban. (source : Le
Monde, édition du 24 février)
Trad. : Gérard pour La Paix Maintenant
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