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Tunisie
Cour d'appel
de Tunis :
Condamnation confirmée pour Taoufik Ben Brik
H. O.
Taoufik Ben Brik
Dimanche 31 janvier 2010
La justice de Ben Ali ne fait pas de cadeau aux opposants.
Ainsi, comme il fallait s’y attendre, la cour d’appel de Tunis a
prononcé la condamnation du journaliste et opposant tunisien,
Taoufik Ben Brik, à six mois de prison ferme, confirmant ainsi
le jugement de première instance du 28 novembre 2009.
Ben Brik restera donc en prison malgré la démonstration des
avocats prouvant que « le dossier a été fabriqué de toutes
pièces par le régime tunisien ». Azza Zarrad, épouse du
journaliste, a déclaré à Reporters sans frontières (RSF), juste
après la sentence : « Nous sommes face à un terrorisme d’Etat.
Le comble est que cet Etat est soutenu par des parlementaires
européens qui vantent la réussite économique de la Tunisie et le
fait que ce pays est un rempart contre le terrorisme. Je vais
porter plainte auprès des Nations unies. » Ceci et d’ajouter :
« La Tunisie bénéficie de la complaisance de certains dirigeants
européens car elle leur offre des résidences secondaires au
soleil. » L’ONG de défense de la liberté de la presse, RSF, à
travers son secrétaire général, Jean-François Julliard, s’est
dit « déçue » par la décision de maintenir Ben Brik en
détention. « Nous sommes déçus par cette décision. On espérait
que les juges fassent preuve de plus d’indépendance et de
discernement. Le dossier de l’accusation est vide. Rien ne
justifie que Taoufik Ben Brik demeure en prison. Reste
maintenant à s’assurer que les conditions de détention de
Taoufik soient les meilleures possibles », a-t-il estimé. Pour
l’avocat du journaliste, le français William Bourdon, « la
confirmation de la peine prononcée en première instance ne fait
que confirmer l’absence totale d’indépendance de la justice
tunisienne ».
Ben Brik est incarcéré depuis le 29 octobre 2009 et jugé
coupable en première instance, le 28 novembre, pour « violence,
outrage public aux bonnes mœurs et dégradation volontaire de
biens d’autrui » sur la base d’une plainte déposée par Rym
Nasraoui, une femme d’affaires de 28 ans qui l’accuse d’avoir
embouti sa voiture, de l’avoir battue et insultée devant
témoins. Après sa comparution, le journaliste avait été renvoyé
dans la prison de Siliana, à130 km de Tunis, alors que ses
avocats demandaient l’acquittement en plaidant « une affaire
montée de toutes pièces ». Le procureur de la République avait
en revanche demandé une aggravation de la peine en affirmant que
le journaliste avait été jugé pour l’ensemble des délits retenus
contre lui. Il faut rappeler que Ben Brik n’est pas le seul
reporter à subir les foudres de Ben Ali.
Deux autres journalistes croupissent dans les prisons
tunisiennes. Il s’agit de Zouhaïer Makhlouf, condamné le 1er
décembre 2009 à trois mois de prison pour « nuisance à travers
le réseau de télécommunications » et Fahem Boukadous, qui
travaille pour la chaîne satellitaire El Hiwar Ettounsi,
condamné le 13 janvier à quatre ans de prison ferme par le
tribunal de Gafsa. La Fédération internationale des ligues des
droits de l’homme (FIDH) et l’Organisation mondiale contre la
torture (OMCT) ont exprimé hier leur « consternation » après la
confirmation en appel de la condamnation du journaliste opposant
tunisien Taoufik Ben Brik.
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