Opinion
Irak : Regain de
grogne anti-Maliki
Gilles Munier
Gilles
Munier
Vendredi 28 décembre
2012
Le Premier ministre Nouri al-Maliki
élimine un à un ses opposants sunnites
en les accusant d’être des
«
terroristes ». Tariq al-Hachemi,
vice-Président de la République, s’est
enfui de justesse pour éviter
l’arrestation et a été, depuis, condamné
à mort par contumace à cinq reprises.
Ses gardes du corps et certains de ses
collaborateurs sont emprisonnés.
Torturés pour leur extorquer des aveux,
ils ont été déférés devant un tribunal
qui les a condamné à la peine capitale.
Nouri al-Maliki s’en prend maintenant à
Rafaï al-Essawi, son ministre sunnite
des Finances -
originaire de la province d’Al-Anbar
- qui l’accuse d’instaurer un régime
dictatorial en Irak. Il faut savoir,
qu’outre sa fonction de Premier
ministre, Maliki est aussi chef du
parti al-Dawa et –
de facto - commandant en chef des
forces armées, ministre de la Défense,
ministre de l’Intérieur, chef des
services de renseignement, président du
Conseil national de sécurité et enfin
chef des
Forces Dijla, un corps militaire
formé dans la perspective d’une nouvelle
guerre arabo-kurde !
Le peuple veut renverser le
régime
L’arrestation de Tariq al-Hachemi avait
été programmée pour le départ officiel
des troupes américaines, l’opération
montée contre Rafaï al-Essawi a été
lancée juste après le départ de Jalal
Talabani –
Président de la République – dans le
coma, dans un hôpital d’Allemagne. Le
scénario est identique : arrestation de
150 collaborateurs et gardes du corps de
l’intéressé sous prétexte d’«
activités terroristes
».
Sauf que cette fois, des milliers de
manifestants sont descendus dans les rue
de Ramadi –
chef lieu de la province d’Al-Anbar
– pour protester et crier, comme l’ont
faits les contestataires des
«
révolutions arabes » :
«
Ach-chaab yourid isqât al-nizâm »
(le peuple veut renverser le régime).
Le drapeau du temps de Saddam Hussein a
été brandi. L’autoroute Bagdad - Amman
ou Damas est coupée par des dizaines de
milliers d’Irakiens en colère.
Outre les questions de politique
intérieure, les parties en conflit se
démarquent sur l’aide à apporter au
régime syrien ou à son opposition armée.
Nouri al-Maliki est l’allié de Bachar
al-Assad, tandis que la plupart des
chefs des tribus d’Al-Anbar et des
alentours de Samarra soutiennent plutôt
le
Front al-Nosra.
© G. Munier/X.
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Publié le 28 décembre avec l'aimable
autorisation de Gilles Munier
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