Opinion
Du neuf avec du
vieux :
l'interview « exclusive » de Tarek Aziz
sur Al-Arabiya
Gilles
Munier
Gilles
Munier
Samedi 20 avril
2013 L’annonce faite
par la chaîne Al-Arabiya qu’elle
allait diffuser, vendredi 18 avril, une
interview
«
exclusive » de Tarek Aziz par Ali
al-Dabbagh, ancien porte-parole de Nouri
al-Maliki, était ni de l’intox ni
véritablement un scoop. Elle a été
diffusée comme prévu, et tout le monde a
pu constater que l’ancien vice-Premier
ministre irakien, condamné à mort,
n’était pas en si mauvaise santé que
cela, ce qu’affirme trop souvent son
fils Ziad. Seulement voilà, il
s’agissait d’une interview vieille de
deux ans et demi…
Dans un article paru en janvier dernier
(1), Felicity Arbuthnot, journaliste
d’investigation indépendante
britannique, révélait qu’Ali al-Dabbagh
était allé voir Tarek Aziz dans sa
cellule, avec deux juges, et s'était
engagé à
«
étudier son cas », mais qu’aucune
suite n’avait été donnée à la promesse.
L’ancien dirigeant irakien avait alors
déclaré à Badie Aref, son avocat irakien
:
« Je préfère être exécuté plutôt que de
rester dans cette situation » (2).
L’épouse de Tarek
Aziz, réfugiée à Amman, a assuré que son
mari était toujours mal en point. Elle
s’est étonnée de la diffusion de cette
ancienne interview. Finalement, Ali al-Dabbagh
a reconnu que l’entretien datait de fin
2010, affirmant avoir rencontré le
prisonnier en tant que député, avec
l’accord de la Cour criminelle suprême
aujourd’hui dissoute
(3).
Il faut rappeler
qu’en 2012, Ali al-Dabbagh a présenté sa
démission du poste de porte-parole du
gouvernement, après avoir été accusé de
corruption dans une affaire de contrat
d’armement géant–
4,2 milliards de dollars - avec la
Russie
(4). Toujours en relation avec Nouri
al-Maliki, il serait installé dans un
émirat du Golfe.
Ce n’est sans doute
pas un hasard si l’interview de Tarek
Aziz –
achetée, dit-on, à prix d’or par Al-Arabiya
- a été programmée juste avant les
élections provinciales. Espérant
regagner du terrain dans l’opinion
publique, le Premier ministre irakien
soufflait le chaud et le froid. D’un
côté, il faisait du pied aux baasistes
supposés modérés que représenterait
Tarek Aziz, et de l’autre mobilisait les
chiites pro-iraniens en pourchassant
Izzat Ibrahim al-Douri, chef de la
résistance baasiste clandestine, dont la
présence à Dour, sa ville natale, avait
été annoncée le 17 avril dernier,
«
de source sûre », par ses services
secrets
(5). Le couvre-feu et la fouille -
«
une par une » - des maisons de Dour
par les forces spéciales
gouvernementales, n’ont donné aucun
résultat.
(1)
Illegal Invasions,
Rogue States, Forgotten Victims and a
Shaming Plea, par Felicity Arbuthnot
(Dissident Voice -
30/1/13)
(2)
Tarek Aziz demande à être exécuté, par
Gilles Devers
(Actualités du
droit – 10/6/11)
http://www.france-irak-actualite.com/article-tarek-aziz-demande-a-etre-execute-revue-de-presse-77156478.html
(3)
Dabbagh expresses
his impressions after meeting Tareq Aziz
(Shafaq
News – 20/4/13)
http://www.shafaaq.com/en/politics/5845-dabbagh-expresses-his-impressions-after-meeting-tariq-aziz-.html
(4)
Maliki’s Spokesman
Resigns Over Russian Arms Deal Scandal
(Al Monitor,
article paru dans Al-Hayat – 30/11/12)
http://www.al-monitor.com/pulse/politics/2012/11/malikis-spokesman-quits-after-russian-arms-deal-scandal.html#ixzz2R110bHZg
(5)
Iraqi troops close
in on Saddam ally Izzat Ibrahim al-Douri
(The Guardian –
18/4/13
http://www.guardian.co.uk/world/2013/apr/18/iraqi-troops-saddam-ally-douri
La police
irakienne recherche un ancien proche de
Saddam Hussein
(Reuters –
18/4/13)
http://www.fondation-vision.ch/visionmedia/article.aspx?id=68292
© G. Munier/X.
Jardez
Publié le 20 avril 2013 avec l'aimable
autorisation de Gilles Munier
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