Elections présidentielles 2012
Pourquoi ne pas
voter Mélenchon ?
Gilles
Devers
Vendredi 30 mars
2012
« Et toi, tu voteras pour qui ? » Il y a
quelques semaines, la réponse était : «
Hollande, car il faut se débarrasser de Sarko ». Depuis quelques temps, la
réponse devient : « Mélenchon, ce n’est
pas mal… ».
Elire Hollande, ok, mais pour quelle
politique ?
Sur le plan économique, les deux sont
kif-kif. Hollande prendrait quelques
mesures pour faire « Gauche », mais ça
ne serait qu’à la marge. Nous vivons une
accalmie, mais les problèmes sont devant
nous, et le président élu devra gérer la
dette. C’est-à-dire qu’Hollande devrait,
comme Sarko, emprunter des sommes
colossales pour payer les intérêts de la
dette, donc être gentil avec les
banques, et donc suivre la politique de
Merkel.
Sur le plan de la politique extérieure,
le PS est plus atlantiste que l’UMP. Il
reste à Droite des réminiscences
gaullistes, et Sarko est plus sérieux
qu’Hollande sur ce domaine. La manière
dont Fabius s’est fait traiter en Chine
en dit long.
Sur le plan social, Sarko est à moins
dix. Mais où en est Hollande ? Il a été
le premier « leader » de la Gauche à
préconiser comme solution de limiter
l’immigration légale en France. Trop
d’immigrés légaux ! Ca, ça ne passe pas.
Il n’a aucun plan pour les
régularisations d’étrangers, et pour les
banlieues, il patauge toujours avec ses
messes folles sur l’intégration, rêvée
comme du blanchiment d’arabes. Les soc’
se croient tellement supérieurs qu’ils
sont incapables de comprendre l’égalité
! Question « laïcité », c’est la
dénonciation obstinée de l’islam comme
religion mère de tous les dangers, à un
point tel qu’il faut inscrire la loi de
1905 dans la constitution. Justice,
logement, pauvreté ? Rien de structuré,
juste de belles idées creuses, et
saupoudrées de « dignité ». Sarko est
dans le dérapage permanent, mais on fait
casser ses lois liberticides les unes
après les autres. Alors, où est
réellement la différence ?
La méthode du PS est
de culpabiliser l’électorat de Gauche
sur le thème : « Tu es obligé de voter
pour moi, même si tu ne m’aimes pas,
sinon ce sera toi le responsable de la
réélection de Sarko ». Assez, stop : la
Gauche n’a d’avenir que si elle se
débarrasse du PS. Ca ne sera pas simple,
mais ça vaut la peine de s'en occuper.
La preuve par neuf de
la nullité d’Hollande, c’est son
incapacité à emballer cette campagne des
présidentielles. Il est consternant
qu’avec un adversaire aussi carbonisé
que Sarko, Hollande piétine et soit
incapable de créer l’adhésion autour de
lui. Coincé dans sa bulle, se répétant
tous les matins « je suis le meilleur »,
avec son entourage d’ectoplasmes
émerveillés, frétillant devant leur
étiquette « gauche morale ». Depuis
Jospin, c’est la même salade : le PS
sait mieux que le peuple, et le peuple
doit gentiment aller vers lui. Non,
c’est dans l’autre sens que çà marche.
Alors, Mélenchon...
Bravo, tout simplement bravo. Voilà
quelqu’un à qui on donne la possibilité
de faire campagne,… eh bien il fait
campagne. Une petite équipe, des idées,
le goût de la conquête, et c’est parti
en cherchant à élargir les cercles.
Il y a des
pro-Mélenchon du premier jour - Le Front
de Gauche - et je n’en suis pas, loin de
là. Ses propositions économiques et son
Europe d’un autre temps, ce n’est pas
mon truc. Je me méfie beaucoup aussi du
rôle qu’il a toujours joué dans le PS,
de rabatteur de voix à Gauche pour
ensuite négocier des majorités
improbables. Donc pas d’enthousiasme,
mais le réalisme du démocrate.
Je dois lui
reconnaître deux choses. D’abord, il a
su attaquer le FN alors que le PS n’a
jamais fait que de la figuration.
Ensuite, il a créé dans cette campagne
un rassemblement qui va bien au-delà du
pré-carré du « Front de Gauche ». C’est
là qu’il se passe quelque chose, à
Gauche mais bien à côté du PS. Il y a
trois ans, les Verts avaient atteint
16%, talonnant le PS. Aujourd’hui,
Cohn-Bendit candidat aurait pu taper
très haut aussi.
C’est dire que la
question du programme est dépassée. Elle
existe, mais elle n’est pas centrale. La
réalité, tout simple, est qu’il existe
une Gauche de la vraie société, qui
croie à la solidarité, et qui se
détourne d’un PS redevenu la SFIO, avec
en figures de proue, ses impayables
roitelets locaux et leurs têtes de
concierges éduqués.
La chanson du PS ces
jours-ci va être un nouveau couplet de
maître chanteur : « On a compris le
message, mais avec Mélenchon trop haut,
ça va faire fuir le centre, et Hollande
sera marron au second tour ». Ca, mes
amis, c’est votre problème, pas le nôtre
! C’est vous qui avec DSK, puis
Hollande, avez choisi le candidat le
plus blafard pour ne faire peur à
personne. C’est vous qui avez organisé
cette campagne de planqués, attendant la
chute de Sarko. Et si Hollande veut
commencer une belle campagne, décidé à
regarder la société qu’elle est, et à
lui répondre…. après tout, il lui reste
encore quatre semaines… Au lieu de
pleurnicher sur Mélenchon, qu'ils se
bougent ! Rien ne leur interdit
d'emballer la campagne.
Se débarrasser du PS,
ce rentier d’un moralisme amoral,
prendra plus de cinq minutes. Il ne
suffira pas d’une campagne électorale,
et l’essentiel viendra du mouvement
social. Collectivement,
individuellement, sur tous les terrains
de la vie, en s’emparant des droits pour
les défendre, pour en créer d’autres,
pour imaginer de nouvelles solidarités
dans un monde qui va si vite.
Pour le moment, c’est
un temps fort de la démocratie. Chacun
s’exprime et vote, en toute liberté. Ca
permettra de savoir où on en est.
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