Opinion
Libye : Mais pour
qui se prend Sarko ?
Gilles Devers

Jeudi 10 mars 2011
Sarko perd la tête, ou ce qui lui en restait. Voilà la France,
un Etat, qui reconnait un groupe politique comme « représentant
légitime » du peuple libyen, dans la foulée annonce l’envoi d’un
ambassadeur auprès de ce « gouvernement » et s’engage pour des
frappes aériennes ! Cette fois-ci, pas de doute, c’est lui qui
est frappé !
Le peuple libyen subit le feu d’un dictateur, après avoir subi
son impitoyable répression. Un dictateur que Sarko connait bien,
car il l’avait reçu avec tous les honneurs à l’Elysée en
décembre 2007, en lui décernant son diplôme de respectabilité,
puis en dopant la coopération.
Les vieilles armes de Kadhafi utilisées contre son peuple, armé
de bric et de broc, font des dégâts : c’est une guerre, et cette
guerre est un crime de guerre comme chaque fois que l’on utilise
la force armée contre des civils. Si ça ne vous dit rien, j’ai
quelques exemples pour vous rafraichir la mémoire, certains pas
si anciens.
Dans ces journées terribles, il est indispensable de rencontrer
ceux qui essaient de structurer une opposition. Un pays en feu,
des communications explosées, la plus grande ville restée aux
mains du pouvoir, une absence totale de vie politique
antérieure… on ne peut que saluer l’effort des opposants pour
s’organiser, et les soutenir en fonction des informations que
l’on reçoit. Mais un Etat reconnaît un Etat, et la
reconnaissance d’un « conseil des rebelles » par un Etat est une
ineptie.
Manifestement interloquée par ces annonces, le porte-parole de
Miss Ashton répond : « Pour l'instant, nous sommes en train de
parler avec tout le monde, tous les partis de l'opposition. Il
faut bien sûr savoir aussi avec qui on parle ». Catherine Ashton
avait rencontré mercredi deux émissaires du CNT au Parlement
européen à Strasbourg, mais elle avait refusé de soutenir la
demande du CNT d'être reconnu comme étant la seule autorité
légitime en Libye. Sarko a foncé, sans même en parler à son
ministre des affaires étrangères, et avec un entretien tenu en
présence de BHL.
Et les frappes aériennes ? Seul le Conseil de Sécurité peut
décider. La France ou l’OTAN n’ont aucun droit, aucun. Et
politiquement comment parler d’une opération occidentale ? Un
nouvel Irak ? L’Afghanistan ne suffit pas ?
La France, l’un des meilleurs soutiens de Kadhafi, se déchaîne
en parole pour faire oublier son aveuglement et son implication
dans la répression, tout en lorgnant avec cupidité sur le
contrôle du pétrole.
On croit rêver. A ce stade il n’y a plus d’Etat, mais seulement
un clan en perdition qui tente des coups…
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