29 septembre
2009
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Le discours du Premier ministre israélien Netanyahu à l’Onu [speech
at the UN]
nous
donne un aperçu magistral de la mentalité, de la psyché et de la
logique israéliennes. Dans son discours, Netanyahu, qui est un
orateur prolixe et charismatique, donne libre cours à ses
inclinations génocidaires. Il met en lumière le suprématisme
israélien, mais il nous permet aussi de détecter certains points
faibles, certaines vulnérabilités au cœur du récit national
juif. La lecture de ce discours fait apparaître très clairement
que tant la shoah sioniste que les narrations autour de la
« terre promise » sont sur le point de s’effondrer. On dirait
que le président iranien soi-disant « discrédité » Ahmadinejad
l’a emporté, en fin de compte.
Laissez la shoah tranquille !
Les Israéliens
aiment leur Shoah, car la Shoah est, à n’en pas douter, leur
meilleur produit de Hasbara, de propagande. Elle leur permet, en
quelque sorte, de massacrer en masse et de le faire de manière
indiscriminée, tout en affirmant que ce sont eux qui sont les
victimes.
« Je me suis
rendu dans une villa, dans une banlieue de Berlin appelée
Wannsee », a ainsi dit Netanyahu. « Là-bas, le 20 janvier 1942,
après un festin jovial, les plus hauts responsables nazis se
sont réunis et ils ont décidé de quelle manière ils allaient
exterminer le peuple juif ».
Monsieur le
Premier ministre Netanyahu, si vous êtes sincèrement intéressé
par les « projets d’extermination », vous n’avez pas besoin
d’aller jusqu’à Wannsee, dans la banlieue de Berlin ! Il
vous suffira d’aller visiter le QG de vos « Forces
Israéliennes de Défense », à Tel Aviv. Vos commandants-en-chef
vous guideront à travers leurs « solutions » à la mode Tsahal
pour les Palestiniens. En fin de compte, c’est votre armée, qui
entoure les Palestiniens de fil de fer barbelé ; c’est vous qui
maintenez la population civile en état de siège, sans vivres et
sans médicaments. Et c’est votre armée, qui a déversé des armes
de destruction massive sur les régions les plus densément
peuplées de notre planète, non ? Alors que la signification
exacte de la « solution finale nazie » (Die Enlösun) fait encore
l’objet de controverses entre historiens incapables de se mettre
d’accord entre eux sur ce que cela peut bien signifier au juste,
nous avons tous vu la réalité vraie de la solution meurtrière
israélienne.
Il est
toutefois presque amusant de voir le Premier ministre Netanyahu
courir défendre la narration de l’holocauste. Le fait de
regarder Netanyahu en train de présenter le protocole de la
conférence de Wannsee à l’assemblée générale de l’Onu donne
l’impression manifeste que le Premier ministre israélien est
persuadé du fait que la Shoah a urgemment besoin d’une
transfusion de crédibilité. Pour la toute première fois, la
Shoah se retrouve en position de défense.
« Voici une copie des
plans d’Auschwitz-Birkenau, où un million de juifs ont été
assassinés. Alors ; c’est aussi un mensonge, cela ? », demande
le Premier ministre israélien.
Monsieur le
Premier ministre Netanyahu, puis-je vous suggérer qu’aucun
humaniste ne se préoccupe des chiffres exacts de victimes : que
cela ait été un ou quatre millions de juifs qui sont morts à
Auschwitz, nul ne doute que les camps de concentrations étaient
horrifiants. Pourtant, il faut apporter une réponse à deux
questions, une bonne fois pour toutes : comment se fait-il que
les juifs, qui ont tellement souffert durant cette guerre, se
sont arrangés pour être embringués dans un colossal crime
raciste à l’encontre des Palestiniens, la Nakba de 1948, trois
ans, tout juste, après la libération du camp d’Auschwitz ?
Comment se fait-il que les dirigeants israéliens, qui semblent
être si sensibles à la souffrance juive, réussissent le tour de
force d’ignorer totalement la souffrance qu’ils infligent à des
millions de Palestiniens ?
La suprématie
et au-delà
En tant que
mouvement nationaliste, le sionisme ne respecte pas d’autres
mouvements nationalistes et populaires. Apparemment, Netanyahu
ne respecte ni le peuple iranien, ni le régime qu’il s’est
donné. « Partout où ils le peuvent, ils imposent une société
rétrograde et enrégimentée dans laquelle les femmes, les
minorités, les gays ou quiconque n’est pas considéré comme un
authentique croyant est brutalement contraint à se soumettre. »
Netanyahu doit savoir que la loi judaïque ne diffère pas
réellement de l’Islam, dans ces domaines. Il doit aussi se
souvenir que c’est dans son pays que des gays se sont fait
assassiner dans la rue, il n’y a pas encore un mois. Il est
presque amusant de voir Netanyahu décider de mettre le signe
d’égalité entre l’Iran, la barbarie et le Moyen Age en raison de
la manière dont il traite ses minorités. En matière de
minorités, l’Etat juif est en réalité le pire endroit sur notre
planète. Dans la terre promise de Netanyahu, la moitié des
habitants sont exclus du jeu démocratique pour la simple raison
qu’ils n’ont pas l’heur d’être juifs.
A écouter
Netanyahu, Israël serait l’incarnation de la modernité
occidentale. « Nous (nous, les Occidentaux), nous allons décoder
le génome. Nous allons soigner les malades incurables. Nous
allons prolonger nos vies. Nous trouverons une alternative bon
marché aux énergies fossiles et nous nettoierons la planète. Je
suis fier que mon pays, Israël, se trouve à l’avant-garde de ces
avancées technologiques ». Je dois avouer que je ne suis
absolument pas bouleversifié par les réalisations scientifiques
ou technologiques israéliennes. Je n’ai pas vu non plus la
moindre preuve de tentatives déployées par Israël pour sauver
l’humanité, ni même la planète. De fait, ce que je vois, c’est
carrément le contraire. Toutefois, si Netanyahu salue le progrès
scientifique, il devrait alors être le premier à participer à
une manifestation en soutien au projet nucléaire iranien ! Mais,
nous ne le savons que trop bien, tel ne semble pas être le cas.
Pour une raison que j’ignore, il pense qu’au minimum
régionalement, l’énergie et les armes nucléaires doivent rester
des exclusivités juives.
Netanyahu
argue du fait que « si le fanatisme le plus primitif peut
acquérir les armes les plus létales, la marche de l’histoire
pourrait être renversée, ne serait-ce que pour un temps. »
Netanyahu a peut-être raison, mais il faut lui faire remarquer
que cela vaut pour Israël plus que pour tout autre pays, que
pour tout autre Etat ou que pour toute autre société. Pour
l’instant, c’est l’Etat juif qui a été pris sur le fait en train
de déverser des armes de destruction massive sur une population
civile qu’il maintient prisonnière. C’est l’Etat juif qui nous
entraîne, tous autant que nous soyons, dans un fanatisme
biblique primitif à base d’ « œil pour œil, dent pour dent ». Et
comme si cela ne suffisait pas, c’est aussi l’Amérique et la
Grande-Bretagne qui ont lancé des guerres illégales orchestrées
par les néoconservateurs et les collecteurs de dons sionistes.
Cette guerre a causé, jusqu’ici, la disparition de plus d’un
million de vies humaines.
Reste qu’une
fois n’est pas coutume, je suis d’accord avec Netanyahu,
lorsqu’il dit :
« La plus
importante menace à laquelle le monde soit confronté
aujourd’hui, c’est le mariage entre le fanatisme religieux et
les armes de destruction massive ».
De fait, nul
ne saurait décrire mieux le danger que représentent l’Etat juif
et le sionisme. Israël est bien, en effet, un mariage mortel
entre la barbarie génocidaire de masse de l’Ancien Testament, le
fanatisme sioniste et un énorme arsenal d’armes de destruction
massive chimiques, biologiques et nucléaires, dont certaines ont
d’ores et déjà été utilisées.
Les Sabbath
Goyim
Comme pour
d’autres opérations sionistes de par le vaste monde, Netanyahu
est persuadé que les goyim doivent mener les guerres juives.
« Par-dessus tout, la communauté internationale va-t-elle
empêcher le régime terroriste de l’Iran de mettre au point des
armes atomiques, mettant ainsi en danger la paix mondiale ? » De
fait, permettez-moi de souligner que le Premier ministre
Netanyahu a tout faux, en l’occurrence. Si l’Onu est intéressée
à apporter la paix à cette région et au monde entier, elle doit,
par essence, aider l’Iran à développer son projet nucléaire et
même sa capacité nucléaire militaire. Cela semble en effet la
seule chose qui soit en mesure de doucher l’enthousiasme
expansionnisme létal de l’Empire anglophone, tel qu’il s’est
manifesté récemment en Irak, au Pakistan et en Afghanistan. Cela
ne fera, assurément, qu’empêcher les sionistes de célébrer leurs
symptômes aux dépens de leurs voisins.
A la suite de
la transformation réussie des armées américaine et britannique
en force supplétive israélienne chargée des missions spéciales,
Netanyahu semble s’attendre à ce que l’Onu suive leur exemple et
joue un rôle similaire. « Le Hamas », dit-il, « a tiré depuis
Gaza des milliers de missiles, d’obus de mortiers et de
roquettes sur les villes israéliennes voisines. Année après
année, tandis que ces missiles visaient délibérément nos civils,
aucune résolution de l’Onu n’a été adoptée, qui condamnât ces
attaques criminelles ». Je pense qu’il faudrait que quelqu’un
rappelle au Premier ministre israélien que le conflit entre le
Hamas et Israël n’est pas exactement ce qu’on peut appeler une
querelle internationale, la Palestine n’étant pas un Etat
souverain et Gaza n’étant rien de moins qu’un camp de
concentration dont les Israéliens sont les gardiens. Autrement
dit, dans la pratique, le problème est très simple : l’Onu
devrait s’occuper exclusivement des crimes de guerre et des
crimes contre l’humanité perpétrés par Israël, ses dirigeants et
son armée. Il n’appartient pas à l’Onu de formuler un jugement
quel qu’il soit à l’encontre de la partie opprimée.
Rêves de
massacres de masse
Il ne faut pas
longtemps à Netanyahu pour qu’il nous liste ses mentors
idéologiques et ce qui constitue le noyau dur de son inspiration
mortelle. « Quand les nazis lançaient leurs missiles sur les
villes britanniques, durant la Seconde guerre mondiale… ». En
réalité, ce sont les alliés qui ont rasé au sol des villes
allemandes, en faisant des centaines de milliers de victimes… A
cette aune biaisée, le Conseil des Droits de l’Homme de l’Onu
aurait dû traîner Roosevelt et Churchill dans le box des
accusés, en tant que criminels de guerre. Quelle perversion de
la vérité ! Quelle perversion de la justice ! Délégués des
Nations Unies, allez-vous admettre cette farce ?
Netanyahu a
presque raison. Dans son récit de la Deuxième guerre mondiale,
il admet certainement qu’Israël imite les tactiques meurtrières
en masse de Roosevelt et de Churchill. Mais il est certain qu’il
n’a pas conscience que s’il s’était effectivement agi de morale
et de Justice (et non de la sale politique habituelle),
Roosevelt et Churchill auraient été accusés de crimes de guerre
à une échelle encore bien plus grave. De manière ont ne peut
plus choquante, Netanyahu tombe dans le piège juridique le plus
évident qui soit en assimilant l’action d’Israël à des actes de
bombardement en tapis à grande échelle. Pour ceux qui ne le
voient pas, c’est là un danger qui fait clignoter les voyants
rouges. Dans la perception qu’a de la réalité, Netanyahu, le
fait de vitrifier des pays entiers à la bombe nucléaire et
d’écrabouiller des villes entières est un acte justifié.
Roosevelt et Churchill semblent lui servir de caution morale. De
fait, ces déclarations suffisent à rendre clair, pour tout être
humain, qu’Israël est une entité génocidaire qui est capable
d’amener notre civilisation à une fin dévastatrice.
C’est là un
appel à nous réveiller : il ne s’agit pas seulement des
Palestiniens ou des Iraniens. De fait, c’est nous tous qui
sommes concernés.
Bibi*, l’homme
de paix
Voici le
Premier ministre israélien prêt à énoncer son mantra pacifiste
judéo-centrique : « Mesdames et Messieurs, tout Israël veut la
paix ». Pourtant, les statistiques nous ont appris récemment que
94 % des Israéliens juifs ont approuvé, eux aussi, les
bombardements en tapis de leurs voisins d’à-côté. Il est
impossible de ne pas voir une contradiction flagrante entre le
verbalisme « pacifiste » et la réalité criminelle.
« Nous
exhortons les Palestiniens à faire, enfin, ce qu’ils ont
toujours refusé de faire, depuis soixante-deux ans : Dites
« oui » à un Etat juif ! Là encore, je suis d’accord avec le
Premier ministre Netanyahu. Un Palestinien peut tout aussi bien
dire Oui à un Etat juif, mais pas en Palestine, pas au
Moyen-Orient ! Si Obama, Brown, Merkel ou un quelconque autre
dirigeant insistant toujours pour approuver la validité ou la
nécessité d’un « foyer national juif » sur des bases racistes,
il (elle) est plus que bienvenu(e) pour allouer des terres en
vue d’un tel projet à l’intérieur de son propre territoire. Les
Palestiniens doivent dire NON à un Etat juif en Terre sainte ou
dans la région. Les Palestiniens ne doivent jamais admettre
l’existence d’un Etat juif sur leurs terres. De fait, l’Onu doit
respecter cette ligne et faire tout ce qui est en son pouvoir
afin de démanteler ce régime maudit d’apartheid.
Khazarian
United
Dans une
certaine mesure, le discours de Netanyahu à l’Onu exprime
certaines préoccupations profondes que les juifs ont
généralement tendance à garder par-devers eux. A la fin du
compte, les Israéliens, et les Israéliens ashkénazes, en
particulier, savent parfaitement que la Palestine n’est pas
précisément la terre de leurs ancêtres. Si les Israéliens juifs
ashkénazes, dont Netanyahu, tiennent à retrouver leurs racines,
c’est en pays khazar qu’ils doivent aller les chercher.
Toutefois, Netanyahu tente de désamorcer ces faits historiques.
« Les juifs ne sont pas des conquérants étrangers de la Terre
d’Israël. C’est la terre de nos ancêtres… Nous ne sommes pas des
étrangers, pour cette terre. C’est notre patrie », assène un
Netanyahu plein de conviction.
Premier
ministre Netanyahu, je vais être simple et clair. Non seulement
vous êtes étranger à cette terre, mais vous êtes étranger à
toute compréhension possible de la notion d’humanité. De fait,
le Mur de Séparation, qui demeurera après la disparition
inéluctable de votre « démocratie réservée aux seuls juifs »
laissera aux générations futures un monument historique
stupéfiant de l’identité nationale juive exempte de toute
morale, de tout universalisme et de toute fraternité humaine. Le
crime contre l’humanité perpétré par l’Etat juif au nom du
peuple juif n’est pas quelque chose qu’il sera possible
d’effacer des manuels d’histoire avant longtemps. Bien au
contraire : ce mur restera, tel un nouveau chapitre mythologique
de cette interminable saga de narcissisme compulsif suprématiste
pathologique.
« Nous devons avoir la
sécurité », dit le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu
en concluant son discours. Je suis ici pour le détromper :
Israël ne connaîtra jamais la sécurité. Israël est né d’un
péché, et son existence dépasse toute notion de morale ou
d’existence humaine. L’Etat juif a outrepassé la « zone de
non-retour ». Il est condamné à disparaître. Tout ce que nous
pouvons espérer, c’est que lorsque cela se produira, le
processus d’assimilation et d’intégration des juifs dans la
commune humanité sera relancé. En fin de compte, le nationalisme
juif, tant de gauche et de droite que du centre, n’a servi qu’à
maintenir les juifs à l’écart de tous les autres.
L’histoire du vingtième siècle nous enseigne que cette tendance
à s’auto-ségréguer est mauvaise pour l’humanité en général et
qu’elle est tout aussi dévastatrice, pour les juifs.
Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier
[* Bibi est le sobriquet de Netanyahu].