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Palestine Think Tank
La guerre contre la terreur intérieure:
Fin de l'Histoire juive
Gilad Atzmon
Horloge israélienneon PalestineThinkTank.com, 18 mars
2009
http://palestinethinktank.com/2009/03/18/gilad-atzmon-–-war-on-terror-within-the-end-of-jewish-history/
La question que je vais aborder aujourd’hui
est probablement la chose importante que j’aie jamais eu à dire
au sujet de la brutalité israélienne et de l’identité juive
contemporaine. Je suppose que j’aurais pu organiser mes idées en
un ouvrage exhaustif ou sous la forme d’une analyse
universitaire. Mais finalement, je vais faire tout-à-fait le
contraire : je vais être aussi succinct et simple que possible…
Au cours des semaines écoulées, nous avons
été les témoins d’une campagne génocidaire israélienne à
l’encontre de la population civile palestinienne, dans la bande
de Gaza. Nous avions déjà été les témoins d’une des armées les
plus puissantes au monde écrasant des femmes, des vieillards et
des enfants. Nous avons vu, cette fois-ci, un ouragan d’armes
non-conventionnelles éclatant au-dessus d’écoles, d’hôpitaux et
de camps de réfugiés. Nous avions déjà vu et entendu parler de
crimes de guerre. Mais, cette fois-ci, la transgression
israélienne a été catégoriquement différente : elle a bénéficié
du soutien de la quasi-totalité de la population juive d’Israël.
La campagne militaire de « Tsahal » à Gaza
a bénéficié, en effet, du
soutien de 94 % de la population israélienne. 94 % des
Israéliens, apparemment, ont approuvé les raids aériens contre
des civils. La population israélienne a suivi le carnage sur ses
écrans de télévision ; elle a entendu les cris, elle a vu les
hôpitaux et les camps de réfugiés en flammes et, pourtant, elle
n’a pas été véritablement secouée par tout ce qu’elle a vu. Les
Israéliens n’ont pas fait grand-chose pour arrêter leurs
dirigeants impitoyables « démocratiquement élus ». En lieu et
place, certains d’entre eux ont attrapé leur chaise longue, et
ils sont allés s’installer sur les collines dominant la bande de
Gaza, afin de
suivre, de leurs propres yeux, leur armée en train de
transformer Gaza en un colisée hébraïque des temps modernes,
débordant de sang. Et aujourd’hui même, alors que la campagne
militaire semble terminée et que l’étendue du carnage perpétré à
Gaza a été révélée, les Israéliens ne font montre d’aucun signe
de remords. Comme si cela ne suffisait encore pas, tout au long
de la guerre, les juifs du monde entier ont manifesté leur
soutien à leur « Etat réservé aux seuls juifs ».
Un tel soutien populaire à des crimes de
guerre caractérisés est absolument sans précédent. Les Etats
terroristes tuent, certes, mais ils en conçoivent un minimum de
honte. L’URSS de Staline l’a fait, dans quelques goulags au fin
fond de la Sibérie, l’Allemagne nazie a exécuté ses victimes
dans des forêts profondes et derrière des barrières de fil de
fer barbelé. Dans l’Etat juif, foin de ces gants surannés : les
Israéliens, ça vous massacre des femmes sans défense, des
enfants et des vieux en plein jour, en utilisant des armes
non-conventionnelles ciblant des écoles, des hôpitaux et des
camps de réfugiés…
Le niveau atteint par cette barbarie
collective hurle son attente d’explication. La tâche qui nous
attend peut être définie, sans hésitation, comme la quête d’une
prise de conscience de la brutalité collective israélienne.
Comment a-t-il pu se faire qu’une société (la société
israélienne, en l’occurrence) ait pu ainsi s’arranger pour
perdre prise sur tout sentiment de compassion et de pitié ?
La
Terreur intérieure
Plus que par quoi que ce soit d’autre, les
Israéliens et les communautés juives, qui les soutiennent, sont
terrorisés par la brutalité qu’ils trouvent au fond d’eux-mêmes.
Plus les Israéliens sont brutaux, plus ils ont peur d’eux-mêmes.
Cela s’explique, c’est simple : plus vous infligez de souffrance
à autrui, plus vous êtes angoissés par la capacité mortifère
potentielle que vous générez autour de vous. En gros,
l’Israélien projette sur les Palestiniens, les Arabes, les
musulmans et les Iraniens l’agressivité qu’il trouve en
lui-même. Etant donné qu’il a été démontré, de la manière qu’on
sait, que la brutalité israélienne n’a strictement aucune limite
et que rien ne peut lui être comparé, en matière de brutalité,
l’angoisse des Israéliens n’a d’égale que leur brutalité.
Apparemment, les Israéliens ont peur de
constater que les malfrats, c’est eux. Ils sont engagés dans une
bataille à mort contre la terreur qui les habite. Mais
l’Israélien n’est pas le seul dans ce cas. Le juif de la
diaspora qui manifeste son
soutien à un pays qui balance du phosphore blanc sur des
civils se retrouve coincé exactement dans le même piège
destructeur. Etant le partisan exalté d’un crime gigantesque, il
est horrifié par l’idée que la cruauté qu’il constate en
lui-même puisse, éventuellement, se manifester un jour chez
d’autres (chez des non-juifs). Le juif diasporique qui soutient
Israël est dévasté par la possibilité imaginaire qu’une
intention brutale, similaire à la sienne propre, puisse un jour
s’en prendre à lui. Toute la peur juive de l’antisémitisme se
résume à cette préoccupation-là. Fondamentalement, la hantise
juive de l’antisémitisme est la projection de la brutalité
collective tribale sionocentrique à l’encontre de l’Autre.
Il
n’y a pas de conflit israélo-palestinien
Nous assistons, là, à la formation évidente
d’un cercle vicieux, dans lequel l’Israélien et ses séides sont
en train de se muter en une boule de feu insulaire vindicative,
qu’alimente une certaine forme d’agressivité interne de nature
explosive. Tout cela est fort révélateur. Les Palestiniens étant
dans l’incapacité de répliquer militairement à l’agression et à
la capacité destructrice israéliennes, nous sommes fondés à
arguer du fait qu’il n’y a pas de conflit israélo-palestinien.
Tout ce qu’il y a, c’est une psychose israélienne, dans laquelle
l’Israélien est fracassé par l’anxiété que lève en lui le reflet
de sa propre brutalité. Etant considérés comme les
Nazis des temps
modernes, les Israéliens sont, du même coup, condamnés à
voir un Nazi en n’importe qui. De même, il n’y a strictement
aucune montée d’antisémitisme. Le juif sioniste diasporique,
simplement, est dévasté par la possibilité que quelqu’un,
quelque part, soit aussi corrompu éthiquement et aussi
impitoyable que lui-même a démontré qu’il l’est. En bref, la
politique israélienne et le lobbying sioniste doivent être vus
comme rien moins qu’une paranoïa collective sionocentrique, à la
veille de virer à la psychose totale.
Existe-t-il un moyen de racheter le
sioniste de son expédition sanglante ? Est-il possible de
modifier le cours de l’histoire, de sauver les Israéliens et
leurs partisans de la dépravation totale ? La meilleure façon,
probablement, de poser cette question, c’est de demander s’il y
a une façon de sauver les Israéliens et les sionistes
d’eux-mêmes ? Comme vous l’aurez sans doute deviné, je ne suis
pas particulièrement intéressé par le sauvetage des Israéliens
ou des sionistes. Toutefois, je comprends bien que le fait
sauver les sionistes de leur transgression serait susceptible
d’apporter une perspective de paix à la Palestine, à l’Irak et,
probablement, à nous tous. Ceux qui ne comprennent pas pourquoi
doivent savoir qu’Israël n’est que la pointe émergée de
l’iceberg. A la fin des fins, l’Amérique, la Grande-Bretagne et
l’Occident sont actuellement en proie à des formes similaires
d’une même
"politique de la peur", qui est la conséquence directe de
l’idéologie et des pratiques mortellement interventionnistes des
néoconservateurs.
Le
psy de Nazareth
Il y a, de cela, bien des années, nous
dit-on, il y avait un Israélite qui vivait au milieu de ses
frères, dans le pays de Canaan. Comme les Israéliens
d’aujourd’hui, il était cerné par la haine, la vengeance et la
peur. A un certain moment, il avait décidé de faire quelque
chose, d’amener du changement à cette situation ; il avait pris
conscience du fait qu’il n’y avait pas d’autre manière de
combattre la brutalité que de rechercher la grâce. « Tourne
l’autre joue… »,
telle fut sa suggestion, fort simple. Ayant réussi à identifier
la psychose de l’Israélite comme « une guerre de l’Israélite
contre sa terreur intérieure », Jésus comprit que la seule façon
de contrer la violence, c’est de se regarder dans un miroir,
afin de rechercher la Bonté que nous avons en nous.
Il est tout à fait évident que c’est cette
leçon administrée par Jésus qui a pavé la voie à la formation de
l’éthique universelle occidentale. Les idéologies politiques
modernes on tiré les leçons de la vision chrétienne. La
recherche normative, par Marx, de l’égalité, peut être vue comme
une réécriture laïque de la notion christique de fraternité. Et
pourtant, aucune idéologie politique n’est parvenue à intégrer
la notion extrêmement profonde que Jésus avait de la grâce.
Rechercher la paix, c’est, avant toute chose, rechercher
quelqu’un, en soi-même. Alors que les Israéliens et leurs clones
néocons aspireront toujours à réaliser la paix au moyen de la
dissuasion, la véritable paix ne peut être atteinte qu’au moyen
de la recherche de l’harmonie en soi-même.
Comme le suggérerait un psychanalyste
lacanien, aimer ton voisin, c’est, en réalité, t’aimer toi-même
en aimant ton voisin. L’Israélien est dans la posture
diamétralement opposée. Etant donné que les Israéliens
s’arrangent toujours pour démontrer, une fois après l’autre,
guerre après guerre, qu’en réalité, ils s’aiment eux-mêmes en
haïssant leurs voisins, bref : qu’ils ne s’aiment eux-mêmes
qu’en haïssant, de manière générale. Ils haïssent pratiquement
tout : le voisin, les Arabes, Chavez, les Allemands, l’Islam,
les goyim, le cochon, le Pape, le Palestinien, l’Eglise, Jésus,
le Hamas, les calamars et l’Iran. Tu dis un truc, au hasard :
ils le haïssent ! Force est bien d’admettre que le fait de haïr
à ce point doit être quelque chose d’épuisant, à moins que cela
ne leur procure du plaisir ? Et, de fait, le « principe de
plaisir » israélien pourrait être articulé comme suit : ce
principe conduit en permanence l’Israélien à rechercher son
plaisir dans la haine qu’il ressent envers un autrui qu’il est
en train de faire souffrir.
A ce stade, il convient de mentionner que
la « Guerre contre la Terreur intérieure » n’est pas réellement
une invention juive. Quiconque, que ce soit des pays, des
peuples ou des individus, peut en devenir la proie. Les
conséquences du massacre nucléaire barbare américain à Hiroshima
et à Nagasaki ont fait du peuple américain une collectivité
terrorisée. Cette anxiété collective est connue sous le nom de
« guerre froide ». L’Amérique n’est pas encore sortie de la peur
qu’il puisse y avoir quelqu’un, quelque part, qui puisse être
aussi impitoyable qu’elle a prouvé qu’elle peut l’être. Cela a
conduit à la création de masses horrifiées, aisément
manipulables par une élite hautement motivée. C’est ce type de
politique, exactement, que l’on appelle la « politique de la
peur ».
Et pourtant, au sein du discours
occidental, un mécanisme correctif existe. Contrairement à
l’Etat juif, qui est en train d’être radicalisé par sa paranoïa
auto-entretenue, en Occident, le mal est, peu ou prou, contré,
et parfois contenu. Le crime est dénoncé et l’espoir de paix
est, d’une certaine manière, réinstauré, jusqu’à plus ample
informé. Non que je retienne mon souffle, dans l’attente d’un
quelconque changement qu’apporterait le président Obama, car une
chose est tout à fait évidente : si Obama a été élu, ça n’est
certainement pas pour qu’il apporte un changement quelconque.
Obama est un symbole de notre tentative sincère de donner un
coup d’arrêt au mal. Dans l’Etat juif, non seulement cela ne se
produit pas : cela ne pourra jamais arriver. La différence entre
Israël et l’Occident saute aux yeux. En Occident, l’héritage
chrétien nous donne la possibilité de formuler un espoir, fondé
dans une croyance en une bonté universelle.
Toutefois, nous sommes menacés en
permanence d’être exposés au mal ; mais nous avons tendance à
croire que la bonté, en fin de compte, s’imposera. En face, dans
le discours hébraïque, la Bonté est la propriété exclusive des
élus. Les Israéliens ne voient nulle bonté, ni nulle gentillesse
en leurs voisins ; ils ne voient en eux que des sauvages et une
entité menaçante pour leur vie même. Pour les Israéliens, la
gentillesse est leur propriété, c’est à eux, et, incidemment,
ils sont, aussi, innocents, et des victimes. Dans le discours
universel occidental, la bonté n’appartient à aucun peuple ni à
aucune nation en particulier : elle appartient à tous et à
personne, en même temps. Dans l’héritage universel occidental,
la Bonté se trouve en chacun d’entre nous. Elle n’appartient ni
à un parti politique, ni à une idéologie. La notion
transcendante de grâce et d’un Bon Dieu est là, en chacun de
nous – elle est, en permanence, à portée de notre main.
Quelle sorte de Père est-ce là ?
« Alors, le Seigneur, ton Dieu, te conduira
sur la terre dont il avait promis à tes ancêtres Abraham, Isaac
et Jacob qu’il te la donnerait - une terre avec des grandes
villes magnifiques que tu n’as pas construites, des maisons
emplies de joyaux que tu n’as pas accumulés, des citernes que tu
n’as pas creusées, des vignes et des oliveraies que tu n’as pas
plantées – et tu mangeras à satiété ». [Deutéronome 6:10-11]
« Quand le Seigneur, ton Dieu, te conduira
sur la terre où tu entreras afin de la posséder en chassant
devant toi des peuples innombrables… alors, tu devras les
détruire jusqu’au dernier. Ne conclus aucun pacte avec eux, et
ne fais preuve d’aucune pitié envers eux. » [Deutéronome 7:1-2]
Ici, nous devons nous efforcer de
comprendre la cause première de l’absence sévère de compassion
dans le discours israélien et au sein des lobbies qui le
soutiennent. Je pense qu’une élaboration sur la relation
troublée entre les juifs et leurs différents dieux peut apporter
un peu de lumière à cette problématique. Il est parfaitement
évident que la liste s’allongeant sans cesse des « Dieux », des
« Idoles » et des « figures paternelles » juifs est quelque peu
problématique, tout au moins, dès lors qu’il est question de
morale et de gentillesse. C’est la relation même entre « le
fils » et le « père a-moral » qui doit être explorée.
La philosophe Ariella Atzmon (dont il se
trouve que je suis le fils) qualifie la complexité du
commencement vicié de « syndrome de Fagin ». Le personnage Fagin,
imaginé par Charles Dickens, est un « kidsman »,
un exploiteur d’enfants - un adulte qui recrute des enfants et
leur apprend à devenir des pickpockets et des voleurs, et qui
procure le logis et la nourriture à ces enfants, en échange du
butin de leurs larcins. Bien que ces enfants ne puissent être
que reconnaissants envers leur maître, ils ne peuvent aussi que
le mépriser pour avoir fait d’eux des voleurs et des
pickpockets. Les gamins prennent conscience du fait que les
biens que possède Fagin ont tous été volés, et que sa
gentillesse est loin d’être sincèrement honnête ou pure. Tôt ou
tard, les gamins se retourneront contre leur maître, Fagin, dans
une tentative de se libérer du piège immoral où il les a fait
tomber.
Vu sous l’angle de la relation filiale, le
dieu biblique juif, Jehova, ne diffère en rien de ce que nous
pouvons observer dans le cadre du syndrome de Fagin. Le père
d’Israël, en effet, conduit son peuple à travers le désert vers
la terre promise, afin que celui-ci puisse en voler et piller
les autochtones. Mais ce n’est pas exactement, là, ce qu’on
attendrait d’un père moral, ou d’un « roi Dieu » ? Par
conséquent, autant les fils d’Israël aiment Jehova, autant ils
ne peuvent qu’être légèrement soupçonneux à son endroit, au
chapitre de la tendresse. Aussi ne devons-nous pas être surpris
par le constat que, tout au long de l’histoire juive, les juifs
qui se sont retournés contre leur père céleste sont légion.
Toutefois, si l’on a à l’esprit la
perception laïque fort répandue selon laquelle les Dieux, de
fait, sont inventés par les hommes, on peut se demander ce qui
conduit à l’invention d’un « Dieu a-moral » tel que celui-là ?
Qu’est-ce qui peut bien faire que des gens respectent les règles
édictées par un Dieu de cet acabit ? Il serait intéressant aussi
de découvrir quelle sorte de Dieux alternatifs les juifs avaient
adoptés, ou carrément inventés, durant les périodes où ils
avaient mis Jehova de côté.
Depuis leur émancipation, nombreux ont été
les juifs à se dissocier de la structure tribale traditionnelle,
ainsi que du judaïsme rabbinique. Beaucoup se sont fondus dans
les réalités ambiantes, laissant tomber leur
choisitude et
devenant des êtres humains ordinaires. Beaucoup d’autres juifs
mirent un point d’honneur à laisser tomber Dieu, mais tout en
continuant à entretenir leur affiliation, marquée au coin de
l’appartenance raciale. Ceux-ci décidèrent de fonder leur
appartenance tribale sur des terrains ethnique, racial,
politique, culturel et idéologique, et non plus sur le précepte
judaïque. Bien qu’ils eussent laissé tomber Jehova avec perte et
fracas, ils s’attachèrent à adopter une vision séculariste, qui
ne tarda pas à se muer en un précepte monolithique ne différant
en rien d’une religion. Tout au long du XXème siècle, les deux
idéologies politiques ayant le statut d’une religion à avoir eu
le plus de succès auprès des masses juives furent le marxisme et
le sionisme.
Le marxisme peut être défini come une
idéologie laïque, universelle et éthique. Toutefois, durant le
processus de sa transformation en précepte tribal juif, le
marxisme a réussi le tour de force de perdre jusqu’à la dernière
trace de son humanisme ou de son universalisme. Comme on le
sait, l’idéologie et la pratique sionistes furent, à leurs
débuts, largement dominées par des juifs de gauche, qui se
considéraient comme les authentiques successeurs et adeptes de
Marx. Ils croyaient sincèrement que le fait de célébrer leur
renaissance nationale juive aux dépens des Palestiniens était
une mission socialiste légitime.
Et très significativement, leurs ennemis,
les partisans antisionistes du Bund du Travail juif
est-européen, ne croyaient pas vraiment au pillage
institutionnalisé des Palestiniens. Non, eux, ils étaient
convaincus que le fait de voler les riches européens était une
grande mitzvah universelle, sur le chemin de la justice sociale…
Voici,
ci-après, quelques lignes de leur hymne :
Nous
jurons que notre haine sera éternelle
Contre ceux qui volent et assassinent les pauvres :
Le Tsar, les maîtres, les capitalos.
Notre vengeance sera expéditive et impitoyable !
Faisons-en le serment, tous, ensemble : « A la vie, à la
mort ! »…
Sans nous égarer dans des considérations
afférentes à la morale ou à l’affiliation politique, il est
parfaitement évident que l’hymne marxiste juif est saturé, du
début jusqu’à la fin, de « haine » et de « vengeance ». Autant
les juifs furent des exaltés de Marx, du marxisme, du
bolchevisme et de l’égalité, autant la fin de l’histoire est
connue. Les juifs ont laissé tomber Marx, en masse, depuis fort
longtemps. Ils ont, en quelque sorte, laissé la révolution à
quelques Goyim éclairés, tels qu’Hugo Chavez et Evo Morales, ces
leaders qui ont authentiquement intégré la véritable
signification de l’équité et de la morale universelles.
Même si, à la fin du XIXème et au début du
XXème siècle, le marxisme avait trouvé nombre d’adeptes chez les
juifs européens, après l’Holocauste, c’est le sionisme qui est
devenu, progressivement, l’expression de la juiverie mondiale. A
l’instar de Fagin, les idoles et les dieux sionistes – Herzl,
Ben Gourion, Nordau, Weizmann – promirent à leurs adeptes un
nouveau départ a-moral. Le vol des Palestiniens fut leur moyen
de s’acheminer vers une justice historique qui se faisait
attendre. De l’Ancien Testament, le sionisme fit un registre
cadastral. Mais, là encore, comme dans le cas de Jehova, le Dieu
Sio transforma le juif en voleur, en lui promettant les biens
d’autrui. C’est cela qui explique, en soi, le ressentiment des
Israéliens envers le sionisme et l’idéologie sioniste. Les
Israéliens préfèrent se voir comme les résidents naturels du
territoire (dit israélien, ndt), plutôt que comme des pionniers
d’un projet colonial antimoral propre à la diaspora juive. Le
juif israélien entretient sa prise de position politique au
moyen d’une forme grave d’abandon moral. Cela explique sans
doute le fait qu’autant les Israéliens adorent leurs guerres,
autant le fait de les faire les révulse. Ils ne sont pas prêts à
mourir pour une grande idéologie abstraite, telle que la
« nation juive » ou le « sionisme ». A une écrasante majorité,
ils préfèrent nettement déverser du phosphore blanc et des
bombes à fragmentation sur des civils, du plus loin possible.
Toutefois, tout au long de l’histoire
relativement brève du nationalisme juif contemporain, le Dieu
Sio est devenu ami avec quelques autres Dieux, ainsi qu’avec des
idoles cachères. Dès 1917, Lord Balfour promettait aux juifs
qu’ils créeraient leur foyer national en Palestine. Vous l’aurez
deviné : comme dans le cas de Jehova, Lord Balfour a fait des
juifs des pillards et des voleurs, en leur faisant cette
promesse outrageusement amorale. Il promit aux juifs la terre de
quelqu’un d’autre : pouvait-il, fondamentalement, y avoir pire
début ? Bien entendu, il n’a pas fallu bien longtemps pour que
les juifs se retournent contre l’Empire britannique. En 1947,
rebelote : les Nations Unies firent exactement la même erreur
insensée, qui donna naissance à l’ « Etat réservé aux seuls
juifs », de nouveau sur le dos des Palestiniens. Elles
légitimèrent le vol de la Palestine, « au nom des nations » (!).
Comme dans le cas de Jehova, qui avait fini par être mis sur la
touche, il ne fallu pas longtemps aux juifs pour se retourner
contre lesdites Nations Unies.
« Peu importe ce que les Goyim disent, seul
compte ce que font les juifs ! » avait éructé le Premier
ministre israélien David Ben Gourion.
Récemment, les Israéliens ont trouvé le
moyen de mettre sur la touche jusqu’à leurs amis les plus
complaisants, à la Maison-Blanche. A la veille des dernières
élections présidentielles américaines, des généraux israéliens
avaient été
filmés en train de dénoncer le Président Bush, qui aurait
« porté atteinte aux intérêts israéliens en étant favorable à
Israël de manière outrancière » (dixit le général de brigade à
la retraite Shlomo Brom). Les généraux israéliens blâmaient
Bush, essentiellement, pour n’avoir pas empêché Israël de
détruire ses voisins. La morale de cette histoire est
parfaitement claire : les sionistes et les Israéliens finissent,
inexorablement, par se retourner contre leurs Dieux, leurs
idoles, leurs pères et tous ceux qui tentent de les aider. Tel
est le sens du syndrome de Fagin, dans le contexte politique
israélien : ils finiront toujours, tôt ou tard, par se rebeller
contre leurs « pères ».
A mes yeux, de tous les systèmes juifs de
croyance, le plus intéressant est la Religion Holocaustique, que
le philosophe israélien Yeshayahu Leibowitz a qualifiée, à juste
titre, de « nouvelle religion juive ». Son aspect le plus
intéressant, c’est son Dieu, qui n’est autre que « le Juif ».
L’adepte juif ce de précepte dogmatique récemment formé croit au
« Juif », l’homme qui s’est sauvé lui-même. Celui qui a
« survécu » à l’épisode « de génocide suprême ». Les adeptes de
cette religion croient en « le Juif », cette victime souffrante
et « innocente », qui est retournée dans sa « terre promise » et
célèbre désormais son narratif à succès de résurrection. Jusqu’à
un certain point, à l’intérieur du discours religieux
holocaustique, le juif croit en « le Juif », exprimé en tant que
son pouvoir et ses qualités éternelles. Dans ce cadre religieux
tout récent, la Mecque est Tel-Aviv et le Saint Sépulcre est le
Musée de l’Holocauste Yad Vashem.
Cette nouvelle religion a de nombreux
sanctuaires (des Musées), répartis dans le monde entier. Elle a
aussi de nombreux prêtres, qui répandent le message partout et
punissent les éléments récalcitrants. D’un point de vue juif, la
religion holocaustique est l’expression totalement transparente
du narcissisme. C’est là où le passé et l’avenir se fondent,
dans un présent faisant sens, c’est le moment où l’histoire est
traduite en praxis. Que ce soit consciemment ou non, quiconque
s’identifie politiquement et idéologiquement (plutôt que
religieusement) en tant que juif est, sur le plan pratique, en
train de succomber à la religion holocaustique et devient, de
facto, un adepte de sa figure tutélaire paternelle : « le
Juif ». Et pourtant, on pourrait se demander : « Et la
tendresse, bordel ? » Y a-t-il une once de bonté, dans cette
« figure paternelle » flambante neuve ? Y a-t-il une quelconque
grâce, dans ce narratif de victimitude innocente célébrée
quotidiennement sur le dos du peuple palestinien ?
S’il est une fin, dans l’histoire, c’est
bien la fin ultime de l’Histoire juive qu’incarne la religion de
l’Holocauste. A la lumière de la religion holocaustique, le
« Père » et le « Fils » sont enfin réunis. Dans le cas d’Israël
et du sionisme, en tout cas, ils fusionnent dans un amalgame
d’idéologie et de réalité génocidaires.
A la lumière de la religion holocaustique
et de son éthos de survivance épique, l’Etat juif se considère
légitimé à déverser du phosphore blanc enflammé sur des femmes
et sur des enfants qu’ils ont mis en cage dans une prison à ciel
ouvert d’où nul ne saurait s’évader. Très regrettablement, les
crimes commis par l’Etat juif le sont au nom du peuple juif et
au nom de leur histoire trouble, jalonnée de persécutions ; la
religion holocaustique donne vie à ce qui semble être l’ultime
forme possible de brutale incarnation insulaire.
Tout au long de leur histoire, les juifs
ont envoyé chier nombre de Dieux : ils ont laissé tomber Jehova,
ils ont jeté Marx aux orties, certains d’entre eux n’ont jamais
mordu à l’hameçon du sionisme. Mais, à la lumière de la religion
holocaustique, tout en ayant à l’esprit les scènes d’horreur de
Gaza, de Jénine et du Liban, le juif devra peut-être maintenir
la tradition et laisser tomber [son nouveau Dieu, j’ai nommé]
« le Juif ». Il devra accepter le fait que le nouvel idéal
paternel du moment a été formé à sa propre image. Plus
préoccupant est le fait, accablant, que le nouveau père, c’est
désormais prouvé, est en soi une invitation au meurtre.
Apparemment, le nouveau père est le pire
Dieu maléfique de toute la série.
Je me demande combien il y aura de juifs
assez courageux pour ignorer leur figure paternelle ésotérique
toute neuve ? Seront-ils assez courageux pour rejoindre le reste
de l’humanité, en adoptant un discours éthique universel ?
Quant à la question de savoir si le juif
laissera tomber « Le Juif », seul le temps le dira.
Je précise simplement (pour dissiper de derniers doutes) qu’en
ce qui me concerne, je me suis débarrassé de mon
« Juif intérieur » depuis belle lurette, et que je m’en porte,
ma foi, fort bien…
Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier
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