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Gilad.co

Passé pornographique VS Présent criminel
Gilad Atzmon

Mercredi 4 novembre 2009

http://www.gilad.co.uk/writings/pornographic-past-vs-murderous-present-by-gilad-atzmon.html

« Pourquoi un écrivain ressenti-il le besoin d’inventer des histoires au sujet de l’Holocauste ? », s’interroge Melissa Katsoulis dans le quotidien britannique consensuel The Independent.

Mme Katsoulis vient de publier un ouvrage consacré à l’histoire des impostures littéraires. Elle s’intéresse, en particulier, dans un genre fictionnel unique en son genre, à savoir les ‘fantasmagories holocaustiques’.

D’un côté, elle avoue qu’un « privilège spécial doit être accordé à ces écrivains de moins en moins nombreux qui ont survécu à la Seconde guerre mondiale en Europe ». Elle est même prête à admettre l’approche particulière qu’Elie Wiesel a de la « vérité et de la fiction » et que « des histoires qui ne sont jamais arrivées peuvent être vraies ».

De l’autre, elle dit que « ces mémorialistes qui pensent pouvoir affirmer qu’ils étaient sur les lieux alors que ce n’est pas le cas devraient se souvenir du fait que le détournement des expériences d’autrui à des fins égoïstes ne peut que se terminer en ignominie.

Katsoulis suggère que « ce que les lecteurs recherchent, peut-être, dans les histoires traumatisantes, s’assimile à ce que les gens recherchent dans la pornographie, à savoir quelque chose de « limite », qu’ils n’ont encore jamais vu, suivi par une résolution spectaculaire ». Tout à fait comme dans le cas de la pornographie, le lectorat conquis d’avance à la douleur juive « veut s’identifier (sans danger) avec ce qu’il est en train de lire, et expérimenter un instant la crise vécue par quelqu’un d’autre, afin de la mesurer à leur propre crise ». 

La référence que Katsoulis fait à la « pornographie » est tout à fait intéressante, lorsqu’on garde présent à l’esprit le fait qu’à l’époque du procès Eichmann, à Jérusalem (dans les années 1960), un genre nouveau de pornographie, appelé le style Stalag, émergea en Israël. Stalag était le nom d’un magazine fictionnel à la courte existence, hautement érotisé, dont les illustrations s’inspiraient de l’exploitation des prisonniers des camps par les Nazis.

Toutefois, la référence que fait Katsoulis à la « pornographie » n’est pas sans soulever certaines questions. Alors que la consommation de pornographie peut être conçue comme une tentative de rechercher un plaisir libidinal au travers de l’imagerie d’autres que soi en train de s’adonner à leurs fantaisies, l’on est fondé à se demander quelle sorte de satisfaction peut bien retirer quiconque du rabâchage de la mémoire de l’Holocauste ? Recherchons-nous une satisfaction ? Si oui, quelle sorte de satisfaction recherchons-nous, exactement ? Quels sont les symptômes que célèbrent les conteurs d’histoires, et quels sont-nos symptômes lorsque nous les consommons ?

En lieu et place d’une culture accro à des images recyclées de dégradation et de souffrance, j’attendrais plutôt qu’une leçon morale émerge de la Shoa. J’aurais tendance à espérer une recherche sincère de miséricorde et de compassion. A l’évidence, cela ne s’est à aucun moment produit. Même si nous mettons de côté la barbarie israélienne en Palestine, l’Occident et l’empire anglophone n’ont jamais cessé de déclencher des guerres au nom des fausses valeurs issues de l’Holocauste (la démocratie, le progressisme, les droits « universels » de l’homme, etc.).

Katsoulis souligne que les « embobineurs » ont « eu une enfance difficile, mais que, sentant que leur crédibilité était ignominieusement faible, ils ont eu tendance à avoir recours au grand signifiant de l’Holocauste pour attirer sur eux la compassion à laquelle ils aspiraient ». Je vous invite à lire Katsoulis et, si vous en avez le temps, à parcourir les commentaires, qui sont non moins révélateurs.

Personnellement, j’ai vu récemment deux courtes vidéos qui m’ont laissé comme deux ronds de flan.

La première était une interview télévisée d’Herman Rosenblatt « ce retraité américain aux yeux clignotants, qui a raconté une histoire tellement magique qu’elle a bouleversé jusqu’au dernier cynique de New York », n’était rien d’autre qu’un mensonge compulsif. Rosenblat s’étant vu accuser d’être un faussaire, il dit, s’adressant à la caméra :

« ça n’était pas un mensonge : c’était mon imagination. J’ai cru mon imagination, je me suis cru moi-même, et j’y crois encore aujourd’hui ».

« Mais vous savez que ça n’était pas vrai ! », le contrait le journaliste de la chaîne ABC.
« Oui », qu’il répond. « Mais, dans mon imagination, c’était vrai ! »

J’imagine que personne ne saurait argumenter face à un tel argument postmoderniste.

Dans un autre vidéo-clip, Irene Weisberg Zisblatt, dont le témoignage est repris dans le film documentaire The Last Days de Steven Spielberg, est surprise en train de mentir à la caméra au minimum à deux reprises.

Je ne suis pas en train de juger, ici, la malhonnêteté de Zisblatt, ni sa tendance à l’exagération. Il est plus que vraisemblable que cette femme a connu l’enfer sur Terre. Mais j’en ai après Stephen Spielberg, qui a décidé, pour quelque raison, d’exploiter cette femme dans sa tentative hollywoodienne d’archiver et de décrire ce qu’il appelle la « vérité » de l’holocauste.

La question pendante est celle du pourquoi ? Pourquoi ment-elle ? Pourquoi ment-il ? Pourquoi tout le monde ment ? Et si eux mentent et ont le droit de croire aux fruits de leur imagination, où sommes-nous en mesure d’apprendre la vérité ? Que sommes-nous en mesure d’apprendre au sujet de la vérité ? Qu’est-ce que la vérité ? Y a-t-il une quelconque vérité ? Et si nous pouvons jamais être assez chanceux pour trouver la vérité, voire même seulement « une vérité », pouvons-nous l’annoncer sans encourir le risque de l’exclusion sociale, voire pire, sans perdre notre liberté ?

Katsoulis dénonce une tendance perverse inhérente à notre logos occidental. Il est prouvé au-delà de tout doute que notre liberté de parole, et même de penser, est soumise à une grave agression. Allant plus loin qu’elle, j’aurais tendance à dire que la religion holocaustique est la pire des agressions actuelles contre l’humanité et contre l’humanisme. Primo : elle nous interdit de revisiter et de réviser notre propre mémoire vive ; deuxio : elle nous empêche de retirer une leçon éthique universelle de l’histoire et, enfin, tertio : elle nous conduit à toujours plus de crimes génocidaires.

En lieu et place d’une doctrine déterminée par la revanche, ce dont nous avons le plus grand besoin, c’est de la grâce et de la compassion. Au lieu d’un système de croyance monolithique et unique prônant une notion fallacieuse de la liberté centrée sur la douleur juive, ce dont nous avons réellement besoin, c’est d’un réel pluralisme et d’une vraie tolérance qui soit capable d’accepter plus qu’une unique ‘vérité’ et qui encourage les systèmes de croyance à se respecter mutuellement.

De fait, les juifs auraient dû être les premiers à comprendre tout cela. Comme l’a suggéré Emmanuel Levinas après la Seconde guerre mondiale, les juifs auraient dû se positionner sur le front de la bataille contre le mal et contre le racisme. Bien qu’il y ait une poignée de juifs « haïsseurs d’eux-mêmes » qui se vouent à dénoncer le crime sioniste, cela ne s’est jamais produit. Non seulement cela ne s’est jamais produit, mais l’Etat juif est l’exemple suprême d’un Etat raciste nationaliste et terroriste.

Katsoulis n’a rien d’une négationniste de l’Holocauste. Elle pense que l’Holocauste a eu lieu, mais elle étudie le vol de son souvenir. « Quand un écrivain se présente devant d’autres rescapés et présente pour parole d’Evangile ce qui a été volé aux souvenirs de témoins réels, il peut s’attendre à être reçu fraîchement ». Katsoulis formule une critique de cette « « industrie » de l’Holocauste non-réglementée, dans laquelle le fait d’avoir été victime est récompensé par l’argent et la notoriété ».

Cependant, je souhaiterais élargir la recherche de Katsoulis. Je maintiens qu’en réalité, nous sommes les témoins d’un holocauste en cours en Palestine, en Irak, en Afghanistan et au Pakistan. Nous assistons aussi aux préparatifs d’Israël en vue de nucléariser l’Iran au nom de l’histoire juive et au nom, en particulier, de l’Holocauste. Devant nos yeux est en train d’émerger un danger d’une magnitude colossale, et nous sommes peu ou prou paralysés par un chapitre de l’Histoire qui, comparé aux crimes israéliens contemporains, a de moins en moins de signification et/ou de pertinence.

Au lieu d’être assujettis à une idolâtrie pour un passé intouchable, nous devrions commencer à être concernés par le HIC et NUNC, par les génocides qui sont en train d’être perpétrés en nos noms et sous notre nez par Israël et ses séides dans le monde entier.

 

Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier



Source et traduction : Marcel Charbonnier


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