La popularité du président Obama en Israël est
la plus basse de tous les temps pour un président américain.
Seuls 4% des Israéliens pensent qu’il est pro-israélien, d’après
un sondage publié la semaine dernière dans le Jerusalem Post.
Si le président Obama n’a pas d’élections à
affronter en Israël, et n’a pas a priori à s’inquiéter de ce
chiffre, pour que ses plans de paix pour le Moyen-Orient
réussissent, l’opinion israélienne devra être « acheteuse ». La
société israélienne souhaite réellement la paix, même si dans le
même temps, elle exprime des attitudes contre toute concession
aux Arabes, en particulier aux Palestiniens. Les Israéliens,
comme les Palestiniens, ont perdu toute confiance dans les
processus de paix et tout espoir qu’il existe de l’autre côté un
partenaire avec qui faire la paix.
Alors que le processus d’Oslo s’est attardé bien
au-delà des dates prévues par les accords et que la violence a
augmenté, les gens de la région et de partout dans le monde ont
perdu patience. Ils ont aussi perdu foi dans la possibilité
qu’une paix entre Israéliens et Palestiniens était possible. La
position des Etats-Unis a toujours été que les Palestiniens et
les Israéliens devaient désirer la paix davantage que les
parties tierces. De fait, ils la désirent, mais ne savent pas
comment s’y prendre et ne croient plus que ce soit même
possible.
Les récentes informations concernant une montée
du respect de la loi et une croissance économique en Cisjordanie
ont apporté une lueur d’espoir à l’opinion israélienne. Mais est
arrivé le congrès du Fatah, perçu comme un retour au temps où
les Palestiniens rejetaient le droit d’Israël à exister.
Il est temps de regarder la réalité en face :
les Israéliens et les Palestiniens ne pourront pas s’en sortir
tout seuls. Même si Obama réussit à créer les conditions d’une
reprise des négociations, elles seront vouées à l’échec dès
qu’elles auront débuté. Benjamin Netanyahou et Mahmoud Abbas ne
passeront pas le cap de la première discussion substantielle sur
n’importe quelle question stratégique d’importance : sécurité,
frontières, Jérusalem ou réfugiés. Non qu’ils ne le veuillent
pas (je crois fermement qu’Abbas comme Netanyahou souhaitent
apporter paix et sécurité à leur peuple), mais parce qu’ils sont
tout simplement incapables de se mettre d’accord sur l’une ou
l’autre de ces questions.
Le président Obama n’aura d’autre choix que de
faire avancer les négociations en mettant sur la table sa propre
vision et un plan détaillé. Certains éléments fondamentaux,
s’ils sont inclus dans ce plan, feront monter les probabilités
d’un soutien par l’opinion israélienne. Le problème, bien
entendu, est que ces mêmes éléments affaibliraient le soutien
des Arabes en général et des Palestiniens en particulier.
Les dix points suivants pourraient apporter
équilibre et clarté qui aideraient à s’assurer le soutien de
l’opinion des deux côtés :
1. Pour les Israéliens, la clé est que le droit
au retour se fasse vers l’Etat palestinien et non vers Israël.
Un certain nombre de réfugiés pourraient être réinstallés dans
des zones qui seront concernées par un échange de territoires,
sur des terres qui étaient auparavant sous souveraineté
israélienne. Il y a une contradiction de fond entre le principe
de « deux Etats pour deux peuples » et le droit au retour en
Israël. Le fait d’accepter ce principe ôte beaucoup de l’urgence
d’une déclaration palestinienne selon laquelle Israël est l’Etat
du peuple juif (déclaration qui apparaît de toute façon dans la
Déclaration palestinienne d’indépendance de novembre 1988).
2. Une reconnaissance par Israël de sa part de
responsabilité dans la création du problème des réfugiés et
leurs souffrances est la clé d’une acceptation par les
Palestiniens du droit au retour dans l’Etat Palestinien. Il
serait utile qu’un groupe d’experts (palestiniens, israéliens et
étrangers) travaillent à la formulation d’une déclaration
qu’Israël adopte en ce sens.
3. Les Palestiniens, les Arabes et les musulmans
doivent savoir qu’ils disposeront de la souveraineté sur le
Haram al Sharif (Mont du Temple), y compris du contrôle de
l’accès à leurs lieux saints. Ils accepteront les limitations à
la construction et aux excavations si Israël accepte les mêmes
limitations.
4. Israël doit disposer de la souveraineté sur
le Quartier juif et le Mur des lamentations à Jérusalem. Les
arrangements concernant la sécurité doivent être définis et
garantis à Jérusalem avec le développement d’un modèle bilatéral
de sécurité soutenu par les parties étrangères.
5. Il doit y avoir un calendrier avec des bornes
clairement définies pour son application. Pour Israël, il doit y
avoir une approche « fondée sur la performance » accompagnant le
calendrier, où les Américains déterminent la transparence et la
surveillance du calendrier d’application.
6. Il est essentiel de créer un mécanisme commun
tripartite (Israël, Palestine, Etats-Unis) pour combattre les
incitations à la haine dans les manuels scolaires. Cela devrait
commencer par une invitation à Washington des deux ministres de
l’éducation.
7. Les inquiétudes en termes de sécurité doivent
être prises en compte des deux côtés, la sécurité des deux côtés
étant co-dépendante et entremêlée. La souffrance de l’un des
côtés génère les agresseurs de demain des deux côtés. Il
n’existe pas de sécurité mutuellement exclusive, ceci est une
légende qui appartient au passé. Des Palestiniens qui ont faim,
cela signifie des attentats plus brutaux. Des Israéliens
terrorisés, cela signifie un doigt plus rapide sur la gâchette
et une plus grande probabilité de traitement déshumanisant.
8. La performance sécuritaire chez les
Palestiniens étant centrale pour la poursuite du processus, il
faut donner aux forces de sécurité palestiniennes les chances
les meilleures, davantage de zones en Cisjordanie doivent être
placées entre les mains de la sécurité palestinienne. Il est
temps que les Américains créent un commandement tripartite
commun et une salle d’opérations où la coopération
israélo-palestinienne pourra s’étendre et être en même temps
surveillée.
9. Pour le moment, Gaza ne fait pas partie de
l’accord. Ce plan devra inclure de nouvelles élections pour le
gouvernement de l’Etat de Palestine une fois qu’il aura été
reconnu par Israël et/ou par les membres du quartet. La
participation aux élections devra se fonder sur tous les partis
qui reconnaissent l’Etat de Palestine dans ses frontières
reconnues.
10. Le soutien au niveau international est
essentiel. L’inclusion de l’Egypte et de la Jordanie d’abord,
puis d’autres Etats arabes, donnera au plan davantage de
crédibilité des deux côtés.
Ces dix principes contiennent la clé pour gagner
le soutien des rues israélienne et palestinienne à ce plan de
paix.
Le président Obama ne doit pas se laisser
dissuader par le bruit que feront les opposants au plan des deux
côtés. La majorité des Israéliens et des Palestiniens désire
vraiment la paix, et si ces principes sont acceptés, le
président Obama sera perçu comme pro-israélien, pro-palestinien
et pro-paix.
Gershon Baskin
co-préside l’IPCRI, Israel/Palestine
Center for Research and Information.
http://www.ipcri.org