IPCRI
La
chute de Gaza et l'avènement de la Palestine
Gershon Baskin
The Israel/Palestine Center for
Research and Information (IPCRI), Jérusalem.
Vendredi 15 juin 2007
La chute de la bande de Gaza aux
mains du Hamas a précipité le peuple palestinien dans la pire
de ses crises depuis 1967. Chaque crise ouvre généralement de
nouvelles opportunités et celles-ci méritent d’être, si
possible, explorées et exploitées. Gaza est perdue, pour le
moment, et il est peu de choses que la direction palestinienne
à Ramallah puisse faire dans l’immédiat pour changer le
cours des événements. Il faut désormais concentrer tous les
efforts sur la Cisjordanie et épargner au peuple palestinien
encore d’autres désastres et cauchemars superflus.
L’occasion s’offre aujourd’hui d’opposer aux horreurs de
Gaza une réalité nouvelle en Cisjordanie, susceptible de
servir d’exemple et de point focal à une dynamique
palestinienne positive.
La direction palestinienne à
Ramallah devrait se séparer de Gaza (pour le moment). Si, dans
le même temps, la direction palestinienne en Cisjordanie et à
Jérusalem-Est promulguait le plan en dix points suivant, un
avenir nouveau, plein de promesses et d‘espoir, pourrait se
faire réalité ; celle-ci serait le meilleur moyen de servir
les intérêts du peuple palestinien.
*****
Plan en dix points proposé :
1.
La direction palestinienne
en Cisjordanie et à Jérusalem-Est devrait déclarer qu’elle
a pour intention d’établir un État palestinien indépendant
en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, qui vivra en paix avec tous
ses voisins.
2.
La direction palestinienne
en Cisjordanie et à Jérusalem-Est reconnaît le droit
d’Israël à exister, adhère à l’ensemble des accords signés
entre l’OLP et l’État d’Israël et renonce à
toutes les formes de violence.
3. La direction palestinienne en
Cisjordanie et à Jérusalem-Est appelle le gouvernement d’Israël
à reprendre immédiatement les négociations pour un statut définitif
[1], qui auront lieu avec
l’aide du Quartette et se dérouleront sans interruption
jusqu’à parvenir à des accords ratifiés par les deux
parties.
4.
La direction palestinienne
appelle le gouvernement d’Israël à débloquer immédiatement
l’ensemble des impôts sur le revenu retenus par Israël et à
les transférer au Trésor Public palestinien à Ramallah. La
direction appelle également Israël laisser partir en
Cisjordanie des prisonniers palestiniens – en particulier ceux
arrêtés avant la mise en place de l’Autorité palestinienne
en 1994, ainsi que d’autres prisonniers s’engageant à
accepter la réalité nouvelle en Cisjordanie et à Jérusalem-Est
et prêts à vivre en paix avec leurs voisins.
5.
La direction palestinienne appelle les gouvernements étrangers
à renouer leurs relations diplomatiques et reprendre leurs
programmes de soutien financier au peuple palestinien en
Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
6.
La direction palestinienne appelle les gouvernements étrangers
à apporter une aide humanitaire à la population de Gaza par le
biais de diverses agences d’aide internationales et appelle le
gouvernement israélien à laisser entrer à Gaza l’aide
alimentaire et médicale destinée directement à la population.
7.
La direction palestinienne préparera de nouvelles élections en
Cisjordanie et à Jérusalem-Est, lesquelles se dérouleront
dans un délai de trois mois. Seuls les partis politiques
qui acceptent de reconnaître Israël, adhèrent aux accords et
engagements internationaux antérieurs, soutiennent la démocratie
et renoncent à la violence seront autorisés à participer à
ces élections.
8.
Consciente des erreurs du passé, la direction palestinienne met
immédiatement en œuvre un plan réunifiant l’ensemble des
forces de sécurité palestiniennes sous l’autorité directe
de la hiérarchie politique. Les effectifs [de cette force
unique] seront largement réduits, de telle sorte que le nouveau
gouvernement puisse faire porter tous ses efforts sur le développement,
la construction du nouvel État, l’éducation nationale, la
santé publique et les prestations sociales. La législation sur
les armes sera strictement appliquée et la première tâche de
la force de sécurité palestinienne sera la collecte des
armes non autorisées. Le gouvernement palestinien, avec le
concours de gouvernements étrangers, mènera avec détermination
une opération de collecte des armes, via les médias et l’éducation
nationale et en application de la loi.
9.
En accord avec les consignes de paix de la direction
palestinienne en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, toute forme
de propagande contre la paix et contre Israël sera interdite.
Le gouvernement de la Palestine promouvra immédiatement des
programmes de réforme scolaire intégrant l’éducation à la
paix avec Israël à tous les niveaux d’étude et dans toutes
les écoles. Cette campagne fera également intervenir les médias
officiels et prouvera sans nul doute possible la détermination
du peuple de Palestine à œuvrer pour la paix.
10.
L’action de la direction palestinienne en Cisjordanie et à Jérusalem-est
visera à forger là une réalité nouvelle, propre à insuffler
aux Palestiniens de Gaza l’inspiration fondamentale d’y
renverser le gouvernement du Hamas et d’unir à nouveau le
peuple et les territoires palestiniens, en sorte que l’État
palestinien qui sera fondé en Cisjordanie et à Jérusalem-Est
puisse inclure aussi la bande de Gaza.
*****
Lorsqu’une telle plate-forme
sera mise sur la table par la direction palestinienne en
Cisjordanie et à Jérusalem-Est, Israël devrait immédiatement
y répondre par l’acceptation des demandes palestiniennes : déblocage
des impôts sur le revenu ; libérations de prisonniers ; réouverture
de relations diplomatiques pleines et entières comprenant la
reprise des négociations pour un statut définitif ; aide à la
création d’une nouvelle donne en matière de sécurité par
la suppression des barrages et clôtures de routes en
Cisjordanie ; et même, annonce de la suspension par Israël de
l’édification de la barrière de sécurité dans l’attente
d’un règlement futur. Israël devrait faire tous les efforts
possibles pour aider à la naissance de promesses et d’une espérance
nouvelles pour les deux peuples, palestinien et israélien.
Les sondages récemment menés
par l’ICPRI [2] au
sein de l’opinion publique israélienne montrent que si les
Israéliens croyaient vraiment en l’intérêt sincère des
Palestiniens pour la paix, ils seraient prêts à faire les
concessions nécessaires à la conclusion d’un accord de paix
avec eux. Le pas le plus convaincant que les Palestiniens
pourraient faire pour en persuader les Israéliens, selon ce
sondage, est l’adoption d’un programme d’éducation à la
paix dans les écoles et les médias. Aux yeux des Israéliens,
cela représente une réflexion réelle sur les valeurs choisies
par la société ; un tel programme démontrerait au peuple israélien
et à la communauté internationale que les Palestiniens sont prêts
à la paix. Israël devrait répondre avec une rapidité et une
sincérité d’intention qui conforteraient l’adhésion à la
paix parmi les Israéliens comme parmi les Palestiniens.
La seule alternative à la
proposition ci-dessus est un surcroît de souffrances et de désastres
pour l’ensemble des Palestiniens et des Israéliens. Les
derniers événements sont loin de former le meilleur scénario
possible et représentent, au point de vue palestinien, une
colossale tragédie. La direction palestinienne est de nouveau
à la croisée des chemins – et doit choisir en quel sens
diriger [son peuple]. Il y a toujours plus de deux alternatives,
mais celles-ci mènent soit vers l’espoir et la paix, soit
vers plus de désespoir et de souffrances encore. Gouverner
consiste à prendre des décisions difficiles. Les crises
produisent de nouvelles occasions de changer vraiment les
choses, et le moment est venu de les changer.
Notes :
[1]
Gershon Baskin fait ici allusion à l’ultime étape des négociations,
où devraient être réglées les questions en suspens, dont
celle du retour de(s) réfugiés et celle du statut de Jérusalem.
[2]
The Israel/Palestine Center for Research and Information.
Traduction : Tal pour
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