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Jerusalem Times
Mr
Peretz, "homme de paix", à ne plus vous revoir, et bon
débarras !
Gershon Baskin
[après le massacre de Beit Hanoun, qui va rendre
des comptes? Qui va rendre des comptes? Personne, probablement, prédit
Baskin, qui après avoir voté pour Amir Peretz, l'"homme de
paix", et qui le regrette amèrement, exige sa démission]
http://www.jerusalem-times.net/main.asp?edition=586
Jerusalem Times, 8 novembre 2006
Trad. Gérard pour La Paix Maintenant
Nous nous sommes réveillés ce matin avec les nouvelles tragiques
du massacre à Beit Hanoun. Des tanks israéliens ont ouvert le
feu sur des maisons, tuant 19 civils palestiniens, pour la plupart
des femmes et des enfants. L'officier israélien en charge de
cette opération a déclaré que la cible était une cellule prête
à lancer des roquettes Qassam. Le ministre de la Défense, Amir
Peretz, a ordonné une enquête et la cessation de tous les tirs
d'artillerie. Trop tard, Mr Peretz! Encore une fois, vous avez
administré la preuve, sans l'ombre d'un doute, que vous n'êtes
pas fait pour le poste de ministre de la Défense. Vous n'êtes
pas fait pour diriger le Parti
travailliste et vous ne méritez pas le nom d'homme de paix.
Depuis le 25 juin 2006, alors que vous étiez en fonction, Mr
Peretz, plus de 350 Palestiniens ont été tués. Plus d'un tiers
d'entre eux étaient des civils, dont au moins 57 mineurs. Au
terme d'un raid de destructions et de tueries de six jours à Beit
Hanoun, au nord de la bande de Gaza, vous, Mr Peretz, avez dit que
cette opération était un succès, et que les habitants de
l'ouest du Néguev pouvaient désormais dormir tranquilles, en
sachant que Tsahal avait fait tout ce qu'il était possible de
faire pour que cessent les tirs de Qassam depuis Gaza. Mr Peretz,
vous vous appelez encore un "homme de paix"? Les hommes
de paix ne célèbrent pas la mort d'innocents.
Presque immédiatement après le retrait de Beit Hanoun de la
plupart des troupes, des Qassam ont plu sur Sderot et jusqu'à
Ashkelon. Des troupes israéliennes se trouvaient encore à Gaza
quand ont été tirées ces roquettes Qassam. Des journalistes du
monde entier sont entrés à Beit Hanoun. Ils ont été témoins
et ont décrit les destructions massives laissées par l'armée.
Les habitants de Beit Hanoun, qui vivaient sous le couvre-feu
depuis six jours, ont été abasourdis par ce qu'ils ont vu. Beit
Hanoun est une localité agricole de 32.000 habitants. Naguère,
elle était décrite comme une "ville de paix". La
plupart des habitants y gagnent leur vie en cultivant des fraises
et des fleurs pour l'exportation, et utilisent la technologie et
le savoir-faire israéliens dans des serres ultra-modernes. Ils
commercialisent leurs produits par l'intermédiaire de société
israéliennes d'export, et les coopératives agricoles sont en
contact et coopèrent depuis des années avec le secteur
agro-alimentaire israélien.
Juste avant la fin de l'opération militaire israélienne, des
officiers et des correspondants militaires ont prétendu que l'opération
était un succès. Tsahal, selon eux, avait sévèrement endommagé
l'infrastructure des Qassam, et au moins pour les semaines à
venir, le calme s'instaurerait. Aujourd'hui, soit le lendemain,
les mêmes affirment que les Palestiniens ont amélioré leur
capacité de stockage des roquettes car ils disposent d'explosifs
de meilleure qualité, entrés clandestinement à Gaza en passant
par le Sinaï. Un seul analyste militaire, Alon Ben David, de la
chaîne 10 (TV) a mis en cause la sagesse de l'opération en
cours. Personne, politicien ou journaliste de télévision, ne
s'est posé la question de savoir ce qui avait été réussi à
Beit Hanoun en tuant 53 Palestiniens dont au moins 17 civils. De
quelle manière cette opération a-t-elle amélioré la sécurité
d'Israël? Pourquoi une telle destruction? Pourquoi n'y a-t-il
personne qui soit comptable des échecs continuels de la politique
israélienne? Même un certain nombre d'officiels américains, qui
pourtant avaient soutenu l'opération israélienne à Beit Hanoun,
auraient déclaré que sans une combinaison de politiques
militaire et diplomatique, il n'existe pas de solution pour mettre
fin aux tirs de Qassam depuis Gaza. Pour paraphraser les tracts du
Cercle des Parents endeuillés "ça ne finira pas tant qu'on
ne se parle pas."
Alors, maintenant, qui va payer pour l'attaque de ce matin contre
les civils innocents de Beit Hanoun? Quel officier israélien sera
rendu responsable? Et quel politicien israélien payera? La réponse
est simple : personne. L'armée et le gouvernement israéliens
continueront d'agir dans l'impunité la plus totale. Le peuple
israélien ne les tiendra pas pour responsables, car la plupart
des Israéliens soutiennent les actions du gouvernement et de
l'armée. Une boucherie contre des Palestiniens, qu'est-ce que
cela peut faire? Ils sont l'ennemi, ils tirent des Qassam sur
nous, ils ne veulent pas la paix, ils ont élu le Hamas, ils
soutiennent le terrorisme, la liste est longue. Les différents
forums des quotidiens israéliens sont remplis d'appels à de plus
en plus d'attaques. Le député Tzvi Hendel (Union nationale, extrême
droite) a déjà déclaré qu'il fallait encore plus d'attaques
comme celle de ce matin. Lui, il enverrait l'armée arrêter et
tuer le plus de monde possible. Pour lui, il n'y a pas de
Palestiniens innocents, ils sont tous pareils, une bande de
terroristes.
Cela me fait très mal de dire que les actes de l'Etat d'Israël
à Beit Hanoun ne sont rien moins que du terrorisme d'Etat. Je
sais que, pour avoir écrit cela, je vais recevoir un bon nombre
d'emails et de coups de téléphone de gens en colère. Mais la vérité
doit être dite. Qu'avez-vous fait, Mr Peretz, pour parler aux
Palestiniens? Quand vous étiez candidat, vous avez été assez
"courageux" pour rencontrer Mahmoud Abbas. Mais
qu'avez-vous fait pour la paix depuis que vous occupez la deuxième
fonction en importance dans le gouvernement israélien? Non, Mr
Peretz, vous n'êtes pas un homme de paix. Vous êtes devenu un
homme de guerre.
Je vous ai donné mon vote, Mr Peretz. Vous m'aviez convaincu de
voter travailliste pour la première fois de ma vie. Jamais je
n'ai eu plus honte de mon vote. Il est temps que vous rentriez
chez vous. Il est temps que vous rendiez compte de vos acte, Mr
Peretz, "ish shalom", v'lo lehitraot (1), Mr Peretz,
"homme de paix", et bon débarras !
(1) "ish shalom" : homme de paix "v'lo
lehitraot" : et à ne plus vous revoir
* Gershon Baskin est le co-directeur israélien de l¹IPCRI,
Israel/Palestine Center for Research and Information. www.ipcri.org
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