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Jerusalem Post
L'an
prochain en Palestine
Gershon Baskin
Alors qu'Israël fête son soixantième
anniversaire et que les Palestiniens commémorent leur Naqba,
puissent les Palestiniens enfin célébrer leur indépendance,
eux aussi. Et le plus tôt possible, car le temps presse. NdT
Jerusalem Post, 5 mai 2008
Soixante ans ! Né des cendres et confronté à six décennies
de conflit et de guerre, Israël a certainement de quoi être
fier. Non seulement Israël est l¹un des plus gros producteurs
mondiaux d¹informations, rapportées à notre taille, mais il
est devenu l¹une des nations de pointe dans de nombreux
domaines : agriculture, traitement de l¹eau, hi-tech, médecine
(traitements et recherche), biotechnologie, communications,
informatique et bien d¹autres. Récemment, même le cinéma
israélien s¹est attiré succès et renom. Chaque année, j¹attends
avec impatience les célébrations de notre Jour de l¹Indépendance,
et je suis heureux que nous ayons ce jour à célébrer.
A l¹extrême gauche, certaines organisations ont commencé à
combiner ces célébrations avec des cérémonies marquant la
Naqba palestinienne. Quelques-uns appellent même à boycotter
carrément le Jour de l¹Indépendance. Bien que beaucoup me
considèrent comme un vieux "gauchiste", je ne serai
pas de ceux-là.
Pour moi, il est très fréquent d¹échanger des v¦ux avec des
amis palestiniens. Plusieurs fois par an, les fêtes juives, chrétiennes
et musulmanes tombent à peu près aux mêmes dates. L¹un des v¦ux
les plus amusants que j¹aie reçus est une carte pour Pessah de
la part d¹un responsable du Fatah, qui m¹écrivait dans la
forme juive traditionnelle : "Je te souhaite un Pessah
joyeux et kasher !"
Le Jour de l¹Indépendance 2001, au plus haut de la 2e
Intifada, j¹ai reçu un coup de téléphone d¹un ami
palestinien de Bethléem qui m¹appelait pour me souhaiter un
joyeux Jour de l¹Indépendance. Pour moi, c¹était une première,
et je suis resté littéralement muet. Je ne suis pas souvent à
court de mots, mais là, j¹ai été pris de court et n¹ai pas
su quoi dire. Un an plus tard, m¹étant préparé au même coup
de fil, j¹ai pu lui répondre : "J¹espère que, bientôt,
tu pourras toi aussi célébrer ton indépendance !"
Je serai très heureux le jour où les Palestiniens pourront fêter
leur indépendance. Ce jour sera aussi une fête pour Israël et
pour le sionisme. Aujourd¹hui, être pro-israélien doit
signifier par définition être pro-palestinien. Le sort et l¹avenir
des deux peuples sont liés à leur capacité à trouver un
moyen de vivre côte à côte, pacifiquement et dans deux Etats
séparés. George Bush nous a mis au défi de parvenir à un
accord avant la fin de son mandat, en janvier 2009. A
cette même date, le président palestinien Mahmoud Abbas sera
lui aussi en train de terminer son mandat. Personne ne sait ce
qu¹il sera advenu d¹Ehoud Olmert à la fin de son mandat.
Des négociations sont en cours. Des informations
contradictoires circulent sur leurs progrès. Si aucun accord n¹est
conclu avant la fin du mandat des deux présidents (Bush et
Abbas, ndt) il est très improbable qu¹Abbas cherche à se
faire réélire. Et même s¹il le souhaitait, sans un accord
entre les mains, il est très improbable qu¹il remporte l¹élection.
Le scénario le plus probable pour une Palestine sans accord
serait ce que les Palestiniens nomment "fitna", le
chaos. Une fitna signifierait une autre Intifada, davantage de
violences, davantage de souffrances et, très probablement, l¹arrivée
du Hamas au pouvoir en Cisjordanie.
Aux yeux de l¹opinion, le seul dirigeant palestinien potentiel
après Abbas est Marwan Barghouti, condamné à cinq fois la
perpétuité et détenu dans une prison israélienne. Si les
territoires palestiniens redeviennent vraiment le lieu de
combats et de violences, il est très peu probable qu¹un
quelconque dirigeant israélien envisage de libérer Barghouti.
Bien sûr, rien n¹est impossible et, malheureusement, l¹histoire
nous enseigne que les dirigeants israéliens prennent sous la
violence des décisions qu¹ils avaient refusé de prendre dans
des circonstances plus favorables (par exemple, un désengagement
unilatéral de Gaza plutôt qu¹un accord négocié).
Compte tenu de l¹état de l¹opinion israélienne aujourd¹hui,
il semble clair que, sans accord entre les mains, Olmert n¹a
que très peu de chances de gagner une élection et que Benjamin
Netanyahou sera le prochain premier ministre d¹Israël. Il
semble peu probable que Netanyahou réussisse dans des négociations
là où Olmert a échoué. Et si Abbas le modéré n¹est plus
au pouvoir, s¹il y a une fitna ou une prise du pouvoir par le
Hamas, les probabilités d¹une solution à deux Etats
diminueraient au-delà de tout espoir et Israël se retrouverait
dans la situation tragique de continuer à dominer des
territoires et un peuple qu¹il ne souhaite aucunement occuper.
Dans ces conditions, Israël se retournerait vers une forme
quelconque d¹unilatéralisme et se retirerait sur des positions
défendables, en laissant peut-être l¹armée mais en retirant
les civils. Sauf que les conséquences de
l¹unilatéralisme au Sud Liban et à Gaza devraient nous avoir
appris quelque chose. Israël pourrait appeler la communauté
internationale à pénétrer (dans les territoires d¹où il se
serait retiré, ndt) et à créer un régime sous tutelle
internationale en place du chaos, mais en cas de violences, il
est très peu probable que des soldats étrangers se portent
volontaires pour venir et peut-être mourir si loin de chez eux,
dans une situation qui continuerait d¹être inextricable.
Netanyahou a une théorie : si nous améliorons la situation économique
des Palestiniens, nous pourrions leur acheter du calme. Là, il
faut tout de même rappeler que les deux Intifadas ont éclaté
à des moments où l¹économie palestinienne connaissait une
croissance et où il paraissait y avoir beaucoup d¹espoir (sur
le plan économique) pour la plupart des Palestiniens. Pourtant,
la perspective d¹une prospérité économique n¹a pas été
suffisante pour l¹emporter sur l¹aspiration à la liberté et
à l¹indépendance. Nous aurions d¹ailleurs agi de même :
nous n¹aurions pas cessé de nous battre si notre liberté et
notre indépendance nous avaient été refusées, même les
poches bien remplies. Tout simplement, il y a des choses que l¹argent
ne peut pas acheter.
Cette année, pour le Jour de l¹Indépendance, les journaux
sont remplis d¹articles sur les soixante prochaines années.
Moi, je m¹inquiète davantage pour l¹année prochaine ou pour
les deux prochaines années. Si nous ne
trouvons pas un moyen de cesser notre domination sur les
Palestiniens dans les deux années qui viennent, alors, dans dix
ou vingt ans, nous célébrerons l¹indépendance d¹un pays qui
aura émergé ici par le sang et les conflits, un pays très
différent. Ce ne sera plus un Etat juif, ni sioniste. Ce ne
sera plus un pays où les Juifs seront en majorité.
Alors, en ce Jour de l¹Indépendance, je souhaite de tout mon coeur
à tous mes amis palestiniens que "vous aussi [puissiez]
bientôt célébrer votre indépendance." Trad. : Gérard
pour
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